Egalité et Réconciliation
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Qu’est-ce que la DILCRA de Gilles Clavreul ?

Par la revue Faits & Documents

Enterrement programmé de la loi de 1881 sur la liberté de la presse, censure d’Internet et des réseaux sociaux, recentrage laïciste de l’antiracisme, campagnes de propagande massive… Promu par Manuel Valls et doté de 100 millions d’euros, ce « Plan d’action contre le racisme et l’antisémitisme 2015-2017 » est mis en œuvre par un préfet, Gilles Clavreul. Enquête.

 

« Cela fait trente ans que je travaille sur ces sujets. Je peux vous dire que jamais je n’ai vu un plan d’une telle envergure, doté de tels moyens. »

Alain Jakubowicz, Mediapart, 17 décembre 2015

 

« La Licra et le gouvernement marchent main dans la main. »

Gilles Clavreul, délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Gala de la Licra, Hôtel de Ville de Paris, 12 mars 2016

 

« Le fait que ce soit à l’État de se préoccuper de l’engagement de la société civile, je ne suis pas sûr, enfin a priori, ce n’est pas complètement évident, que l’élément le plus motivant pour la jeunesse, ce soit “l’État te demande de faire quelque chose alors fais-le”. »

Gilles Clavreul à la journée du « Sursaut » organisée par l’American Jewish Committee, Théâtre Déjazet, 4 avril 2016.

 

Dans le sillage de l’arrivée de Manuel Valls à Matignon, François Hollande annonçait, le 30 mai 2014, la nomination de Gilles Clavreul au poste de « préfet, chargé d’une mission de service public relevant du gouvernement ». Sans plus de précisions. On comprendra plus tard que cette « mission de service public » n’était autre qu’une restructuration en profondeur de l’antiracisme d’État, via la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Dilcra). Ce rugueux acronyme est apparu pour la première fois à l’occasion d’un décret pris sous le coup de l’émotion par Jean-Pierre Raffarin, le 8 décembre 2003, suite à l’incendie d’un collège israélite à Gagny (Seine-Saint-Denis). À propos de cet incendie, qui ne fit heureusement aucune victime puisque le bâtiment était en travaux, L’Express avait, à l’époque, révélé dans son édition du 23 janvier 2004, l’existence d’un contrat d’assurance « renégocié » entre l’établissement et la société Axa, « à hauteur de 5 millions d’euros […] quelque temps avant l’incendie », précisant qu’aucune hypothèse n’avait été rejetée par le juge en charge du dossier.

Par la suite, la Dilcra restera une coquille vide puis disparaîtra jusqu’à sa réactivation par Claude Guéant, le 16 février 2012, pendant la campagne de l’élection présidentielle. La Dilcra dépendant désormais du ministère de l’Intérieur, c’est le préfet Régis Guyot qui est placé à sa tête avec un budget de 30 000 euros par an hors frais de personnels. Son remplacement officiel par Gilles Clavreul, le 27 novembre 2014, entraîne un changement de statut : la Dilcra se retrouve désormais placée directement sous l’autorité du Premier ministre Manuel Valls. Un changement de statut dont se « félicite » alors l’American Jewish Committee (Comité juif américain) qui présente ce rattachement à Matignon comme sa « demande » (communiqué du 26 novembre 2014). Rappelons que ce groupe de pression ultra-sio-niste basé à New York et disposant d’un bureau à Paris considère le Premier ministre français comme un « alumnus » (étudiant) comme révélé par Emmanuel Ratier dans Le Vrai visage de Manuel Valls (Facta, 2014). Un mois après l’installation officielle de Gilles Clavreul, François Hollande annoncera que la lutte contre le racisme et l’antisémitisme bénéficiera du label « grande cause nationale », qui permet de diffuser gratuitement des messages sur des radios et télévisions publiques. Pendant ce temps, Gilles Clavreul œuvre déjà à l’élaboration du « Plan d’action contre le racisme et l’antisémitisme 2015-2017 » qu’il doit remettre à Manuel Valls quatre mois plus tard…

 

Gilles Clavreul ou les qualités requises pour être Dilcra

 

« Quand j’étais petit, les racistes, c’étaient les Dupont-Lajoie. Les victimes et les coupables ne sont aujourd’hui plus les mêmes. […] Tous les racismes sont condamnables mais le racisme anti-Arabe et anti-Noir n’a pas le même ressort que l’antisémitisme dans sa vio-lence. Il faut être capable de dire la particularité de l’antisémitisme. […] Cette haine du Juif qui rassemble extrême droite et islamistes ressort à chaque fois que cela va mal dans une société. »

Gilles Clavreul, Libération, 17 avril 2016

 

« Je suis d’une lucidité totale et je sais que nous faisons face à des extrémistes de tous bords, de droite comme de gauche, qui sont dans une confusion mentale – plus ou mois volontaire – et qui se retrouvent pour dénoncer deux choses notamment : la République et les Juifs. Nous sommes donc en combat idéologique avec eux. […] C’est une cause sacrée qui dépasse de beaucoup la grande cause nationale. Ce n’est pas seulement l’avenir des Juifs qui est en cause, mais l’avenir de la France qui se joue. »

Gilles Clavreul, Actualité juive, 22 janvier 2015

 

« Du Manuel Valls dans le texte. »

L’Express, 3 février 2016

 

« Un préfet talentueux, lucide et courageux. »

François Heilbronn, président de l’association des amis français de l’université de Tel Aviv, 22 mai 2016, discours pour la réception de Manuel Valls dans cette université israélienne

 

 

Né le 29 août 1973 à Clamart (Hauts-de-Seine), Gilles Clavreul est le fils du psychanalyste Jean Clavreul (1923-2006). Issu d’un milieu catholique, ce « lacanien fidèle, sinon orthodoxe » (Le Monde, 4 novembre 2006) fut présent dès les premiers séminaires de Jacques Lacan avant de se détourner avec fracas de la « communauté psychanalytique », écrivant dans Le Désir et la Loi (Denoël, 1987) : « 

À la lecture des innombrables revues qui se réclament de la psychanalyse, comment ne pas se demander souvent si celle-ci n’est pas un simple marchepied pour les ambitions littéraires des auteurs et plus fréquemment encore, si l’arsenal conceptuel qui s’y déploie n’est pas une forme moderne du langage de Diafoirus ? »

Gilles Clavreul ne connaîtra ce père que tardivement, ayant été élevé par sa mère Irène Diamantis (1942-2014), psychanalyste, également issue des cercles lacaniens. D’origine grecque, naturalisée après la Seconde Guerre mondiale, elle commença sa carrière à l’Hôpital Necker-Enfants malades au sein de l’équipe de la neuropsychiatre Jenny Aubry, se liant d’amitié avec la fille de cette dernière, Élisabeth Roudinesco, future papesse germanopratine de la psychanalyse. Ayant installé son cabinet boulevard du Montparnasse (Paris XIVe), Irène Diamantis sera membre de l’École freudienne de Paris, puis membre fondatrice de la Société de psychanalyse freudienne. Chargée de cours à l’Université Paris-VIII et au Collège international de philosophie, elle est considérée comme une spécialiste des phobies, sujet sur lequel elle a notamment signé Les Phobies ou l’impossible séparation (Flammarion, 2003) :

« Une Île est une sorte de mot parfait. C’est un mot androgyne : masculin car “il” est le pronom de la troisième personne du singulier et féminin, car le mot “île” lui-même est du genre fémi-nin, ce territoire est un lieu phobique par excellence car les phobies naissent de toute forme de séparation. » (Rapporté par L’Express, 2 juin 2004)

Élisabeth Roudinesco, qui avait écrit une froide nécrologie de Jean Clavreul dans Le Monde (4 novembre 2006), lira, au cimetière du Montparnasse, l’oraison funèbre d’Irène Diamantis, le 10 février 2014. Son discours décrit une « tribu libertaire, à la fois très française et très cosmopolite » et permet de comprendre ce que le sociologue Pierre Bourdieu aurait appelé l’« habitus » de Gilles Clavreul :

« Tu parlais cette fameuse langue secrète utilisée dans ce que j’appellerais la tribu des Diamantis, la famille élargie des Diamantis, celle qui séjournait dans le Ve arrondissement entre le Collège de France, la Sorbonne et les restaurants des Brochettes fondés par tes parents […]. Toi rue des Écoles, ton frère Roger tout près rue Saint-Jacques. Tu cultivais cette langue particulière au gré des rires et d’un système de référence qui échappait à la communauté que nous fréquentions. En 1962, les Diamantis, le frère, la sœur, les parents, leurs amis et leurs compagnons ressemblaient vraiment à une famille recomposée. On y était accueilli – et j’y fus accueillie à un moment difficile de mon adolescence – sans aucune condition préalable : ni passeport, ni autorisation, ni frontière, ni jugement de valeur à l’emporte-pièce, ni interrogatoire sur le passé. […] De fait, ton frère, comme tes fils d’ailleurs, fut l’homme de ta vie, jusqu’au bout de ta vie. »

Notons d’abord l’oncle, le restaurateur Roger Diamantis (1934- 2010) qui, après avoir été lui aussi psychanalysé par Jacques Lacan, fit l’acquisition, en 1971, du Saint-André-des-Arts, une salle très courue de la rive gauche, diffusant essentiellement du cinéma d’art et d’essai, gérée depuis son décès par son épouse Dobrila et leur fils Éric Diamantis. Ce dernier, diplômé de Sciences-Po Paris et de HEC, avocat d’affaires chez Clyde & Co, occupe la vice-présidence du conseil d’administration de l’Institut de prospective économique du monde méditerranéen. À ce titre, Éric Diamantis a notamment signé, avec le juriste Philippe Coen, fondateur de l’Initiative de prévention de la haine, une tribune parue dans Le Monde en mars 2013, pour dénoncer la « montée des populismes en Grèce » et sobrement intitulée « Alerte à la haine en Grèce »…

Dans cette « tribu », il y a également le demi-frère de Gilles Clavreul, Benjamin Grundler, diplômé de la London School of Economics et d’un DESS de droit européen des affaires de l’Université Paris II-Panthéon-Assas, qui, après avoir fait ses classes aux côtés d’Olivier Metzner chez Metzner & Associés (2006-2011), a lancé, en 2011, son propre cabinet spécialisé dans le droit pénal des affaires et les contentieux boursiers en s’associant à Julien Visconti, banquier d’affaires passé par Goldman Sachs et Boussard & Gavaudan, intervenant dans des dossiers importants, comme Vivendi, Dassault, Oberthur ou encore EADS. Classé parmi les « 30 stars montantes du barreau » par le magazine Décideurs - Stratégie Finance Droit, il donne également des cours sur le blanchiment et la corruption internationale à Sciences-Po Paris. Gilles Clavreul a épousé, le 25 août 2001, Ludovique Esquirol, avocate en droit social et maître de conférences à Sciences-Po Paris (2009-2013), avec qui il a eu deux enfants.

Dans ce milieu que Libération décrit comme « de gauche libérale, intellectuelle, parisienne et bourgeoise », Gilles Clavreul a été inscrit de la maternelle au lycée à la très huppée École alsacienne (1977-1991) avant d’intégrer Sciences-Po Paris où il obtiendra un DEA d’études politiques avec un mémoire sur L’Extrémisme politique contre la norme. Étude comparée des extrémismes de gauche et de droite dans la France contemporaine (1995). Il intègre le corps des administrateurs civils à sa sortie de l’Ena (2000, promotion Averroès), avec un premier poste de directeur de cabinet du préfet du Gard Michel Gaudin, fidèle lieutenant de Nicolas Sarközy (2000-2002). Il rejoint ensuite la préfecture des Hauts-de-Seine (2002-2004) comme sous-préfet chargé de la politique de la Ville avant d’être brièvement détaché à l’Inspection générale des finances pour un rapport sur l’allocation adultes handicapés. Après un passage à la direction économique et financière de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) comme directeur adjoint (2006-2007), Gilles Clavreul rejoint le ministère de l’Intérieur à l’arrivée de Nicolas Sarközy à l’Élysée, comme chef de bureau du management du corps préfectoral et des administrateurs civils, avant d’être promu, en novembre 2008, sous-directeur du corps préfectoral et des administrateurs civils au secrétariat général du ministère de l’Intérieur. « Dans cette position administrative, rapporte Le Monde (21 mai 2012), M. Clavreul a assisté pendant cinq ans à la mise à l’écart de certains fonctionnaires estampillés à gauche. » Une affaire dans laquelle est d’ailleurs actuellement empêtré Michel Gaudin. Ce qui n’empêchera pas Gilles Clavreul, bien que n’ayant jamais milité au Parti socialiste, d’être nommé, en mai 2012, conseiller pour les affaires territoriales au cabinet de François Hollande, en charge de suivre toutes les nominations pour le compte du président de la République.

En réalité, il s’occupe des dossiers sensibles, souvent relevant de la vie privée, étant notamment à la manœuvre dans l’enquête sur l’affaire dite « des majordomes de l’Élysée » (photos volées de l’intimité de François Hollande et publiées dans Voici en 2013), dans laquelle sa coopé-ration avec Sylvie Hubac, alors directrice de cabinet du président de la République, débouchera sur le licenciement ou la mutation de plusieurs employés du Palais. Gilles Clavreul sera encore chargé d’élucider l’affaire de la photo volée du Président avec Julie Gayet dans les jardins de l’Élysée. C’est à cette époque qu’il a fait la connaissance de Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur. Depuis lors, ce dernier ne tarit pas d’éloges :

« Gilles a une personnalité qui distingue formidablement bien la spécificité de l’antisémitisme. » (L’Express, 3 février 2016)

Une distinction confirmée par l’écho que consacre Actualité juive à la nomination du nouveau Dilcra, qui le présente tout simplement comme le « Monsieur antisémitisme du gouvernement ». Notons ici que Gilles Clavreul appartient au conseil d’orientation du Cercle de la Licra - Réfléchir les droits de l’homme, le think tank de la Licra inauguré en novembre 2011 dans les salons du ministère des Affaires étrangères, devant lequel il s’est exprimé, le 13 avril 2015, sur le thème « Penser l’après Charlie ». En janvier 2015, le « Monsieur antisémitisme du gouvernement » s’est vu attribuer un bureau mitoyen de ceux du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) au quinzième étage de la Tour Mirabeau, quai André Citroën (Paris XVe). Il a déjà commencé à multiplier les rencontres pour l’élaboration du « Plan », s’entretenant avant sa prise de fonction effective, le 15 décembre 2014, avec le grand rabbin de France Haïm Korsia (2 décembre), le président de la Licra Alain Jakubowicz (3 décembre) puis avec une importante délégation de l’American Jewish Committee menée par son directeur exécutif David Harris. Lors de la présentation du « Plan », la directrice de l’AJC à Paris, Simone Rodan-Benzaquen demandera si les mesures présentées permettent de lutter efficacement contre « des gens comme Dieudonné et Alain Soral » (entretien du 23 avril 2015). Gilles Clavreul participera encore, le 5 mai 2015 à Bruxelles, à la conférence stratégique de l’American Jewish Committee puis rencontrera ses responsables lors d’une visite aux États-Unis au mois de septembre, visite pendant laquelle il sera reçu au siège de l’An-ti-Defamation League du B’naï B’rith. C’est encore l’AJC qui organisera l’importante journée du « Sursaut », le 4 avril 2016, au théâtre Déjazet.

 

Un cabinet très politique

 

Gilles Clavreul dispose également d’une « équipe » avec, à la manière d’un cabinet ministériel, une adjointe, Danièle Hoffman-Rispal.

 

 

Née le 22 juin 1951 à Paris Xe, cette fille de commerçants, comptable de profession, ancienne déléguée CFDT, a été conseillère municipale PS de Paris (élue dans le XIe arrondissement) entre 1995 et 2008, adjointe de Bertrand Delanoë, chargée des personnes âgées (2001-2008) et députée de la 6e circonscription de Paris entre 2002 et 2012, occupant brièvement la vice-présidence de l’Assemblée nationale entre 2008 et 2009. Opposée à l’admission de la Palestine à l’ONU en 2011, elle a conservé son siège après les élections législatives de 2012, suite à l’entrée au gouvernement de sa tête de liste Cécile Duflot (contre qui elle a menacé de se présenter) puis a succédé à Claude Goasguen à la présidence du groupe d’amitié parlementaire France-Israël. On la retrouvera au rassemblement organisé le 13 février 2013 à Paris par la Ligue de défense juive, milice ethnique dont Bernard Cazeneuve avait envisagé la dissolution après les événements de l’été 2014, avant de renoncer par crainte d’un refus du Conseil d’État. Marraine de la remise du trophée de la Women’s International Zionist Organization (Wizo), le 10 mars 2014 à l’Assemblée nationale, Danièle Hoffman-Rispal aura donc été recasée à la Dilcra après la sortie de Cécile Duflot du gouvernement.

 

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La liste des bénéficiaires de sa réserve parlementaire ne laisse que peu de doute sur l’engagement politique profond de Danièle Hoffman-Rispal, élue du Parti socialiste

 

Le délégué interministériel est également entouré d’une « conseillère éducation et transmission », Johanna Barasz, professeur d’histoire, née en 1974. En 2010, elle a soutenu sa thèse d’histoire, De Vichy à la résistance : les vichysto-résistants (1940-1944), à Sciences-Po Paris sous la direction de Jean-Pierre Azéma (fils du poète collaborationniste Jean-Henri Azéma), sujet qu’elle a enseigné à Sciences-Po Paris entre 2010 et 2012. Coordinatrice du pôle éducation-culture du PS depuis 2010, elle a rejoint, entre 2012 et 2014, le cabinet du ministre de l’Éducation nationale Vincent Peillon comme conseillère technique sur les questions de sociétés et arguments, en charge de la rédaction de la Charte de la laïcité et de l’enseignement moral et civique. Johanna Barasz est par ailleurs conseillère d’Akadem, le campus numérique juif, une plateforme audio et vidéo sur Internet lancée par le Fonds social juif unifié (FSJU), cofinancée par la Fondation pour la mémoire de la Shoah et dont le directeur Laurent Munnich indiquait à Actualité juive (31 janvier 2008) qu’« une grande partie du travail technique et éditorial se fait en Israël ».

Nommés dans un premier temps, Reda Didi, ancien délégué général de Graines de France, un cercle de réflexion sur les quartiers populaires, Corine Maugée, Loreleï Mirot, ancienne de la cellule web de l’Élysée et Marion Bougeard, « bébé Fouks » d’Euro RSCG qui avait été successivement conseillère de Liliane Bettencourt, Julien Balkany (demi-frère de Patrick Balkany) et Jérôme Cahuzac ont été rapidement remplacés par Cindy Léoni, nommée « conseillère pour les relations avec le monde associatif et le pilotage des projets territoriaux ».

 

 

Née le 3 août 1983 à Marseille (Bouches-du-Rhône), « d’origine israélo-sénégalaise » (Var Matin, 9 septembre 2008), cette dernière a adhéré, en 1999, à SOS Racisme, dont elle sera secrétaire générale (2007-2012) puis présidente (2012-2014). Récemment recasée au Conseil économique, social et environnemental (Journal Officiel, 7 novembre 2015), elle participe également à la commission « Laïcité et Fonction publique » présidée par Émile Zuccarelli, dont les conclusions seront rendues en décembre prochain. Comme « chargé de mission communication », la Dilcra a également recruté Zied Ounissi, passé par le cours Florent (2004-2006), stagiaire dans divers médias (AFP, Le Figaro, Le Monde, France-Amérique, Public Sénat) puis collaborateur d’élus au cabinet du maire de Montreuil (Seine-Saint-Denis). Il assure le secrétariat, c’est-à-dire le traitement des courriers de délation.

 

Le « Plan national contre le racisme et l’antisémitisme 2015-2017 »
ou la fin de la liberté d’expression

 

« Vis-à-vis de la liberté d’expression, faut pas avoir trop peur de l’atteindre. »

Gilles Clavreul, Radio Nova, 1er décembre 2015

 

Le 30 mars 2015, alors qu’il revient d’une visite du camp de concentration d’Auschwitz, Gilles Clavreul présente le « Plan » en avant-première au B’naï B’rith de France. Accompagné de son adjointe Danièle Hoffman-Rispal, il précise que « le projet de loi sur le renseignement » est un « axe majeur du Plan » que présentera Manuel Valls, le 17 avril 2015 à Créteil, en présence des ministres de l’Éducation nationale, de la Culture, de la Justice et de la secrétaire d’État chargée du Numérique. Ce « Plan national contre le racisme et l’antisémitisme 2015-2017 », décliné en quarante « actions », se veut une véritable machine de guerre idéologique et répressive, dotée de 100 millions d’euros sur trois ans, dont 75 millions d’euros pris sur le budget de la politique de la Ville et 25 millions d’euros destinés au financement de « projets de portée nationale ». Un iceberg dont la partie la plus visible aura été l’application du « point 36 », c’est-à-dire le lancement, le 21 mars dernier, de la campagne de propagande #TousUnisContrelaHaine avec la diffusion en boucle sur les chaînes de télévision de clips vidéo « antiracistes » (3 millions d’euros), une campagne jumelée avec le ministère de l’Éducation nationale via une « Semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme », lancée au Musée national de l’histoire de l’immigration par François Hollande en personne.

 

 

Dans une circulaire adressée à cette occasion, Michel Lalande, directeur de cabinet du ministre de l’Intérieur, informait le corps préfectoral de l’avancement du « Plan ».

 

 

Mesure phare, l’« Action 11 » vise à modifier la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse (déjà largement vidée de sa substance par les lois Pleven et Fabius-Gayssot) par une « intégration de la répression des discours de haine au droit pénal ». L’« Action 11 » aura donc été discrètement introduite dans le projet de loi dit « Égalité et citoyenneté » présenté en avril dernier au prétexte fallacieux de la lutte contre l’« apartheid territorial, social et ethnique ». La fin de la liberté de la presse devrait être validée en processus accéléré cet été à l’Assemblée nationale, dans un silence assourdissant.

 

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Le juge et la partie civile. C’est au Forum Légipresse, le 1er octobre 2015, qu’Alain Jakubowicz et son affidé Gilles Clavreul ont présenté « la sortie annoncée de la loi de 1881 des infractions relatives aux discours racistes » à Fabienne Siredey-Garnier. Cette dernière juge la quasi-totalité des procès dans lesquels ses interlocuteurs du jour sont les plaignants, puisqu’elle n’est autre que la présidente de la 17e chambre du tribunal de grande instance de Paris, où sont jugées les affaires de presse…

 

Un préfet hors-sol, commissaire politique sur les réseaux sociaux

 

Gilles Clavreul n’hésite pas à saisir la justice en son nom propre, bénéficiant d’un véritable bureau de délation grâce à la signature, le 1er décembre 2010, par le ministre de l’Intérieur d’alors Brice Hortefeux, d’une convention de partenariat entre la Licra et la Plate-forme d’harmonisation, d’analyse, de recoupement et d’orientation des signalements (Pharos), intégrée à l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) de la Sous-direction de lutte contre la cybercriminalité (SDLC). Un formulaire de délation est, par ailleurs, directement disponible sur le site de la Dilcra.

 

 

Aux côtés de la Licra, Gilles Clavreul a récemment porté plainte en son nom contre Robert Faurisson suite au reportage de Canal+ au banquet annuel de Rivarol, contre l’essayiste Alain Soral, contre le président de Radio Courtoisie Henry de Lesquen, Hervé Ryssen ou encore contre le dessinateur Zéon, pour un dessin publié en 2013. Dans cette censure qui s’opère principalement sur du contenu Internet, Gilles Clavreul est directement en contact avec Sacha Reingewirtz, président de l’Union des étudiants juifs de France (UEJF), dont le discours consiste à faire passer le révisionnisme historique (« négationnisme ») ou le journalisme indépendant (« complotisme ») pour une des causes des crimes imputés à Daech, comme en témoigne son entretien à Actualité juive (12 mai 2016) :

« Il y a beaucoup de messages de haine sur les réseaux sociaux qui portent atteinte à nos sociétés et qui ont aussi une influence grandissante puisque les djihadistes se retrouvent et sont radicalisés sur Internet ou que beaucoup de passages à l’acte antisémites sont motivés par des messages négationnistes. »

Un discours fallacieux trouvant facilement écho auprès de « Monsieur antisémitisme ». Gilles Clavreul expliquera en effet lors des secondes « Assises de la Haine sur Internet » organisées par l’UEJF à l’École supérieure de gestion, le 15 mai dernier :

« Il s’agit surtout d’identifier qui sont les leaders d’opinion sur Internet [...], ils s’appellent Soral, ils s’appellent Dieudonné, ils s’appellent maintenant Henry de Lesquen. [...] Heureusement, il arrive, si je puis dire heureusement, il arrive que même quelqu’un comme Alain Soral, qui est maintenant à la tête d’une véritable PME, déborde, dérape et c’est comme ça qu’on arrive à le déférer devant la justice, mais il est vrai que sinon, son site Égalité & Réconciliation dans l’ensemble est tout le temps à la ligne jaune, mais il ne la franchit pratiquement jamais. Et on a le même problème avec un certain nombre de sites conspirationnistes, je dirais que je suis même encore plus inquiet et préoccupé par le fait que l’on n’arrive pas, tout simplement faute de moyens légaux, à traduire devant la justice des sites qui ont développé par exemple les théories alternatives sur les attentats de Saint-Denis ou du Bataclan. »

 

Crainte des « identitaires » et surveillance étroite des fonctionnaires

 

Outre des rencontres quasi-quotidiennes avec les associations communautaires juives (en plus du dîner du Crif, du congrès de la Licra, des Assises de la haine sur Internet de l’Union des étudiants juifs de France et d’innombrables cérémonies mémorielles), plus sporadiques avec les associations musulmanes (et quasi inexistantes avec les associations chrétiennes), Gilles Clavreul participe à un nombre pléthorique de colloques et conférences, comme le 8 juin 2015 à un séminaire « autour de l’imaginaire collectif sur la population Rom en France » intitulé « L’“Autre”, une menace ? », organisé conjointement par la Fondation Jean-Jaurès et l’Open Society de George Soros. Il assiste à l’avant-première du film d’Yvan Attal, reçoit Marc Ladreit de Lacharrière, président de la Fondation Culture & Diversité, etc. Surtout, avec Cindy Léoni, il a multiplié depuis quelques mois les déplacements en province pour créer des Comités opérationnels de lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Cora). Ces sections départementales de la Dilcra, installées par les préfets, sont destinées à organiser des partenariats entre les établissements scolaires et les « institutions mémorielles » (Camp des Milles, Mémorial de la Shoah, etc.), à distribuer des subventions aux antennes locales des ligues de vertu (Licra, Ligue des droits de l’homme, SOS Racisme et Mrap) et à des associations qui seront très certainement redevables aux socialistes lors de l’élection présidentielle de 2017.

 

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Avec la Dilcra, l’Histoire se résume au devoir de Mémoire

 

Les préfets sont d’ailleurs priés de s’assurer que ces associations subventionnées soient bien conformes au laïcisme maçonnique. Gilles Clavreul souhaite aussi des préfets qui l’informent sur un des sujets qui le préoccupe : « Ce qui pose vraiment problème, c’est la progression du FN auprès des agents de l’État » (Canal+, 14 février 2016), et que les associations subventionnées soient bien conforme au laïcisme maçonnique.

 

Le « Printemps Républicain »
ou le recadrage laïciste et sioniste de l’antiracisme

 

« Que la figure de la femme palestinienne voilée soit devenue l’alpha et l’oméga de la cause du prolétariat est quelque chose de délirant. »

Gilles Clavreul, 16 avril 2015

 

La passe d’armes qui a opposé, en décembre 2015, Gilles Clavreul à Françoise Dumont, présidente de la Ligue des droits de l’homme (LDH), suite à la venue de son ancien président Michel Tubiana à une réunion publique organisé par Ensemble !, l’association de Clémentine Autain, parce qu’y participaient des membres du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), du Parti des Indigènes de la République (PIR) et Tariq Ramadan (porte-voix des Frères musulmans), n’était qu’un rappel à l’ordre de la part du « Dilcra ». Après avoir protesté contre la primeur donnée à la lutte contre l’antisémitisme, le Mrap et la LDH sont, subventions obligent, rapidement rentrés dans le rang. Dans cette opération de recadrage, le « hussard laïque de Valls » (L’Express, 3 février 2016) a d’abord repris à son compte la « doctrine Élisabeth Badinter » dans Le Figaro (5 mars 2016) : « Le concept d’islamophobie est piégé » (doctrine validée par Manuel Valls au dernier dîner du Crif), puis a lancé, dans la foulée, le « Printemps républicain », avec, entre autres, Valérie Maupas, adjointe au maire PS du XIVe arrondissement de Paris, qui s’était notamment réjouie du décès du pro-palestinien Stéphane Hessel en reprenant un tweet de la LDJ. La pétition, à très forte connotation sioniste (signée par Anne Sinclair, Frédéric Encel, etc.) a été relayée par deux hebdomadaires : Causeur (dont le rédacteur en chef Marc Cohen est signataire de l’appel) et Marianne, notamment partenaire du Grand Orient de France dans l’organisation de conférences partout en France. Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République (CLR), courroie de transmission du GODF et partisan d’un laïcisme strict, figure également parmi les signataires. Dans cette volonté d’opérer une laïcité de combat non plus seulement contre le catholicisme, mais également l’islam, la loge République apparaît à la fois comme un think tank et une tour de contrôle, ayant reçu sur la dernière année Jean Glavany, en mai 2015, pour une importante tenue blanche « Laïcité : Les points sur les I », le mois suivant Yves de Chaisemartin, administrateur de l’hebdomadaire Marianne, le 13 avril, Gilles Clavreul sur « Promouvoir la laïcité, promouvoir la République » ou encore Caroline Fourest au mois de mai sur le même sujet.

 

 

Quand Gilles Clavreul confond tout

 

 

Le sionisme est un mouvement identitaire, mais peu importe pour Gilles Clavreul, qui se répand à tort et à travers, mélangeant allègrement tout, comme dans ce message posté sur Facebook. Alors que les hauts fonctionnaires sont normalement soumis au respect d’une obligation de neutralité stricte, y compris en dehors de leur fonction professionnelle, il a également reproché, en mars dernier, au géopolitologue de gauche Pascal Boniface de s’en prendre à une « organisation juive », suite à la publication par ce dernier d’un article critiquant le discours d’Hillary Clinton devant l’American Israel Public Affairs Committee, le principal lobby pro-israélien américain.

 

Le Comité « scientifique » de la Dilcra

 

« Action 23 » du « Plan », le 9 février dernier, la Dilcra se dotait d’un conseil scientifique. Ses membres bénéficient des soutiens financiers de la Dilcra pour des travaux universitaires, des remises de bourses ainsi que l’organisation de conférences. Ce groupe, éminemment politique, rassemble des universitaires rémunérés par l’État, pour la plupart liés au Parti socialiste et souvent issus de la mouvance antinationale, jadis active au sein des réseaux Ras l’front.

 

 

Benjamin Stora

 

 

Inspecteur général de l’éducation nationale, né le 2 décembre 1950 à Constantine (Algérie française). Fils d’Elie Stora, commerçant en semoule et de Marthe Zaoui, ouvrière, il a épousé Claire Le Scanff, maquettiste. Dans La Croix (16 décembre 1995), il détaille son rapport à sa terre natale :

« Le pays de mes grands-parents, juifs venus par mon grand-père de Cordoue, d’Andalousie, et par ma grand-mère de Jérusalem, lorsque ses ancêtres ont fui la destruction du premier temple il y a de siècles et des siècles. Ma famille était installée depuis des siècles à Khenchela, la capitale des Aurès, et mon grand-père fut un ami de Ferhat Abbas, le père de l’indépendance. »

Pour lui, la France « n’a jamais su réparer le préjudice qu’elle avait infligé aux miens » (Actualité juive, 10 mai 2007). Arrivé à Paris le 16 juin 1962, il est titulaire d’un doctorat en sociologie et d’un doctorat d’État en histoire. Assistant en sociologie et histoire contemporaine à l’Université Paris-VII (1982-1986), maître de conférences (1986-1993), directeur de l’Institut Maghreb-Europe depuis 1990, il est directeur du DEA Maghreb et sciences sociales à l’Université Paris-VIII depuis 1994. Il a en outre été chercheur à l’Ecole française d’Extrême-Orient d’Hanoï (1996) et au Centre de recherches de sciences humaines et sociales de Rabat (1999), ces deux postes ayant été choisis à la suite de diverses menaces de mort émanant de groupes islamistes algériens. Membre des groupes « histoire de la décolonisation » et « histoire de la psychanalyse » à l’Institut d’histoire du temps présent, il s’est fait une spécialité de l’histoire coloniale, en particulier de l’Algérie, qu’il étudie depuis 1974, ne cessant, tout au long de ses ouvrages, de dénoncer la présence française, mais sans appuyer les thèses du FLN, les lambertistes ayant soutenu la faction adverse, le Mouvement national algérien. Il a d’ailleurs signé sa thèse sur son chef, Messali Hadj, pionnier du nationalisme algérien (1986) et publié ses mémoires, Les Mémoires de Messali Hadj (avec Charles-Robert Ageron et Mohammed Harbi, Lattès, 1982).Sa participation à la rédaction du discours de François Hollande lors de sa visite à Alger en décembre 2012, n’est pas étrangère à la mention de Messali Hadj « père du nationalisme algérien », ce qui déplaira aux hiérarques FLN toujours au pouvoir. Il a également publié de très nombreux livres sur la question. Cet historien quasi-officiel de l’histoire algérienne a également collaboré à de multiples documentaires sur l’Algérie (Les Années algériennes, Résistance et libération d’Outre-Mer, Les Massacres de Sétif, etc.), ayant coscénarisé le film Là-bas mon pays d’Alexandre Arcady et ayant été conseiller historique du film Indochine, commissaire de plusieurs expositions sur la guerre d’Algérie, etc. Infatigable pétitionnaire, il a largement participé à la mise sur la sellette de la police et de l’armée française, non seulement en Algérie mais aussi en France (affaire du métro Charonne le 17 octobre 1961).

Dans le même temps, il fut aussi un militant révolutionnaire, ayant adhéré, dès 1968, à l’Organisation communiste internationaliste (sous le pseudonyme de Truffaut), l’organisation des trotskistes lambertistes dans les années 70-80) et au Mouvement pour un parti des travailleurs (MPPT), dont il fut membre du plénum du comité central. Il y sera chargé de la « fédérale étudiante », la structure politique de l’OCI chargée de coiffer les cellules universitaires. « Qu’un étudiant s’éloigne de la ligne et il le rappelle à l’ordre » (Le Monde). On le retrouvera également à la tête de la commission de contrôle du syndicat étudiant Unef-ID. « C’était une manière de rentrer dans la société française par le biais de l’engagement politique, une façon pour les Juifs de sortir du ghetto dans lequel ils étaient sortis. Enfin, on pouvait parler ! » (Tribune juive, 30 octobre 1997). Aux élections municipales de 1983, il figurera en neuvième place sur la liste trotskiste à Sarcelles. En 1986, il sera le principal artisan, avec Jean-Christophe Cambadélis, de l’hémorragie qui touchera ce mouvement quasi-clandestin, rejoignant avec plusieurs centaines de militants le Parti socialiste. Au sein de ce parti, il rejoindra sa fraction la plus à gauche, Démocratie & Socialisme puis la Gauche socialiste, et plusieurs de ses satellites comme Le Manifeste contre le Front national. Il soutiendra Ségolène Royal en 2007 et François Hollande en 2012. Inspecteur général de l’éducation nationale depuis 2013, il a été nommé président du conseil d’orientation de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration en 2014. Ses planches sont très appréciées des « frères » du Grand Orient de France.

 

 

Dominique Schnapper

 

 

Sociologue, née le 9 novembre 1934 à Paris IXe. Fille du sociologue libéral Raymond Aron (1905-1983) et de Suzanne Gauchon (1907-1997), « elle incarne bien la culture israélite républicaine et laïque qui confine le droit à la différence au privé », indique Renée David dans Les Femmes juives (Perrin, 1988). Cette vision des choses, étrangère à la loi talmudique, n’en a pas moins façonné dans les faits la vie des femmes juives. Son époux, Antoine Schnapper, professeur émérite d’histoire de l’art à la Sorbonne, est décédé en août 2004. Passée par le lycée français de Londres et la Sorbonne, elle est docteur d’État et diplômée de Sciences-Po Paris. Entrée à l’École des hautes études en sciences sociales (Ehess) en 1964, elle y a effectué toute sa carrière, devenant maître-assistant en 1972 et directrice d’études en 1980. Présidente de la Société française de sociologie de 1995 à 1999, elle est entrée au Comité consultatif national d’éthique en 2000. Entre 2001 et 2010, celle pour qui « la France éternelle n’existe pas » (Globe hebdo, 12 mai 1993) a été membre du Conseil constitutionnel, où elle est entrée sur le contingent du président RPR du Sénat Christian Poncelet et sur « insistance de Simone Veil » (Marianne, 3 avril 2010).

Spécialiste des questions juives et « nationalitaires », elle a signé de nombreux ouvrages, parmi lesquels on citera Juifs et Israélites (Gallimard, 1980, qui reprend largement sa thèse d’État soutenue en 1979), La France de l’intégration. Sociologie de la nation en 1990 (Gallimard, 1991), L’Europe des immigrés (François Bourin, 1992), La Communauté des citoyens. Sur l’histoire moderne de nation (Gallimard, 1994), Qu’est-ce que la citoyenneté ? (en collaboration, Gallimard, 2000), Questionner le racisme (avec Sylvain Allemand, Gallimard, 2000), Exclusions au cœur de la cité (Economica, 2001). Autant d’ouvrages où elle a constamment combattu les thèses identitaires ou souverainistes, participant très activement, dans les milieux de la droite parlementaire, à sa diabolisation. Elle a d’ailleurs signé un chapitre du recueil Combattre le Front national (Vinci, 1995) intitulé « La “préférence nationale” contre la République », où elle propose un élargissement aux étrangers des emplois administratifs réservés aux nationaux. Dès juillet 1981, elle a participé dans l’Oise, au château de Laversine, à une réunion du district 19 du B’naï B’rith présidé par Sam Hoffenberg sur, « Manières d’être juif ». En avril 2002, elle a planché sur « Relation à l’autre et citoyenneté » devant la loge Voyage du Droit Humain. Elle est présidente du conseil d’administration du Musée d’art et d’histoire du judaïsme qui a organisé en partenariat avec la Bibliothèque nationale de France, le colloque « L’antisémitisme en France, XIXe siècle-XXIe siècle », financé par la Dilcra, où Jean-Yves Camus est intervenu sur « l’antisémitisme d’extrême droite » et Frédéric Haziza sur « Dieudonné, Soral et les réseaux sociaux ».

 

 

Denis Peschanski

 

 

Historien, né le 11 novembre 1954 à Paris XIe. Il est le fils d’Alexandre-Sacha Peschanski, venu avec son père de Moldavie (« juifs russo-polonais » précise Libération, 20 avril 1995) et de Dora Kronfeld, militante communiste du Yiddishland, la république autonome communiste réservée aux juifs. Ses parents furent envoyés en Europe dans les années trente, puis à Paris sous l’Occupation, où ils opérèrent dans un groupe d’action internationale du Komintern. Son père travaillera toute sa vie dans une société commerciale du Parti, sans doute en liaison avec le Komintern, et tous les membres de la famille ont par la suite milité au Parti communiste. Son frère, Robert dit « Robi » Peschanski, polytechnicien, chercheur au CERN puis au CEA, le benjamin du comité central du PCF à la fin des années 70, sera l’artisan du virage favorable à l’énergie nucléaire au sein du parti. Son second frère, Marc Peschanski, exclu pour trotskisme des Jeunesses communistes, a rejoint Lutte ouvrière, où il milite depuis 1967, ayant été depuis lors le mentor d’Arlette Laguiller puis de Nathalie Arthaud. Ce dernier est par ailleurs directeur de laboratoire à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil et à l’Inserm, docteur en médecine et chercheur en neurobiologie, connu comme le pionnier français des greffes de neurones.

Denis Peschanski, passé par les Jeunesses communistes, a milité jusqu’en 1977 au Parti communiste, avant de passer au Parti socialiste. Directeur de recherche au CNRS, spécialisé dans l’étude de la Seconde Guerre mondiale (au sein de l’Institut d’histoire du temps présent), il est considéré, dans le milieu universitaire, comme l’un des principaux spécialistes de l’étude de l’Holocauste et des camps d’internement en France sous l’Occupation. C’est lui qui, à la demande de Serge Klarsfeld, a fait éditer le livre du pharmacien Jean-Claude Pressac, Les Crématoires d’Auschwitz : la machinerie du meurtre de masse (CNRS Éditions, 1993), ouvrage largement passé sous silence car il s’agit, en réalité, d’une démolition systématique à chaque page des historiens et témoins de la Shoah, divisant par huit ou dix le chiffre de six millions.

Membre élu du bureau du conseil scientifique du CNRS au titre du syndicat national des chercheurs scientifiques (SNCS-FSU), secrétaire de la section PS de Bourg-la-Reine, il n’a jamais réussi à se faire élire face à Jean-Noël Chevreau, malgré le soutien de Robert Badinter, qui effectua son seul déplacement de campagne aux élections municipales de 2014. Membre du conseil scientifique du Mémorial de la Shoah depuis 2004, président du conseil scientifique du Mémorial de Caen (depuis 2007), président du conseil scientifique du Mémorial du camp de Rivesaltes depuis 2005, il est membre du comité d’éthique du Musée d’Oradour-sur-Glane depuis 2009. Signataire du JCall-European Jewish Call for Reason en 2010, il a planché, en mars 2003, sur « Devoir de mémoire ou devoir d’histoire ? » devant les loges République sociale et La Fayette du Grand Orient de France. Depuis le début du mois de juin, il est aux manettes, avec le neuropsychologue Francis Eustache, à l’Inserm, du programme « 13 Novembre », qui réunira trois cent chercheurs dans le traitement de 1000 volontaires interrogés sur les attentats de Paris pendant douze ans. L’objectif : « Comprendre l’interaction entre mémoire individuelle et collective. » Basé sur les préceptes de Boris Cyrulnik et essentiellement financé par des organismes publics, ce programme devrait coûter, selon ses promoteurs, la bagatelle de 20 millions d’euros.

 

 

Pascal Perrineau

 

 

Né le 12 juillet 1950 à Moyeuvre-Grande (Moselle), fils de Geneviève Betzinger et de Roger Perrineau (enseignant), divorcé de Sophie Massias, il a épousé en 2007 Anne Muxel, directrice de recherches en science politique au CNRS, où elle étudie « les phénomènes de socialisation politique, de transmission intergénérationnelle et de construction de la mémoire ». Secrétaire de section PS dans les années 70 à Nancy, professeur à Sciences-Po Paris depuis 1991, Pascal Perrineau a été directeur du Centre d’étude de la vie politique française (Cevipof) entre 1994 et 2013 où il a, par exemple, coopté Vincent Peillon. Avec Nonna Mayer, il a signé Le Front national à découvert (Presses de la FNSP, 1989), ouvrage auquel a également collaboré Jean-Yves Camus. Aux côtés de ce dernier, il a d’ailleurs été chercheur au Centre européen de recherche et d’action sur le racisme et l’antisémitisme (Cera), ou encore, dans les années 90, à l’Observatoire de l’extrémisme pour une vigilance républicaine lancé par Jean-Philippe Moinet en partenariat avec le Congrès juif européen, participant à sa publication Vigilance Républicaine. Collaborateur de France Info, ce membre du club Le Siècle est aussi un conférencier apprécié du Grand Orient de France ou des associations communautaires juives (Crif, Farband-Union des sociétés juives de France, UEJF, etc.) sur son thème de prédilection, le Front national.

 

 

Nonna Mayer

 

 

Née le 25 mars 1948 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), cette fille de gynécologue a épousé, en 1987, Samy Cohen, fils d’un directeur de banque cairote, passé par le lycée agricole Eshel Hanassi à Be’er Sheva en Israël avant de rejoindre Sciences-Po Paris dont il sortira diplômé et où il a fait l’essentiel de sa carrière comme directeur de recherche au Centre d’étude et de recherche internationale (Ceri) sur les questions liées aux terrorismes et à Israël. Nonna Mayer, passée par le lycée Sainte-Marie de Passy et le Couvent de l’Assomption à Paris, diplômée de Sciences-Po Paris, a fait sa carrière au CNRS comme directrice de recherche (1988-2009), rattachée au Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences-Po Paris. Cette « spécialiste de l’extrême droite » a participé au n°2 des Cahiers de l’Université antifasciste édités par Ras l’Front : « Le Front national et la société française », a signé avec Pascal Perrineau Le Front national à découvert en 1989, puis une vingtaine d’ouvrages sur le même sujet.

Elle a planché à l’invitation de la loge Salvador Allende en mars 2003 au siège du Grand Orient de France sur « Ces Français qui votent pour l’extrême droite ». Deux de ses collaborateurs à Sciences-Po Paris ont également été cooptés au comité scientifique de la Dilcra : Vincent Tiberj, familier des mouvements d’extrême gauche, passé par l’Université de Stanford, chargé de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) sur l’« intégration et immigration » ou encore la « sociologie des préjugés », qui est également chercheur associé au Centre Émile Durkheim de l’Institut d’études politiques de Bordeaux, où il a élaboré un « indice longitudinal de tolérance » permettant d’évaluer la tolérance des français à l’immigration de masse ; Tommaso Vitale, professeur associé de sociologie à Sciences-Po Paris, directeur scientifique du master « gouvernance des grandes métropoles mondiales », autre disciple de Nonna Mayer, qui a également rejoint le conseil scientifique de la Dilcra.

 

 

Marie-Anne Matard-Bonucci

 

 

Normalienne, professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris-VIII, ses travaux portent sur le fascisme, l’antisémitisme et la shoah en Italie.

 

 

Marc Knobel

 

 

Né en juin 1960 d’un père ashkénaze et d’une mère séfarade, ce militant communautaire indique dans Libération (3 juillet 2001) :

« À la maison on parlait en permanence de la Shoah. »

C’est dans Actualité Juive (24 mars 2005) qu’il a précisé le sens de son engagement :

« Je suis laïc. J’envie ceux qui prient avec le cœur. Je ne prie pas […] un jour j’ai croisé sur mon chemin Serge Klarsfeld et le philosophe Pierre-André Taguieff, j’ai appris d’eux. Et je me suis mis à combattre les néonazis. »

D’abord chargé de presse à l’ambassade d’Israël, membre du comité central puis vice-président de la Licra, chercheur au centre Simon Wiesenthal Europe, il a ensuite rejoint le Crif comme responsable de la lutte contre la diffusion du révisionnisme historique sur Internet en 2004 avec le titre ronflant de « directeur des études ». Ce membre du B’naïB’rith préside l’association J’accuse ! Action internationale pour la justice.

 

 

Patrick Amoyel

 

 

Psychanalyste, directeur des recherches freudiennes à l’Université de Nice-Sophia-Antipolis, vice-président de la Société méditerranéenne de psychiatrie, est présenté comme « spécialiste du judaïsme » lors de sa participation, le 10 avril 2010 au Palais de la Mutualité, au colloque « IdentitéS et Universalité » organisé par la Grande Loge de France et la Grande Loge Traditionnelle et Symbolique Opéra. Son association Entre’Autres est soutenue par le gouvernement.

 

 

Cris Beauchemin

 

 

Chercheur à l’Institut national d’études démographiques (Ined), où il est responsable de l’unité « Migrations internationales et minorités ».

 

 

Laurent Bouvet

 

 

Fonctionnaire, né en 1968. Ce militant socialiste (1988-2007), a soutenu sa thèse de doctorat intitulée « E pluribus unum » ? : la nouvelle question identitaire américaine à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) sous la direction de Pierre Rosanvallon, dont il a été un proche au sein de la Fondation Saint-Simon puis au sein de la République des idées, avant d’être finalement excommunié par l’historien au tournant des années 2000. Rédacteur en chef de la Revue socialiste (1998-2001), il a intégré le conseil scientifique du think tank Terra Nova à sa fondation en 2008 avant de rompre en dénonçant le « culte des minorités » et de lancer La Gauche Populaire avec François Kalfon, Christophe Guilluy ou encore Gaël Brustier, s’inscrivant en faux contre une stratégie électorale tournée exclusivement en direction des populations d’origine immigrée. Au sein de la Fondation Jean-Jaurès, il a animé l’Observatoire de la social-démocratie en 2010, puis l’Observatoire de la vie politique (Ovipol). Auteur de L’Insécurité culturelle, sortir du malaise identitaire français (Fayard, 2015), ce professeur de science politique à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines est un des initiateurs du « Printemps républicain ».

 

 

Christine Lazerges

 

 

Née Rothe le 21 novembre 1943 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), ce professeur de droit issue d’une importante famille protestante a été conseillère municipale PS de Montpellier de 1983 à 2001, adjointe au maire Georges Frêche de 1989 à 1997, puis députée de l’Hérault de 1997 à 2002, conseillère municipale de Castelnau-le-Lez de 2001 à 2008. Elle préside depuis 2010 le club Droits, Justice et Sécurités et, depuis août 2012, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) où elle s’est opposée dès sa nomination au démantèlement des camps de Roms.

 

 

Gérard Noiriel

 

 

Né le 11 juillet 1950 à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Passé par l’Unef, l’Union des Étudiants communistes puis au Parti communiste jusqu’en 1980, il a collaboré à une série de documentaires sur France 3 sur l’apport de l’immigration à l’Histoire de France diffusés en 1990-1991. Directeur d’études à l’Ehess depuis 1994 sur « la socio-histoire de l’État-nation et de l’immigration », membre associé de l’Institute for Advanced Study à Princeton (États-Unis), codirecteur de la collection Socio-histoires des éditions Belin, cofondateur de la revue de sciences sociales et histoire Genèses et de la revue européenne d’histoire sociale Histoire & Sociétés, éditée par Alternatives économiques, professeur à l’Université Paris-VIII, il a notamment signé Réfugiés et sans-papiers : la République face au droit d’asile, XIXe-XXe siècle (Calmann-Lévy, 1991), Les Origine républicaines de Vichy (Flammarion, 1999), Atlas de l’immigration en France. Exclusion, intégration… (Autrement, 2002), Le Creuset national. Histoire de l’immigration (Seuil, 1988), La Tyrannie du national : le droit d’asile en Europe, 1793-1993 (Calmann-Lévy, 1991).

Proche du Mrap, un temps président du Comité de vigilance face aux usages publics de l’Histoire (CVUH), une association d’enseignants-chercheurs lancée en réaction à la loi du 23 février 2005 dont l’article 4 mentionnait les « effets positifs de la colonisation », il a également été membre du conseil scientifique de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, avant d’en démissionner en mai 2007 pour protester contre la création par Nicolas Sarközy d’un ministère de l’Identité nationale. Soutien de François Hollande en 2012, puis de la refonte des programmes d’histoire au collège en 2015, signataire de la tribune « Racisme anti-blanc, non à une imposture ! » (Le Monde, 14 novembre 2012), Gérard Noiriel est l’auteur de Chocolat, clown nègre. L’histoire oubliée du premier artiste noir de la scène française (Bayard, 2012), adapté au cinéma par Roschdy Zem avec Omar Sy dans le rôle de « Chocolat ». En février 2016, à la Maison des Métallos, l’exposition sur « Chocolat » dont il était le commissaire a reçu le soutien de la Dilcra.

 

 

Abdennour Bidar

 

 

Né le 13 janvier 1971 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), fils d’une catholique pratiquante convertie à l’Islam, « Bidar a connu de près l’islam intolérant en suivant les fondamentalistes du Tabligh, puis un groupement sectaire marocain, le Qadiri, avant de fuir » indiquait Le Point en octobre 2006. S’étant fait remarquer favorablement pour son soutien à Robert Redeker, ce normalien, professeur de philosophie, a été chargé de mission sur la pédagogie de la laïcité au ministère de l’Éducation nationale et au Haut conseil à l’intégration (2012) avant de rejoindre, en 2013, l’Observatoire de la laïcité, installé par François Hollande. Membre du comité de rédaction de la revue Esprit, il est le « Monsieur Islam » de Radio France, animant des émissions sur le sujet sur les antennes du groupe. Invité à s’exprimer sur « De la judéophobie à l’antisionisme » lors de la convention du Crif en janvier 2013, Abdennour Bidar est très apprécié des loges maçonniques, ayant planché, le 1er avril 2015, sur « La laïcité face aux défis des temps présents » devant les « frères » de la loge Les inséparables du Progrès du Grand Orient de France, puis au dîner annuel de la Grande Loge de France, le 26 septembre 2015, sur « Spiritualité et Islam », ou encore le 15 avril dernier sur la « révolution spirituelle » devant les loges Tolérance et laïcité et Lucie Delong de l’Ordre Maçonnique Mixte International du Droit Humain.

 

 

Jean-Yves Camus

 

 

Né en 1958 à Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine), issu d’une famille catholique, il a été converti au judaïsme à l’âge de 27 ans par un rabbin du Mouvement juif libéral de France, avant de s’orienter à partir de 1986 vers un judaïsme nettement plus orthodoxe. Diplômé de Sciences-Po Paris, très actif au sein de la communauté juive comme spécialiste de l’extrême droite, il a collaboré, entre autres, à B’naï B’rith Journal, Charlie Hebdo, Actualité juive, etc. Chercheur associé à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) depuis 2006, il dirige l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean-Jaurès, un think tank satellite du Parti socialiste.

 

 

Emmanuel Debono

 

 

Passé par Science-Po Paris, sa thèse Aux origines de l’antiracisme. La Ligue internationale contre l’antisémitisme (LICA), 1927-1940 (CNRS Éditions, 2012) a été soutenue financièrement par la mairie de Paris (lauréat de la bourse pour les recherches sur l’antisémitisme en 2006) ainsi que par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Chargé d’étude à l’Institut français de l’éducation à l’École normale supérieure de Lyon, Emmanuel Debono représente en France l’USC Shoah Foundation et anime le blog « Au cœur de l’antiracisme » sur le site Internet du Monde.

 

 

Gilles Finchelstein

 

 

Né le 28 juin 1963 à Paris, il a confié à Actualité juive (27 novembre 1997) avoir « trois grands-parents roumains et un quatrième polonais » et se ranger « dans la catégorie des Juifs athées, très attachés à une certaine forme de judaïsme composée de culture au sens large du terme, d’histoire et de mémoire ». Diplômé de Sciences-Po Paris en 1988, ce militant socialiste a notamment été chargé d’imposer définitivement le blairisme (libéralisme et mondialisme) au sein du Parti. Ayant rejoint, après la débâcle de 2002, Euro RSCG (devenu Havas Worldwide) comme directeur des études, ce très proche de Dominique Strauss-Kahn en sera, jusqu’à sa chute, un des principaux « spin doctors ». Directeur général de la Fondation Jean-Jaurès depuis 2002, il participe aux dîners du club Le Siècle depuis 2008. Il a publié chez Fayard, début 2016, Piège d’identité. Réflexions (inquiètes) sur la gauche, la droite et la démocratie.

 

 

Myriam Cottias

 

 

Née en 1960 à Bordeaux (Gironde) dans une famille martiniquaise, auteur d’une thèse en anthropologie et démographie sur « La famille antillaise du XVIIe au XIXe siècle », elle est directrice de recherche au CNRS, directrice du Centre international de recherche sur les esclavages et du Centre de recherche sur les pouvoirs locaux dans la Caraïbe à l’Université des Antilles-Guyane. Myriam Cottias a coordonné, entre 2007 et 2012, le programme européen « Slave Trade, Slavery Abolition and their Legacies in EuropeanHistories and Identities ». Membre depuis 2013 du Comité national pour la mémoire et l’histoire de l’esclavage (CNMHE), elle sera l’organisatrice du concours « La Flamme de l’égalité » sur la mémoire de l’esclavage qui sera imposé dans les collèges et lycées au cours de l’année 2016-2017 avec la Dilcra.

 

 

Gilles Kepel

 

 

Universitaire, né le 30 juin 1955 à Paris XIe. Il est le fils d’un intellectuel d’origine tchèque, traducteur du président Vaclav Havel et d’un professeur d’anglais d’origine niçoise. Passé par les lycées Montaigne et Louis-le-Grand de Paris, ce licencié en arabe et anglais, diplômé de Sciences-Po Paris et de l’Ehess, titulaire d’un doctorat en sciences politiques (Les Mouvements islamistes dans l’Égypte de Sadate) a milité à la Ligue communiste révolutionnaire (L’Evénement du jeudi, 11 septembre 1997). Boursier au Centre d’études juridiques du Caire (1980-1983), après un long séjour à Damas à l’Institut d’études arabes (1977-1978), Gilles Kepel a été ensuite chargé de recherches au CNRS dans la même spécialité (1983-2001). Visiting professor à l’Université de New York en 1993, puis à l’université Columbia (1995-1996), il est depuis 1994 directeur d’études à Sciences-Po Paris, où il dirige le programme d’études doctorales sur le monde musulman.

Membre de l’Institut universitaire de France, du haut conseil de l’Institut du monde arabe, senior fellow de la London School of Economics, directeur de la collection « Proche-Orient » aux Presses Universitaires de France, chroniqueur sur France Culture, son analyse des problématiques liées à l’Islam et au monde musulman est très prisée des cercles mondialistes, du Forum économique mondial de Davos au club Le Siècle, en passant par le groupe de Bilderberg, les « Amis du Crif » ou encore les loges du Grand Orient de France (comme le 8 avril 2014 au Temple Arthur Groussier pour une tenue blanche fermée sur « La laïcité à l’épreuve des urnes. Les voix des cités de Marseille à Roubaix »). Défenseur de la thèse d’un islam allant vers des pratiques démocratiques et laïques, il espérait dans Fitna. Guerre au cœur de l’islam (Gallimard, 2004) « l’émergence d’une nouvelle génération de penseurs musulmans à vocation universelle ». Participant du « Sursaut » de l’American Jewish Committee et signataire du « Printemps républicain », Gilles Kepel, pour qui « notre refoulé colonial a enfanté des Merah, Kouachi et Coulibaly » (France Inter, 15 décembre 2015), a été un des pionniers dans l’assimilation des nationalistes (Alain Soral notamment) à Daech.

 

 

Pierre Birnbaum

 

 

Né en 1940 à Lourdes (Hautes-Pyrénées), issu d’une famille de maroquiniers ashkénazes, il mène, en parallèle de son activité de professeur de sociologie politique à l’Université Paris I-Panthéon-Sorbonne et à Sciences-Po Paris, une intense activité communautaire, ayant dirigé Les Cahiers du judaïsme (organe de l’Alliance israélite universelle), signé de nombreux articles dans L’Arche, le magazine du Fonds social juif unifié. Il a reçu, en 1988, le prix de la Women’s International Zionist Organisation pour son ouvrage Un mythe politique : la République juive, de Léon Blum à Pierre Mendès-France (Fayard). Il a également signé « La France aux Français ». Histoire des haines nationalistes (Seuil, 1993) ainsi que plusieurs ouvrages sur l’affaire Dreyfus : L’Affaire Dreyfus. La République en péril (Gallimard, 1994), Le Moment antisémite. Un tour de la France en 1898 (Fayard, 1998). Il est le père de Jean Birnbaum, passé par Lutte ouvrière (il planchera, en janvier 2004, sur « Trotskistes et Franc-maçonnerie » devant la loge Université maçonnique du Grand Orient de France), recruté, en 1997, par Antoine Spire dans l’émission Staccato sur France Culture et qui dirige, depuis 2011, Le Monde des livres, le supplément littéraire du Monde.

 

 

Cet article est paru dans le n° 418 de la revue Faits & Documents (du 1er au 15 juillet 2016).

S’abonner à la revue : faitsetdocuments.com.

 

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  • #1501696
    Le 3 juillet 2016 à 18:31 par personne
    Qu’est-ce que la DILCRA de Gilles Clavreul ?

    100 millions d’euros , ça laisse songeur ..........

    combien de vies de smicards faudraient ils pour les gagner ?

    et pendant ce temps la nos hopitaux manquent de moyens , nos agriculteurs se suiçident et le pays souffre .

    l ’argent est bien le sang des pauvres

     

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  • #1501705
    Le 3 juillet 2016 à 18:47 par Kriss
    Qu’est-ce que la DILCRA de Gilles Clavreul ?

    Laicité, un cheval de Troie pour l’infiltration sioniste à tous les niveaux du paysage français. Toujours avec la logique du double language ou sous couvert d’une soi disant menace antisémite, alors que ce sont eux mêmes qui font monter la sauce (faut dire que ça permet de ramasser un gros paquet de fric). Ces gens sont passés maîtres dans l’art du mensonge, de la division et du chaos.Tout ceci montre bien l’asservissement de nos nations et la trahison de ces zélites en carton.Toute cette politique de bonimenteur, nous a amenée au pied du mur(des lamentations),à croire qu’il faut être un adepte es spécialiste de la pleurniche,de la victimisation et de l’inversion accusatoire pour monter les échelons de cette république judéo maçonnique anti française. N’y a t-il pas plus urgent vu l’état lamentable du pays et de sa population totalement spoliée par ces lobbies ? Ils sont là pour détourner les vrais problémes et les attentes légitimes des français. Nous sommes le Peuple et moi non plus je ne laisserai pas mon pays sans combattre.J’ai pas envie que la France devienne un no man’s land comme la palestine occupée.D’un côté c’est très bien de les voir s’agiter comme des tartuffes, ça précise les choses. C’est pas les écrits qui manquent concernant le sujet, comme disait un écrivain du début XX ème, ils sont partout.Mais je rajouterai ils sont médiocres.

     

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    • #1502348
      Le Juillet 2016 à 18:14 par Obs
      Qu’est-ce que la DILCRA de Gilles Clavreul ?

      Tout à fait d’accord, la laïcité est une arnaque, fallait assumer jusqu’au bout et se débarasser de toutes les religions. Rien n’empêche de l’élever les enfants dans des principes hérités du Christ et ses équivalents (philosophes et non prophètes) et tout à fait logique, sans tous les trucs. mythes et cérémonies inventées de toute pièces par les manipulateurs qui les suivaient.

       
  • #1501716
    Le 3 juillet 2016 à 19:03 par Eric Pasquier
    Qu’est-ce que la DILCRA de Gilles Clavreul ?

    "Malheureusement, ils franchissent rarement la ligne jaune"Clavreul.
    Quel dommage pour le maintien de l’ordre public qu’il n’y ait pas davantage de crimes et délits ! Comme disait une militante féministe allemande : "Quel dommage que les femmes allemandes ne se fassent pas violer par des fachos, ce serait l’idéal".
    Les Clavreul, ça ose tout,...

     

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  • #1501718
    Le 3 juillet 2016 à 19:04 par Kriss
    Qu’est-ce que la DILCRA de Gilles Clavreul ?

    Je tiens aussi à faire remarquer le prosélytisme et les tentatives d’amalgame sur l’antisémitisme et l’antisionisme.Deux choses totalement différentes, on pourrait même dire que les sionistes sont des gros racialistes, donc antisémites avec un projet de domination mondiale.J’en ai plus que marre que l’on se fasse insulter et trainer dans la boue par cette caste, car le peuple français n’est pas raciste Voila bonne soirée, j’avais peur qu’avec le décès d’elie diesel vous ne soyez en berne, dans le chagrin et le désespoir, une grande perte pour la vérité (la leur) et l’humanité (encore la leur).

     

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  • #1502585
    Le 4 juillet 2016 à 23:47 par Rusty James
    Qu’est-ce que la DILCRA de Gilles Clavreul ?

    Salut les complotistes latents
    Vous avez remarque sur l’affiche ’Dico de la haine’, en bas, ’dessin de Chloe, inspire de Charb’
    Allez, vas-y vomis...
    C’est la Dream Team du lobby, et tout ca avec notre argent, alors que l’enseignement a tellement besoin de plus de moyens (pour enseigner des choses saines)
    En meme temps, on peut aussi se dire, c’est que si le Parti mets autant de moyens, c’est que quelque part, ils doivent sentir qu’il perdent de plus en plus de batailles
    La desobeissance civile devient une necessite et un devoir pour les gueux que nous sommes

     

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  • #1502981
    Le 5 juillet 2016 à 17:37 par Criollo
    Qu’est-ce que la DILCRA de Gilles Clavreul ?

    J’aimais bien cette époque où j’étais jeune, cette époque où je me disais "si je me conduis mal, je peux me faire exploser la tronche", ce principe de réciprocité.
    Puis on devient "adulte". Et on voit que tous les comportements peuvent passer sous le manteau. Il y a les lois, qui protègent les pourris. Les responsabilités familiales, qui nous empêchent d’agir comme notre coeur voudrait parfois pouvoir le faire. Un Gilles Clavreul, n’est rien sans son réseau. Un pur pleutre, inexistant, qui longe les murs. Dans la cour de récré, le fayot que tout le monde méprise et qui se fait casser la figure à chaque sortie. Quelle tristesse que de voir de tels personnages, avec autant de pouvoir.

     

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  • #1503921
    Le 6 juillet 2016 à 20:45 par guenz
    Qu’est-ce que la DILCRA de Gilles Clavreul ?

    dildo+licra=dilcra

     

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  • #1509083
    Le 13 juillet 2016 à 07:15 par MagnaVeritas
    Qu’est-ce que la DILCRA de Gilles Clavreul ?

    Lol. Une cervelle conditionnée à mort. Le type a l’air tellement mort intérieurement qu’ils ont dû lui appliquer du mk puissance dix.
    En tout cas il est aussi catholique que ma chaussette comme dirait l’autre.

    A part ça l’article est impressionnant, la nouvelle équipe fait du gros boulot.

     

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  • #1514586
    Le 19 juillet 2016 à 11:00 par TeddyTed
    Qu’est-ce que la DILCRA de Gilles Clavreul ?

    Un florilège qui file la nausée...

     

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  • #1514993
    Le 19 juillet 2016 à 17:32 par Astruk
    Qu’est-ce que la DILCRA de Gilles Clavreul ?

    "Gilles Clavreul ne connaîtra ce père que tardivement, ayant été élevé par sa mère Irène Diamantis" Et voila, tout s’explique, non Clavreul malgré son nom n’est pas gaulois et c’est une des raisons principales qui lui a valu d’être désigné pour être à la tête de la DILCRA. Merci à F&D.

     

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