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11 septembre, psychologie des foules et propagande

« Bien sûr, le peuple ne veut pas la guerre. C’est naturel et on le comprend. Mais après tout ce sont les dirigeants du pays qui décident des politiques. Qu’il s’agisse d’une démocratie, d’une dictature fasciste, d’un parlement ou d’une dictature communiste, il sera toujours facile d’amener le peuple à suivre. Qu’il ait ou non droit de parole, le peuple peut toujours être amené à penser comme ses dirigeants. C’est facile. Il suffit de lui dire qu’il est attaqué, de dénoncer le manque de patriotisme des pacifistes et d’assurer qu’ils mettent le pays en danger. Les techniques restent les mêmes, quel que soit le pays [1]. »

Hermann Göring lors de son procès à Nuremberg

« La manipulation consciente, intelligente des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays [2]. »

Edward Bernays, père de la propagande

La couverture médiatique de la conférence sur le 11 septembre qui se tenait le 3 mai dernier à Montréal a donné lieu au cirque habituel de propagande, de censure et de dénigrement, malgré une certaine ouverture et un poids médiatique plus important. Les deux conférenciers vedettes, l’architecte Richard Gage, fondateur de Architects and Engineers for 9/11 Truth, et David Ray Griffin, membre de Scholars for 9/11 Truth, professeur émérite de théologie et de philosophie de la religion à la Claremont School of Theology et à la Claremont Graduate University, auteur de neuf livres sur les événements du 11 septembre, demandent une nouvelle enquête sur les attentats, car la version officielle des événements, preuves à l’appui, ne tient pas la route. Une question était sur les lèvres de bien des journalistes : comment se fait-il qu’autant de gens ne croient pas la version officielle ?

Posons la question inverse, puisque ceux que l’on appelle “truthers” ou, afin de les discréditer sans trop de finesse, les “adeptes du complot” ou les “théoriciens de conspirations”, se demandent pour leur part pourquoi autant de gens croient encore la version officielle, qui elle aussi, à l’instar des trois tours du World Trade Center (WTC), s’est écroulée sous la montagne de preuves factuelles, techniques et scientifiques révélées au cours des 9 dernières années.

La réponse est somme toute assez simple. Une connaissance sommaire de la psychologie des foules et des mécanismes fondamentaux de la propagande permet facilement de comprendre ce phénomène qui se manifeste pour les raisons suivantes : la puissance des images et des mots, la persuasion et la pression sociale.

La force des images et des mots

Tout le monde se rappelle du 11 septembre, l’attentat le plus important commis en sol étasunien. Le choc a été d’une ampleur planétaire. Nous avons tous vu les avions percuter les tours et l’effondrement des tours jumelles à répétition. Cette scène a créé un effet de « choc et stupeur », nom donné aux premiers bombardements en Irak en 2003. Sous l’effet du choc, le raisonnement s’est éclipsé des cerveaux humains créant ainsi un terreau fertile pour la suggestion.

La colère s’est emparée des Étatsuniens qui ne voulaient qu’une chose : se venger. Le coupable, a-t-on appris quelques heures plus tard, sans qu’aucune enquête n’ait été mise sur pied, était Oussama ben Laden, un fanatique musulman, un terroriste. Soudainement, le terrorisme islamique a déclenché une guerre sans frontière, puisque le terrorisme, ennemi idéal de l’impérialisme, n’a pas de nationalité.

Depuis ce jour-là, en Occident, les termes « terrorisme » et « musulman » vont de pair. Bien des gens entendent « terroriste » et voient un musulman. Depuis ce jour là, nous acceptons que nos droits et libertés soient restreints pour éviter « un autre 11 septembre ». Depuis ce jour-là, « tout a changé ». Tout a changé ? Pas la psychologie des foules ni les mécanismes de propagande.

Dans sa plus simple expression, la propagande consiste à affirmer une chose, la répéter et la propager [3]. Reconnu pour ses prouesses en la matière, Joseph Goebbels, ministre nazi de l’information et de la propagande disait ceci :

« À force de répétition et à l’aide d’une bonne connaissance du psychisme des personnes concernées, il devrait être tout à fait possible de prouver qu’un carré est en fait un cercle. Car après tout, que sont « cercle » et « carré » ? De simples mots. Et les mots peuvent être façonnés jusqu’à rendre méconnaissables les idées qu’ils véhiculent [4]. »

Les « adeptes du complot »

De plus en plus de gens ne croient plus la version officielle du 11 septembre. Pourquoi donc ? se demande la presse dominante et l’élite intellectuelle, perplexes. Leur réponse est simple : ce sont des « adeptes du complot » et des « théories de conspiration ». Des gens qui se basent sur des blogues obscurs, qui n’ont aucune preuve solide de ce qu’ils affirment et n’ont pas de bonnes sources d’information. Pourtant, ils se basent sur les informations des médias dominants pour relever les incohérences et des autorités et des médias. On va même jusqu’à les qualifier de paranoïaques, de schizoïdes, bref d’individus à la santé mentale douteuse. Ces termes sont employés presque inévitablement dans les médias traditionnels pour qualifier les sceptiques.

La couverture médiatique de la conférence de MM. Griffin et Gage est un récent exemple de cette propagande. La conférence se tenait à l’Université du Québec à Montréal, ce qui a créé un malaise au sein du corps professoral, comme on peut voir dans cet article de La Presse :

Julien Tourreille, chercheur à l’Observatoire des États-Unis à la chaire Raoul-Dandurand, les accuse d’être « intellectuellement malhonnêtes » et les qualifie même de « menteurs, imposteurs et escrocs ». « Je trouve dommage de voir accolé le nom de l’UQAM à un tel mouvement, ça ne sert pas la crédibilité d’une institution de recherche qui essaie, sur la place publique, de démontrer qu’elle emploie des gens sérieux. » (C’est l’auteure qui souligne)

Pour un chercheur qui exige le sérieux de son institution, s’adonner à d’aussi puissantes attaques ad hominem s’avère assez paradoxal. Ce genre de comportement entache davantage la crédibilité d’une institution qu’une conférence où deux académiciens démontrent leurs arguments avec rigueur sans s’abaisser à ce type de comportement puéril.

À l’émission Christianne Charrette à la radio de Radio-Canada, le réseau public canadien, on a invité l’organisateur de l’événement, Jean-François Ranger, à discuter de la question avec des « experts » : le journaliste Alain Gravel et un spécialiste de la politique américaine Donald Cuccioletta. Cela a donné lieu à un bel exemple d’appel à l’autorité lorsque l’animatrice a demandé : « Et vous M. Ranger, vous n’êtes pas un expert ? Vous n’êtes pas journaliste, vous n’êtes pas… qu’est-ce que vous êtes ? Je suis un simple citoyen qui se pose des questions », a répondu M. Ranger. Avec ce genre d’introduction, les dés sont pipés. Sans verser dans la rhétorique de bas étage, on discrédite avant même le début de la discussion les arguments de la personne visée. Son témoignage ne fera pas le poids face à celui des « experts ».

Évidemment, on nous a ensuite sorti l’argument ultime pour dénigrer ceux qui osent douter des versions officielles en général : les extra-terrestres. On a comparé la controverse qu’à suscité cet événement à une éventuelle conférence de Raël, fondateur du mouvement raélien, dont la doctrine repose sur l’origine extra-terrestre des humains. Comparez deux académiciens réputés au gourou d’une secte controversée est de deux choses l’une : ou l’on tente délibérément de discréditer une personne ou l’on masque son ignorance, une absence totale d’argument valide, ainsi qu’un haut degré de perméabilité à la propagande. À l’émission Denis Lévesque au réseau de télévision privé TVA, M. Ranger a fait face à la même analogie absurde et totalement dénuée de fondement : en d’autres mots vous doutez de la version officielle donc vous êtes le genre de personne qui croit aux extra-terrestres.

Au lendemain de la conférence, à l’émission Desautels à Radio-Canada, le journaliste ayant couvert la conférence a fait un bel exercice de déboulonnage. D’abord il explique le succès de la conférence à cette « tradition de contestation des versions officielles, comme l’assassinat de Kennedy, sommes-nous allés sur la lune, etc ». Mais il ajoute, sans y voir de contradiction, que selon les sondages, la majorité des Étasuniens et un tiers des Canadiens sont sceptiques. Il fabrique ensuite un « homme de paille » : il prend quelques arguments des conférenciers, qui, hors contexte et déformés, sont faciles à démolir. Il en conclut que « ça fait bien des comploteurs » et dresse une longue liste de ces derniers, pour nommer ironiquement en terminant, les médias, « qui depuis cette époque colportent des mensonges et camouflent la vérité ». De plus, ajoute l’animateur pour appuyer le déboulonnage de son collègue, « personne parmi ces comploteurs ne s’est ouvert depuis et a raconté la vérité ». « C’est peut-être les extra-terrestres tout ça », termine le journaliste. Encore les extra-terrestres.

Il est évident que ce reportage aux conclusions bancales, truffé de désinformation sert à discréditer une opinion. Aucun des conférenciers, ni l’hôte de la soirée n’a dit que les médias participaient à un vaste complot, mais plutôt qu’ils ne font pas leur travail, c’est à dire remettre en question les affirmations des autorités. De plus, rares sont les comploteurs qui se livrent eux-mêmes à la justice, donc cela ne peut en aucun cas servir de preuve qu’il n’y a pas eu de complot. Mais ce qu’il y a de plus dérangeant, c’est que ces journalistes se livrent au salissage délibéré d’une majorité d’Étasuniens et du tiers des citoyens canadiens. Pour un réseau public d’information qui se veut la référence en journalisme, ce genre de comportement est inacceptable.

Mais tous ces journalistes et ces experts sont-ils des instruments de propagande agissant en toute connaissance de cause ? Pas du tout. Il ne faut pas sous-estimer le despotisme insidieux de la pression sociale.

L’expérience d’Asch et le conformisme

L’expérience d’Asch démontre à quel point les décisions d’un individu sont soumises à l’influence du groupe dans lequel il se trouve, comme on peut le voir dans la vidéo suivante :

Cette expérience peut expliquer trois phénomènes entourant le 11 septembre : la crédulité face à l’explication officielle de l’effondrement des tours, la façon dont on dénigre les sceptiques de la version officielle et la popularité grandissante de ce scepticisme.

L’expérience le démontre magistralement : les gens sont fortement enclins à nier ce qu’ils voient de leurs propres yeux pour se conformer à l’opinion dominante. C’est ce qui semble se produire avec l’effondrement des trois tours, c’est-à-dire des deux tours jumelles et de la tour 7, talon d’Achille de la version officielle, dont on n’a fait aucune mention dans les rapports officiels originaux et longtemps ignorée par les médias : chaque effondrement possède toutes les caractéristiques d’une démolition contrôlée et aucune des caractéristiques d’un édifice détruit par le feu, explication officielle de l’organe gouvernemental, le National Institute of Standards and Technology (NIST).

En plus d’être les trois seuls édifices à avoir été complètement pulvérisé par le feu dans l’histoire de l’humanité, si l’on croit les explications incohérentes du NIST, qui par ailleurs a dû modifier ses conclusions, ils sont les trois seuls à s’être écroulés exactement de la même manière. Or, comme le souligne Richard Gage, les effondrements des édifices en raison du feu sont uniques puisqu’ils ne sont pas planifiés. Toutefois, la similitude entre une démolition contrôlée et les trois effondrements du WTC sont indéniables.

Par ailleurs, la détraction dont sont victimes les sceptiques n’a pas de quoi attirer les foules. L’expérience d’Asch illustre bien comment bien des gens préfèrent ne pas émettre d’opinion contraire à l’opinion dominante. Mais cette attitude change dès lors que l’individu en question se sent appuyé par une autre personne. Cela pourrait-il expliquer la popularité grandissante du mouvement pour la vérité sur le 11 septembre ? Fort probablement.

À l’origine, la remise en question de l’attaque terroriste était un phénomène marginal auquel convenait admirablement la calomnie systématique. George W. Bush nous avait d’ailleurs mis en garde de « ne tolérer aucune théorie de conspiration relativement au 11 septembre ». À part bien sûr, la conspiration islamiste. Son successeur, M. Obama a fait de même. La presse dominante a obéit au doigt et à l’œil.

Malgré le tissu de mensonge révélé par des chercheurs et journalistes indépendants, les médias traditionnels n’ont d’autre choix que de soutenir la thèse officielle, puisqu’ils la défendent avec acharnement depuis le début. On connaît l’inaptitude des médias à pratiquer l’autocritique et on l’a vu avec la « première pandémie du siècle » : le mea culpa est un concept qui leur est totalement étranger et ils n’admettent pratiquement jamais leur manque de rigueur et d’esprit critique face aux autorités. Ils ont reconnus les liens entre l’Organisation mondiale de la Santé et l’industrie pharmaceutique uniquement lorsque ceux-ci ont été dénoncés par une autre autorité, le Conseil de l’Europe. Mais c’était trop peu trop tard. Ils ont perdu énormément de crédibilité aux yeux du public, contrairement à la presse indépendante, qui elle, ne s’est pas soumise aveuglément à l’autorité. Les médias ont-ils oublié leur rôle de contrepoids des autorités ?

Aujourd’hui, les gens ont de moins en moins peur d’exprimer leurs doutes face à la thèse officielle des attentats du 11 septembre, en grande partie parce qu’ils se sentent moins seuls, mais aussi parce que les médias et les autorités ont tellement abusé de l’argument ad hominem qu’il n’a plus aucune efficacité. Si cette tactique a servi à évité de débattre de questions légitimes sur l’événement catalyseur des grandes guerres de cette décennie, quiconque l’utilise aujourd’hui se tourne lui-même en ridicule. Et celui qui use du ridicule, manipule un couteau à deux tranchants qui finit toujours par se retourner contre lui-même.

Donc pourquoi de plus en plus de gens ne croient pas la version officielle ? Parce que « traditionnellement ce genre d’événement donne lieu à toutes sortes de théories de conspiration », comme le répète jusqu’à plus soif les médias et les autorités ? Non. Tout simplement parce que les faits, la logique et les lois de la physique le commandent. Pourquoi autant de personnes croient toujours la version officielle ? Il faudrait que les médias posent la question. Pour l’instant, l’expérience d’Asch apporte, certes, une partie de la réponse.

Julie Lévesque, pour Mondialisation.ca

Julie Lévesque est journaliste et chercheuse au Centre de recherche sur la mondialisation.

Envoyé par Infoguerilla

Notes :

1. Hermann Göring, cité dans Normand Baillargeon, Petit cours d’autodéfense intellectuelle, Montréal, Lux Éditeur, 2005, p. 270. 2. Edward Bernays, Propaganda, Montréal, Lux Éditeur, 2008, p. 1. 3. Gustave Le Bon, Psychologie des foules, Paris, Presses universitaires de France, Paris, 1963. p.72. Le livre est disponible sur Internet. 4. Joseph Goebells, cité dans Normand Baillargeon, Petit cours d’autodéfense intellectuelle, Montréal, Lux Éditeur, 2005, p. 19.