Grâce à Muriel Robin, la parole lesbienne, trop longtemps contenue à cause de la lesbophobie (?) de l’homme blanc, se libère dans les médias. Selon elle, sa carrière n’a pas eu l’envergure qu’elle méritait à cause de sa sexualité.
« Ça veut dire que quand on est homosexuelle, on n’est pas désirable, on n’est pas pénétrable. Et quand on n’est pas pénétrable dans cette société, et dans le cinéma, on ne vaut rien ! »
La séquence entière de pleurniche hétérophobe
"Je ne fais pas de cinéma car je suis homosexuelle"
Le cri du coeur bouleversant de @MurielRobinCOM
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— Quelle Époque ! (@QuelleEpoqueOff) September 16, 2023
C’est vrai que Muriel aurait pu être une Jacqueline Maillan, star du théâtre de boulevard et du cinéma populaire, dont Pierre Palmade a d’ailleurs écrit le dernier spectacle, en 1991.
Malheureusement, c’est souvent un ego surdimensionné par rapport au talent qui empêche certaines personnalités de devenir des stars, c’est-à-dire aimées du grand public. En décrétant que les hommes sont des salauds, au moment où elle incarne Jacqueline Sauvage à la télé, Muriel a flingué une carrière qui était déjà branlante.
« Malgré ce faux, ça vous donne le goût du vrai. »
Robin des buissons
La haine féministe n’est pas bonne conseillère, l’enfermement dans la case lesbienne non plus. Et l’article du Nouvel Obs signé Barbara Krief dans sa rubrique Intérieur Queer ne va pas améliorer les choses pour la plaignante :
Muriel Robin a raison. Le nerf du patriarcat, c’est bien l’opposition entre ceux qui pratiquent ce « mouvement par lequel un corps pénètre dans un autre » selon la définition du Robert, et ceux qui en sont le réceptacle. La pénétration, c’est la condition pour qu’une agression sexuelle soit qualifiée de viol : « Le viol est une atteinte sexuelle avec pénétration commise sans le consentement de la victime », d’après le Code pénal. La pénétration est pour nous synonyme de l’ensemble de la chose sexuelle. Le point d’orgue qui, si absent, rend tout le reste nul et non avenu. De Sigmund Freud à l’interprétation de textes religieux, « ça ne compte pas » si tu t’es juste frottée, si on t’a « juste » léchée. Ainsi, une femme qui n’a pas été pénétrée reste vierge. Même si elle a joui contre un autre corps. Et les lesbiennes ne font pas « vraiment » l’amour, même si elles se pénètrent.
Muriel est devenue le porte-drapeau de la souffrance lesbienne, même si elles n’ont pas de méchant mari pour leur taper dessus [1]. Pour elles, toute pénétration hétérosexuelle est un viol :
« Un acte de possession par lequel, durant lequel, à cause duquel un homme investit une femme, la couvrant physiquement et la maîtrisant en même temps qu’il la pénètre », écrit, dans son ouvrage « Intercourse » en 1987, l’essayiste féministe américaine Andrea Dworkin, au sujet de l’acte hétérosexuel.
Bon ben, nous sommes tous des violeurs, et Muriel est pure comme de l’eau de roche. Sauf qu’elle est restée longtemps copine de Palmalde, qui aime bien les jeunes garçons. Là, on l’a moins entendue râler contre l’homme blanc. Le problème de la grande famille LGBT, c’est le tonton pédo : aujourd’hui, malgré le MeToo gay, ça dérange.
De manière plus générale, le féminisme a mis les femmes sur un tel piédestal, qu’elles vont avoir du mal à ne pas en tomber. Luc Besson, qui a été châtié par la meute MeToo avant d’être blanchi par la justice, essaye de se justifier avec ses héroïnes :
« J’trouve que les femmes elles ont pas assez de pouvoir, chuis complètement pour leur refiler parce qu’on est mauvais. Donnons-leur le pouvoir, au moins elles feront pas de guerre. »
Luc Besson : « Donnez le pouvoir aux femmes, parce qu’on est mauvais ! Les femmes ne font pas de guerres ! »
C’est vrai que Margareth Thatcher n’a jamais fait la guerre… https://t.co/8WoIBFPMOi
— Cercle Aristote (@Cercle_Aristote) September 24, 2023
Ne pas aimer Leyen, qui nous entraîne dans une guerre contre la Russie, ou Robin, qui transforme sa souffrance existentielle en lesbophobie, c’est grave ?
La parole lesbienne se libère donc dans les médias. Première à sortir du bois, l’humoriste Tahnee.
Si Muriel est lesbienne et blanche, Tahnee est lesbienne et métisse. Souffrant doublement, elle devrait théoriquement être deux fois plus drôle. C’est probablement à cause de cette « double discrimination » qu’on n’a jamais entendu parler d’elle ou de ses sketchs surpuissants.