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Pas la peine de lire la presse #4 : Paris Match, ou l’Amour, la Mort et l’Ennui

Il y a l’information, la désinformation, la surinformation, la sous-information et la réinformation qui en découle. Paris Match se situe dans une triangulation entre l’information sans intérêt, la désinformation et la sous-information. Sans accabler ce monument de la presse française, il faut bien avouer que le Match d’aujourd’hui, qui ne vend plus grand-chose, n’a rien à voir avec le prestigieux magazine des années 50 et 60, quand il vendait souvent à plus d’un million d’exemplaires. Aujourd’hui, on dirait une publicité pour le Système, avec des pages de pub à l’intérieur. Officiellement, la diffusion payée atteint 500 000 exemplaires, mais on peut allègrement, comme pour toute la presse, diviser ce nombre par deux. De toute façon, c’est la presse qui informe sur les ventes de la presse, elle ne va donc pas se tirer une balle dans la seule jambe qu’il lui reste...

 

 

Passons maintenant à la démonstration, avec le numéro 3 772 du 19 août 2021, que nous avons lu et annoté, comme on feuillette un magazine dans la salle d’attente du médecin (à qui on va demander de se faire vacciner). Sauf que là, c’est Paris Match le malade. Et quel malade ! Que toute l’équipe de l’hebdo ne se méprenne pas, c’est l’avis d’un amoureux déçu. Un copain nous disait, Match, c’est l’Amour et la Mort, ce qui n’est pas faux, les deux sommets de la vie, ceux qui se répondent, l’amour consolant de la mort, du principe de réalité. Voilà pourquoi dans Match on vend l’amour des stars, les grands de ce monde, et aussi les attentats, les guerres, c’est ce qui a fait le succès du titre.

L’amour et la mort se regardent en face, et sont sources de peurs, de désirs, d’émotions. On passe d’une superbe comédienne à une double page d’attentat sur le marché de Kaboul, avec du sang partout. C’est le résumé de la vie, dans ce qu’elle a de pire et de meilleur. Excellent concept, donc. Ensuite, il y a le remplissage.

Si Match s’en tenait aux faits, ce serait très bien, un grand coup de poing chaque semaine dans la gueule du lecteur, mais ce n’est plus exactement ça : le journal étant devenu très populaire, la propagande pour le Système s’y est infiltrée, jusqu’à presque tout bouffer. Tout le monde se souvient des unes qui nous survendaient Carla & Nicolas, ou alors Cécilia & Nicolas. Quand c’est Johnny, c’est pas grave ; quand c’est un type qui préfère les USA à la France, c’est un peu plus embêtant.

On parlait de Kaboul, la capitale afghane fait la une du numéro 3 772 :

En une photo, on doit comprendre que la femme afghane va souffrir, écrasée qu’elle est et menacée par les méchants talibans, qui ne respectent rien, à part Dieu, leur dieu.

Même le lecteur le plus obtus doit comprendre que là-bas, c’est la terreur, et ici, la démocratie, la vie rêvée des anges. Pourtant, la situation française n’est pas si jolie, mais ça, Match n’a apparemment pas le droit d’en parler, sauf pour évoquer la saturation des hôpitaux antillais, ce qui est la ligne du gouvernement. Hasard ou nécessité ?

La terreur française, c’est donc le vilain covid, le covid-taliban, mais surtout pas la politique immonde de ce gouvernement d’apartheid et de répression, sans parler du mensonge, du pillage, de la corruption et autres divertissements sur le dos des Français qui en chient.

Mais comme on est dans la mort et l’amour, en quinconce, après la terreur vient le salut, en la personne de Xavier Bertrand, qui se voit déjà président de la République chez LR. On retient un pouffement devant la photo d’amour entre le franc-mac et sa femme, qui symbolise une possible Marianne, une possible Première dame, une possible France...

Malheureusement, tout cela n’est ni vendeur ni glamour, alors on va augmenter la dose avec les amours people. Hélas, même là, c’est morne plaine, vieilles histoires déterrées, carrément le mariage interzombies.

Tout le monde se fout de ces deux zozos, un comédien qui n’a jamais réussi à survivre à Friends et une comédienne névrosée au 33e degré dans sa vie quotidienne, mélange réussi entre le glaçon de 54 kilos et la calculatrice Casio rose.

Pour l’instant, la presse en général en a tellement fait contre les talibans que, comme pour le vaccin, le grand public se méfie. On va donc tenter l’histoire légère d’été coupée avec un peu de nationalisme économique, ça plaît toujours. Ce sera les sandales tropéziennes.

Maigre, pour un renouveau national, mais faute de grives... Décidément, ce numéro ne déclenche pas vraiment la folie en termes de peur (on ne parle même pas de terreur) et de désir. Il reste sur les pages sexy avec la vieille Lefébure, qui nous vend chaque année sa nouvelle jeunesse, son nouvel amour, et surtout son nouveau mec-sponsor. L’amour avec une calculatrice, en somme.

Heureusement, on ne voit pas cette personne insignifiante (d’un point de vue informationnel) nue, de toute façon la photo aurait été trafiquée, c’est la loi du genre.
À l’époque où l’oligarque Denis Olivennes régnait sur le journal, sa compagne dans le civil faisait l’objet d’un nombre étrangement important de sujets, en dehors de toute actualité modeuse.

On remarquera en passant que Nénesse s’est bien mieux casée que Tételle, qui rame de mec en mec depuis des années... Au-delà de la plastique, c’est quand même l’intelligence des femmes qui fait la différence de durée, pour un couple. Mais ne soyons pas trop féministes, on est chez E&R, bon sang ne saurait mentir.

Pour finir sur une note positive, car on pourrait croire qu’on crache de notre petit piédestal sur un titre historique, on va dire ce qu’on aimerait voir dans Match :

- l’interview honnête d’un chef de guerre taliban qui explique comment il a réussi à chasser de son pays l’armée d’occupation américaine,
- un reportage sur les vraies raisons (néolibérales) du délabrement de l’hôpital dans les territoires d’Outre-mer,
- un sujet sur le sociologue Alain Soral et le succès incroyable de son site politique malgré le bombardement jamais vu de toutes les forces du Système,
- un rappel historique sur le basculement de la collaboration à la résistance, puis à l’épuration, en rapprochant ces séquences de la situation actuelle,
- les vrais leaders du pouvoir profond français, plutôt que les grouillots du pouvoir visible qui sont tous sous contrôle, ainsi que les opposants réels,
- les prolongements de l’affaire Fourniret dans la franc-maçonnerie, l’armée et le trafic d’enfants.

Et ce ne sont là que quelques pistes qui passionnent les Français ! Bref, il y a de quoi faire !

 

Erratum  : on a oublié La France goy !

 

 

Cela aurait été inconvenant de notre part de ne pas signaler cette critique littéraire stupéfiante avec un titre qui normalement équivaut à la prison sous le régime crifien en 2021.

 

 

Heureusement, les Drumont et autres vilains sont descendus à la hache dans le roman de Christophe Donner, on pousse un ouf de soulagement ! D’ailleurs, le critique en chef, Gilles Martin-Chauffier, parle d’une France bête : en 1914, fin du tsunami drumontiste, après le Juif, « la bêtise française avait trouvé une nouvelle proie » avec le Boche... Goy égale antisémite, c’est-à-dire bête, ou Bête. CQFD.

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