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Assomption de Marie : à la découverte du retable de Notre-Dame de Cracovie

Ce colossal retable de bois, œuvre de Veit Stoss, est visible dans l’église Notre-Dame de Cracovie, en Pologne.

 

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Le retable de la Dormition de la Vierge

 

La Dormition de la Vierge

 

Le mot dormition, du latin dormitio signifiant sommeil éternel, désigne pour les chrétiens la mort non violente et apaisée d’un saint.

Pour les églises d’Orient le terme Dormition utilisé seul signifie la mort terrestre de la Vierge Marie, puis trois jours après son élévation au ciel, ayant été rachetée de l’héritage du Péché d’Adam en tant que Mère de Dieu (Theotokos) et Toute Sainte (Panagia). Ce culte fut introduit dans l’Empire byzantin par l’empereur Maurice (539–632).

L’Église catholique romaine préfère parler d’Assomption car la Vierge, sans connaître la corruption physique, est enlevée corps et âme jusqu’à son fils Jésus, car elle fut conçue sans péché dès sa conception par ses parents Joachim et Anne. Ce culte fut introduit à Rome par le pape Théodore Ier (mort en 649), puis appelé Assomption au VIIIe siècle. Le dogme de l’Immaculée Conception fut déclaré le 8 décembre 1854 par le Pape Pie IX.

Les églises protestantes, faute de texte scripturaire, nient l’Assomption de Marie qui, après la naissance de Jésus, aurait mené une vie terrestre normale.

La seule mention de Marie, après la crucifixion, se trouve dans les Actes des Apôtres (I-14) où ceux-ci se réunissent à Jérusalem pour y prier avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus. Mais la vénération mariale influencera certains apocryphes, tels le pseudo-Jean au Ve siècle, le pseudo-Jacques et le pseudo-Meliton au VIe siècle, qui relateront avec de légères variantes les dernières années de la vie et de la mort de la Vierge Marie.

Selon ces textes, après la mort de son Fils, Marie vivait à Jérusalem, en compagnie de trois jeunes filles, allant tous les jours prier sur sa tombe.

Elle avait atteint l’âge de 59 ans quand l’Archange Gabriel lui apparut, lui annonçant qu’Elle serait bientôt réunie à son Fils. Elle l’implora alors pour qu’Il lui envoie tous les Apôtres afin de prier une dernière fois avec eux.

Appelés par l’Esprit Saint, les Apôtres, ceux qui étaient morts furent ressuscités, transportés par des nuées lumineuses, arrivèrent dans la maison de la Vierge. Pendant qu’ils étaient tous en prière, le Christ leur apparut dans toute sa gloire céleste et annonça à sa Mère que son âme monterait aux Cieux, tandis que son corps serait au Paradis en compagnie de tous les Saints.

Après que le Christ eut reçu l’Âme de sa Mère Marie, les Apôtres portèrent son corps jusqu’à son tombeau à Gethsemani. En cours de route, un juif du nom de Jephonias voulut se saisir de la bière pour la profaner, mais un Ange, avec une épée de feu, lui trancha les deux mains qui restèrent ainsi suspendues en l’air. Après que Jephonias eut proclamé la Sainteté de la Vierge, saint Pierre les lui rattacha aux bras. Devant ce miracle les juifs présents proclamèrent la Gloire du Christ et se convertirent.

 

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La Vierge Marie s’affaissant

 

Après que Marie fut mise au tombeau, pendant trois jours se fit entendre le chœur des anges et lorsque cette musique céleste se tut, le tombeau fut retrouvé vide, le corps de Marie ayant rejoint le Paradis.

Dans sa Légende dorée, Jacques de Voragine (1228–1288) fait mourir Marie à l’âge de 72 ans. Pour la mystique Anne-Catherine Emmerich (1774–1824), Marie vécut à Éphèse avec saint Jean et y mourut à 64 ans entourée des Apôtres, après que saint Pierre lui eut donné la communion. Lorsque saint Thomas, arrivé plus tard, voulut se recueillir sur le tombeau de la Vierge, il trouva le cercueil vide. Si on montre toujours la Maison de la Vierge près d’Éphèse, les Pères de l’Église s’accordent pour dire qu’elle n’y vécut que quelques années et situent bien sa tombe dans la vallée du Cédron.

 

L’œuvre

Ce retable, réalisé par le sculpteur et peintre Veit Stoss, est le plus grand retable gothique d’Europe. Il s’agit d’un pentaptyque de 13 m de haut et 12 m de large lorsque tous les panneaux latéraux sont déployés. Les parties portantes sont en chêne, l’autel en mélèze et les panneaux en tilleul, sculptés de plus de 200 personnages peints et dorés.
Sur la prédelle est figuré un arbre de Jesse mais représenté horizontalement.

Les panneaux latéraux ouverts illustrent six scènes heureuses de la vie de la Vierge, et refermés, douze épisodes de la vie de la Vierge Marie et du Christ.

Le panneau central représente la Dormition telle qu’elle est racontée dans la Légende dorée. La dimension du panneau est impressionnante – 7,25 m de haut et 5,34 m de large, et certains personnages ont 2,80 m de hauteur.

 

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Les Saints entourant la Vierge

 

Veit Stoss s’écarte de la représentation classique, qu’elle soit orthodoxe ou romaine, pour représenter la Vierge, non allongée, mais s’affaissant doucement, entourée des Apôtres. Saint Jacques la soutient pendant que saint Pierre, un livre à la main, lit le service divin. Derrière lui un autre apôtre porte l’eau bénite. À droite saint Jean porte sa tunique à ses yeux embués de larmes, tandis que derrière lui un apôtre porte l’encensoir. Un apôtre, les doigts joints, semble vouloir couvrir et protéger la Vierge qui s’écroule, mais ses mains semblent aussi servir de piédestal à la scène de l’Assomption reliée à la Dormition par les visages levés d’autres apôtres.

Jésus et sa Mère s’élèvent portés et entourés d’anges dans un rayonnement d’or.

Dans l’encadrement sont sculptés des prophètes, et les quatre Pères de l’Eglise sont placés au haut du panneau. Sous un baldaquin le couronnement de la Vierge populaire dès le XIIIe siècle est encadré par saint Adalbert et saint Stanislas, patrons de la Pologne, terminant ainsi ce retable tout voué à la dévotion mariale.

L’expression des visages, tous différenciés, le drapé des costumes dont les plis miroitent d’or, le mouvement réaliste des corps font de ce retable un des chefs-d’œuvre de la sculpture gothique.

 

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L’Assomption de la Vierge

 

En savoir plus sur l’artiste

 

Veit Stoss, en polonais Witt Stowsz, naît vers 1448 à Horb am Neckar. Il se forme à Strasbourg dans l’atelier du sculpteur Nicolas de Leyde (1430–1473), présent à Strasbourg entre 1462 à 1467, et restera influencé par le peintre Martin Schongauer (1459–1491). Il séjourne à Ulm et Nuremberg qu’il quitte en 1477 pour Cracovie où il est appelé par le Patriciat de la ville et le Roi Casimir IV Jagellon. Il y travaille à plusieurs œuvres mais essentiellement au retable de l’église Sainte Marie. Il retourne à Nuremberg en 1496. Victime d’une escroquerie qui lui fait perdre sa fortune, il commet un faux en écriture et il est marqué sur les joues au fer rouge. Malgré la protection de l’empereur Maximilien qui lui demande un projet pour son monument funéraire, le Conseil municipal de cette ville libre ne fera plus jamais appel à lui. Il ne manque cependant pas de commandes, travaillant avec son fils Stanislow pour les retables des églises de Nuremberg et Bamberg. Il meurt en 1533 et son fils lui succédera à la tête de son atelier.

 

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Panneau latéral du retable

 


 

D’autres œuvres d’art inspirées de l’Assomption de la Vierge :

 

 

L’Ave Maria de « Caccini », interprété par la Maîtrise de Paris en 2012 :

Le christianisme, chez Kontre Kulture :

 

Voir aussi, sur E&R :

 






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