Egalité et Réconciliation
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Un ministre géorgien : « Israël nous a vendus »

TBILISSI - Israël s’est joint aux pays occidentaux qui ont trahi la Géorgie, a déclaré à Haaretz, hier, le ministre géorgien de la Réintégration (nationale), Temur Yakobashvili [ce nom propre signifie, en géorgien : « fils de Jacob »…, ndt]. Responsable officiel chargé de ramener au bercail [géorgien] l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, Yakobashvili a supervisé des négociations avec la partie russe afin de mettre un terme aux combats dans ces régions. Il a averti le monde entier que la situation était appelée à évoluer en une guerre ouverte, mais l’Occident a ignoré ses avertissements. « Ils ont dit que les Géorgiens étaient encore en train de grossir les choses », a-t-il accusé.

Cet ancien leader sioniste, parlant couramment l’hébreu, avait chargé des entreprises israéliennes liées à la défense de « nous rendre capables d’entraîner notre armée et de nous donner la possibilité de contenir les Russes », mais il a qualifié la décision de l’arrêt des exportations d’armes par le gouvernement israélien de « très regrettable ».

Il a déclaré que l’Occident aurait dû répliquer en « déployant des forces de l’Otan afin de défendre l’infrastructure vitale de la Géorgie  », et qu’ « Israël est en train de nous trahir, avec les pays européens et les Etats-Unis ».

Faisant allusion à l’insurrection de groupes de miliciens russes dans des villages autour de la ville de Gori, Yakobashvili a dit : « Aujourd’hui, nous assistons à un pogrome cosaque contre la population locale. En tant que juif, cela veut dire beaucoup de choses, pour moi… »

Yakobashvili a fustigé la décision de suspendre l’aide militaire à la Géorgie prise par Israël : «  Israël a fait ça pour les beaux yeux des Russes. Il a aidé les terroristes, c’est-à-dire les Russes. C’est déplorable. Je ne sais pas ce qu’Israël reçoit en retour ; tout ce que je vois, c’est que le Hezbollah continue à recevoir des armes russes, par chargements entiers. »

« Israël devrait protéger les intérêts qui sont les siens chez nous », a-t-il poursuivi. « Il y a beaucoup d’hommes d’affaires israéliens qui ont investi de l’argent, et un pays se doit de protéger les investissements réalisés par ses citoyens. »


Il a attribué les capacités militaires indéniables de la Géorgie à l’entraînement israélien, disant que des experts russes lui avaient confié qu’ils n’auraient « jamais cru que la Géorgie détiennent une armée telle celle-ci, et qu’ils rencontreraient une telle résistance ».

Yakobashvili a affirmé que les forces géorgiennes auraient détruit la 58ème armée russe, et abattu 17 avions et trois hélicos (données non confirmées par d’autres sources). Finalement, les Russes ont dû battre en retrait, a-t-il dit, « parce que la Russie avait déployé 30 000 hommes et un millier de tanks. Notre peuple n’est pas suicidaire : nous ne voulons pas que nos soldats restent sur le champ de bataille et s’y fassent faucher par les avions russes. »

Le ministre géorgien a affirmé que la minorité abkhaze avait procédé à une « épuration ethnique » dans la région séparatiste, ces dernières années, expulsant des membres d’autres groupes ethniques, et qu’ils avaient fourni des armes à des séparatistes en Ossétie en vue d’attaques contre des villages géorgiens.

Il se trouvait à Tskhinvali, en Ossétie, la semaine dernière, quelques heures avant le déclenchement des hostilités dans cette province. « Les séparatistes ont tiré sur des villages géorgiens. Nous avons répliqué et nous avons demandé aux Russes d’ordonner aux Ossètes de cesser leur agression. Le représentant russe m’a dit que nous devons nous mettre d’accord sur un cessez-le-feu total et que le président [géorgien] Saakashvili en a donné l’ordre à notre armée, et nous n’avons pas répliqué aux tirs, même après que deux de nos villages eurent été bombardés. J’ai dit à notre président que nous devons payer le prix afin qu’il y ait la paix. Mais quand nous avons constaté qu’ils continuaient à faire passer de plus en plus d’armes par le tunnel de Roki (entre la Russie et l’Ossétie), nous ne pouvions plus faire autrement que passer à l’attaque. C’était une question de « baiser, ou se faire baiser »

En dépit de l’avance de l’armée russe en direction de Tbilissi, hier, Yakobashvili a dit qu’il pensait que le cessez-le-feu obtenu grâce à une médiation de la France tiendrait.

Anshel Pfeffer - Traduit de l’anglais par Marcel Charbonnier

Source : http://www.haaretz.com