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Le massacre Israélien unit les Palestiniens et embarrasse Abbas

La seconde mission du secrétaire général de la Ligue arabe à Beyrouth est entourée d’un flou total. Rien n’a filtré sur les nouvelles idées proposées par Amr Moussa à ses interlocuteurs dans le but de déblayer le terrain devant le plan arabe de règlement. Il s’est contenté de déclarations laconiques. M. Moussa doit se rendre aujourd’hui à Damas où il devrait rencontrer des responsables syriens en marge de la cérémonie d’ouverture de l’année culturelle arabe dans la capitale des Omeyyades.

Les médias libanais ont largement commenté la polémique entre les chefs chrétiens du 14-mars pro-US et de l’opposition après les virulentes critiques adressées par le leader des maronites du Liban-Nord, Sleimane Frangié, contre le patriarche de la communauté, qu’il a accusé de partialité en faveur du 14-mars.

Tendances et événements au Proche-Orient
Le massacre israélien unit les Palestiniens et embarrasse Abbas


Les développements sanglants dans les Territoires palestiniens restent en tête des préoccupations régionales, tandis que le président George Bush clôturait sa tournée avec un pactole de plusieurs dizaines de milliards de dollars récoltés des contrats de vente d’armes qu’il a fait signer aux pays du Golfe après avoir exploité à fond le thème du « danger iranien ». Les événements des dernières heures présentent les données suivantes :

- 1. L’armée israélienne poursuit ses massacres méthodiques contre le peuple palestinien. La vague de colère, qui a enveloppé Gaza et la Cisjordanie, a fait tomber les barrières fictives dressées par les États-uniens depuis le coup d’État fomenté par le général US Keith Dayton et l’ancien conseiller de Mahmoud Abbas, Mohammad Dahlan, et déjoué par le Hamas, en juin 2007. Ce duo a réussi, malgré tout, à torpiller l’accord inter-palestinien de La Mecque.

- 2. Les tueries israéliennes ont provoqué un grand embarras chez l’Autorité palestinienne et son président, surtout que la rue palestinienne a laissé éclater sa colère après les crimes de l’armée israélienne, qui poursuit ses préparatifs dans le cadre de la théorie de la « guerre permanente ». Ce plan a été proposé par le Premier ministre Ehud Olmert devant la Knesset, s’inspirant de la campagne des 100 jours lancée en 2002 par Ariel Sharon pour briser l’Intifada, et qui s’était soldée par… le retrait unilatéral d’Israël de Gaza et le démantèlement des colonies érigées dans ce territoire.

- 3. Les prémices de la colère de l’opinion publique arabe commencent à apparaitre, surtout en Égypte où, par crainte de manifestations, le lieu de la rencontre entre Hosni Moubarak et George Bush a été transporté du Caire à Charm el-Cheikh.

- 4. La crise politique et gouvernementale en Israël s’amplifie à dix jours de la publication du rapport final de la commission Winograd. Dans les coulisses politiques et médiatiques israéliennes, on évoque de plus en plus une possible démission d’Ehud Olmert, un effondrement de la coalition gouvernementale, voire des élections législatives anticipées. George Bush est directement intervenu pour exprimer son appui total à Olmert afin de dissuader les partis membres de la coalition de quitter le gouvernement. Cela n’a pas empêché Avigdor Libermann de démissionner, ce qui pourrait avoir un effet boule de neige.

Presse et agences internationales

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)

- Nicholas Blandford et Andrew Lee Patters
L’explosion qui a visé mardi un convoi de diversion de l’ambassade des États-Unis à Beyrouth n’était pas puissante, comparée à l’effrayante vague de violence politique qui déferle sur le pays ces temps-ci. Mais c’est la première fois depuis la fin de la Guerre froide, en 1990, que des responsables US sont visés au Liban. Cet attentat envoie un message inquiétant à la communauté états-unienne à Beyrouth, certes petite mais en voie de développement. Le choix de la cible du dernier attentat à Beyrouth constitue peut-être un changement dans la campagne de violence qui frappe le pays depuis 2004. Toutefois, la scène reste la même : des débris de verre jonchent la chaussée, des flaques de sang partout et une forte présence de soldats libanais.
Les États-Unis se sont faits de nombreux ennemis en raison de leur politique au Liban. Ils ont exercé leur influence sur le Conseil de sécurité afin de faire voter une résolution forçant l’armée syrienne au retrait, en 2004. Ils ont soutenu Israël dans sa guerre de l’été 2006 et ont appuyé le gouvernement de Fouad Siniora face à l’opposition. Washington a également accusé la Syrie de se tenir derrière les attentats et la série d’assassinats perpétrés au Liban ces trois dernières années.

AL QABAS (QUOTIDIEN KOWEITIEN)

- Cal Thomas
Le président George Bush croit que la paix est possible entre la Palestine, les États arabes et Israël. Jusqu’à présent, 18 tentatives —entre commissions, sommets et conférences— ont eu lieu pour convaincre les juifs de s’asseoir à une même table avec les Arabes. Mais elles ont toutes échoué comme va échouer l’initiative de Bush, en dépit des pressions exercées sur Israël pour le pousser à donner davantage. La revue Commentary avait écrit à ce sujet : « Lorsqu’un problème n’arrive pas à être résolu de la première fois, cela signifie qu’il est insoluble. Au moins grâce aux méthodes qui sont mises en œuvre. »

- Charles Livinson
Lors de sa visite-surprise en Irak, il y a quelques jours, la secrétaire d’État Condoleezza Rice a rendu hommage au Premier ministre irakien Nouri al-Maliki. Elle louait les qualités d’un homme qui a contrôlé le pouvoir en exploitant la baisse de la violence pour consolider son gouvernement et renforcer son emprise sur les forces de sécurité et en finir avec les défis posés par les autres partis politiques. Mais certains experts états-uniens expriment des doutes sur sa volonté de soutenir la réconciliation entre les sunnites et les chiites. Al-Maliki a pris la tête du gouvernement en 2006 et a pu se maintenir au pouvoir sous prétexte qu’il n’y a pas en Irak des personnalités aussi compétentes que lui. Il a même refusé l’appel des parlementaires du Bloc de Moqtada Sadr à la démission au printemps dernier.

AL KHALEEJ (QUOTIDIEN EMIRATI)
Elles sont belles les paroles de Nicolas Sarkozy selon lesquelles il souhaite une amitié avec les Arabes, bâtie sur le fait de dire la vérité et non pas de donner des leçons. Il fait preuve d’une crédibilité qui fait défaut dans le monde sauvage d’aujourd’hui, géré par la loi de la jungle depuis des années. Un monde où il n’y a pas de place aux résolutions internationales et à la sagesse, à l’ombre des invasions, des occupations, des guerres, du démembrement puis du remodelage des États, de manière à empêcher leur renaissance.

AL SAOURA (QUOTIDIEN SYRIEN)

- Mohammad Ali Bouza
La tournée de George Bush au Moyen-Orient a commencé et s’est terminée par un échec. Les résultats n’ont pas démenti les pronostics, basés sur la vision de Bush construite sur des idées fausses et des lectures erronées. Il a essayé de dévier le conflit et de détourner les regards loin du véritable problème, à savoir la cause palestinienne et l’occupation de terres arabes. Il a tenté de légitimer l’occupation et faire passer les projets d’hégémonie sur les ressources et les richesses de la région.

24 HEURES (QUOTIDIEN POPULAIRE SUISSE)
Le 38ème Forum économique mondial qui se réunira à Davos (Suisse) du 23 au 27 janvier 2008 ne rencontrera pas de contestation. Mais il devra traiter d’un monde nouveau : l’année précédente, ses membres ont applaudi Charles prince, PDG de Citigroup, qui leur promettait un avenir radieux. Las ! Charles Prince n’est plus PDG et Citigroup a perdu 18 milliards de dollars. On parlera donc du retour du politique. Parmi les invités, on attend Condoleeezza Rice (qui parlera de la lutte contre le terrorisme et le réchauffement climatique), le Prix Nobel de la Paix Al Gore, le Premier ministre français François Fillon et son homologue britannique, Gordon Brown. Et une délégation du Proche-Orient pour débattre du « processus d’Annapolis » avec Ehud Olmert, Shimon Peres, Salam Fayyad et Tony Blair pour le Quartet.

LE TEMPS (QUOTIDIEN SUISSE)
• Les relations franco-allemandes ne cessent de se détériorer. Les sujets de litige s’accumulent (contrôle politique de la Banque centrale européenne, conseils d’administration d’Areva et d’EADS, etc.). En outre les relations personnelles de Nicolas Sarkozy et d’Angela Merkel sont exécrables (personnalisation de la libération des infirmières bulgare, intrusion de Nicolas Sarkozy au Conseil des ministres des Finances de l’Union, etc.).
• La télévision suisse alémanique a diffusé des photos d’un avion Pilatus PC-7, de fabrication suisse, armé de nacelles de canons de 20 mm, utilisé par le Tchad contre les rebelles au Darfour (Sud du Soudan). Or, ces matériels ont été exportés comme avion d’entraînement avec un engagement écrit du gouvernement tchadien de ne pas les militariser.

DE TELEGRAAF (QUOTIDIEN NEERLANDAIS)
Le ministre néerlandais de la Défense, Eimert van Middlekoop, s’est indigné des propos de son homologue US, Robert Gates [Voir Tendances du 16 janvier.]. « Ce n’est pas le Gates que nous connaissons » a-t-il déclaré. « Ce n’est pas une manière de traiter les gens avec qui on coopère au Sud de l’Afghanistan ».

THE TIMES (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, GROUPE MURDOCH)
• Les déclarations du secrétaire à la Défense US, Robert Gates, sur l’impréparation des soldats non-US de l’Otan en Afghanistan ont suscité des réactions outragées au Royaume-Uni. 7 800 soldats britanniques sont en mission en Afghanistan, 81 sont morts au champ d’honneur.
• Le secrétaire général des Nations unies a nommé Lord Ashdown of Norton-Hamdon envoyé spécial en Afghanistan. Ashdown, 66 ans, est un ancien commando de la marine royale. Cette nomination intervient alors que de hauts fonctionnaires de l’Union européenne et de l’Onu ont été expulsés le mois dernier d’Afghanistan pour avoir ouvert des contacts secrets avec les talibans. Dans un récent livre, Paddy Ashdown note qu’il y a 72 règles d’engagement au combat différentes pour les 32 contingents militaires nationaux en Afghanistan et que les 24 organisations humanitaires présentes sur place n’ont toujours pas réussi à coordonner leurs efforts. Selon lui, un échec en Afghanistan contaminerait le Pakistan et provoquerait la désintégration de l’Otan.

THE GUARDIAN (QUOTIDIEN BRITANNIQUE, MAJORITE PARLEMENTAIRE)
La nomination de Paddy Ashdown comme envoyé spécial de l’Onu en Afghanistan a encore besoin d’être approuvée par le Conseil de sécurité, or la Russie peut y opposer son veto. Ce serait dommage car il y a un consensus international pour dire qu’il y a besoin de plus de troupes et de plus d’aide en Afghanistan et que Lord Ashdown est l’homme de la situation pour les coordonner. Certes, il ne disposera pas à Kaboul du pouvoir absolu dont il jouissait comme haut-représentant de l’Onu en Bosnie-Herzégovine, mais il peut faire du bon travail.

THE DAILY TELEGRAPH (QUOTIDIEN BRITANNIQUE)
Le secrétaire états-unien à la Sécurité de la patrie, Michael Chertoff, a déclaré à la BBC qu’il envisageait de durcir les conditions d’entrée sur le territoire US de certains citoyens européens. Pour ce qui est des sujets de la Couronne, la suppression des exemptions de visas pourrait concerner 800000 citoyens britanniques d’origine Pakistanaise. Le Foreign Office s’oppose à ce projet.

WASHINGTON POST (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
• Dans un rapport rendu hier [voir document joint], le Government Accountability Office (organisme parlementaire chargé de contrôler l’usage des fonds publics) observe l’inefficacité croissante, depuis 1987, des sanctions économiques prises contre l’Iran. Il conclut qu’elles ne peuvent obtenir de résultat tant qu’elles ne sont pas coordonnées au niveau du Conseil national de sécurité.
• Mark D. Siljander, ancien représentant du Michigan (Républicain) au Congrès, a été mis en examen pour blanchiment d’argent, obstruction à la justice et conspiration. Il encourt 20 ans de réclusion criminelle. M. Siljander, qui se consacre à bâtir un pont entre chrétiens et musulmans, aurait détourné de l’argent de l’USAID au profit d’une organisation charitable, Islamic American Relief Agency, que le département du Trésor a classé « organisation terroriste » en 2004. Celle-ci aurait fait parvenir 130000 dollars à Gulbuddin Hekmatyar, un chef de guerre afghan que les États-Unis ont soutenu contre les Soviétiques mais qui mène aujourd’hui une guerre sainte contre les GI’s.

THE NEW YORK TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
La Chambre des représentants a modifié la mesure qui avait fait obstacle à l’adoption de la loi de financement du Pentagone. Il s’agissait d’une disposition qui autorisait les victimes du terrorisme sponsorisé par Saddam Hussein de poursuivre l’actuel gouvernement irakien pour obtenir des dédommagements. Cette mesure retirée, le budget de 696 milliards est adopté.

LOS ANGELES TIMES (QUOTIDIEN ÉTATS-UNIEN)
• George W. Bush a consacré 2 heures et demie à son escale égyptienne ; rien comparé aux escales précédentes au Proche-Orient et particulièrement au temps accordé à Israël. Devant un président Moubarak impassible, il a vanté ses grandes ouvertures politiques et sa détermination à construire un avenir démocratique. Pas un mot sur les restrictions des droits de l’homme dans ce pays, pourtant dénoncées par le rapport annuel du département d’État. Au demeurant, ce voyage n’a pas d’importance aux yeux des États-uniens : une étude récente montre que désormais 49% de la couverture médiatique aux USA est consacrée aux primaires, et seulement 2% aux déplacements de Bush.
• Un consensus se fait jour entre Européens selon lequel il existe bien une coopération nucléaire syro-nord-coréenne, indique un haut fonctionnaire européen anonyme. Le directeur de l’AIEA, Mohammed El-Baradei a, de son côté, confirmé le 8 janvier à Al-Hayat que ses inspecteurs n’ont pas été autorisés par la Syrie à inspecter la zone bombardée par les israéliens et qui aurait abrité ces installations.

• Le chef du bureau politique du Hamas, Khaled Machaal, installé à Damas, a appelé les Arabes et les musulmans à riposté efficacement au massacre commis par les Israéliens dans la bande de Gaza. Il a annoncé la fin de la trêve avec l’État hébreu.

Audiovisuel international
CHAINE SATELLITAIRE SYRIENNE


Émission : La scène internationale

- Ghaleb Kandil, membre du Conseil national de l’Audiovisuel libanais
Le but principal de la tournée de George Bush dans la région est de protéger Israël après sa défaite au Liban en 2006. Il veut aussi améliorer son image après son échec en Irak.
Bush a cherché a exagéré le danger iranien dans le Golfe pour faire passer d’importants contrats de vente d’armes. C’est aussi ce qu’a fait son allié Nicolas Sarkozy.

- Mohammad al-Mosfer, professeur à l’Université de Qatar
Le discours de Bush était ostensiblement provocateur. Nous avons des liens de bon voisinage et des relations économiques avec l’Iran. C’est un pays ami.

- Abbas Khama Bar, rédacteur en chef du quotidien iranien Al-Wehda
La visite de George Bush n’a rien apporté de nouveau. Depuis son arrivée à la Maison-Blanche, il n’a de cesse de faire des déclarations hostiles à l’Iran.
La colère populaire contre la visite de Bush dans la rue arabe s’est clairement exprimée.

Tendances et événements au Liban

Les signaux de la confrontation se multiplient

Les événements concernant la crise libanaise se sont accélérés dans le pays et à l’extérieur, laissant présager l’approche d’une grande confrontation en raison du blocage de toutes les issues pouvant mener à une solution :

- 1. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a poursuivi ses démarches à Beyrouth pour tenter d’organiser une rencontre entre le leader chrétien de l’opposition, Michel Aoun, et le chef du 14-mars pro-US, Saad Hariri. Ce dernier avait refusé une telle rencontre lors de la première mission de Moussa, la semaine dernière. Mais même si cette rencontre a finalement lieu, elle ne résoudra pas la crise, les loyalistes souhaitant l’amorce d’une dialogue élargi (qui pourrait trainer des mois et se transformer en tour de Babel) et continuant à refuser la participation effective de l’opposition au gouvernement à travers le tiers de garanti.

- 2. Des informations en provenance de Paris affirment que l’internationalisation de la crise libanaise est entrée dans une phase préparatoire, alors que des sources françaises avaient démenti le début de ce processus. Le projet en gestation prévoit des sanctions contre la Syrie et l’Iran, accusés d’empêcher l’élection d’un président au Liban. En réalité, Paris et Washington souhaitent l’intervention de ces deux pays auprès de leurs alliés et amis au Liban pour les pousser à abandonner leurs revendications.

- 3. Damas, qui accueille ce vendredi Amr Moussa, a répondu par la bouche de son ministre de l’Information, Mohsen Bilal, au Caire et à Riyad, leur rappelant qu’eux aussi ont des amis au Liban et qu’ils devraient exercer des pressions sur eux afin qu’ils acceptent de partager le pouvoir avec l’opposition. L’intervention de Bilal a replacé le plan arabe dans son contexte, après les interprétations erronées qu’ont tenté d’en donner les responsables égyptiens et saoudiens.

- 4. L’opposition a affirmé par la bouche de ses plus hauts dirigeants qu’elle était déterminée à faire face à toutes les éventualités, y compris une intervention internationale au Liban. Elle s’apprête à mener des actions populaires si le plan arabe de règlement reste otage des interprétations partisanes qu’en font les capitales arabes dites « modérées ». L’un des chefs de l’opposition, le leader des maronites du Liban-Nord, Sleimane Frangié, a réaffirmé les constantes inaliénables : le tiers de garantie au prochain gouvernement et un découpage électoral basé sur la petite circonscription. Accusant le Patriarche maronite d’être partie prenante du conflit aux côtés du 14-mars, il a demandé au candidat consensuel Michel Sleimane d’exprimer clairement ses positions à l’égard des revendications légitimes de l’opposition.

- 5. Les milieux politiques et médiatiques attendent le discours que doit prononcer samedi le secrétaire général du Hezbollah. Sayyed Hassan Nasrallah, dans lequel il présentera une réponse globale à toutes les questions soulevées ces derniers temps et fixera les priorités de la période à venir. Ceci dit, des informations font état de la détermination du Hezbollah et de l’opposition de faire face directement au projet états-unien au Liban, en dépassant les garde-fous qu’ils s’étaient imposés ces 15 derniers mois.

- 6. Les milieux loyalistes ont réaffirmé leur refus catégorique de la formule des trois tiers (10 pour le 14-mars, 10 pour l’opposition et 10 pour le prochain président). De même qu’ils refusent toujours d’envisager un gouvernement d’union nationale avec le tiers des portefeuilles pour l’opposition. Le 14-mars fait preuve d’une telle intransigeance à la demande des États-uniens qui lui auraient demandé de tenir 3 ou 4 mois, en attendant que le tribunal international soit mis en place et que des projets de sanction contre la Syrie soient mis en œuvre.


Presse libanaise

L’ORIENT-LE JOUR (QUOTIDIEN FRANCOPHONE, PROCHE DU 14-MARS)
Arrivé hier à Beyrouth pour poursuivre sa médiation, le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, qui s’était fixé comme objectif avant son départ la semaine dernière de réunir la majorité et l’opposition, a déjà rencontré son premier obstacle : organiser une rencontre entre Saad Hariri et Michel Aoun. Le diplomate égyptien a entamé une nouvelle série de réunions hier, culminant en soirée par une rencontre à Koraytem, en présence notamment de Saad Hariri, Walid Joumblatt, Samir Geagea, Amine Gemayel et Mohammad Chatah. Mais, pour l’instant, rien n’augure d’une volonté du 14 mars d’accepter cette rencontre, perçue comme une déviation de l’essentiel, à savoir l’application sans condition de l’initiative arabe.

AD-DIYAR (QUOTIDIEN PROCHE DE L’OPPOSITION)
Le commandant en chef de l’armée, qui est aussi le candidat consensuel à la présidence de la République, a reçu hier les membres du conseil de l’ordre des journalistes et a répondu à leurs questions. Le général Michel Sleimane a saisi cette occasion pour lancer plusieurs messages et surtout pour réaffirmer la neutralité de l’armée par rapport à l’opposition et à la majorité.
Le général Sleimane a affirmé qu’il a le sentiment d’avoir entre les mains une bombe à retardement dont il cherche à reporter l’explosion, tout en essayant de la désamorcer. Il a ajouté que si cette bombe devait exploser, elle aurait des répercussions sur l’armée, la Résistance et la patrie en général. « Toute personne en mesure de désamorcer cette bombe bénéficiera de l’appui de l’armée, a encore déclaré le général. Si mon destin est d’être cette personne, ce sera à la fois un honneur et une lourde responsabilité. »
Le général Sleimane a affirmé qu’il ne mise pas sur des solutions étrangères parce que la solution véritable relève de la responsabilité des Libanais. Il a évoqué les tentatives de pousser la troupe à l’éclatement, dans le cadre de la guerre de juillet 2006, pour provoquer une guerre civile au Liban, puis à travers les événements de Nahr el-Bared que l’armée a affrontés avec succès, déjouant ainsi les complots qui la visaient et qui visaient le Liban.

Le général Sleimane a affirmé que l’armement de la troupe se fait sans conditions et que l’armée ne changera pas sa doctrine. Elle affronte Israël, appuie la Résistance et fait face au terrorisme et au confessionnalisme tout en protégeant la paix civile.

• Le président Bush a dit qu’il était plus que jamais « engagé en faveur de la démocratie au Liban ». « La Syrie, cependant, continue à essayer de saboter depuis l’extérieur les avancées du processus politique libanais », a-t-il souligné. « Il est important d’encourager la tenue immédiate et sans condition de l’élection présidentielle (...) et de signifier clairement à la Syrie, à l’Iran et à leurs alliés qu’ils doivent cesser leurs ingérences et leurs efforts pour saper » le processus, a dit M. Bush.
Le président états-unien s’exprimait lors d’une déclaration conjointe avec le président égyptien Hosni Moubarak au dernier jour de sa tournée au Proche et au Moyen-Orient.

• L’Iran a déclaré soutenir le plan de la Ligue arabe pour régler la crise politique au Liban et y permettre l’élection d’un président. « Nous apprécions les efforts de la Ligue arabe et nous considérons qu’il s’agit d’une bonne base pour régler les problèmes libanais », a dit à la presse le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki. « Nous soutenons l’initiative arabe présentée par Amr Moussa à toutes les parties libanaises », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue koweïtien cheikh Mohammad Sabah al-Salem al-Sabah.

• Le ministre syrien de l’Information, Mohsen Bilal, a estimé que les seuls efforts de la Syrie pour faire accepter au Liban le plan de la Ligue arabe pour sortir de la crise politique ne sont « pas suffisants ». L’Arabie saoudite a un rôle à jouer à cet égard, a-t-il souligné. « La Syrie est prête à faciliter les efforts déployés par le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa pour faire appliquer (le plan arabe), mais les seuls efforts syriens ne sont pas suffisants », a déclaré M. Bilal lors d’une conférence de presse. « La Syrie demande aux autres pays d’œuvrer pour convaincre leurs alliés » d’appliquer l’initiative arabe, a-t-il ajouté. « La Syrie n’est pas le seul pays qui ait des amitiés au Liban. L’Arabie saoudite et l’Égypte ont des amis au sein de la majorité au Liban », a affirmé le ministre syrien. « L’Arabie saoudite a des alliés et de vastes relations au sein des forces du 14-mars », a-t-il poursuivi.

• Un des chefs maronites de l’opposition, Sleimane Frangié, a sévèrement critiqué le patriarche de la communauté, Nasrallah Boutros Sfeir, qu’il a accusé de partialité en faveur du 14-mars. « Il a 90 ans, et chaque fois qu’on lui dit quelque chose, il l’oublie dix minutes plus tard, a déclaré Sleimane Frangié. Il est temps qu’il prenne sa retraite. Il a provoqué l’émigration de la moitié des maronites. C’est à cause de ses déclarations et de ses homélies entretenant un climat de défaitisme et de pessimisme que la moitié des maronites ont quitté le pays. Comment peut-il rester patriarche lorsque la majorité de ses fidèles l’ont déserté ? » Et d’ajouter : « Que va faire le conseiller de Saad Hariri, Daoud Sayegh, chez lui chaque début de mois ? » M. Frangié a par ailleurs affirmé que « la plupart des chrétiens et 80 % du clergé maronite partagent mon point de vue, mais ils n’osent pas le dire ». « À chaque fois que l’ambassadeur états-unien ou l’ambassadeur français lui rendent visite, il change de position, a affirmé Sleimane Frangié. Le patriarche sert de couverture à un grand projet politique qui commence par l’implantation des Palestiniens, sans qu’on ne sache où il finit ».
Sleimane Frangié s’est engagé à poursuivre sa campagne tous les jours et en allant crescendo.

• L’ancien ministre Wiam Wahhab a révélé que l’opposition envisage d’organiser un mouvement de protestation au cours des prochains jours, au moment où des syndicats s’apprêtent à observer une grève la semaine prochaine. M. Wahhab, un des leaders druzes de l’opposition, a fait état de concertations élargies entre les pôles de l’opposition afin de prendre la décision qui s’impose et de déterminer la nature de l’action qui serait entreprise. Selon lui, l’opposition a donné suffisamment de temps au 14-mars pour qu’il accepte une formule de solution fondée sur la formation d’un nouveau gouvernement d’union nationale. M. Wahhab a indiqué que l’action envisagée sera ouverte et qu’elle ne prendra fin qu’avec une solution radicale.

17 janvier 2008
Depuis Beyrouth (Liban)

Source : http://www.voltairenet.org/article154418.html