Egalité et Réconciliation
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Affrontements tribaux à la machette à... Pigalle

Après une bagarre dimanche, qui a fait un blessé grave, gare du Nord, à Paris, les deux groupes se sont affrontés à nouveau, lundi, dans le XVIIIe.

La police parisienne tente de démêler les règlements de comptes entre deux bandes qui viennent d’avoir lieu dans la capitale, gare du Nord puis place Pigalle. Ils ont cerné deux groupes d’adversaires qui se cherchent depuis l’été et se trouvent parfois, mais « le mobile des rancœurs » selon un enquêteur, aurait pour origine un conflit, début août, lors d’une soirée r’n’b’ aux Folie’s Pigalle. Face à face deux bandes qui se désignent par leur lieu de regroupement, celle dite de « la Défense » composée de jeunes des Hauts-de-Seine et des Yvelines, et celle de « la gare du Nord » qui regroupe des garçons du XIXe arrondissement de Paris, de Seine-Saint-Denis et du Val-d’Oise.

« Mauvais regards ». Un « incident » à l’extérieur des Folie’s a donc déclenché la guerre, « soit une histoire de prostituée, soit un différend lié à la drogue, voire des mauvais regards » : « Il semblerait que la bande de la gare du Nord soit sortie victorieuse de cette première manche ». Du coup, « la Défense » se serait vengée lors d’une expédition punitive le week-end dernier.

Dimanche, vers 19 heures, les deux groupes se sont en effet affrontés dans la galerie marchande de la gare RER. Deux garçons qui habitent Paris et le Val-d’Oise ont reçu des coups de couteau. L’un d’eux, poignardé, a été grièvement blessé et a reçu du médecin soixante jours d’interruption temporaire de travail (ITT). Trois agresseurs de « la Défense », impliqués dans cette première bagarre, ont été mis en examen hier par un juge parisien pour tentative d’assassinat, violences volontaires avec arme et en réunion. Yannick et Christopher âgés de 23 ans, et Mpelenda, 22 ans, ont été placés sous mandat de dépôt pour ces violences et la tentative de meurtre gare du Nord.

Le lendemain, lundi soir, les deux bandes se sont retrouvées encore autour des Folie’s Pigalle pour en découdre.

Entre minuit et une heure du matin, cinquante à cent jeunes gens, pour certains « armés de machettes, de hachoirs, de couteaux à cran d’arrêt et de barres de fer » se sont opposés dans le quartier. Sans faire de blessés sérieux.

Dépêchés sur place, les brigades anticriminalité ont procédé à des interpellations entre 1 h 20 et 2 h 10 puis recensé les commerçants, touristes et habitants qui ont assisté à ces méchantes courses-poursuites.

Quatorze jeunes dont trois mineurs ont été placés en garde à vue. Ces garçons âgés de 15 à 22 ans et domiciliés pour la plupart dans les Hauts-de-Seine ont, selon le parquet de Paris, « parfois été trouvés en possession d’armes ou d’objets tranchants » tels un hachoir de cuisine, une scie à bois, des couteaux et des tessons de bouteilles. Certains ont lâché aux enquêteurs de la police urbaine de proximité (PUP) qu’ils étaient « venus à Pigalle pour en découdre » avec leurs adversaires, l’un ayant même « apporté un marteau ».

Poursuivis pour « attroupement armé » ou « violences avec armes » dans le XVIIIe arrondissement de Paris, une majorité de ces suspects devaient être présentés hier soir à la justice.

« Noyaux solides ». Ce déplacement de conflits armés entre banlieusards dans la capitale reste « rare » selon un haut fonctionnaire de la préfecture de police : « Paris est d’ordinaire relativement préservée par les phénomènes de bandes », même si « des noyaux solides ont été répertoriés dans des arrondissements sensibles » et particulièrement dans les XVIIIe et XIXe arrondissements. De son côté, le leader du second syndicat de gardiens de la paix Alliance, Frédéric Lagache, a dénoncé hier le « manque d’anticipation » et de coordination de la police en Ile-de-France sur « le phénomène des bandes ».


Source : http://www.liberation.fr