Egalité et Réconciliation
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Le pinkwashing, ou le « sionisme rose »

Partie 1, par Lucien

AteliER
Article initialement publié dans l'atelier E&R

Dans le panel des méthodes d’influence et de guerre culturelle, la « récupération » de causes morales joue un grand rôle. Dans le vocabulaire de l’Intelligence économique et stratégique, on parle de « gestion offensive de l’image » ou de « management de la réputation ».

En général, cela consiste à récupérer une cause, l’écologie, l’homosexualité, les femmes battues, parce que son image est jugée bonne, soit qu’elle jouisse d’un potentiel de sympathie dans l’opinion publique, soit qu’elle permette d’endosser le rôle de la victime, minoritaire et/ou persécutée, donc faible et incapable de nuire, de sorte à inhiber le jugement critique à son encontre, stratagème essentiel dans tout rapport de forces.

La sociologie anglo-saxonne a inventé un terme pour désigner les effets sociétaux de cette tendance : la culture des « cry babies », traductible par « culture des pleurnichards ». Ce principe d’ingénierie des perceptions fondé sur l’imitation du statut de victime cherche à faire changer la perception d’un acteur économique ou politique dominant en hameçonnant les consciences par le façonnage d’une image de faiblesse simulée de cet acteur. Le fort se fait passer pour le faible, et le vrai faible est accusé d’être fort. Cette inversion de la perception du réel se performe notamment par l’affichage ostensible de tous les signes extérieurs de l’adhésion à une cause morale « politiquement correcte », toujours la cause des minorités ou des opprimés, mais en continuant d’agir fondamentalement contre elle. On soutient d’une main ce que l’on détruit de l’autre. « Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ».

Les mouvements de gauche et d’extrême gauche, politiques, associatifs, syndicaux, sont passés maîtres dans l’imitation faussaire de la lutte contre une domination au service de laquelle ils se placent dans les faits. On a vu, par exemple, le NPA et divers syndicats soutenir les guerres néocoloniales menées par l’OTAN, Israël et les pétro-monarchies wahhabites contre la Libye et la Syrie. Pour paraphraser Lénine, on peut dire que la Gauche est aujourd’hui le stade suprême du capitalisme. Le « greenwashing », ou éco-blanchiment, ou « capitalisme vert », est également bien connu dans cette perspective. D’après Wikipédia : « L’écoblanchiment, ou verdissage, est un procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation (entreprise, administration publique, etc.) dans le but de se donner une image écologique responsable. La plupart du temps, l’argent est davantage investi en publicité que pour de réelles actions en faveur de l’environnement. »

Par exemple, une entreprise polluante disposera des produits labélisés « commerce équitable » dans ses distributeurs de boissons et de friandises, de sorte à s’attribuer une image respectueuse de l’environnement, estampillée « développement durable ». Dans le cas de l’écoblanchiment, l’objectif est purement économique. Dans d’autres cas, il possède aussi une implication sociétale : il suffit d’ouvrir au hasard un magazine féminin clamant haut et fort son féminisme pour comprendre que ce type de presse est en fait l’ennemi n°1 des femmes. On se reportera sur ce sujet à la « théorie de la Jeune-Fille » du collectif Tiqqun et son commentaire dans « Gouverner par le chaos. Ingénierie sociale et mondialisation ».

Dans le cas du pinkwashing, traductible par « homo-blanchiment », il existe aussi un motif géostratégique de propagande de guerre. Un pays est à l’avant-garde du pinkwashing : Israël. Des militants LGBT de Palestine, Haneen Maikey et Ramzy Kumsieh, étaient invités à Paris en 2012 pour une conférence sur ce thème. À cette occasion, ils ont décrit comment l’entité sioniste instrumentalise le mouvement LGBT pour tenter de se donner une bonne image, progressiste et tolérante car féministe et « gay friendly », au contraire des pays arabes et musulmans alentour, qui seraient d’horribles dictatures où les femmes et les homosexuels seraient maltraités :

« Selon The New York Times, dès 2005, et ce avec l’aide de directeurs marketing américains, le gouvernement israélien a déployé une vaste campagne, "Brand Israel", en direction principalement des hommes entre 18 et 34 ans : cette campagne a été mise en œuvre en vue d’offrir à cet État colonial un visage attractif et moderne. En 2009, The Israel Project a publié un dictionnaire des "mots qui marchent" pour défendre la politique d’Israël en mettant l’accent sur le fait que la "démocratie" israélienne respecte "les droits des femmes". Ce plan marketing s’est progressivement dirigé à l’attention de la "communauté LGBT". Dès lors, en 2010, ce sont 90 millions de dollars qui ont été investis par l’office de tourisme de Tel Aviv pour se donner des allures de destination de vacances sur mesure pour les gays du monde entier. Ce type de financement fleurit, souvent à la faveur d’un arsenal culturel, pour donner un visage gay-friendly à Israël. Les ambassades israéliennes financent des festivals de films gays et lesbiens, aux États Unis comme en Europe. En France, la venue d’une cinéaste israélienne au festival de films féministes et lesbiens Cineffable avait donné lieu à un partenariat entre les organisateurs et organisatrices du festival et l’ambassade d’Israël – l’ambassade finançait en effet la venue de la cinéaste. La campagne pour le Boycott culturel de l’État d’Israël (PACBI) a révélé en 2008 que les contrats qui relient les artistes israéliennes à leur gouvernement, lorsque celui ci finance leur déplacement, contiennent une clause qui définit le but de la collaboration : "promouvoir les intérêts politiques de l’État d’Israël [...] et créer une image positive d’Israël." Un mouvement grandissant à l’échelle internationale dénonce cette tactique de pinkwashing : une stratégie délibérée pour occulter la violation systématique des droits des Palestiniennes derrière un visage moderne, symbolisé par la vitalité des espaces gay en Israël. »

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13 Commentaires

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  • #341764
    Le 26 février 2013 à 17:54 par NS
    Le pinkwashing, ou le « sionisme rose »

    On comprend mieux pourquoi Caroline Fourest y est souvent fourrée, en Israël bien sûr ...

     

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  • #341770
    Le 26 février 2013 à 18:00 par oeildufaucon
    Le pinkwashing, ou le « sionisme rose »

    très intéressant cette article, il permet de mettre des mots sur ce genre de procédé très connue, je serais bien plus convaincant en débat , si je peut cité des sources, car l’évidence, n’est plus aujourd’hui une vertu très courante...

     

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  • #341808
    Le 26 février 2013 à 19:09 par anonyme
    Le pinkwashing, ou le « sionisme rose »

    On est loin d’Israël projet religieux dirigé par des rabbins talmudistes...

     

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  • #341818
    Le 26 février 2013 à 19:20 par Al Hikma
    Le pinkwashing, ou le « sionisme rose »

    Israel est tout simplement la demeure du Dajjal, et soutient donc tout ce qui va à l’encontre de la "moral" religieuse...

    y a t’il un vrai croyant juif dans ce monde ? non sérieux je me pose la question

     

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    • #342129
      Le Février 2013 à 02:14 par Houda
      Le pinkwashing, ou le « sionisme rose »

      Certainement, même s’ils sont pas très nombreux...
      En effet, Sheikh Imran Hosein dit que la grande majorité des israéliens sont des GOG et MAGOG mais pas tous !
      Alors, le reste doit compter des croyants juifs, chrétiens et musulman...
      Salam à tous,
      Bon courage !

       
  • #341947
    Le 26 février 2013 à 21:25 par No_one_is_innocent
    Le pinkwashing, ou le « sionisme rose »

    Pour alimenter ce sujet, je vous conseille de regarder sur YouTube la vidéo "Du greenwashing durable" crée par ce libre penseur qui se fait appeler mr mondialisation (pour ceux qui ne connaissent pas). C’est très instructif et c’est sur la toile depuis déjà quelques temps. Il parle toujours à visage masqué avec la voix déformée, mais c’est très bien monté.

     

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  • #342025
    Le 26 février 2013 à 23:04 par schpountz
    Le pinkwashing, ou le « sionisme rose »

    - Excellent article qui confronte la question que je me suis déjà posé plusieurs fois : Pourquoi les gay-prides en Israël sont-elles très médiatisée dans ce pays théocratique ?

    Et pourquoi pas un "pussy-riot washing" ? chose sûrement possible, dans ce monde d’inversion des valeurs...

     

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  • #342186
    Le 27 février 2013 à 09:01 par seber
    Le pinkwashing, ou le « sionisme rose »

    Loin de moi l’idée de défendre le sionisme mais ces techniques ne sont que l’extension des théories de Bernays et de vendeurs dans l’âme que sont les américains. Récupération de tous les symboles (marques, logos), de toutes les cultures (Hollywood), de toute les inventions (cinéma), novlangue etc.,
    le moralisme ou puritanisme n’étant que le cache-sexe du Saint-Business.

     

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  • #342276
    Le 27 février 2013 à 12:17 par mouloud
    Le pinkwashing, ou le « sionisme rose »

    bel article avec beaucoup de mots clé et le renvoi à des ouvrages. Merci

     

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  • #342300
    Le 27 février 2013 à 13:09 par ordekestion
    Le pinkwashing, ou le « sionisme rose »

    très bon article.
    ça serait génial d’avoir un petit dictionnaire de ces mots.
    Est-ce que ça existe ?
    A une époque où la raison se perd, pouvoir mettre des mots sur ces types de manipulations est essentiel. On ne se laisse pas embobiner.

     

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  • #342314
    Le 27 février 2013 à 13:53 par greg
    Le pinkwashing, ou le « sionisme rose »

    L’opération "pièces jaunes" est un bel exemple qui sert à financer in fine les trains de vie de la femme à chirac et du gros douillet. D’ailleurs, je ne me souviens même plus du caractère officiel de cette arnaque pour ne me rappeler que de "ça", c’est dire...

     

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