Egalité et Réconciliation
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Un bilan de l’activisme de Bernard Kouchner

On aimerait que, de retour de Bagdad, le théoricien du droit d’ingérence humanitaire, Bernard Kouchner, qui avait inspiré en 1989 une intervention en ce sens de François Mitterrand à l’O.N.U., et qui s’était à l’époque dépensé sans compter pour la cause kurde, tant en Turquie qu’en Irak, fasse, vingt ans après, le bilan réel de son activisme.




Faisons le compte :

1) la première guerre du Golfe (1991) : 100.000 morts selon, une évaluation de l’Etat-major américain à la fin des opérations, en mars 1991 ;

2) l’embargo maintenu pendant treize ans de 1990 à 2003 sur l’ensemble du peuple irakien, considéré comme solidaire du régime baathiste : 500.000 victimes, selon les estimations les plus mesurées, du fait de la malnutrition et des épidémies ;

3) l’invasion de l’Irak en 2003 : 30.000 morts selon les estimations américaines (sans doute minorées) ;

4) la guerre civile entre les « communautés » irakiennes (2003 – 2007) soit 400 à 500.000 morts selon une expertise scientifique anglo-américaine.

Au bas mot, cela fait un million de morts.


Je ne parle évidemment pas de l’aspect géopolitique : un boulevard ouvert à l’intégrisme, l’Irak brisé, face à un Iran désormais consacré comme la puissance dominante incontestée de la région, une « guerre des civilisations » dont on ne voit pas l’issue.

M. Kouchner déclare avoir sous-estimé le fanatisme des Irakiens « quelle que soit leur communauté d’appartenance ». Qui osera encore parler de la responsabilité des hommes politiques ?

Les idées valent à proportion inverse du sang versé.

La modération n’est pas glorieuse mais elle est plus humaine. « Qui veut faire l’ange fait la bête » (Pascal). L’ingérence est médiatique.


Jean-Pierre Chevènement

Source :
http://www.chevenement.fr