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Vendredi saint – Le Miserere de Gregorio Allegri

Jour particulier que celui-ci pour les catholiques : nous sommes le Vendredi saint, jour où le Christ fut crucifié. Pour bien comprendre et « capter » une œuvre musicale, il fait essayer de l’approcher au plus près afin d’en saisir une infime partie de son émotion, pieuse pour la présente composition.

Tâchons d’abord de remonter le temps pour quelques minutes. Fermez les yeux. Réouvrez-les à présent. Nous voici à Rome, le Vendredi saint 12 avril 1639 (de notre calendrier contemporain). La basilique de Rome, depuis quelques années maintenant, est le nouveau centre de la chrétienté. La Semaine sainte touche bientôt à sa fin, l’apothéose des célébrations étant dimanche avec la fête de Pâques.

Nous sommes invités à célébrer la messe de l’Office des Ténèbres au couché du soleil. Le pape en personne (en habit de chœur, sans étole), Urbain VIII, officie, accompagné des cardinaux. La Chapelle Sixtine est un tel déchaînement de couleurs et de formes qu’elle ne peut qu’émouvoir le fidèle présent (ou le simple visiteur que nous sommes). Des cierges luttent contre l’obscurité de ces jours sombres, ceux où tout espoir de rédemption se serait évanoui (à 15h « précises » dit-on… d’ailleurs, depuis, il neige sur Bruxelles !).

L’office a déjà débuté depuis quelques temps. Le pape et les cardinaux sont agenouillés devant l’autel. C’est alors que la lecture des quatorze premiers psaumes de l’Ancien Testament débute. Au fur et à mesure des passages, quatorze des quinze bougies d’un chandelier triangulaire sont éteintes. L’obscurité complète a envahi les lieux, ou presque car une, une seule bougie éclaire encore l’office, au sommet du chandelier. Elle symbolise le Christ, cette lumière dans l’obscurité ; les autres étant les onze apôtres (Judas en est exclu… logique) et les trois Marie.

Alors qu’on répète l’antienne, un clerc s’empare délicatement de la bougie, s’appuyant de la main droite sur l’autel. Christus factus est est entonné à genoux, en chœur. La mort du Christ fut éphémère mais plongea les hommes dans les ténèbres. Symboliquement, l’ultime bougie est cachée derrière l’autel ou préservée dans une lanterne. Le Pater noster raisonne à voix basses.

Et c’est alors que le moment le plus intense de cette liturgie se produit : un chœur en deux parties entame le Miserere [mei Deus], le psaume 50. Mais il ne s’agit pas de n’importe lequel ! Celui-ci n’a que quelques années à peine, tout récemment composé par Gregorio Allegri (1582-1652). Quelle émotion s’en dégage ! Écoutons :

 

 

[...] Cette composition, splendide, est le leg d’une pratique musicale que seul Rome connaît encore à l’époque (début XVIIe siècle) : le stile antiquo (a cappella, sans instrument [interdits durant tous les Offices des Ténèbres]). La Contre-Réforme avait été claire un siècle plus tôt : il faut que le texte soit intelligible et non prétexte à l’extravagance du compositeur. D’où une homophonie qui accentue la masse chorale de l’effectif. Il est donc logique que Rome, centre de la chrétienté, soit le bastion de ce style ancien alors que Monteverdi a déjà révolutionné la musique et propagé le stile nuovo, c’est-à-dire concertant. D’ailleurs, l’expression a cappella ne lui reste-t-il pas associée (« à la manière de la Chapelle [pontificale] ») ? Toutefois, cette œuvre, par certains aspects, marque la transition entre le style a cappella et le style concertant. Le texte n’est plus prétexte : Allegri (à l’issue d’un concours qu’il avait remporté) a rigoureusement sélectionné les versets du psaume afin que sa musique vienne souligner et renforcer l’émotion du texte.

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