Egalité et Réconciliation
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Retour sur le mythe de la "Terre promise"

Les Palestiniens dans la tourmente depuis un siècle

« Après 70 ans d’excavations et de fouilles extensives sur la terre d’Israël, les archéologues ont trouvé que les actions du patriarche sont des histoires de légende ; nous n’avons pas séjourné en Égypte, ni fait un exode, nous n’avons pas conquis la terre. Il n’y a pas non plus de mention de l’empire de David et de Salomon. Ceux qui s’y intéressent savent tout cela depuis des années, mais Israël est un peuple têtu et ne veut pas en entendre parler. »

Professor Ze’ev Herzog teacher, professeur au département d’Archéologie et d’Études Anciennes du Proche-Orient à l’Université de Tel-Aviv (Ha’aretz Magazine, 29 octobre 1999)

 

Cette déclaration courageuse est là pour décrire la réalité de la Terre promise par Dieu une première fois et qui le sera une seconde fois par Lord Balfour pour le plus grand malheur du peuple palestinien. Un autre mythe celui de l’exil en Perse. En fait l’empereur perse Cyrus II, laissera les Juifs retourner à Jérusalem. Les Juifs d’Ispahan, gardent encore une tradition orale qui les rattache à l’exil de Babylone.

Il est étonnant de constater qu’au moment où nous sommes saturés d’informations de toutes parts et à tout propos, il existe un silence quasi religieux concernant la Palestine et son peuple. C’est tout juste si de temps à autre on apprend qu’un terroriste a été abattu parce qu’il tentait avec un couteau d’agresser un soldat israélien sans expliquer les fondements de ce geste du désespoir. Il n’est que de se souvenir qu’aucune âme charitable ne s’est émue de l’assassinat du Palestinien agonisant au sol et achevé froidement par le soldat franco-israélien condamné à une peine avec sursis… Les déclarations dangereuses du président Trump et son intention de transférer l’ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem marquera à coup sûr un tournant dangereux d’autant que l’ambassadeur nommé est connu pour sa proximité avec l’État d’Israël, il aurait même dit qu’il dirigerait l’ambassade des États-Unis à partir de son appartement de Jérusalem si le transfert était bloqué !!! Reste la galerie et la diversion ! À ce jeu, le Premier ministre israélien est un expert, il ouvre chaque fois un fichier nouveau pour faire oublier l’ancien.

 

La position ambiguë du Royaume-Uni

Il est pour le moins paradoxal de noter la position ambiguë de la diplomatie britannique sur la question palestinienne. Cette nation qui est à la base du malheur des Palestiniens par la sinistre déclaration de Balfour d’il y a un siècle déclare que l’alternative à la solution à deux États est un « système d’apartheid », dans une interview accordée le jeudi 9 mars, au quotidien The Jerusalem Post. Boris Johnson, a apporté son soutien à Israël tout en critiquant la colonisation dans les Territoires palestiniens. « Ce que nous disons c’est que vous devez opter pour une solution à deux États, sinon vous aurez un genre de système d’apartheid », a précisé Johnson. En visite à Ramallah, il a affirmé que « la politique du gouvernement britannique n’avait absolument pas changé et que son pays restait attaché à la solution à deux États. Lors de sa rencontre avec la partie israélienne, l’autorité britannique a mis l’accent sur le soutien indéfectible de son pays à Israël. » [1].

 

« Israël aime les guerres »

Il est à se demander pourquoi Israël défie la communauté internationale et est toujours en guerre. Pour Gédeon Levy Israël aime les guerres ; les rapports qui ont suivi ces guerres sont les mêmes.

« Il en a besoin. Il ne fait rien pour les empêcher et, parfois, il les provoque. Il n’y a pas d’autre façon de lire le rapport de la Cour des comptes de l’État sur la guerre de Gaza en 2014 et il n’y a pas de conclusion plus importante à en tirer. Tout le reste – les tunnels, le Conseil national de la sécurité, le cabinet et les services de renseignement -, ce sont des foutaises, rien de plus que des efforts pour nous distraire du principal. Le principal, c’est qu’Israël veut la guerre. Il a rejeté toutes les alternatives, sans même en discuter, sans leur manifester le moindre intérêt, afin de satisfaire sa volonté. Israël voulait également des guerres, dans le passé. Depuis la guerre de 1948, toutes ses guerres auraient pu être évitées. Elles étaient manifestement des guerres voulues, bien que la plupart n’aient eu aucune utilité et que certaines d’entre elles aient même causé des dégâts irréparables. Tout simplement, Israël les a déclenchées. Parfois, des guerres lui ont été imposées mais, même dans ce cas, elles auraient pu être évitées, comme celle de 1973. (…) On doute qu’il soit possible de dénicher une explication rationnelle du phénomène, mais le fait est que, chaque fois qu’Israël s’en va-t-en guerre, il reçoit le soutien large, automatique et aveugle de l’opinion publique et des médias.(…) Tout Israël aime la guerre. »

« La chose est prouvée par le fait que les commissions d’enquête publient des rapports quasi identiques après chaque guerre (…) La prochaine guerre fera-t-elle aussi l’objet d’un rapport. Vous et moi et la prochaine guerre, et le prochain rapport. Il est raisonnable de présumer que la prochaine guerre va éclater à Gaza. Sa justification est déjà toute prête. (…) Quid de Gaza qui, dans trois ans d’ici, ne sera même plus habitable pour des humains ? (…La Cour des comptes de l’État a constaté que le cabinet ne discutait pas d’alternatives à la guerre. (…) Tout enfant de Gaza sait qu’une telle alternative existe, que, si Gaza s’ouvre au monde, ce sera différent. Toutefois, pour cela, de courageux dirigeants israéliens sont nécessaires, mais il n’y en a pas.. Pourquoi ? Parce qu’Israël aime les guerres. » [2]

 

L’Iran, l’épouvantail de la diversion

Pour Israël l’Iran est toujours à la veille de disposer de sa bombe, comme l’a si souvent martelé le premier ministre Benjamin Netanyahou à la tribune de l’ONU où lors de l’une de ses interventions il brandit une photo avec une bombe ayant une mèche prête à l’emploi. Lors de sa rencontre avec Vladimir Poutine à Moscou, le Premier ministre israélien a mis en garde contre la menace que représente l’Iran qui, selon lui, serait dans la continuité de la Perse dans sa volonté de « détruire le peuple juif ». Reçu au Kremlin, le Premier ministre israélien avait violemment critiqué l’Iran, allié de la Russie au Proche-Orient.

« Il y a 2 500 ans, il y a eu une tentative en Perse de détruire le peuple juif. Cette tentative a échoué et c’est ce que nous célébrons à travers la fête de Pourim. « Voilà qu’aujourd’hui l’Iran, héritier de la Perse, poursuit cette tentative de détruire l’Etat juif. Ils le disent de la façon la plus claire, ils l’écrivent sur leurs missiles », a-t-il affirmé. « Oui, enfin, c’était au Ve siècle avant notre ère », a répondu, ironique, le président russe. « Aujourd’hui, nous vivons dans un monde différent »

« « Alors parlons-en », a-t-il ajouté. Benjamin Netanyahu dénonce régulièrement le soutien militaire de l’Iran à Bachar el-Assad dans son conflit face à la rébellion syrienne. « La Russie et Israël sont partenaires dans la guerre contre le terrorisme islamique » (…) « Une des choses que nous combattons ensemble est le terrorisme islamique radical. (…) Naturellement, nous ne voulons pas que ce terrorisme soit remplacé par le terrorisme islamique radical chiite dirigé par l’Iran. » « Bien entendu, je voudrais dire aussi clairement que possible : Israël est aujourd’hui un Etat. Nous avons une armée et nous sommes capables de nous défendre. Mais la menace de l’islam chiite radical nous menace autant que la région et la paix dans le monde, et je sais que nous sommes partenaires dans le désir d’empêcher toute sorte de victoire par l’islam radical de toute sorte. » [3]

Pendant ce temps, le rouleau inexorable de l’occupation va jusqu’à s’attaquer aux attributs de la religion. Le Parlement israélien a adopté mercredi en vote préliminaire deux projets de lois, l’un visant à empêcher les appels à la prière des mosquées durant la nuit et l’autre à les interdire totalement, a annoncé la Knesset dans un communiqué.

Les méthodes d’Israël ne diffèrent en rien des méthodes coloniales européennes Pour Aaron Tordjamn, Israël est, par définition, une colonie européenne. Il bat en brèche la théorie divine du peuples élu et affirme que les Israéliens provenant de différentes diasporas n’ont aucun droit : « Les soutiens du sionisme soulignent sa différence par rapport aux autres mouvements de colonisation : absence d’un État métropole, invocation par les sionistes d’une promesse divine, ou encore des « droits historiques » du « peuple juif ». Cependant, la croyance religieuse de l’homme et une théorie sur ses origines ancestrales ne lui confèrent aucun droit. Tels sont les pieds d’argile sur lesquels se tient le géant théorique du sionisme, et avec lui, le système d’endoctrinement visant, en Israël, à formater chaque enfant, dès le plus jeune âge » [4]

Ces présupposés erronés donnent aussi lieu à la vision symétrique des sionistes qui voient dans le conflit un affrontement entre « deux mouvements nationaux », deux occupants revendiquant un droit de propriété également légitime sur ladite terre. Mais c’est, évidemment, une fausse symétrie : les familles Gryn, Shertok, Bégin, Yezernitski et Milikowski, venues de Pologne et de Russie, tout comme la famille Osterman, devenue Avnery, issue d’Allemagne n’ont pas de droit sur le lointain morceau de terre, du seul fait de leur croyance religieuse, ou de la théorie invoquée de leurs origines ancestrales. [5]

« L’existence d’une « métropole » n’est pas indispensable pour définir un colonialisme, qui est l’installation sur une terre, par la force. Au regard de cette réalité, non seulement le sionisme n’est pas spécifique, mais il présente des traits de ressemblance évidents avec d’autres colonisations européennes dans le monde, où les immigrants européens se sont heurtés au « problème démographique » des indigènes qui se sont trouvés sur leur route, alors que les colons aspiraient à se construire une société et un État, avec une culture et un régime européens, tout en effaçant l’existence de la population autochtone. Ainsi est né le mythe d’un « territoire vide ». De façon tout à fait caractéristique, ils attribuent à la barbarie des indigènes et à leur haine irrationnelle, l’opposition à l’invasion coloniale et au processus de dépossession. Le mouvement sioniste doit être perçu comme un produit du « Zeitgeist » (« esprit de l’époque ») dominant dans l’Europe du XIXe siècle où se sont épanouis le nationalisme ethnique et le colonialisme, animés d’une idéologie et de la foi en la supériorité de l’homme blanc. » [6]

 

Les options : deux États ou un État laïc de tous ses citoyens ?

Éternel dilemme qui ressemble là aussi à une diversion. Israël agite le spectre d’un État Juif et de l’autre côté on parle de deux États sachant bien que l’État palestinien ne sera pas viable et comme le constate un négociateur palestinien ;

« On négocie avec Israël le sort de la Palestine comparée à une pizza, pendant que l’on négocie Israël mange la pizza ».

En clair il ne reste plus rien de la Palestine originelle qui n’ait pas été occupée, laissant hypocritement aux Palestiniens un bantoustan en peau de léopard sans aucune continuité.

En son temps en 1938, le mahatma Gandhi avec sa lucidité coutumière avait donné son avis sur la façon pour les Juifs d’émigrer en Palestine :

« Le texte retranscrit ci-dessous, écrit en 1938 par le Mahatma Gandhi, nous indique qu’il était clairement opposée au projet sioniste qui devait conduire à effacer la Palestine historique de la carte. Et maintenant, un mot aux Juifs de Palestine. Je suis absolument persuadé qu’ils se fourvoient. La Palestine biblique ne correspond à aucun territoire géographique. Elle est dans leurs cœurs. Mais s’ils doivent absolument considérer la Palestine de la géographie comme leur foyer national, c’est un péché inexpiable d’y pénétrer à l’ombre du canon britannique. Un acte de nature religieuse ne saurait être posé avec l’assistance des baïonnettes et des bombes. Ils ne peuvent s’installer en Palestine qu’en respect de la bonne volonté des Arabes » . [7]

En affirmant que la solution à deux États n’était pas l’unique option de paix entre Israéliens et Palestiniens, Donald Trump a rompu avec un consensus diplomatique de longue date. C’est l’option jusqu’ici privilégiée dans toutes les tentatives de négociations. Elle consiste en la création d’un État palestinien en plus de l’État d’Israël. En 1993, les accords d’Oslo fixaient d’ailleurs les étapes devant aboutir à un État palestinien. Un tel État pourrait se faire sur la base des frontières antérieures à la guerre des Six-Jours de juin 1967 à l’issue de laquelle a commencé l’occupation israélienne de la Cisjordanie. Mais la question des frontières est un premier point d’achoppement, M. Netanyahou ayant déjà dit, en 2011, qu’« Israël ne peut retourner aux frontières indéfendables de 1967 ».

Pour Alain Dieckhoff, directeur du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po, la solution à deux États est la seule qui fasse consensus au sein de la communauté internationale.

« Le problème étant que plus le temps passe, plus cela rend difficile cette solution, Le grignotage du territoire palestinien par la colonisation israélienne rend tout cela de plus en plus compliqué. En effet, la colonisation est considérée par la communauté internationale comme le principal obstacle à la paix entre Israéliens et Palestiniens. L’association israélienne La Paix maintenant estime à 385 900 le nombre d’Israéliens installés dans des colonies en Cisjordanie. À cela s’ajouteraient 200 000 colons israéliens dans Jérusalem-Est » [8].

La création d’un État palestinien créerait de facto un mouvement de ces populations, qui seraient probablement dans l’obligation de retourner en Israël. En décembre 2016, le Conseil de sécurité de l’ONU a condamné dans une résolution la colonisation israélienne des territoires occupés et de Jérusalem-Est, en demandant à l’État hébreu d’arrêter « immédiatement et complètement » de telles implantations. Aucune sanction n’est prévue dans la résolution 2334 en cas de non-respect du texte. Une solution parfois avancée dans la résolution du conflit est celle de la création d’un État binational unique dont les ressortissants des deux nationalités, israélienne et palestinienne, seraient tous citoyens. C’est une solution que revendique une partie de l’extrême droite israélienne, farouchement hostile à la création d’un État palestinien. Mais cette perspective soulève des interrogations sur la nature démocratique d’Israël, puisque la population de confession juive deviendrait minoritaire dans l’espace territorial ainsi constitué.

« On ne voit pas du tout à quoi pourrait ressembler un seul État. Dans les mots de Donald Trump, on voit d’ailleurs qu’il n’a pas l’air de savoir non plus ce qu’on met derrière : un État où Palestiniens et Israéliens auraient la même nationalité et les mêmes droits, ou un État avec des droits différents entre Arabes et Juifs ? Ce qui est sûr, c’est qu’il a ouvert une boîte de Pandore et que certains acteurs vont s’en servir. Vingt-trois ans après les accords d’Oslo, qui fixaient les étapes vers un État palestinien, certains y croient encore. L’élection de Donald Trump ouvre un cycle imprévisible. Il dit vouloir obtenir « l’accord ultime » dans « la guerre qui n’en finit jamais ». Mais son entourage est proche de la droite israélienne. La plate-forme républicaine adoptée en juillet ne mentionne même pas la nécessité d’un État palestinien. Quant à Barack Obama, une statistique suffit. En 2010, le président américain avait consacré au conflit 1 083 mots dans son discours devant l’Assemblée générale des Nations unies. En 2016, seulement 31. Tentera-t-il un dernier coup politique sur ce dossier, avant l’entrée en fonctions de son successeur, fin janvier 2017 ? » [9]

David Ben Gourion le premier premier ministre d’Israël a déclaré un jour :

« Si j’étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal, nous avons pris leur pays. C’est vrai que Dieu nous l’a promis, mais en quoi cela les concerne ? Notre dieu n’est pas le leur. Il y a eu l’antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce de leur faute ? Ils ne voient qu’une seule chose : nous avons volé leur pays. Pourquoi devraient-ils l’accepter ? », Il est vrai que les Arabes ne représentent plus rien en termes d’influence sur les affaires du monde. Un peuple est en train de disparaître, les potentats arabes en mal de légitimité ne bougent pas, protestent du bout des lèvres. De plus, le silence assourdissant des grands de ce monde est lié à une faute originelle commise à l’endroit des Juifs, fait que ce sont les Palestiniens qui payent pour une faute qu’ils n’ont pas commise et qu’ils expient depuis un siècle. « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » »

Notes

[1] http://parstoday.com/fr/news/middle... alternative_à_la_solution_à_deux_états

[2] Gedeon Levy, http://www.haaretz.com/opinion/.pre... 2 mars 2017

[3] https://francais.rt.com/internation...

[4] http://www.ujfp.org/spip.php?article5453 Haaretz 27/2/ 2017, Traduit de l’hébreu par Michel Bilis.

[5] http://www.ujfp.org/spip.php?article5453 Haaretz 27/2/ 2017, Traduit de l’hébreu par Michel Bilis.

[6] http://www.ujfp.org/spip.php?article5453 Haaretz 27/2/ 2017, Traduit de l’hébreu par Michel Bilis.

[7] http://arretsurinfo.ch/les-juifs-en...

[8] http://www.lemonde.fr/international...

[9] http://www.lemonde.fr/international...

La vérité sur la « Terre promise », chez Kontre Kulture :

Voir aussi, sur E&R :

 






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