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Communautarisation : guerre des gangs entre gitans et maghrébins à Grenoble

Dimanche après-midi, Marcel Egea, truand « multirécidiviste » déjà condamné à vingt ans de réclusion pour vol à main armée à Montpellier, se baladait sur la colline qui surplombait la maison d’arrêt de Varces (Isère). Paisiblement, comme un homme de son âge, 58 ans, il prenait l’air, « occupé à ramasser les champignons ».

300 mètres en contrebas, Sghaïr Lamiri, 29 ans, a été abattu au même moment dans la cour de promenade de la prison. Le bâtiment a été bouclé, les gendarmes se sont déployés dans les environs. A Vif, une commune voisine de Varces, ils ont retrouvé Egea sur une moto avec de fausses plaques d’immatriculation. Il est équipé d’un fusil à lunette de calibre 7,65 mm, une arme de précision, « encore chaud ».

« Meurtre en bande organisée en récidive »

En garde à vue pendant 48 heures au commissariat central de Grenoble, Egea le cueilleur de champignons a nié les faits, réfutant toute participation dans ce crime qui est une grande première. La thèse du hasard et des cèpes n’a pas suffi.

Marcel Egea, ancien chef d’une bande de braqueurs, a été mis en examen pour « meurtre en bande organisée en récidive », « tentative de meurtre en bande organisée en récidive » et « association de malfaiteurs », a expliqué le procureur de la République de Lyon, Xavier Richaud.

Chicago-sur-Isère

Derrière le crime tout à fait unique d’Egea se dessine la banalité du quotidien des gangs de Grenoble. Chicago-sur-Isère en est à plus de dix morts, et au moins autant de blessés, depuis janvier 2007.

D’un côté, les « Gitans » du quartier de la Villeneuve, à Grenoble. De l’autre, les « Maghrébins » des cités de Fontaine. C’est précisément du quartier Fontaine que vient Marcel Egea, ancien chef d’une bande de braqueurs.

Entre les deux clans, un pactole, celui de la drogue, et un bien plus éphémère, l’espérance de vie. On s’arrose à la kalachnikov, au calibre 11.43, à la chevrotine. Et depuis dimanche au fusil à lunette.

Lamiri, lieutenant du boss de la Villeneuve

Sghaïr Lamiri, la victime, n’était pas non plus un saint. Il purgeait depuis juillet une peine de huit ans de prison pour des braquages commis en 2001 et en 2002. La police le soupçonnait de bien plus. Il devait être prochainement entendu dans une affaire d’assassinat

Il était le lieutenant de Christophe Morival, le boss des « Gitans », un demi-sel très violent. Lamiri, 1,55 m, était un « tueur », comme on dit dans le jargon, connu à Grenoble pour torturer ses victimes en les enfermant avec des chiens de garde dans des caves.

En février 2007, Lamiri et Morival échappent à une tentative d’assassinat à la kalachnikov. Un de leurs copains reste sur le carreau. Les représailles s’enchaînent.

La raison exacte à déterminer

A Grenoble, une légende urbaine est sur toutes les lèvres. Une histoire de course-poursuite sur l’autoroute l’an dernier, pendant laquelle la voiture de Sghaïr Lamiri touche le véhicule adverse, qui part en tonneau. Au beau milieu de l’autoroute, Lamiri et ses collègues s’arrêtent et achèvent leurs rivaux. La police judiciaire n’aura pas assez de preuves.

Toujours est-il qu’en octobre 2007, Morival est abattu, au cœur de son fief de Villeneuve, par des caïds déguisés en flic. Dimanche Lamiri l’a rejoint. Pour une simple vengeance ? Etait-il devenu trop gênant ? Allait-il revenir aux affaires en sortant de prison ? Ou était-ce simplement un avertissement ?

A Grenoble et Fontaine, les quartiers chauds sont sous haute surveillance, et la police planque la nuit.

Source : http://www.20minutes.fr