Le légendaire chanteur de Black Sabbath, à la voix unique reconnaissable entre toutes, mais aussi (très) accessoirement icône de télé-réalité, est décédé le 22 juillet 2025, laissant derrière lui un héritage musical incontournable et une carrière de plus de cinquante ans marquée par les excès d’alcool et de drogues. Et le mot « excès » est faible.
Ozzy Osbourne through the years. R.I.P. OZZY.pic.twitter.com/PXmk2zt152
— Mister Sugar (@ScottWi92107364) July 22, 2025
John Michael Osbourne, dit « Ozzy », s’est éteint ce mardi matin à l’âge de 76 ans. Sa famille a confirmé la nouvelle dans un communiqué, sans préciser les circonstances exactes du décès. Cette disparition intervient quelques semaines seulement après sa dernière performance avec Black Sabbath dans sa ville natale de Birmingham, en Angleterre, lors d’un concert intitulé « Back to the Beginning » qui marquait ses adieux définitifs à la scène.
Just 17 days ago, Ozzy Osbourne took the stage for the final time, reuniting with Black Sabbath for a farewell concert in his hometown of Birmingham.
Credit : Universal Music Group pic.twitter.com/wljCTNTSeE
— CONSEQUENCE (@consequence) July 22, 2025
Une cinquantaine d’années plus tôt – et une cinquantaine d’années d’excès en moins – même le tempo était plus vif :
As a lifelong Sabbath fan, this is sad but not unexpected really. He lived one hell of a life !
RIP Ozzy Osbourne. pic.twitter.com/zUl2QZDmJ7— (@StompWompin) July 22, 2025
Origines de Black Sabbath et invention d’un nouveau genre musical
Né le 3 décembre 1948 à Birmingham dans une famille ouvrière, Ozzy Osbourne a révolutionné la musique rock en formant Black Sabbath en 1969 avec Tony Iommi (guitare), Geezer Butler (basse) et Bill Ward (batterie). Le groupe, initialement appelé Earth, a adopté le nom de Black Sabbath en référence au film d’horreur italien de 1963, découvrant par hasard que leur nom original était déjà utilisé. Cette anecdote illustre parfaitement le caractère fortuit des symboles qui allaient définir leur image.
Contrairement aux idées reçues, le symbolisme satanique de Black Sabbath relevait davantage du théâtre que de véritables convictions religieuses. Tony Iommi a toujours insisté sur le fait que ni le groupe ni leur musique n’étaient réellement sataniques. D’ailleurs, lorsqu’un groupe occulte appelé Le Roi des Sorcières les invita à rejoindre leur culte et les maudit après leur refus, les membres du groupe se mirent à porter des croix chrétiennes pour se protéger du mal. Les deux symboles les plus utilisés par Black Sabbath étaient paradoxalement la croix chrétienne et le signe de la paix.
Les deux premiers albums du groupe, « Black Sabbath » (février 1970) et « Paranoid » (septembre 1970), produits avec un budget modeste, sont devenus des succès internationaux instantanés. Ces disques ont posé les fondations du Heavy Metal moderne (certains puristes, dont votre serviteur, parleront plutôt de Hard Rock pour l’époque), offrant une alternative sombre à l’optimisme hippie de la fin des années 1960. Des morceaux emblématiques comme Iron Man, War Pigs et Paranoid ont défini le genre pour les décennies suivantes.
Quoi que puissent valoir ce genre de listes (c’est à dire pas toujours grand chose), notons que Black Sabbath a été classé par MTV comme le « Plus Grand Groupe de Metal de Tous les Temps » et placé en deuxième position sur la liste VH1 des « 100 Plus Grands Artistes du Hard Rock ». Leur influence sur l’évolution du rock vers des sonorités plus lourdes et plus sombres reste incontestée, faisant d’eux un des trois véritables architectes du hard rock des origines (l’on pensera par ailleurs à Led Zeppelin, bien sûr, et secondairement à Deep Purple).
Carrière solo et collaborations musicales
Renvoyé de Black Sabbath en 1979 à cause de ses problèmes de toxicomanie, Ozzy a lancé une carrière solo remarquablement réussie. Son premier album, « Blizzard of Ozz » (1980), comprenant les très bons morceaux Crazy Train et Mr. Crowley, est devenu un classique instantané du metal avec une touche glam mais de belle facture. Il a ensuite enchaîné avec « Diary of a Madman » (1981), puis d’albums en albums avec « No More Tears » (1991) qui reste un de ses plus grand succès commerciaux.
Sa carrière solo lui a permis de collaborer avec des guitaristes légendaires, notamment Randy Rhoads, décédé tragiquement en 1982 et considéré comme un héros par Ozzy, ainsi que Zakk Wylde, qui a marqué les années 1990 et 2000. D’autres musiciens notables ont accompagné Ozzy, incluant Jerry Cantrell d’Alice in Chains, Jason Newsted de Metallica, et Robert Trujillo – par ailleurs grand fan du mythique groupe progressif français inclassable Magma.
L’aventure télévisuelle et la fortune
Au début des années 2000, Ozzy Osbourne a connu une seconde carrière, bien moins glorieuse mais fort rentable en terme d’image et d’argent, en tant que star de télé-réalité avec l’émission MTV « The Osbournes », qui mettait en scène sa vie familiale chaotique avec sa femme Sharon et leurs enfants. Cette émission, pionnière du genre de la télé-réalité de célébrités, a transformé le Prince des Ténèbres (son surnom de musicien) en père de famille attachant et confus, contrastant avec son image de rockeur infernal. Le show, qui a duré quatre saisons, a été plus tard imité par la famille Kardashian.
Cette diversification de carrière, combinée à ses succès musicaux, ses tournées et le festival Ozzfest qu’il a créé, lui ont permis d’accumuler une fortune estimée à 220 millions de dollars au moment de sa mort. Avec sa femme Sharon, qui a également été sa manager pendant de nombreuses années, ils formaient l’un des couples les plus riches du divertissement.
Les excès et la bataille contre les addictions
La vie d’Ozzy Osbourne a été marquée par quarante années de consommation excessive de tabac, d’alcool et de drogues diverses. Après son renvoi de Black Sabbath en 1979, il a passé trois mois enfermé dans sa chambre d’hôtel, consommant « toute la journée, tous les jours » des quantités astronomiques de substances. Il affirmait qu’il serait mort si sa femme Sharon ne lui avait pas proposé de devenir son manager pour sa carrière solo.
En 2003, un médecin de Beverly Hills lui avait prescrit 13.000 doses de 32 médicaments différents pour cette seule année, dit-on. Ozzy a expérimenté le LSD, admettant en avoir pris « presque tous les jours pendant deux ans ». Malgré plusieurs périodes de sobriété, notamment dans les années 2000, il rechute en 2013, avouant sur Facebook avoir recommencé à boire et à se droguer pendant 18 mois. Il lui arrivait de boire quatre bouteilles de whisky par jour.
Un miracle médical vivant
L’état de santé d’Ozzy constituait un véritable mystère médical. En 2005, il découvre qu’il souffre d’une mutation du gène de la Parkine, entraînant un syndrome parkinsonien, aggravé par des décennies d’abus de substances. Il doit dès lors prendre des médicaments quotidiens pour combattre les tremblements involontaires.
En 2010, lors de la conférence TEDMED, des scientifiques de la société Knome ont analysé son génome complet pour comprendre comment il avait survécu à des décennies d’abus. Sa survie jusqu’à 76 ans relevait effectivement du miracle, lui-même exprimant sa perplexité face à sa propre résistance physique.
Mort et héritage
Dans ses dernières années, Ozzy était devenu une légende vivante qui avait survécu à l’impossible. Sa dernière apparition publique lors du concert de Birmingham ce mois-ci l’a montré assis sur un trône sombre, visiblement ému par l’enthousiasme du public. Cette réunion avec les membres originaux de Black Sabbath marquait symboliquement la boucle d’une carrière extraordinaire.
Momma I'm coming home... —Ozzy Osbournepic.twitter.com/usYRc43bd2
— Úrsula Iguarán (@UrsulaBethManzo) July 22, 2025
Ozzy Osbourne laisse derrière lui un héritage musical considérable : 13 albums studio solo, de nombreux disques de platine, et le titre de « parrain du heavy metal ». Il aura marqué trois générations : d’abord comme révolutionnaire du hard rock avec Black Sabbath, ensuite comme musicien solo dans les années 1980-1990, et enfin comme personnalité télévisuelle dans les années 2000. Pas moins.