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Union européenne : Joseph Stiglitz devient anti-euro !

Hérault du fédéralisme européen jusqu’en mai dernier, le Prix Nobel d’économie flingue aujourd’hui la politique budgétaire de l’Europe, tout comme sa monnaie unique. Au point de voir dans l’implosion de l’euro une solution aux difficultés des pays membres, se félicite Laurent Pinsolle.

Joseph Stiglitz est clairement l’un des phares de la pensée économique de notre temps. Il vient de nouveau de prendre la parole pour dénoncer les politiques suivies en Europe et évoquer la possible explosion de la zone euro.

LE COCKTAIL DÉFLATIONNISTE EUROPÉEN

C’est le premier reproche qu’il fait aux dirigeants européens dans une réédition de son dernier livre, « Le triomphe de la cupidité ». Pour lui, les ajustements budgétaires viennent beaucoup trop tôt et pourraient casser la croissance, voir même provoquer une nouvelle récession. Se profile dans son analyse un parallèle avec la Grande Dépression, quand la réduction à marche forcée du déficit budgétaire étasunien avait provoqué une rechute de l’économie en 1938.

Et il est vrai que les pays de la périphérie (Grande-Bretagne, Irlande, Grèce, Espagne, Portugal) mènent aujourd’hui des politiques sauvages d’ajustement de leur finance publique, réduisant par exemple le traitement des fonctionnaires, leur nombre et augmentant les impôts. Le seul bémol que l’on peut apporter à ce raisonnement est le fait que les trois principales économies de la zone euro (Allemagne, France, Italie), mènent un ajustement beaucoup plus modéré.

QUE FAIRE DE L’EURO ?

Ces articles marquent une inflexion dans la pensée du prix Nobel d’économie. En effet, alors qu’il soutenait que la solution serait d’aller vers plus de fédéralisme en mai, il semble avoir radicalement changé son fusil d’épaule. Il soutient que « les pays qui partagent la même monnaie ont un taux de change fixe entre leur devise et abandonnent par conséquent un outil important d’ajustement. Tant qu’il n’y a pas de chocs, l’euro se portera bien. Le test sera quand un ou plusieurs pays subiront une crise ».

Pour lui, « la différence des politiques convenant aux pays enregistrant des excédents commerciaux élevés et ceux qui sont déficitaires implique que la monnaie unique subit des tensions intenses et pourrait ne pas y survivre ». Il suggère que l’Allemagne pourrait quitter la monnaie unique pour permettre à l’euro de dévaluer, pour faciliter les ajustements. Mais il faut noter qu’une telle évolution aurait toutes les chances d’être le prélude à un retour aux monnaies nationales.

Non seulement Joseph Stiglitz dénonce les politiques d’austérité, mais il devient de plus en plus critique à l’égard de l’euro, soulignant ses faiblesses congénitales. Mieux, outre le fait d’évoquer sa probable explosion, il commence à présenter cela comme une solution.