Egalité et Réconciliation
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De petits « stress tests » avant un grand crash

Pour de nombreux observateurs, le résultat des tests de résistance (stress tests) de 91 banques européennes, publiés ce soir par le Comité des superviseurs bancaires européens, ne sont pas un instant crédibles. Tout démontre que nous venons d’assister à une opération de communication orchestrée par la BCE uniquement destinée à rassurer les marchés. Le résultat final pourrait bien être l’inverse que celui escompté.

Ce soir, à 18h ont été communiqués les résultats des tests de résistance de la Comité des superviseurs bancaires européens (CEBS) pour 91 banques européennes. L’objectif est de permettre de débloquer les marchés du refinancement bancaire et de prouver que les banques européennes ont assez de fonds propres pour être en mesure de financer des emprunteurs solvables et in fine de soutenir la reprise économique. Cependant, si l’on écoute les commentaires de certains régulateurs, le rapport de la CEBS pourrait davantage « s’apparenter à un « bulletin scolaire d’école primaire » qu’à une analyse prudente d’un organe de régulation financière. Rien de ce qui pourrait « bouleverser les parents » (dans le cas échéant, le marché) ne serait ainsi dévoilé. » (1)

Point de critique majeur : la méthodologie qui a été retenue par la CEBS en ce qui concerne les pertes sur la dette souveraine paraît étrange, pour ne pas dire suspecte. Les banques ont subi des tests de résistance sur leur portefeuille d’obligations d’État, mais uniquement sur les positions détenues dans les comptes de « trading ». Par exemple, les banques grecques ont pu passer ces tests sans encombre, car la quasi-totalité de leurs positions a été opportunément reclassée, passant des comptes « trading » ou « disponibles à la vente » vers les « positions détenues jusqu’à l’échéance ». Par ailleurs, les seuils de pertes potentielles jusqu’à présent évoqués sur les dettes souveraines, dans le cadre des tests, ne seraient que de 17% pour la Grèce, 8% pour le Portugal et l’Irlande, 5% pour l’Espagne et 2,5% pour l’Italie. Or, si l’un de ces États faisait réellement défaut, on peut alors imaginer que les pertes potentielles seraient largement supérieures sur l’ensemble des dettes des pays périphériques.

Mensonges en stock

Ainsi, seules 7 banques sur les 91 établissements testés, ATEBank (Grèce), Hypo Real Estate (Allemagne) et cinq caisses d’épargne espagnoles dont Cajasur n’ont pas montré un ratio de fonds propres suffisant en cas de scénario défavorable. Elles devront réunir au total 4,5 milliards d’euros supplémentaires. Comment expliquer ces résultats pour le moins optimistes alors que, ces derniers jours, les analystes attendaient jusqu’à 90 milliards d’euros de recapitalisation ? (2)

Pour le quotidien espagnol El Economista, la réponse est claire : il apparait évident que les Caisses d’épargne espagnoles ont triché en gonflant leurs capitaux propres en y englobant les aides publiques. (3) Le quotidien suisse Le Temps va plus loin en indiquant que « la mise sur pied d’obstacles légaux que certaines autorités de surveillance nationales auraient mises en avant pour justifier la non-publication d’informations trop sensibles ». (4)

Depuis plusieurs mois, une large partie du système bancaire européen n’a plus accès aux marchés des capitaux et dépend de la BCE. Les banques espagnoles, grecques, italiennes et irlandaises ont capté à la fin juin 42% des financements de la BCE, contre 33% en janvier. Avec ces tests la BCE, via le CEBS, voulait alléger les tensions pour relancer les prêts interbancaires. Sa manœuvre maladroite risque sérieusement de provoquer l’effet inverse. Si elle avait voulu provoquer une catastrophe, elle ne s’y serait par prise autrement.

Notes :

1. Article de CFO-News http://www.cfo-news.com/Banques-eur... 2. Article des Echos http://www.lesechos.fr/info/finance... 3. Cité par BFM http://www.radiobfm.com/edito/home/... 4. Article du quotidien Le Temps http://www.letemps.ch/Page/Uuid/19b...