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Washington vote contre la Palestine, et agit contre la Syrie

Il y a des télescopages politiques et symboliques « intéressants » : au moment même où les États-Unis, soi-disant amis des peuples et divers printemps arabes, se retrouvent quasiment seuls au monde, avec leur protégé Israël, leur annexe canadienne et six autres États, à dire non à l’entrée – même par la petite porte – de la Palestine aux Nations unies, la secrétaire d’État Hillary Clinton annonce que son pays envisage d’intensifier son aide technique aux rebelles en Syrie.

Peut-être qu’un certain nombre d’Arabes et de musulmans apprécieront… Il est vrai que cette fois le Qatar, l’Arabie séoudite, la Turquie et jusqu’à la France de Hollande, Fabius/Araud [Gérard Araud, représentant permanent de la France aux Nations unies et ancien ambassadeur de France en Israël (2003-2006), ndlr], ont mêlé leurs votes à celui de la Syrie !

L’Internet syrien fait le buzz sur Internet

La Syrie qui, hier, faisait un peu reparler d’elle sur les chaînes d’« information » continue françaises. Qui annonçaient, avec le sensationnalisme orienté qui est leur marque, qu’une grande partie du pays était désormais « coupé du monde », les communication téléphoniques et Internet étant interrompues par le régime, afin, précisaient les opposants et leurs protecteurs américains, de « préparer un massacre ». De son côté le gouvernement syrien invoquait des « travaux de maintenance ».

Il est vrai que cette « panne » affecte aussi les téléphones portables. Mais, apparemment pas les 2 000 que l’administration Obama a offerts aux opposants de terrain dans le cadre de son « programme d’aide » à la rébellion : la porte-parole du département d’État américain, Victoria Nuland, a assuré en effet que ces derniers appareils avaient été « conçus pour fonctionner de manière indépendante des réseaux de communication domestiques (syriens) » et donc ne pas être touchés par d’éventuelles mesures.

Et puis jeudi soir, sur la chaîne syrienne al-Ikhbariya, le ministre syrien de l’Information Omraan al-Zaaabi a accusé les « terroristes » d’être responsables de cette rupture des communications Internet.

Deux versions antagonistes, une fois de plus. Cela dit, cela fait une vingtaine de mois que les opposants radicaux et leurs relais médiatiques occidentaux accusent le gouvernement syrien de « massacrer » son peuple. Mais si l’on accepte de suivre cette thèse (mensongère) on remarquera que ce sanguinaire pouvoir syrien n’avait apparemment pas pensé, pendant toute cette (longue) période à couper Internet et portables, dont les rebelles font un si abondant usage. Alors pourquoi le ferait-il juste aujourd’hui ?

L’autre actualité syrienne est militaire : l’armée a donc lancé jeudi une offensive dans la périphérie est de Damas, principalement sur l’axe (long d’une quinzaine de kilomètres) conduisant à l’aéroport international. Celle-ci, selon une déclaration gouvernementale publiée jeudi soir, serait désormais sécurisé et de nombreux rebelles auraient été tués dans l’affaire. On a appris que deux soldats autrichiens du contingent onusien présent au Golan avaient été blessés par balle sur la route de l’aéroport.

Selon l’OSDH, ces combats se sont poursuivis dans la nuit de jeudi à vendredi. Mais le trafic aérien se poursuivait normalement selon des responsables de l’aéroport, en dépit de l’annulation de quelques vols, dont ceux de la compagnie aérienne « golfiste » Emirates. L’AFP cite une « source sécuritaire » syrienne selon laquelle l’armée auraient engagé des forces importants, dans le but de nettoyer les abords de la capitale dans un rayon de 8 kilomètres autour de celle-ci. Il faut rappeler que la route de l’aéroport traverse le secteur dit de la Goutha orientale, point d’appui des insurgés.

Les missiles sol-air de la rébellion (ils seraient au nombre de 40, selon le Washington Post) n’ont pas dissuadé l’aviation de bombarder la zone de vergers à l’est de Damas, de l’aveu même de l’OSDH – ni de poursuivre ses opérations dans le secteur d’Idleb. Ces missiles, selon le quotidien américain, qui s’appuie sur des sources diplomatiques et de renseignement occidentales, ont été récemment livrés aux rebelles – quelle faction ? – par le Qatar, qui s’est montré moins généreux pour ses protégés du Hamas.

L’AFP entend des voix (ou les déforme)

Sur le plan diplomatique, on signalera – pour mémoire – une nouvelle réunion des « Amis » de la Syrie à Tokyo, occasion de prononcer de nouvelles condamnations et de promulguer de nouvelles sanctions – on se demande quels trésors d’imagination perverse ces diplomates euro-arabo-américains vont dépenser pour aggraver encore leur guerre économique contre le gouvernement – et le peuple – syriens… Et l’on s’attardera un peu sur les derniers propos tenus jeudi par l’émissaire de l’ONU pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, devant le Conseil de sécurité. M. Brahimi a insisté devant les 15 sur « l’urgence absolue d’un cessez-le-feu », plaidant pour la constitution et l’envoi d’une mission onusienne d’observation « très importante ». Plus intéressant, car plus politique, le M. Syrie de l’ONU a dit qu’« une nouvelle Syrie » devrait émerger de la crise. Il n’en faut pas plus pour qu’ici l’AFP, toute à ses obsessions anti-Bachar, écrive que Brahimi avait ainsi « laissé entendre » que le président syrien devrait « en fin de compte » renoncer au pouvoir.

Certainement, Bachar al-Assad devra, un jour, quand la situation sera stabilisée et le pays débarrassé des bandes armées par l’Étranger, quitter le pouvoir. Et par la force des choses, une « nouvelle Syrie » émergera de cette longue et sanglante crise. Mais l’AFP « oublie » que dans son rapport devant le Conseil de sécurité, Lakhdar Brahimi a demandé que celui-ci vote une résolution définissant un processus de paix « dont les grandes lignes ont été tracées à Genève » via le communiqué final, publié le 30 juin dernier, de la réunion du « Groupe d’action international sur la Syrie », associant Russes, Chinois et Occidentaux et soutenu par l’ONU. Or une de ces « grandes lignes » était que le départ de Bachar n’était justement plus une condition sine qua non à l’ouverture d’un dialogue inter-syrien, point capital obtenu par la diplomatie russe au terme d’une véritable guérilla diplomatique.

Comme on n’imagine pas que Lakhadar Brahimi ait oublié ce « détail », on est hélas conduit à penser que l’AFP sollicite et déforme ses propos. Étonnant !

Beaucoup plus prudent que les plumitifs de l’AFP, Haytham Manaa, président du Comité national pour le changement démocratique (CNCD, opposé au pouvoir mais aussi aux radicaux de la Coalition de Doha et du CNS), a estimé jeudi qu’il était « encore trop tôt pour parler de l’avenir de Bachar al-Assad » . M. Manaa, qui se trouve à Moscou avec une délégation de sa formation, a rappelé que la priorité absolue était l’arrêt de la violence, et non le départ du président syrien.

La délégation a été reçue longuement par Sergueï Lavrov et les deux parties ont, à l’issue de leurs entretiens, publié une déclaration commune. Qui, en substance, dit qu’il n’y a pas d’« alternative » à un règlement pacifique de la crise syrienne. Et Manaa et ses amis ont dit espérer un accord entre Moscou et Washington sur la tenue d’un sommet dans le prolongement de la conférence de Genève du 30 juin 2012.

On en revient toujours à Genève… Enfin, ce sont les opposants patriotes et raisonnables et les Russes qui veulent y revenir, pas les radicaux sous perfusion du Golfe, de la Turquie et des Américains, qui sont toujours dans la même logique, déclarée ou sournoise, de renversement de l’actuel gouvernement syrien. Un peu comme l’AFP, tiens, qui reste très discrète sur Manaa et ses amis et la réunion de Moscou, alors qu’elle a consacré des pages à la Coalition radicale portée sur les fonts baptismaux (si les émirs nous permettent cette métaphore chrétienne) par le Qatar. Étonnant ?

Pour aller plus loin avec Alain Soral et Kontre Kulture :

 






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