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Le mythe démocratique

La démocratie mérite-t-elle de survivre ? Sulfureuse et interdite, la question, posée par Christopher Lasch, vaut pourtant d’être posée. Fallacieusement réduite à l’introduction d’un bout de papier dans un isoloir tous les cinq ans, l’idée semble de plus en plus saugrenue.

D’emblée, notons que la démocratie fait l’objet d’un terrible consensus ; le spectre du totalitarisme d’avant-guerre planerait toujours. Dès lors, celle-ci ne rencontre que très peu d’opposition. Dans le camp socialiste, la critique acerbe de la démocratie bourgeoise, et du côté de la tradition, la contestation virulente de la loi du nombre ont littéralement disparu. Erigée en dogme, elle fait l’objet d’un véritable fétichisme institutionnel conjugué à une idolâtrie républicaine [1] qui peut laisser pantois. Devenue une quasi-religion et un véritable impérialisme, sa théologie et son modèle sont largement exportés par l’ingérence et la violence pour assurer la domination du Marché.

Il convient de rappeler que ladite démocratie ne constitue pas un but, une fin en soi. Elle est un moyen pour la plèbe de garantir la maîtrise de son destin commun. Se gouverner seul, sans intermédiaire. En d’autres termes, assurer un véritable libre-arbitre collectif tendant à limiter l’arbitraire dans la vie de la Cité. Elle constitue un instrument de liberté permettant l’émancipation d’un peuple. Plusieurs constats doivent être dressés. Primo, il n’a jamais été véritablement expérimenté une authentique démocratie [2]. Secundo, le concept de démocratie n’a plus vraiment de signification et semble avoir été vidé de sa substance. Tout le monde s’en réclame ; personne ne sait ce que cela recouvre. Serait-ce devenu un mythe moderne ?

Profondément pessimiste, notre civilisation libérale manque indubitablement de créativité et d’optimisme. Peut-on envisager le dépassement du « pire des régimes à l’exception de tous les autres » ou a minima de dresser un bilan critique de celui-ci [3] ?

 

Lire l’intégralité de l’article sur leverbepopulaire.wordpress.com

Notes

[1] Notons que le concept de démocratie – dans la communication politico-médiatique – se voit progressivement substitué à celui de République et de son corpus de valeur composé du triptyque classique. Qu’est-ce que la République ? Rappelons que c’est sous la République française qu’a eu lieu le massacre des communards pendant la semaine sanglante en 1871, les différentes conquêtes coloniales, les boucheries des deux guerres mondiales ainsi que le vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Il est important de souligner que ni les droits de l’Homme, ni l’Etat de droit – corollaires de la république démocratique – n’ont pu assurer un garde-fou nécessaire. Serait-ce un modèle largement perfectible ? Soulignons que la notion d’« état de droit » confond légitimité et légalité. Cela s’appelle le positivisme juridique. La légalité repose uniquement sur le respect de règles et de procédures juridiques formelles faisant abstraction de toute valeur ou d’éthique. C’est le règne froid du droit formel et procédural et en dernière instance des rapports de force.

[2] L’exemple paroxystique est celui de la démocratie athénienne. Il est convenu – chez les oligarques – d’objecter que les femmes, les métèques et les esclaves n’avaient pas le droit de vote, jetant ainsi l’opprobre sur la totalité de cette expérience historique sans précédent et plus particulièrement sur la centralité du tirage au sort comme mode de désignation. Cet argument est manifestement anachronique. Se déroulant au Vème siècle avant J-C, cet épisode hérite du contexte de l’Antiquité. Précisons qu’en France, l’esclavage a été aboli en 1848, que les femmes ont disposé du droit de vote en 1944. De plus, les étrangers ne disposent pas du droit de vote considéré comme un attribut de la citoyenneté. Doit-on pour autant condamner par principe le modèle dans sa totalité ? De nos jours, les modèles atypiques suisse et vénézuélien devraient inspirer l’essaim d’oligarques qui pullulent dans nos sociétés de consommation.

[3] Il convient de distinguer deux problématiques distinctes. La théorisation et l’expérimentation d’un modèle démocratique authentique, et la procédure (les rapports de force) qui permettent d’y parvenir. Les deux questions sont infiniment complexes et font l’objet de nombreuses querelles. Il apparaît difficile de proposer un quelconque mode d’emploi. Il convient d’avoir la lucidité et l’humilité nécessaires pour aborder cette question quasi-métaphysique. Celle-ci ne doit pas être envisagée hors-sol mais s’enraciner dans un contexte historique et culturel particulier. Le fantasme d’un modèle unique universellement transposable doit être balayé. De plus, il n’est pas superficiel de mener une réflexion sur l’efficacité des modèles, considérée à tort comme vulgaires. Penser à travers des concepts abstraits déconnectés de l’expérience et de la pratique peut être stimulant intellectuellement mais inopérant.

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44 Commentaires

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  • #854480
    Le 10 juin 2014 à 23:34 par Issa
    Le mythe démocratique

    D’Ailleur , dans un premier temps, il est parfaitement compréhensible que l’aspect "monotheiste juif" du christiannisme primitif ne pouvait que se heurter de manière frontale au paganisme de la conception politico- religieuse romaine.
    C’est cette obstination chrétienne à refuser de reconnaitre le culte imperial qui fut l’une des causes sinon la premiere de leurs persecutions par le pouvoir romain. (...)
    Or tout change avec l’empereur Constantin qui avait la particularité d’être un "paien monotheiste" , puisqu il adorait la seule divinité solaire denommée Sol Invictus : premiere forme de rationalisation du culte au solmet de l’etat romain.
    C est ce dernier en l ’ an 313 avec l’edit de Milan, qui accorde officielement aux Chretiens la liberté religieuse : Rome ayant toleré et absorbé de multiples divinités, religions et cultes étrangers, rien d’extraordinaire donc à ce qu’elle finisse par tolerer le christiannisme.

    D’ailleur, comme les empereurs romais détenaient traditionnellement le titre de Pontifex Maximus, c’est à dire de grand pontife de tous les cultes et religions de l’empire, cet edit de tolérance des chretiens propulsait donc l’empereur non seulement comme une autorité civile legitime mais aussi une autoritè sacrerdotale de l’église chretienne.

    L’empereur, ayant cette titulature, peu prétendre desormais à celui chef de l’église ( du grec ecclésia , litteralement assemblée des chrétiens), c’ est ce que l on nomme le césaroparisme.
    (...)
    Or Jean Claude Sironneau nous révèle qu’au lieu de détruire les anciennes institutions issues du paganisme romain, la christianisation les renforçait : " la sacralisation du pouvoir impérial se trouve donc renforcée par le christiannisme, puisque l’empire prend place, comme maillon nécessaire dans le plan de Dieu sur terre. Eusèbe de Césarée s’exlamera : " Notre empereur est comme le soleil rayonnant. Il illumine le moindre de ses sujets...investi de l’image de la monarchie céleste, il leve ses regards en haut et gouverne, en réglant les affaires du monde selon son modèle, affermi parce qu’il s’applique à imiter la souveraineté du monarque céleste. Au roi unique sur terre correspond l’unique Dieu, roi unique dans le ciel, l’unique nomos et logod royal".
    L empereur chrétien reçoit une dignité sacrale superieure à celle des empereurs préchretiens ; l’adoration ( agenouillement , prosternation devant l’empeureur, baisement de ses vêtements ) sera la règle jusqu à la fin de l’ empire.
    (...)

     

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  • #854707
    Le 11 juin 2014 à 09:32 par awrassi
    Le mythe démocratique

    Il y a la "démocratie bourgeoise" et la "démocratie populaire" ... Les pays qui se disent démocratiques n’ont pratiqué que la première. La seconde n’a jamais eu le temps de fleurir, mais elle a montré, le temps qu’elle a vécu, qu’elle pouvait fonctionner ! Si ses ennemis s’acharnent autant contre elle, c’est qu’elle n’est pas aussi répugnante !!

     

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  • #854835
    Le 11 juin 2014 à 11:45 par Jasmin Indien
    Le mythe démocratique

    Pendant la la démocratie, l’Humanité continue
    (Laissez tout honneur sur le palier avant de prendre la censure sociale)

    Démocratie : des veaux contre des vaches
    Le totalitarisme de la liberté d’imposer
    Une dictature éclairée par les lumières
    Ni dieu ni maitre et pourtant, thank you Satan
    La solution finale à toute politique sociale

    Ce n’est pas l’horizon qui est bouché
    Ce sont les yeux qui sont fermés
    Le ciel lui, reste ouvert

     

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  • #854915
    Le 11 juin 2014 à 12:48 par Olaf
    Le mythe démocratique

    Démocratie ou terreur ?

    Hier,remontant l’autoroute A6,j’ai croisé des convois ininterrompus de crs,gendarmerie,gardes mobiles,Je me suis fait la réflexion :Si ll’armêe peut péniblement aligner 10.000 contre un ennemi exterieur ,par contre les forces de répression anti population française avec plus de 4000000 membres si on ajoute les polices et autres rensegnements généraux ne semblent pas souffrir de la crise !
    L’oligarchie" europeenne" ne risque pas de les brimer et lorsque viendra le moment,ils seront certainement les derniers à ne pas etre payé.Patriotes d’E&r,il va falloir etre patient.

     

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  • #854965
    Le 11 juin 2014 à 13:39 par MG 42
    Le mythe démocratique

    Un système social quelconque livré aux instincts magnifiques du peuple (Humanité dixit), système de n’importe quelle formule, la plus ingénieuse, la plus méticuleuse, la plus astucieuse, la mieux équilibrée, ne peut aboutir après huit jours, quinze jours de tentative qu’aux gigoteries sadiques, aux cirques de décapités, aux pitreries infernales genre Russie, genre Bêla Khun, genre Barcelone, c’est écrit. C’est gagné d’avance.



    LOUIS–FERDINAND CÉLINE

     

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  • #855032
    Le 11 juin 2014 à 14:36 par rectificateur
    Le mythe démocratique

    Très bon article d’une association tenue par des jeunes qui ont compris, eux, ce qu’est la véritable antiracisme et la véritable éducation populaire.

    Ils font honte à leurs aînés des officines de propagande et c’est tant mieux. Bravo à eux !

     

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  • #855457
    Le 11 juin 2014 à 20:18 par Eric
    Le mythe démocratique

    « C’est à travers la sélection aléatoire des dirigeants que s’exprime la nature profondément démocratique d’une cité. »

    Aristote

    « Il est considéré comme démocratique que les magistratures soient attribuées par le sort et comme oligarchique qu’elles soient électives. »

    Aristote

    « Le suffrage par le sort est de la nature de la démocratie ; le suffrage par choix est de celle de l’aristocratie. Le sort est une façon d’élire qui n’afflige personne ; il laisse à chaque citoyen une espérance raisonnable de servir sa patrie. »

    Montesquieu

     

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  • #855948
    Le 12 juin 2014 à 07:17 par Starkamanda
    Le mythe démocratique

    Le problème n’a jamais été la démocratie mais la corruption ...

     

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    • #856168
      Le Juin 2014 à 12:44 par rectificateur
      Le mythe démocratique

      Ou disons même d’appeler démocratie ce qui n’est qu’une oligarchie très aisément corruptible essayant de se faire passer pour une démocratie.

      Chouard est très clair sur ce sujet, comme la remarquable vidéo de Gabriel Rabhi :

      http://www.inter-agir.fr/

       
    • #856784
      Le Juin 2014 à 23:07 par Starkamanda
      Le mythe démocratique

      Un monarque peut être corruptible, un président aussi, un conseil aussi, un parlement aussi. Le pouvoir appartiendra TOUJOURS à celui qui a de l’argent. On peut être puissant sans vraiment vouloir se mettre au premier plan.

       
  • #856196
    Le 12 juin 2014 à 13:15 par Yéhoudi
    Le mythe démocratique

    La plupart des peuples connaissent le régime de la JUDEOCRATIE qui se déguise en "démocratie" .

     

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    • #856464
      Le Juin 2014 à 17:56 par Ramana
      Le mythe démocratique

      La démocratie est un non sens, voyez aussi ce qu’en dit René Guénon. Le ventre d’un être ne peut prendre sans dommage une décision qui entraînera tout le corps y compris la cervelle. C’est la cervelle qui doit avoir l’ascendant sur le ventre, les jambes et les bras. Le ventre n’est pas qualifié pour dire à la tête ce qu’elle doit décider, sinon l’être ne vivra que pour manger, copuler, et se jettera sur la première nourriture venue sans différer son besoin, excluant tout objectif spirituel, ou tant soit peu subtil. C’est pour cela que la démocratie a toujours été un faux semblant, qu’elle porte en elle ses propres contradictions et ne peut que se maintenir sur le mensonge et l’hypocrisie. Les hommes ne sont pas tous aptes à diriger une société, il faut être qualifié spirituellement pour cela, et ce n’est pas à la "base d’apprécier cette qualification qui lui échappe par nature. Les sociétés épanouies sont celles qui se sont conformées au modèle universel qui exige une hiérarchie spirituelle représentée par des êtres répondant à des critères dont nous sommes bien éloignés à présent. Mais les monarchies de "droit divin", qui avaient déjà périclité depuis bien avant la révolution de 1789, ne peuvent perdurer que dans le contexte d’un âge plus lumineux, et non dans le contexte d’une fin d’âge de fer. Autrement dit, il faut placer notre espoir en l’avenir sur un autre niveau que sociétal.

       
  • #856641
    Le 12 juin 2014 à 20:30 par pi÷2
    Le mythe démocratique

    La démocratie c’ est le pouvoir au peuple (dêmos, peuple et kràtos, pouvoir, faut-il le rappeler ?), c’ est-à-dire l’ ensemble des individus majeurs et potentiellement constructeurs, nés ou résidant depuis un certain temps dans un pays, ce qui pour une oligarchie serait difficilement acceptable, comme on s’ en doute...

    Or, cela n’ aurait jamais été réalisé avant le réseau maillé d’ internet, qui date de 1993 en France, soit depuis vingt ans seulement (le minitel d’ avant était centralisé par France Télécom). Là, les internautes peuvent créer des sites ou des blogs, dans lesquels ils proposent des sujets de discussion ou d’ action, les critiquent abondamment en retour, quelque soit leur milieu socioculturel et agissent enfin selon leurs moyens intellectuel, culturel, social, professionnel et financier du moment.

    Ca s’ appelle une démocratie directe, désolé pour Chouard qui est à la ramasse avec sa démocratie par tirage au sort, qui date du 5ème siècle avant JC et ou les néoreprésentants du peuple ne seraient éligibles qu’ une seule fois dans leur vie !

    Quel beau cadeau aux oligarques, quand ce système sera -inévitablement- corrompu par les frustrés du pouvoir aux dents longues : se serait pire ainsi que du temps de la démocratie représentative, car là au moins, on pouvait voter tous les trois ans en moyenne. Quel progrès !

    Bref, il y a ceux qui s’ interrogent sur le profil du candidat à la démocratie représentative existante et d’ autres qui proposent de revenir à Mathusalem, le tout sans avoir compris qu’ elle était déjà opérationnelle et fonctionnelle depuis plus de 20 ans...

    Moi j’ dis ça, j’ dis rien.

     

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