Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

La Belgique est morte le 22 avril 2010

Face à la crise politique, le quotidien belge Le Soir se demande si la Belgique a "encore un sens". Les lecteurs belges du Monde.fr répondent à leur manière à la question.

* Il est temps se dire au revoir, par Pierre-Jean D.

Quand un couple ne s’entend plus, qu’il fait chambre à part, qu’il n’est plus solidaire financièrement et qu’il passe son temps à se chamailler, il est temps de faire ses comptes et de se dire au revoir. Ce qui se passe aujourd’hui est peut-être la dernière étape de ce processus de séparation, ou une des dernières. Une chose est certaine, chaque jour qui passe nous rapproche un peu plus du divorce.

Mon père est d’origine francophone, ma mère d’origine flamande, j’ai grandi à Bruxelles, au milieu de deux communautés. Aujourd’hui, je ne peux plus accepter les exigences flamandes sur les communes de la périphérie bruxelloise. Ce sont des dizaines de milliers de francophones qui y vivent. Parfois, ils représentent des majorités importantes, comme dans les communes de Linkebeek, Wemmel, Rhode-Saint-Genèse. Les francophones ne peuvent pas accepter que ces majorités soient livrées a un régime flamand extrémiste et intolérant. (...)

* Plus de projet commun, par Michel P.

(...) Certains diront que les Belges sont attachés à la Belgique, ce qui est vrai. Mais si on leur demande de la définir, de proposer des solutions aux problèmes communautaires, les réponses seront radicalement différentes chez les francophones ou les néerlandophones. Donc l’attachement présenté comme commun n’en est pas un. Il ne reste quasiment rien pour lier le pays, si ce n’est la monarchie ou ce qu’il en reste. Plus de grande entreprise nationale, plus de grands hommes d’Etat (...) Ce pays n’a plus de sens et doit être "divorcé" avec un arbitrage international.

* En Flandres, je me sens étranger, par Fernand L.

J’avais une dizaine d’années. Avec mes parents nous étions à Tongres (Limbourg), dans un café. Subitement, j’ai eu une appréhension : l’argent belge a-t-il cours ici ? Cela donne une idée de la manière dont je concevais la Belgique (en fait, pour moi, la Belgique c’était Liège et les environs) et du sentiment d’étrangeté qu’un gamin francophone pouvait éprouver chez les Flamands. Maintenant, chez les Flamands, je me sens étranger : nous sommes les étrangers que l’on rejette. Cela dit, l’éclatement de la Belgique causerait plus de dégâts qu’il n’arrangerait de choses.

* Asile politique, par Ricky

Personnellement je viens, en tant que Liègeois, de demander l’asile politique au consulat.liege@ambafrance-be.org

* La Belgique est morte ce 22 avril, par Michel T.

Je suis né dans le produit artificiel d’une construction du XIXe siècle uniquement destinée à priver une possible résurrection de l’impérialisme français du port d’Anvers, et non dans un Etat homogène. Comme tout couple, la persistance d’une relation dépend de la volonté de vivre ensemble, volonté qui a disparu en Flandre. (...) Notre pays n’a donc plus de sens. Sommes-nous destinés, nous francophones, à vivre en micro-Etat, tels le Luxembourg ou Monaco, ou au contraire à rejoindre la mère linguistique France, l’avenir nous le dira.

La Belgique est morte ce 22 avril 2010, un peu moins de cent quatre-vingts ans après sa création. Paix à son âme. Au même titre qu’une indentité corse, parisienne ou normande, je pourrais très bien m’accomoder d’une identité belge devenue régionale. (...)

* Nos enfants liquideront la Belgique, par BL

Je suis né en Wallonie, vis à Bruxelles depuis une dizaine d’années et travaille en Flandre. (...) Je côtoie des Flamands au travail, dans mon quartier, parmi mes amis... jamais eu le moindre problème, même si des différences culturelles existent. Mais les hommes politiques et les médias dressent les communautés les unes contre les autres : c’est si facile de désigner un ennemi coupable de tous les maux, au lieu de s’attaquer ensemble aux vrais problèmes socio-économiques et environnementaux.

A force d’entendre que les Wallons sont paresseux et pompent l’argent flamand via la Sécurité sociale, les Flamands en sont convaincus. Les Wallons commencent à penser que les Flamands sont fascistes, le mot étant de plus en plus repris par les politiques et médias. Ce ne sont plus que clichés et caricatures. Je ne serais pas surpris que les enfants d’aujourd’hui qui auront grandi dans ce climat liquident la Belgique dans vingt ou trente ans...

* Ceci n’est pas un pays... , par Jean V.

... aurait dit René Magritte bien connu dans le monde pour ses peintures surréalistes.