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Il y a 70 ans, l’USS Indianopolis était torpillé après avoir livré les composants de la 1ère bombe atomique

Il s’agit du naufrage le plus meurtrier de l’histoire de la marine américaine. Le 30 juillet 1945, peu après minuit, le croiseur lourd USS Indianopolis était frappé à tribord par une première torpille de type 95 lancée par le sous-marin japonais I-58, commandé par le capitaine Mochitsura Hashimoto. Puis une seconde le percute près d’un réservoir et d’une poudrière. L’explosion coupe le navire en deux, qui coule en quelques minutes, emportant avec lui 300 de ses 1 197 membres d’équipage.

Construit au début des années 1930, et avec ses canons de 203mm, l’USS Indianapolis avait jusque-là enchaîné les missions dans le Pacifique et prit ainsi part aux campagnes de Nouvelle-Guinée, des îles Aléoutiennes, des îles Gilbert et Mashall ou encore à l’assaut contre les îles Mariannes et aux batailles des Philippines et d’Okinawa.

En juillet 1945, et venant de subir des réparations suite à une attaque d’un avion kamikaze japonais, l’USS Indianapolis reçoit d’ordre de quitter le chantier naval dans les plus brefs délais pour rejoindre le San Francisco Naval Shipyard. Là, il embarque la mystérieuse cargaison d’un « projet secret » qu’il doit acheminer vers l’île de Tinian, située dans l’archipel des Mariannes.

En fait de projet secret, il s’agit ni plus ni moins de composants destinés à Little Boy, c’est à dire la première bombe atomique qui anéantira Hiroshima le 6 août 1945.

Sous les ordres du capitaine Charles McVay, l’USS Indianapolis remplit sa mission en un temps record pour l’époque, en parcourant 5 000 milles en moins de 10 jours. Le tout sans escorte et sans sonar, malgré la menace des sous-marins japonais. Après avoir livré sa cargaison à Tinian, le 26 juillet, le croiseur rejoint l’île de Guam avant de repartir, deux jours plus tard, vers celle de Leyte, au large de laquelle il doit intégrer la Task Force 95. Mais c’était sans compter sur le sous-marin japonais I-58…

Après les explosions provoquées par les torpilles nippones, des messages de détresse sont envoyés et l’ordre de quitter le croiseur est immédiatement donné à l’équipage. Et 900 marins, environ, vont se retrouver seuls, livrés à eux-mêmes, en plein Pacifique.

Les naufragés auraient pu s’attendre à une arrivée rapide des secours, après l’émission des SOS. Seulement, aucun ne sera pris en compte ! L’un d’entre eux a pourtant bien été reçu par la station de Tolosa (Philippines) et l’officier de service a même envoyé deux remorqueurs sur les lieux du drame… lesquels sont finalement rappelés sur ordre du commandant de la base, parce qu’il n’avait pas été consulté.

En attendant, les rescapés de l’USS Indianapolis doivent affronter les requins, attirés par l’odeur du sang, la faim, la soif, le soleil et la fatigue. Au bout de quatre jours, ils sont repérés par un hydravion PYB Catalina, alors en mission de routine. Mais ce sera trop tard pour bon nombre d’entre eux : l’on ne comptera que 317 survivants.

Plus tard, certains ayant sorti les parapluies pour éviter les ennuis, le capitaine McVay, qui n’avait pas été averti de la présence éventuelle de sous-marins japonais et à qui il avait été refusé une escorte, sera le premier officier traduit devant une cour martiale pour le naufrage du navire qu’il commandait. Deux charges sont retenues contre lui : « Mise en danger de son navire en omettant de zigzaguer » et « échec à donner l’ordre d’abandonner le navire dans un temps approprié ».

Appelé à témoigner à la barre, le commandant du I-58 affirmera que, quelle qu’ait été la trajectoire suivie par McVay, cela n’aurait rien changé au sort funeste du croiseur. Et le sous-marinier le plus décoré de l’US Navy (4 Navy Cross, 2 Silver Star et 1 Bronze Star), le capitaine Glynn R. Donaho, qui terminera amiral, ne dira pas autre chose.

Malgré ces témoignages d’officiers de terrain, le capitaine McVay est reconnu coupable de ne pas avoir fait manoeuvrer son navire pour éviter les sous-marins ennemis. En revanche, il est acquitté pour la seconde charge. Il se suicide en 1968, profondément marqué par ce verdict. Pour autant, les rescapés de l’USS Indianapolis vont lancer une campagne pour le réhabiliter. Ce qui sera fait en octobre 2000.

L’histoire de ce naufrage a été portée à l’écran en 1991, avec le film « Mission of the Shark : The Saga of the U.S.S. Indianapolis ». Un autre long-métrage, produit par l’acteur Robert Downey Jr (alias Iron Man) est en préparation.

Pour l’anecdote, un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) américain porte actuellement le nom d’USS Indianapolis.

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7 Commentaires

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  • #1238458

    Pour les fans des dents de la mer.

     

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    • #1238522

      Le speech du Capitaine Quint sur le naufrage et l’attaque de requins vaut son pesant grâce aux talents de conteurs de John Milius, qui est derrière les meilleurs répliques des années 70 (Dirty Harry : "si un type court nu derrière une femme avec un couteau de boucher et son sexe en érection, ce n’est surement pas pour quêter pour la Croix Rouge" ou encore "J’aime l’odeur du Napalm le matin au petit déjeuner" dans Apocalypse Now). C’est le probablement le mec le plus à droite parmi le Nouvel Hollywood des années 70 (il aime les armes, les récits guerriers...), c’est entre autres lui qui a réalisé le très Wagnérien "Conan Le Barbare" et il est aussi derrière la très bonne série "Rome" que je conseille.

       
  • La haine des USA grandit chaque jour, et ce grâce aux USA et aux actions qu’ils posent...

     

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  • Si seulement il avait pu être torpillé AVANT la livraison de sa funeste cargaison...

     

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  • A quatre jours près, dommage... Même si cela n’aurait sans doute pas changé le cours de la guerre américano-nippone.

    Quant aux pauvres marins (bien que cela fasse partie des "risques du métier"), cette histoire de sauvetage raté m’en rappelle une autre, encore plus tragique, en septembre 41. Il s’agissait d’un énième convoi italien de ravitaillement de l’Afrikakorps qui essayait de se frayer une voie vers la Libye, car les Anglais, basés à Malte, décimaient depuis plusieurs mois la flotte italienne. Celui-là était attendu au tournant et donc rudement escorté. Après un engagement nocturne féroce, tous les cargos et plusieurs contre-torpilleurs italiens furent coulés. Dans la nuit-même, l’Amirauté italienne dépêche deux bâtiments pour sauver les équipages survivants. Stupidité ou malchance, je ne sais, mais la suite est abominable. Les deux torpilleurs italiens fendirent à plusieurs reprises les eaux agitées des lieux du drame, déchiquetant avec leurs hélices les pauvres marins. Le lendemain matin, par temps clair, l’aviation italienne découvrit des milliers de requins affairés à achever ce qu’il restait de survivants.

    Quelle que soit la nationalité des victimes de cette guerre, paix à leur âme.

     

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  • A quand un film sur le "Goya", le "Wilhelm Gustloff" et le "Général Steuben", trois navires allemands bourrés de civils fuyant les bombardements et la débâcle, de militaires blessés, torpillés par les soviets dans les eaux de la Baltique au mépris de toutes les lois de la guerre ?

    Wilhelm Gustloff : entre 5700 et 7000 victimes.
    Gal Steuben : environ 3500 victimes
    Goya : environ 7000 victimes.

    Le Titanic, dont on nous fait régulièrement un pataquès a fait lui 1500 victimes. Ces trois naufrages sans équivalent sont passés sous silence. Mais faut-il préciser qu’il n’y avait sans doute pas à bord de richissimes juifs..........

     

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