Egalité et Réconciliation
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Choses vues en Iran (par Christian Bouchet)

« Dans les circonstances actuelles, il est recommandé de surseoir à tout voyage non essentiel en Iran. Cette recommandation s’applique aussi bien aux voyages d’affaires qu’aux voyages touristiques. Les services de sécurité sont en effet très suspicieux à l’égard des contacts avec la population, notamment avec les milieux universitaires et étudiants, qu’ils observent avec attention, et à l’égard des prises de photographies. »

Ministère français des Affaires étrangères et européennes. Conseils aux voyageurs, juillet 2009.

Quand j’ai annoncé à mes proches, il y a quelques temps, que j’avais l’intention de me rendre, début août, pour une grosse dizaine de jours en Iran, les réactions ont été de deux types.

Mes amis politisés n’ont pas caché qu’ils m’enviaient et qu’ils auraient aimé être à ma place. Les autres, par contre, n’ont eu de cesse de me mettre en garde contre le danger inutile que je prenais, vu les circonstances, en me jetant volontairement dans ce qu’ils considéraient comme la gueule du grand méchant loup…

Pour ma part, j’étais perplexe. J’avais, naturellement, un a priori favorable, je savais ce que la Propaganda Staffel occidentale peut générer comme désinformation, mais je ne m’attendais pas à ce que la réalité soit à ce point différente de l’image que les médias du Grand Occident nous délivrent. Il est vrai qu’ils peuvent mentir sans risques, bien rares étant les occidentaux qui se rendent en Iran et qui donc pourraient les contredire. Ainsi, durant mon séjour, si j’ai rencontré un certain nombre de touristes, ceux-ci venaient d’Irak ou des pays du Golfe, et moins d’une quinzaine d’entre eux étaient originaires de pays européens.

Je ne ferai pas ici le détail de mon voyage (1) – réalisé en voiture de location et sans aucun contrôle des autorités du pays - me limitant à relever ce qui m’a le plus étonné.

Étant donné les troubles liés à l’élection présidentielle contestée, je m’attendais à une présence policière forte. Or, je n’ai nulle part vu plus de police que ce qui est normal et coutumier dans tout pays civilisé. En ce qui concerne la fameuse milice des basijis, je n’en ai vu nulle trace. Pire, en me rendant à son Quartier général de Téhéran, j’ai pu constater qu’il était fermé (week end musulman oblige) et … non gardé.

Si j’ai bien eu l’occasion d’assister à deux manifestations, ce qui m’a surtout surpris a été le faible nombre des participants (2) : 100 à 150 à Téhéran dont l’agglomération compte 14 millions d’habitants, quelques dizaines à Ispahan (1.6 millions d’habitants)… Si des policiers anti-émeutes étaient bien sur les lieux, ils n’étaient guère nombreux et leur présence n’avait rien à voir avec ce à quoi m’a habituée ma participation aux cortèges protestataires en France.

Quant au Tchador, dont tout le monde nous rebat les oreilles, Delphine Minoui évoquait dans une de ses récentes chroniques du Figaro le fait que Mahmoud Ahmadinejad pourrait, pour se rabibocher avec la population, lâcher du lest en supprimant l’action de la police chargée de veiller au respect de son port correct ainsi qu’à ce que les jeunes iraniens des deux sexes n’aient pas de rapports trop étroits. Correspondante de presse à Téhéran, Delphine Minoui ne doit pas rester, je présume, cloîtrée dans son appartement… Alors pourquoi écrire cela ? Tout le monde sait en Iran que depuis plusieurs années cette police n’est plus active. D’ailleurs cela se voit dans les rues et la tenue, adoptée par un nombre non négligeable de femmes, si elle est fort élégante est aussi bien peu conforme au dress-code islamique. Quand à la drague, il suffit de se rendre sur les contreforts des monts Alborz, à Darband par exemple, pour se rendre compte que tout, le long de ruisseaux romantiques à souhait, y est organisé pour…

Pour résumer mon séjour, j’écrirai que j’ai visité un pays moderne, aux infrastructures développées et au parc automobile conséquent (3), où rien ne m’a laissé supposer que la démocratie soit moins bien respectée qu’en France et que peuple soit plus opprimé.

Notes

1 – Je réserve ce récit au bimestriel Flash (numéro de la première quinzaine de septembre – disponible à la librairie Primatice ou à www.flashmagazine.fr). 2 – Ce qui explique les plans serrés des reportages TV que nous pouvons voir. 3 – Les autoroutes sont d’excellente qualité, pour partie payante et les excès de vitesse y sont contrôlés, comme chez nous, pas des radars…