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Londres prône un Non-Euro Group comme contrepoids à la zone euro

L’ex-ministre britannique des Affaires étrangères David Owen a proposé aux pays européens qui ne font pas partie de l’union monétaire de créer leur propre Non-Euro Group (NEG), qui serait un organisme clé de l’UE, écrit mercredi 12 octobre le quotidien RBC Daily.

Dans l’article intitulé "Il est temps d’élaborer un projet radical pour la nouvelle Europe", publié dans The Financial Times, David Owen énonce les avantages d’une telle union. Premièrement, le NEG serait formé par dix pays membres de l’UE ayant une économie relativement stable par rapport aux pays de la zone euro.

Ainsi, au Royaume-Uni, en Suède et au Danemark les taux d’intérêts à long terme sont plus bas que dans la majorité des pays de la zone euro. En Suède, le rendement des obligations d’Etat à dix ans est inférieur aux bonds allemands. De plus, les taux d’intérêt à court terme de la Banque nationale tchèque sont moins élevés que ceux de la Banque centrale européenne, et la Pologne est la première dans la région en termes de croissance économique.

Deuxièmement, des mesures seraient prises pour renforcer la coopération entre les banques centrales et les gouvernements de pays du NEG. De plus, ce projet permettrait de mettre en place un mécanisme de sortie de la zone euro en passant dans une autre union "sans perdre la face". "Avec la création du NEG il serait possible de définir les droits et les obligations pour les non-membres de la zone euro, ainsi que d’éradiquer l’idée reçue en Europe selon laquelle les citoyens des pays qui ne font pas partie de la zone euro sont des citoyens de seconde zone", affirme David Owen.

Actuellement, l’attitude méprisante envers les non-membres de la zone euro conduit au fait qu’Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, estime nécessaire d’organiser deux fois par an des sommets sur les affaires de la zone euro, tandis que les autres pays restent en dehors de la politique européenne.

Cependant, les experts doutent de l’apparition d’une alternative à la zone euro. "La coalition, qui à terme obtiendrait le droit de veto en UE, ne serait efficace que dotée d’un poids politique suffisant et d’objectifs communs. Pour l’instant, ces deux conditions sont irréalisables. Aucune de ces économies n’est capable de rivaliser avec la France et l’Allemagne. De plus, les positions des éventuels membres du NEG concernant l’intégration monétaire divergent", a déclaré le professeur Albrecht Ritschl de la London School of Economics (LSE).

Les seuls pays susceptibles d’être séduits par le club des outsiders européens sont les Etats d’Europe centrale et de l’Est, déclare Waltraud Schelkle, professeur à la LSE. Ces derniers ont toujours été soutenus par la Grande-Bretagne, qui insistait sur leur adhésion rapide à l’UE en considérant cette région avant tout comme une plateforme d’affaires, plutôt qu’en tant qu’arène politiquement, socialement et fiscalement intégrée.

La création du NEG n’a aucun avantage pratique pour l’UE et ne peut profiter qu’à un seul membre, la Grande-Bretagne, qui obtiendra des leviers d’influence avec le leadership dans la coalition. "Londres a toujours voulu élargir sa sphère d’influence, et la crise financière n’a fait que renforcer les idées "nationalistes", déclare Dominique Barbet, économiste chez BNP Paribas.

Ces derniers temps, la Grande-Bretagne ne cache pas son irritation à l’égard de la France et de l’Allemagne qui, selon Londres, font preuve de leur incapacité à régler les problèmes de la dette et rétablir la confiance détériorée en la monnaie européenne. Le Royaume-Uni est également hostile à la volonté de la Commission européenne d’instaurer une taxe sur les transactions financières, que la France et l’Allemagne cherchent à imposer.

Londres, le principal centre financier de l’UE, est conscient que cette taxe pourrait provoquer un reflux d’argent. "Qu’ils n’essayent pas de délocaliser notre industrie des services financiers à Francfort : c’est hors de question", a déclaré le premier ministre britannique David Cameron dans un entretien accordé au Financial Times.

"L’union NEG sous l’égide de Londres est vouée à l’échec. Mais les fissure de la façade de l’UE s’agrandissent, ce qui démontre l’insatisfaction croissance par le projet européen actuel", estime Albrecht Ritschl.