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À Antioche, 6.000 manifestants pour la paix en Syrie

À l’appel de partis et de syndicats de gauche, près de 6.000 personnes ont bravé le gouvernement turc en manifestant le 19 février à Antakya, ville majoritairement arabophone du Sud du pays sous le slogan "Arrêtez l’ingérence impérialiste en Syrie et au Moyen-Orient". Le ministère de l’intérieur et le gouverneur de la ville, tous deux membres du Parti de la justice et du développement (AKP) de Recep Tayyip Erdogan, avaient pourtant interdit ce rassemblement au motif qu’il pourrait entraîner des "provocations" empêchant la police "d’assurer la sécurité", "nuire à l’image de la ville" et donner l’impression que les événements en Syrie "débordent sur notre province" (sic). La police a été jusqu’à intimider les commerçants qui avaient collé sur leur vitrine l’affiche appelant à la manifestation. Dimanche dernier, les protestataires antiochiens étaient donc particulièrement remontés contre le parti au pouvoir qui, non seulement leur imposait la censure mais qui en plus a converti leur province en port franc pour toutes les milices armées anti-Bachar et les barbouzes des pays du Golfe et atlantistes.

Arrivée devant le gouvernorat d’Antioche, la foule a scandé un retentissant "Gouverneur démission". Après un parcours de 2 km, le cortège arborant des drapeaux rouges et des bannières syndicales multicolores est parvenu sur la place Ulus qui n’a pu accueillir tout le monde faute de place. Plusieurs centaines de drapeaux syriens de portraits du président syrien étaient également présents dans le cortège. Au terme de la manifestation, Ayhan Erkal, président régional du syndicat des enseignants Egitim-Sen et membre du comité organisateur, a dénoncé "les forces impérialistes commandées par les USA" qui cherchent "par tous les moyens" à faire de la Syrie "une nouvelle Libye". "En flattant la Turquie pour l’importance qu’elle joue dans la région, ils (les forces impérialistes NDT) exhortent la Turquie à donner au Moyen-Orient un nouveau design qui répond à leurs intérêts." a-t-il ajouté.

Le syndicaliste n’a pas manqué de fustiger le premier ministre Erdogan qui a d’abord "bombé le torse à propos de la Palestine", "posé aux côtés du régime d’El-Assad" et "reçu un prix des droits de l’homme de la part de Kaddhafi" avant de se mettre au service de l’impérialisme. "Et puis soudain, ceux qui disaient que l’OTAN n’avait rien à faire en Libye ont installé à Izmir le QG de la guerre contre ce pays. Le gouvernement a également accueilli dans notre pays les groupes menant la lutte armée en Syrie pour le compte de forces étrangères. Le volume d’échange commercial entre Israël et la Turquie n’a cessé de croître ces dernières années. En bref, le gouvernement a sacrifié à l’impérialisme toutes les relations qu’il avait réussi à tisser par sa politique du "zéro problème" avec ses voisins. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement AKP s’apprête maintenant à installer à Malatya un bouclier anti-missile dont le seul but est de protéger Israël" a-t-il conclu.

Concernant la solution que prônent son syndicat et ses alliés de gauche comme le Front populaire (HALK CEPHESI), le Parti communiste (TKP) ou encore le Parti du travail (EMEP), Ayhan Erkal a déclaré : "Nous défendons le droit à l’autodétermination du peuple syrien. Nous pensons que la seule voie qui permettra aux peuples de Syrie de faire éclore une démocratie et une économie populaire et révolutionnaires dans leur pays est la lutte. C’est une lutte qu’ils doivent mener d’eux-mêmes. Nous ne défendons pas des Etats mais des peuples opprimés. Mais nous savons qu’en cas d’agressions impérialistes, les peuples perdent toujours."

Depuis l’annexion turque de la province syrienne du Sandjak d’Alexandrette dont Antakya (Antioche) est le chef-lieu, c’est la première fois que cette ville accueille une manifestation de solidarité avec la Syrie d’une telle ampleur. Les dernières grandes manifestations prosyriennes datent de 1938. Elles avaient été organisées par Zaki Al Arsouzi, un activiste de la région et précurseur du baassisme syrien. Partisan d’un rattachement du Sandjak d’Alexandrette à la Syrie, Arsouzi s’opposa à la fois à la France coloniale et aux irrédentistes turcs.

Bahar Kimyongür, auteur de Syriana, la conquête continue, Ed. Couleur Livres et Investig’action, 2011

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