Egalité et Réconciliation
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Le Quai d’Orsay vu d’Israël

Pour Sarkozy, la création de l’Etat d’Israël est « un miracle ». Extrait de Fax de Jérusalem et du monde juif, n°368, 23 novembre 2007, p.4.

Il y a des mots qui ne trompent pas. Et même si, comme le disait De Gaulle, « Un Etat n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts », il est indéniable que les termes utilisés par Nicolas Sarkozy, traduisent un réel et profond changement dans la politique étrangère de la France. Un Etat n’est pas obligé de s’aligner systématiquement sur la politique d’un Etat allié, mais il n’est pas tenu non plus de faire le contraire ! L’hostilité à Israël clairement manifestée par les gouvernements français depuis des décennies était si criante, qu’elle en était devenue ridicule et caricaturale. Depuis le « tournant historique » de De Gaulle en 1967, on peut sans trop se tromper, affirmer qu’il n’y a eu que très peu de ministres français des Affaires étrangères que l’on pouvait qualifier de « pro-israélien », et ce, quel que soit le Président de La République. Les Couve de Murville, De Charrette, Jobert, Cheysson, Dumas et autres Védrine ont appartenu à diverses formations politiques. Il est connu que le Quai d’Orsay a une tradition pro-arabe et parfois même antisémite, dont les raisons remontent parfois au 19e siècle ou au recrutement de ses membres dans l’aristocratie chrétienne française.

Tout ceci semble maintenant faire progressivement partie du passé.

Lors de la visite du Premier ministre à Paris, les termes utilisés par son hôte ont été sans équivoque. Sarkozy, c’est autre chose. Sarkozy, et étant donné le charisme et la force de caractère du personnage, il est probable – et souhaitable – qu’il impose progressivement son style, sa conception et son empreinte à l’administration du Quai d’Orsay. C’est en tout cas ce qui a été remarqué par les observateurs extérieurs : ce nouvel état d’esprit, sur le fond comme dans la manière, semble se répercuter jusque dans la population. Le ministre des Affaires Etrangères, Bernard Kouchner, est également un ami, même s’il appartient à un parti qui a été une grande déception depuis 20 ans, et la majorité présidentielle compte en son sein de très nombreux amis d’Israël. Politiquement ou diplomatiquement, Sarkozy n’était pas obligé de parler de la création de l’Etat d’Israël comme d’un « miracle et l’un des événements les plus importants du 20e siècle ». Mais il l’a fait, en dépit de l’état sociologique et démographique actuels de la société française, et des risques qu’il prend par rapport aux « liens traditionnels de la France » avec le monde arabe. Et si la France était auparavant en queue de la lutte contre les Etats terroristes, surtout du monde musulman, aujourd’hui, la France est en première ligne concernant les visées nucléaires iraniennes. Le président a également rappelé avec force « la garantie intangible de la France » quant à la sécurité d’Israël. En diplomatie, rien n’est jamais à cent pour cent gratuit, ni sincère. Mais dans le cas présent, on ne peut que se féliciter de ce changement de ton et peut-être de stratégie. La France a vu que son alignement sur les thèses palestiniennes l’avait écartée de toute influence notable sur la scène proche orientale. Et Sarkozy montre qu’il n’est pas interdit de faire entrer un peu de morale et de valeurs dans le monde froid et calculateur des relations internationales. Cela fait peut-être aussi partie de l’héritage d’un grand-père juif qui l’a tant marqué.

« Les extrémistes ne luttent pas pour leurs droits propres, mais pour porter atteinte aux droits des autres », a déclaré le ministre des Affaires Etrangères lors du second congrès Otan-Israël qui s’est tenu à Herzeliyah. T.livni a également affirmé que le véritable conflit n’était pas entre Israéliens et Palestiniens, entre juifs et arabes, mais bien entre extrémistes et modérés. « Nous partageons la même vision avec les modérés, de 2 Etats pour 2 peuples (…) et chacun de nous doit renoncer à une partie de ses aspirations historiques (…). La bande de Gaza est l’exemple vivant de ce que le monde ne peut permettre : Israël s’est complètement retiré de ces territoires permettant aux Palestiniens de créer un pouvoir indépendant. En réaction, le terrorisme s’est intensifié, les roquettes s’abattent quotidiennement sur nos villes, et une entité du Hamas s’est levée à notre frontière sud » a ajouté le chef de la diplomatie israélienne.