Egalité et Réconciliation
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Netanyahou, président des États-Unis ?

Un article de Youssef Hindi (exclusivité E&R)

Netanyahou, président des États-Unis ?

Un article de Youssef Hindi en exclusivité pour le site E&R !

 

Sommaire

– Cessez-le-feu à Gaza sabotée par Netanyahou

– Israël sabote les négociations avec le Hamas et espionne l’administration Trump

– Trump tente de lâcher Netanyahou

– Israël sabote les négociations avec l’Iran

– Netanyahou attaque un allié et les intérêts des États-Unis

– Donald Trump a peur de se faire assassiner par Netanyahou

– Netanyahou a le Congrès des États-Unis à ses pieds

*

Depuis le début de son second mandat, toutes les initiatives de paix, de négociations au Proche-Orient de Donald Trump se sont vues entravées et sabotées par Benyamin Netanyahou : cessez-le-feu à Gaza, négociations avec le Hamas, négociations avec l’Iran sur le dossier du nucléaire… À chaque fois, le Premier ministre israélien, y a mis un terme par des actions violentes et des bombardements, allant jusqu’à frapper un allié proche des États-Unis : le Qatar.
Netanyahou s’est attaqué frontalement, ouvertement, aux intérêts des États-Unis. L’administration Trump n’a pris aucune mesure de rétorsion contre cet individu qui dirige un État minuscule de dix millions d’habitants.

 

La thèse de l’antisionisme de gauche selon laquelle Israël est le porte-avion des États-Unis auxquels il obéit au doigt et à l’œil est définitivement discréditée par les faits.

La question qui est posée aux États-Unis par des analystes comme Jeffrey Sachs, John Mearsheimer, le colonel MacGregor, le colonel Scott Ritter et bien d’autres, n’est plus de savoir s’il y a un lobby pro-israélien puissant aux États-Unis. La question posée est la suivante : Benyamin Netanyahou est-il le véritable président des États-Unis ?

Tucker Carlson a récemment rapporté que le Premier ministre israélien Netanyahou a déclaré à plusieurs personnes : « Je contrôle les États-Unis. Je contrôle Donald Trump. » [1]

Récapitulons les faits, et vérifions la véracité des prétentions de Netanyahou.

Cessez-le-feu à Gaza saboté par Netanyahou

Donald Trump a obtenu un cessez-le-feu le 19 janvier 2025 en imposant à Benyamin Netanyahou un retrait de l’armée israélienne de Gaza et de la ligne de démarcation entre le Nord et le Sud de l’enclave, ainsi que le retour des Gazaouis sur leur terre.

Il semble que le Premier ministre israélien ait rechigné et que le négociateur envoyé par Trump lui ait tordu le bras brutalement en plein jour de sabbat.

« Selon le média israélien Haaretz [2], l’envoyé spécial de Donald Trump, Steve Witkoff, a passé vendredi soir un coup de téléphone au gouvernement israélien depuis Doha, où il se trouvait depuis une semaine. C’est dans la capitale du Qatar que se sont déroulées les discussions pour l’accord de cessez-le-feu. Le diplomate américain souhaitait informer Israël de sa venue à Jérusalem le lendemain après- midi. Les assistants de Benyamin Netanyahou le préviennent alors que le Premier ministre ne sera pas visible avant le soir, en raison de son respect du jour de repos hebdomadaire dans la religion juive. Il est interdit, lors de ce jour chômé, d’effectuer la moindre tâche, pour se consacrer à la célébration du culte. Un délai inacceptable pour Steve Witkoff, qui aurait exprimé sans ambages son peu d’intérêt pour le rituel religieux. » [3]

L’accord de cessez-le-feu implique la libération des 98 otages israéliens (dont certains sont présumés morts), en échange d’un millier de prisonniers palestiniens, le retrait progressif de l’armée israélienne de Gaza, l’entrée d’aide humanitaire dans l’enclave et le retour dans leurs foyers des populations palestiniennes déplacées [4]. L’armée israélienne s’est retirée du corridor de Netzarim, qui sépare le sud du nord de Gaza, et a permis aux Palestiniens de retourner dans le nord de la bande de Gaza.

Deux mois après le début du cessez-le-feu, dans la nuit du 17 au 18 mars, Israël a repris les bombardements à Gaza en massacrant des civils par centaines.
L’administration Trump, qui avait entamé des négociations directes avec le Hamas pendant le cessez-le-feu, a subitement changé de discours et apporté à Israël son soutien dans ses crimes.

« Le département d’État américain défend la position d’Israël suite à la reprise des hostilités, tout en réaffirmant l’engagement de Trump pour une résolution durable. » [5]

Israël sabote les négociations avec le Hamas
et espionne l’administration Trump

Les pourparlers directs entre l’administration Trump et le Hamas (sans Israël) on été sabotées par Netanyahou.

« Selon des révélations de l’agence Axios, Israël confirmerait avoir espionné l’administration Trump et serait en mesure d’affirmer l’existence de négociations en cours entre le président américain et le Hamas. Trump mènerait des discussions directes avec l’organisation islamiste pour obtenir la libération des otages israéliens et "instaurer la paix à Gaza". Si les fuites israéliennes sont avérées, il s’agit d’un engagement sans précédent pour un dirigeant américain, surtout si Tel-Aviv est réellement exclu des pourparlers. Après des négociations de paix en Ukraine sans l’Ukraine ni l’Union européenne, cette approche confirmerait une tendance diplomatique de Trump à vouloir régler les crises à sa manière, sans forcément inclure les principaux concernés. Avec les risques que cela comporte, surtout s’il s’agit d’alliés supposés. » [6]

The Times of Israel a titré ainsi un article du 7 mars 2025, « Trump défend les pourparlers directs avec le Hamas ; Israël, furieux, tente de les saboter » [7], dans lequel on peut lire que « le président américain Donald Trump a défendu jeudi [6 mars] les négociations directes sans précédent menées par son administration avec le groupe terroriste palestinien du Hamas, affirmant qu’elles avaient pour objectif d’aider Israël et d’obtenir la libération d’otages israéliens ».

On apprend également que, suite à sa rencontre avec huit otages libérés la veille, « Trump a déclaré qu’il avait eu du mal à croire leurs récits sur les mauvais traitements subis en captivité ».

Selon la treizième chaîne de télévision israélienne, Trump aurait demandé à plusieurs reprises aux anciens captifs si l’opinion publique israélienne soutenait la poursuite de l’accord sur les otages au-delà de la première phase. « Les sondages indiquent que la majorité des Israéliens y est favorable, bien que la base électorale de la coalition soient moins nombreux à soutenir la deuxième phase. Jeudi [6 mars], Trump a déclaré que les otages l’avaient encouragé à poursuivre l’accord. » [8]

Les pourparlers entre Trump et le Hamas ont déclenché la fureur du gouvernement israélien qui n’est pas resté les bras croisés. Un responsable du gouvernement israélien s’est confié au Times of Israel :

« Israël serait à l’origine de la fuite médiatique de mercredi [5 mars] révélant l’existence de ces négociations, confirmant ainsi une information publiée par le site Ynet.
Alors que la Maison-Blanche assure avoir consulté Israël sur la question, le Premier ministre Benyamin Netanyahou n’a eu vent de l’existence des négociations américaines avec le Hamas qu’a posteriori, a ajouté le fonctionnaire.
D’après Ynet, les États-Unis ont délibérément choisi de ne pas prévenir Israël de la récente rencontre entre Adam Boehler, émissaire de Trump pour les otages, et des représentants du Hamas, car lors d’une tentative précédente, Washington avait sollicité l’avis de Jérusalem, ce qui avait conduit Israël à exprimer une vive opposition, forçant les États-Unis à annuler la réunion programmée.

Cette fois-ci, Boehler a décidé de passer outre. La rencontre a principalement porté sur la libération de l’otage israélo-américain Edan Alexander, ainsi que sur la restitution des dépouilles de quatre otages à la double nationalité israélienne et américaine, Omer Neutra, Itay Chen, Gadi Haggai et Judi Weinstein. La discussion aurait également exploré les contours d’un accord plus large entre Israël et le Hamas, incluant la libération de tous les otages restants et un cessez-le-feu global, qui mettrait fin à la guerre. » [9]

Une fois mis au courant de cette réunion, Israël aurait cherché à « torpiller l’initiative en la divulguant aux médias, précise Ynet. Le responsable du gouvernement a indiqué au Times of Israel que que cette fuite avait pleinement atteint son objectif, puisque les pourparlers avec le Hamas ont été gelés depuis. L’opposition israélienne à ces négociations directes s’explique par la crainte que les États-Unis ne se contentent d’un accord partiel, privilégiant la libération des otages américains au détriment d’un cadre plus large incluant les otages israéliens et d’autres aspects sécuritaires » [10].

Les négociations entre l’administration Trump et le Hamas ont échoué pour plusieurs raisons, notamment parce que ce qui est demandé à l’organisation palestinienne est inacceptable, à savoir de quitter Gaza après avoir libéré tous les otages. Ce qui signifierait de laisser toute la population civile sans la première force armée de Gaza, et à la merci de l’État génocidaire.

Le négociateur de Trump, Steve Witkoff, semblait bien conscient que l’ultimatum de Trump et ses exigences étaient trop élevées. Witkoff a reconnu que « personne ne sait exactement ce qui va se passer ». « Des mesures seront prises. Cela pourrait inclure une coordination avec Israël », a-t-il déclaré aux journalistes.

« Nous sommes les garants du processus. Ce sont les Israéliens qui contrôlent Gaza aujourd’hui… et leur interlocuteur est le Hamas. Toute opération viendrait principalement d’Israël », a-t-il expliqué. « Mais vous avez entendu le Président le dire hier : il fournira à Israël tout le soutien nécessaire. Ce seront les Israéliens qui agiront, mais avec un soutien, physique et moral, extrêmement fort de la part des États-Unis. »

« Le Hamas a l’occasion d’agir de manière raisonnable, de faire ce qui est juste, puis de se retirer », a déclaré Witkoff. « Il n’a aucun avenir au sein d’un quelconque gouvernement à Gaza. Et, sincèrement, je ne conseillerais à personne de tester la détermination du président Trump », a-t-il ajouté.

Le porte-parole du Hamas, Abu Obeida, a affirmé jeudi 6 mars que les menaces israéliennes de guerre totale et de blocus ne garantiraient pas la libération des otages, ajoutant que le Hamas restait prêt à appliquer l’accord de trêve négocié avec Israël – à condition que Tel-Aviv respecte la deuxième phase de cet accord. « Israël refuse cependant de mettre en œuvre cette deuxième phase, qui prévoit un retrait complet de Tsahal de Gaza et la fin définitive de la guerre, en échange de la libération des otages encore en vie. »

Netanyahou avait accepté ces conditions en janvier, « il a refusé de négocier les modalités de la deuxième phase », qui aurait dû commencer début février. Il a proposé un nouveau cadre, en lieu et place du précédent. Ce que le Hamas a refusé.

En conséquence, Israël a annoncé le 2 mars 2025 qu’il suspendrait désormais l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Le département d’État a soutenu la décision israélienne concernant l’aide humanitaire. La porte-parole Tammy Bruce a expliqué que « l’aide ne peut être acheminée que dans un cadre sécurisé, donc tant que […] nous ne pouvons pas garantir la sécurité de ce qui entre dans la région, l’acheminement sera suspendu » [11].

Or, explique The Times of Israel, « selon les termes de l’accord conclu en janvier, Israël est censé autoriser l’entrée de l’aide tant que les négociations autour de la deuxième phase sont en cours. Des organisations de défense des droits de l’homme dénoncent cette suspension, affirmant que le refus ou l’utilisation de l’aide comme levier de négociation constitue une violation du droit international ».

Trump tente de lâcher Netanyahou

En mai dernier, tout semblait indiquer que l’administration Trump était en train de lâcher le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou.

Le président Trump ne s’est pas rendu en Israël lors de son voyage au Moyen-Orient (au mois de mai 2025) et le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth, a annulé son voyage prévu à Tel-Aviv [12].
La cause est que « Trump avait apparemment espéré une désescalade majeure et même un cessez-le-feu à Gaza [13] comme point fort de son voyage, dont il se serait attribué le mérite, mais Netanyahou a au contraire appelé les réservistes de l’armée et a ordonné une escalade majeure » [14].

Sur la question israélienne, dans son opposition à Netanyahou, Donald Trump trouve des alliés de circonstances – qui sont ses ennemis par ailleurs – dans les juifs libéraux (de gauche) sionistes qui voient dans Netanyahou et son gouvernement messianistes des ennemis mortels, en ce qu’ils mettent en danger le projet sioniste et la diaspora juive.

Thomas L. Friedman, écrivain et journaliste juif américain, spécialiste du Moyen- Orient, a publié un article dans The New York Times le 9 mai dernier, dans lequel il félicite Trump quant à sa politique vis-à-vis d’Israël. L’article a pour titre « This Israeli Government Is Not Our Ally » [15] (Ce gouvernement israélien n’est pas notre allié).

Selon deux sources proches du président Trump, lors de conversations à huis clos, Trump a déclaré qu’il allait progresser dans la réalisation de ses objectifs au Moyen- Orient sans attendre Israël. Trump est également toujours en colère contre Netanyahou et son entourage pour ce qu’il considère comme une tentative de pousser la Maison-Blanche à une action militaire contre le programme nucléaire iranien, selon les deux sources.
Les responsables israéliens ont été pris au dépourvu par l’annonce de Trump selon laquelle les États-Unis avaient conclu un cessez-le-feu avec Ansar Allah au Yémen en mai dernier, et par le début des négociations nucléaires entre les États-Unis et l’Iran en avril 2025.
Après l’annonce du cessez-le-feu avec Ansar Allah (Yémen), Netanyahou et ses principaux ministres ont souligné qu’Israël « peut se défendre seul » [16].

Israël sabote les négociations avec l’Iran

Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a lancé une attaque contre l’Iran pour saboter les négociations entre Washington et Téhéran sur le dossier du nucléaire. Netanyahou a mis Trump devant le fait accompli et a tenté d’entraîner les États-Unis dans la guerre contre l’Iran.

L’administration Trump était en pleine négociations avec l’Iran sur le dossier nucléaire. Ces négociations ne se déroulaient pas trop mal, et une sixième rencontre entre les Iraniens et les Américains était prévue le dimanche 15 juin. Mais dans la nuit du 12 au 13 juin, les Israéliens ont attaqué l’Iran, mettant un terme aux négociations irano-américaines que Tel-Aviv redoutait.
Rappelons que c’est à la demande du lobby pro-israélien, l’AIPAC, que Donald Trump avait sorti unilatéralement en 2018 les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015 avec l’administration Obama.

Le cas iranien avait pourtant été abordé longuement le 4 février 2025 par Donald Trump durant la conférence de presse commune avec Netanyahou et durant l’interview qui a suivi dans le Bureau ovale. Il y a eu une opposition de fond entre Netanyahou, qui veut pousser les États-Unis dans une guerre contre l’Iran, et Donald Trump, qui a affirmé à plusieurs reprises qu’il voulait parvenir à un accord avec l’Iran.

Donald Trump veut revenir en arrière, c’est-à-dire conclure un accord sur le nucléaire iranien, alors qu’il s’était retiré de l’accord signé par l’Iran et l’administration Obama.

Lorsque Trump déclare que l’Iran ne doit pas obtenir la bombe atomique, et que pour ce faire il veut un accord et éviter une guerre contre l’Iran, Netanyahou ne peut s’empêcher de pouffer. Trump avait également exclu le bombardement des centrales nucléaires iraniennes, ce qu’a fait finalement Israël dans ses frappes de la nuit du 12 au 13 juin 2025.

« Les Iraniens sont devenus très puissants, très rapidement. Ils ont vendu d’énormes quantités de pétrole à la Chine et à beaucoup d’autres qui n’achetaient pas de pétroles à l’Iran quand j’étais président. Ils sont devenus très riches très rapidement. Mais ils ne sont pas faibles. Mais vous savez quoi ? Nous voulons seulement qu’ils n’aient pas de bombe atomique. »

Un journaliste lui répond alors, « désolé Monsieur le Président, mais le Premier ministre [israélien] veut que vous frappiez l’Iran. C’est ce qu’il veut ».

Trump répond alors devant un Netanyahou silencieux, « vous ne savez pas ce qu’il veut » [17].

C’est le même Donald Trump qui a publié dans son média Truth Social, la veille de son investiture, une vidéo de Jeffrey Sachs disant que ce sont les Israéliens et ce « sombre fils de chienne » (deep dark son of a bitch) de Netanyahou qui ont entraîné les États-Unis dans les guerres contre l’Irak et la Syrie et qui tentent de les conduire dans une guerre contre l’Iran depuis des années.

Sachant bien tout cela, Donald Trump a dit durant la conférence de presse aux côtés de Netanyahou que « les États-Unis n’auraient jamais dû déclencher toutes ces guerres destructrices au Moyen-Orient qui ont coûté des trillions de dollars ». Des guerres pour le compte d’Israël.

Les Israéliens voulaient non seulement saboter les négociations irano-américaines, comme ils avaient saboté les négociations entre l’administration Trump et le Hamas, mais aussi et surtout entraîner les États-Unis dans une guerre contre l’Iran pour laquelle les dirigeants israéliens et le lobby sioniste militent depuis plus de deux décennies [18].

Donald Trump, dont la campagne a été en partie financée par le lobby sioniste et dont l’administration est truffée de néoconservateurs, n’étaient pas en mesure de s’opposer au saboteur Netanyahou. Alors Trump a mené ces frappes exigées par les Israéliens contre les sites nucléaires iraniens, leur retirant ainsi le prétexte pour entraîner les États-Unis dans une guerre contre l’Iran pour « changer de régime ». Trump a d’ailleurs déclaré qu’il était hors de question de changer de régime en Iran, car cela entraînerait « le chaos » [19].

Netanyahou attaque un allié et les intérêts des États-Unis

Lors de son voyage au Qatar, Trump s’est vu offert un avion d’une valeur de 400 millions de dollars par l’émirat [20], auxquels s’ajoutent une promesse d’investissement de 500 milliards de dollars aux États-Unis dans la décennie à venir [21]. Le Qatar a sur son sol la plus grande base militaire américaine du Proche-Orient. Base que Doha finance.

Le Qatar, allié des États-Unis, est également médiateur dans les négociations entre le Hamas et Israël. L’émirat semblait être un lieu sûr, mais à la surprise générale, le 9 septembre dernier, l’armée israélienne bombarde un quartier résidentiel de Doha, tentant d’assassiner les négociateurs du Hamas. La frappe fit 7 morts et une vingtaine de blessés [22].

Ce sont les intérêts américains, la crédibilité américaine, la position régionale des États-Unis, que Netanyahou a frappé avec ce bombardement. D’ailleurs, Donald Trump l’a bien compris, déclarant à propos de Netanyahou suite au bombardement du Qatar, « He is fucking me ! », rapporte le Wall Street Journal [23].

The Times of Israel précise :

« Le président américain Donald Trump a récemment déclaré à ses principaux collaborateurs que le Premier ministre Benyamin Netanyahou "me baisait", selon un article publié jeudi dans le Wall Street Journal. L’article précise que malgré la frustration du dirigeant américain à l’égard du Premier ministre israélien, il est peu probable qu’il rompe publiquement avec lui. Cette remarque aurait été faite alors que Trump s’entretenait avec ses principaux collaborateurs, dont le secrétaire d’État Marco Rubio, sur la manière de réagir à l’attaque israélienne contre les dirigeants du Hamas à Doha, au Qatar, au début du mois.

Les États-Unis ont exprimé leur désapprobation face à cette attaque, qui n’a apparemment pas réussi à tuer au moins certains des hauts responsables qu’elle visait. Ils ont déclaré qu’Israël n’avait informé les responsables américains qu’une fois qu’il était trop tard pour éviter la frappe, bien qu’Axios ait rapporté plus tôt cette semaine, en citant des responsables israéliens, que cela n’était pas vrai.

À la suite de l’attaque, Trump et de hauts responsables américains ont rencontré le Premier ministre qatari, et Rubio s’est rendu en Israël, puis au Qatar, pour en discuter. Trump a également salué l’émirat du Golfe comme un "grand allié" et a promis qu’Israël n’attaquerait plus son territoire.

Le rapport du Journal souligne toutefois que le président américain se montre généralement conciliant envers les décisions de Netanyahou, même lorsqu’elles semblent contredire les objectifs déclarés de la Maison-Blanche concernant la guerre à Gaza et les relations au Moyen-Orient en général. » [24]

Shalom Lipner, membre d’un groupe de réflexion qui a travaillé pendant des décennies au cabinet du Premier ministre israélien, a déclaré au Wall Street Journal que « les actions de Netanyahou prolongeant la guerre à Gaza créent des problèmes pour Trump avec d’autres alliés des Américains dans la région et ont rendu l’extension des accords d’Abraham extrêmement difficile » [25].

Donald Trump a peur de se faire assassiner par Netanyahou

Le journaliste américain Max Blumenthal, qui est très bien informé, et qui a des sources, proches de Trump, à la Maison-Blanche, explique que Donald Trump a peur pour sa vie, il a peur de Netanyahou.

« Je pense que Trump a peur, après deux tentatives d’assassinat, que s’il résiste à Netanyahou, cela pourrait déclencher quelque chose de vraiment sombre aux États- Unis. » [26]

Dans un autre entretien, au micro de Tim Dillon, Max Blumenthal a été plus précis :

« Trump a peur pour sa vie. On m’a rapporté qu’il avait peur pour sa vie avant les deux tentatives d’assassinat. Israël est une source majeure de préoccupation pour Trump. Réfléchissez-y : si Trump suspend la livraison d’armes à un pays qui commet des assassinats à travers le monde, qui s’est spécialisé dans les assassinats et qui a une aile entière de ses services de renseignements spécialisé dans les assassinats, qui utilise des objets ménager pour commettre des assassinats, comme des bipeurs, n’auriez-vous pas peur ? Eh oui, Trump a peur. Et ce que j’ai appris, d’une source qui est proche de Trump – quelqu’un qui parle aux gens dans le Bureau ovale, des gens proches de Trump – c’est que durant une visite de Netanyahou aux États-Unis cette année, ses agents ont placé des appareils électroniques sur les véhicules des services secrets d’intervention d’urgence. Les services secrets les ont trouvé et ont rapporté cela à la Maison-Blanche. Les véhicules d’intervention d’urgence répondent à un incident impliquant potentiellement le président des États-Unis. » [27]

Cet événement n’est pas une première. Durant le premier mandat de Trump, des appareils d’espionnage israéliens ont été découverts.

Le 12 septembre 2019, le média américain Politico rapporte que plusieurs anciens officiels de l’appareil d’État américain ont fait savoir qu’a été découvert un système d’interception des communications portables dans la zone entourant la Maison-Blanche et plusieurs zones sensibles de Washington. Un système d’espionnage qui a été placé par les Israéliens, affirment les trois officiels américains.

Un des officiels a précisé que ce système israélien a été placé spécifiquement pour espionner le président Donald Trump. Et d’ajouter qu’il n’est pas certain que les Israéliens y soient parvenus.

Politico indique que :

« Sur la base d’une analyse forensique [28] détaillée, le FBI et d’autres agences travaillant sur l’affaire étaient convaincus que des agents israéliens avaient placé les engins, selon les anciens responsables, dont plusieurs occupaient des postes de renseignement et de sécurité nationale.
Cette analyse, selon l’un des anciens fonctionnaires, est généralement menée par la division du contre-espionnage du FBI et consiste à examiner les dispositifs pour qu’ils "vous en disent un peu plus sur leur histoire, d’où viennent les pièces, quel âge ont-ils, qui y avait accès, et cela vous permettra de connaître leurs origines". Pour ce type d’enquêtes, le bureau s’appuie souvent sur l’Agence nationale de sécurité et parfois sur la CIA (le DHS et les services secrets ont joué un rôle de soutien dans cette enquête spécifique). "Il était assez clair que les Israéliens en étaient responsables", a déclaré un ancien haut responsable du renseignement. » [29]

Et Politico d’ajouter :

« Après la publication de cette histoire, Trump a dit aux journalistes qu’il avait du mal à croire que les Israéliens avaient placé les dispositifs. "Je ne pense pas que les Israéliens nous espionnaient", a dit Trump. "Ma relation avec Israël est excellente… Tout est possible, mais je n’y crois pas."
Mais les anciens responsables ayant une grande expérience des questions de renseignement se moquent du déni israélien – un déni pro forma que les responsables israéliens font aussi en privé à leurs homologues américains sceptiques.
Un ancien haut responsable du renseignement a fait remarquer qu’après que le FBI et d’autres agences eurent conclu que les Israéliens étaient très probablement responsables de ces engins, l’administration Trump n’a rien fait pour punir ou même réprimander en privé le gouvernement israélien.
"La réaction… a été très différente de ce qu’elle aurait été sous la précédente administration", a déclaré cette personne. "Avec l’administration actuelle, il y a d’autres calculs pour régler ce problème." »

Cette affaire est intervenue après le refus de Trump d’entrer en guerre contre l’Iran, et précisément lorsqu’il a limogé John Bolton, l’homme des Israéliens, relais du Mossad, qui était Conseillé à la sécurité nationale. Il poussait ardemment Trump, en 2019, vers une guerre contre l’Iran.

Netanyahou a le Congrès des États-Unis à ses pieds

Alors que le génocide à Gaza était en cours depuis plusieurs mois, Netanyahou s’est rendu aux États-Unis en juillet 2024, a donné un discours appelant l’Amérique à le soutenir dans le massacre de masse à Gaza, et ce devant le Congrès dont les membres se sont levés une dizaine de fois pour l’ovationner (à quelques rares exceptions près) [30].

Le président des États-Unis, Donald Trump, est loin de faire l’unanimité comme Netanyahou au Congrès. D’ailleurs, rares sont les présidents américains à recevoir un tel accueil par le Congrès. Et pour cause ! La quasi-totalité des membres du Congrès ont reçu des sommes importantes de la part du lobby pro-israélien. Le site internet Track AIPAC donne la liste des membres du Congrès et le montant qu’ils ont reçu de l’AIPAC.

Par exemple, l’actuel secrétaire d’État, Marco Rubio, néo-conservateur, pro-israélien notoire, a reçu plus d’un million de dollars [31] du lobby pro-israélien.

Les présidents passent, mais Benyamin Netanyahou et l’État d’Israël se maintiennent au pouvoir aux États-Unis. Compte tenu des éléments présentés, l’on peut affirmer que Netanyahou est l’actuel président des États-Unis.

Youssef Hindi

Notes

[1] https://www.youtube.com/watch?v=zMD...

[2] https://www.haaretz.com/israel-news... accept-a-gaza-plan-he-repeatedly-rejected/00000194-615c-d4d0-a1f4-fbfdce850000

[3] https://www.lefigaro.fr/internation...

[4] https://www.lemonde.fr/internationa...

[5] https://www.i24news.tv/fr/actu/isra...

[6] https://x.com/Ligne__Droite/status/...

[7] https://fr.timesofisrael.com/trump-...

[8] ibid.

[9] ibid.

[10] ibid.

[11] ibid.

[12] https://x.com/BarakRavid/status/192...

[13] https://www.nytimes.com/2025/05/05/...

[14] https://www.unz.com/pgiraldi/fed-up...

[15] https://www.nytimes.com/2025/05/09/...

[16] https://www.timesofisrael.com/liveb...

[17] https://www.youtube.com/watch?v=vLk...

[18] Voir : S. Walt et J. Mearsheimer, Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine, La Découverte, 2009.

[19] https://www.aa.com.tr/fr/monde/trum...

[20] https://fr.euronews.com/2025/05/21/...

[21] https://fr.finance.yahoo.com/actual...

[22] https://www.lemonde.fr/internationa...

[23] https://www.wsj.com/world/middle-ea...

[24] https://www.timesofisrael.com/trump...

[25] ibid.

[26] https://www.youtube.com/watch?v=_pS...

[27] https://x.com/5149jamesli/status/19...

[28] La science forensique, ou la forensique, regroupe l’ensemble des différentes méthodes d’analyse fondées sur les sciences (chimie, physique, biologie, neurosciences, informatique, mathématique, imagerie, statistique) afin de servir au travail d’investigation de manière large. La science forensique a pour but « la découverte de faits, l’amélioration des connaissances ou la résolution de doutes et de problèmes. Concrètement, il s’agit d’une recherche poussée d’informations, avec le but de l’exhaustivité dans la découverte des informations inconnues au début de l’enquête et parfois la volonté de publication des informations collectées ». Elles englobent les méthodes de police scientifique, de finance forensique, d’informatique forensique, de médecine légale (analyse physiologique et psychiatrique), d’intelligence stratégique et de renseignement. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Scien...

[29] https://www.politico.com/story/2019...

[30] ttps ://information.tv5monde.com/international/video/etats-unis-benyamin-netanyahou-devant-le-congres-pour-un-discours-controverse

[31] https://x.com/TrackAIPAC/status/188...

 

 

Trump et Netanyahou, par Youssef Hindi