Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

La crise identitaire juive

Les abominations commises à Gaza par l’armée israélienne sont une démonstration de cruautés gratuites et d’une forme de détestation du genre humain. Pris dans les phares de la critique internationale, les juifs du monde entier se retrouvent face à la nécessité de prendre position.

 

La chose pourrait paraître simple : soit on s’identifie aux bourreaux, soit on prend la défense des victimes. Cependant, il s’agit là d’un schéma de pensée qui ne correspond pas à un autre système binaire à l’intérieur duquel de nombreux juifs sont enfermés : la victime universelle est le juif et le bourreau est un non-juif. En écoutant Emmanuel Todd, qui s’identifie comme juif tout en affirmant avoir été baptisé, on mesure l’impossibilité de sortir de cette vision qui génère un communautarisme organique. Il semble que l’on ne peut sortir de l’identité juive, même lorsque, comme Todd, on ne croit pas en Dieu et que l’on est conscient par-dessus le marché que l’essence de l’identité juive est religieuse.

 

 

Todd nous explique ainsi que le soutien de la droite au génocide en cours est la marque d’un « antisémitisme pervers » puisque si certains partis comme le Rassemblement national cautionnent les actes monstrueux commis par Israël au Proche-orient, alors c’est qu’ils identifient monstruosité et judaïsme. CQFD. Voilà qu’Emmanuel Todd retombe sur ses pattes grâce à la carte de l’antisémitisme. Et le voilà qui se retrouve lui-même parmi les victimes. On pourrait se dire qu’il eût été plus simple pour lui d’être détaché de cette question identitaire juive, sachant qu’il ne croit pas en la Torah. Or, on ne renonce pas si facilement à l’élection, et Todd reconnaîtra qu’il a toujours cru être dans le camp du bien par « droit » du fait de ses origines juives.

Et pour réintégrer le génocide des Palestiniens dans son modèle de pensée, il présente les États-Unis comme le responsable de la barbarie israélienne : la guerre à Gaza, c’est parce que les États-Unis le veulent. Si les Israéliens sont des bourreaux, c’est parce qu’ils sont victimes d’une manipulation américaine.

On en conclut logiquement que toutes les guerres menées au Moyen-Orient depuis plus de trente ans étaient toutes dans l’intérêt des États-Unis et que la stratégie du Clean Break imaginée par les Israéliens en 1996 s’est faite sous la pression de Washington.

D’un point de vue anthropologique, on peut quand même se demander comment ce communautarisme organique, qui conduit des individus à s’identifier à un groupe de manière aussi viscérale, parvient à les enfermer dans une vision unifactorielle, et cela même lorsque l’on se définit comme une personne rationnelle et universaliste. Raison et universel : deux mots qui, selon la définition actuelle des termes, semblent bien antisémites.

 

 

Hyacinthe Maringot

 

Du même auteur, sur E&R