Egalité et Réconciliation
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Comment l’opposition libanaise antisioniste est diabolisée

Pendant que l’on diabolise sur un registre orwellien l’Opposition Aounistes-Hezbollah, on oublie le problème de fond, c’est à dire l’ingérence américaine (récente visite du vice-président Joe Biden venu soutenir la Majorité et qui suspend l’aide économique américaine aux résultats du 7 juin), saoudienne (plusieurs millions de dollars injectés dans la campagne du 14 Mars), jihadiste (mouvements islamistes d’obédience wahhabites soutenant le Courant du Futur de Saad Hariri et s’opposant aux chiites et aux chrétiens ; groupe terroriste Fatah Al-Islam), israélienne (immense réseau d’espions israéliens en cours de démentèlement par les forces de sécurité et l’armée libanaise ; maintien des liens noués entre Israël et les milices chrétiennes pro-occidentales depuis les années 1950 ; menaces proférées par Tel Aviv d’attaques militaires au moins équivalentes à celle de l’été 2006 ;) et euratlantiste (offensive tout azimut des « nouveaux philosophes », des médias-menteurs que sont Der Spiegel, Le Figaro, Le Monde, Libé, Charlie Hebdo et de l’oligarchie politicienne de type Sarko-Barroso-Berlusconi.

Les Libanais vont décider de leur avenir ce dimanche 7 juin : arrimer le Pays des Cèdres à l’Axe « libéral » atlanto-saoudo-sioniste, renforcé par l’autocratie égyptienne du pharaon Hosni Ier et par les islamo-mondialistes que sont les jihadistes et les wahhabites ; ou ancré son destin dans la Résistance au Nouvel Ordre Mondial aux côtés de la Russie, du Vénézuéla, de la Bolivie, de la Syrie, de l’Iran … et de la Liste antisioniste Dieudonné-Soral-Gouasmi ? Quel que puisse être le résultat du scrutin libanais, il est une donnée qu’il faut avoir à l’esprit dès à présent : le Liban est bien devenu le centre du nouveau Grand Jeu…

Pourquoi tant de haine finalement ? Peut-être parce que ce qui soude l’Opposition libanaise est l’Egalité & la Réconciliation : Egalité entre tous les citoyens libanais par la suppression de la constitution communautariste instaurée en 1943 et renforcée en 1989 sous l’égide des Etats-Unis, de la Syrie et de l’Arabie saoudite – avec le soutien tacite d’Israël... ! ; Réconciliation entre les nombreuses communautés libanaises déchirées depuis près de quarante ans, à commencer par les Chrétiens entre eux – divisés d’un côté entre les partisans d’un Liban maronite et sioniste, c’est à dire ethniquement et religieusement « nettoyé » et reniant son arabisme pour regarder vers l’Occident matérialiste et de l’autre les Arabes chétiens fiers de leur identité arabe et considérant leur particularisme chrétien comme un pont entre Orient et Occident au-delà de tout « choc des civilisations », mais réconciliation aussi entre les musulmans sunnites et chiites.

Finalement ce que veut l’Opposition libanaise c’est bâtir enfin une Nation libanaise unie et solidaire… Pour y parvenir, le Courant patriotique libre du Général Aoun, le Hezbollah et leurs alliés sont intransigeants dans le refus catégorique de toute installation définitive ou naturalisation des réfugiés palestiniens accueillis sur le sol libanais. Pour eux, les Palestiniens ont un pays, la Palestine ! Il faut donc appuyer les justes revendications palestiniennes quant au droit au Retour des réfugiés.

Ces deux objectifs : bâtir une Nation libanaise et droit au Retour des réfugiés palestiniens, s’opposent au projet sioniste et aux calculs stratégiques atlantistes basés sur l’ « instabilité constructive ».

Ci-dessous, deux exemples de média-mensonges publiés ce jour dans le quotidien libanais francophone L’Orient Le Jour. Bien que lié à la Majorité Hariri, ce journal reste d’une grande objectivité en se faisant l’échos des divers courants politiques du Pays des Cèdres – on en dirait pas tant du Figaro ou de Libé. Certaines de ses plumes sont par ailleurs réputées pour la finesse de leurs analyses. Ainsi, vous trouverez à la suite des deux média-mensonges un texte de Scarlett Haddad très éclairant sur les enjeux géostratégiques du scrutin de ce dimanche.

Geagea : Si le 8 Mars gagne, je crains pour les libertés

Samir Gaega, chef des Forces Libanaises, criminel de guerre et actuel membre de la majorité pro-occidentale dite « Mouvement du 14 Mars ».

L’Orient Le Jour, 3 juin 2009.

C’est un message fort que Samir Geagea a envoyé à J - 5 aux indécis, estimant qu’une victoire du camp du 8 Mars « transformerait le Liban en un grand Gaza... J’ai très peur, dans ce cas de figure, pour les libertés privées et publiques, et pour la liberté de la presse en particulier », a martelé le chef des Forces libanaises, assurant que seule une force politique puissante pour le 14 Mars, au lendemain du 7 juin, pourra équilibrer la force des armes du Hezb.

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Autopsie d’une haine

Michel Hajji Georgiou, journaliste.

L’Orient Le Jour, 3 juin 2009.

La force principale du leader charismatique, lorsqu’il est littéralement transfiguré en demi-dieu, autoproclamé démiurge, est probablement sa capacité à exister d’une certaine manière en dehors du temps, à manipuler ce dernier à sa guise. Mais il n’y a là rien de bien étrange ; ce phénomène est caractéristique du culte de la personnalité, de l’exaltation du leader par les masses enflammées, totalement acquises, conquises, soumises. Le chef suprême a en effet un pouvoir absolu sur la vie et la mort (de ses sujets), et, partant, sur la temporalité. Cela lui confère également la possibilité de réécrire à souhait l’histoire autant de fois qu’il le souhaite, que cela est nécessaire - c’est-à-dire au gré de ses revirements et de ses changements de position. L’impact immédiat sur la masse est minime : le chef ayant modifié le sens de son histoire, ayant donné une nouvelle interprétation de son parcours et de ses paroles, et ayant réécrit les faits, tous les fidèles s’adaptent alors tambour battant, communient avec l’Un, l’Unique.

Le formatage est total, et il peut être reproduit autant de fois que le chef le juge nécessaire : l’écrasement de la personnalité, de l’identité, du Soi, est total. Le concept de l’identité s’évanouit, et l’autonomie disparaît avec : tout n’est que fusion dans la perfection absolue du chef, du Duce, du Führer.

Tous les fascismes, tous les totalitarismes ont fonctionné ainsi, dans la double obsession de contrôler toujours plus le temps - c’est-à-dire de se réapproprier inlassablement l’histoire (il faut relire, dans ce cadre, 1984 d’Orwell, et la fonction du ministère de la Vérité qui réécrit symboliquement les coupures de presse au gré des changements de principes) - et de contrôler toujours plus d’espaces, en soumettant autant que possible de volontés à leur autorité. Cependant, le formatage identitaire qui permet cette réécriture de l’histoire et cette transformation du citoyen en être servile et décérébré reste incomplet sans une modification du système de valeurs, du code de conduite adopté initialement par la personne. Que l’on se souvienne ainsi des séances communes d’expression de la haine dans 1984 d’Orwell, organisées par le pouvoir fasciste contre l’ennemi désigné du jour : cette haine orgiaque permet en effet de souder l’esprit de corps ; elle permet aussi de mieux enraciner l’auto-conviction de tout un chacun (mais aussi du groupe dans son ensemble) que le nouvel ennemi est effectivement l’ennemi ancestral que l’on vient enfin de démasquer grâce à la sagacité et l’infaillibilité du chef (et que l’ennemi de la veille est devenu le vieil allié de toujours) ; et elle permet, par le fait même, par l’identification de cet ennemi, de s’identifier soi-même, ou plutôt de découvrir son nouveau soi, celui que le chef nous a enfin aidé, bien magnanimement, à révéler à nous-mêmes.

La culture de la haine est donc un élément fondateur du groupe. Freud l’avait déjà identifié comme tel dans Totem et Tabou. Le problème, c’est que pour installer la culture de la haine, en faire un élément de la culture d’une société, il est nécessaire d’effectuer cette refonte totale du système de valeurs, et donc de saper l’ordre ancien, les normes établies. C’est pourquoi le fascisme comporte, dans son essence profonde - et malgré son obsession légendaire de l’ordre et de la discipline - un côté anarchique qui peut séduire beaucoup d’esprits rebelles.

Comment donc détruire cet ordre ancien ? En établissant temporairement cette période d’anarchie, phase de déraison, de folie profonde, qui n’a d’égale que la folie et la mégalomanie galopante du chef suprême lui-même.

J’en viens à la raison d’être de cet article. La déraison. La disparition de la logique. La mort de l’argumentation. L’annihilation de la pensée, de l’intellect, de toute forme de rationalité. C’est la phase d’affirmation de soi du fascisme en société : le chef et, par transitivité, ses disciples s’érigent en référence ultime de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, du Bien et du Mal, de ce qui est « juste » et de ce qui est « faux ».

Le slogan et l’accusation deviennent les arguments qui prédéterminent non pas l’établissement du dialogue, mais son enterrement illico presto. La réponse au premier argument est donc une accusation : « Corrompu ». Rapidement suivie d’autres, et le calibrage va crescendo : « Pourri », « voleur », « vendu », « bourreau », « assassin » et, enfin, « traître ».

Inutile de dire que ces « arguments » sont déclinés sous leurs diverses formes, en fonction du niveau intellectuel de l’accusateur. L’objectif est évidemment de détruire l’interlocuteur, de l’écraser sous le poids moral des adjectifs que le fascisme veut bien lui coller. Quand bien même cela se fait au nom d’une seule moralité, celle du chef et de son puits abyssal de vices et de dépravations.

Il va sans dire que, depuis le début de cet article, il est question du aounisme. Un fascisme qui n’a pas les moyens de son fascisme, en l’occurrence la discipline de fer, et qui cherche, partant, à s’en doter à travers son alliance libidinale avec le Hezbollah, celui qui possède la force, la discipline et les armes.

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Le scénario d’une attaque israélienne contre l’Iran, une possibilité sérieuse pour le Hezbollah

Scarlet Haddad, journaliste.

L’Orient Le Jour, 3 juin 2009.

Le suspense électoral qui est entré dans sa dernière ligne droite ne fait pas passer au second plan les inquiétudes sur la situation régionale. Attaqué de toutes parts, notamment en Égypte, en Azerbaïdjan et en Argentine, le Hezbollah commence à avoir de sérieuses appréhensions quant à l’avenir de la résistance. La division interne ainsi que l’existence d’un grand nombre de cellules d’espionnage au profit d’Israël dont certains membres, comme les Fakih et les Awada de Nabatiyé, avaient établi des liens avec des membres du parti, le poussent à se poser des questions. Selon lui, le fait que certains Libanais le considèrent avec la Syrie comme des ennemis plus nocifs qu’Israël favorise la prolifération des espions et accentue le conflit stratégique qui scinde le monde arabe en deux camps, celui dit des Arabes modérés qui prônent un compromis avec Israël et celui qui estime que la résistance armée reste le meilleur moyen de recouvrer les droits arabes.

Des sources proches du Hezbollah estiment ainsi que le pari fait par certains sur un éventuel conflit entre le nouveau président américain Barak Obama et le nouveau gouvernement israélien n’est pas forcément justifié. Même si, selon ces sources, Obama était pétri de bonnes intentions, il commence à subir des pressions qui le poussent à céder sur des points essentiels. Il s’est déjà rétracté au sujet de la prison de Guantanamo et l’agenda du retrait des troupes américaines d’Irak, et il pourrait bien le faire concernant l’option des deux États dans le conflit palestino-israélien.

Les sources proches du Hezbollah rappellent qu’actuellement, Israël place en tête de ses priorités la menace iranienne, alors qu’Obama souhaite régler en premier le dossier israélo-palestinien. Mais les mêmes sources pensent que le gouvernement israélien joue la carte du gain de temps, avant de réussir à convaincre Obama que la seule solution possible est une attaque militaire contre des sites nucléaires iraniens.

Selon les informations en possession du Hezbollah, l’émissaire d’Obama dans la région, George Mitchell, s’est donné un an et demi pour soit trouver une solution au conflit israélo-palestinien, soit partir à la retraite. D’ici là, Israël se prépare sérieusement à l’éventualité d’une attaque militaire en temps voulu, certain que le dialogue entre l’administration américaine et l’Iran ne peut qu’échouer.

Les manœuvres entamées le 31 mai et qui se poursuivent jusqu’à jeudi s’inscrivent dans le cadre des préparatifs militaires de l’État hébreu. Le quotidien français Le Monde a d’ailleurs publié la semaine dernière le scénario d’une attaque militaire israélienne contre les sites nucléaires iraniens, reprenant Haaretz. Ce scénario prévoit l’utilisation de 90 avions, dont deux récemment livrés par les Américains, capables de brouiller le système de radars le plus sophistiqué. Les Israéliens pourraient aussi utiliser ce qu’on appelle les « Bunkers Boosters », ces fameux « missiles intelligents ». Et pour atteindre leurs cibles iraniennes, les avions israéliens devront probablement survoler le territoire irakien, où sont encore postés les soldats américains. C’est dire que la situation est assez complexe, mais le Hezbollah estime que cette probabilité est à envisager sérieusement, d’autant que les Israéliens poussent le président américain à modifier l’échelle de ses priorités.

Déjà, 76 sénateurs et 360 membres de la Chambre des représentants ont signé une pétition pour demander au président américain de ne pas exercer des pressions sur l’État hébreu. C’est pourquoi le président américain devrait rester dans les généralités dans ses discours prévus en Arabie saoudite (qu’il a rajouté in extremis à sa visite dans la région) et en Égypte, axant ses interventions sur l’initiative arabe de paix et sur le fait que tout dialogue avec l’Iran ne se fera pas aux dépens des pays arabes.

Dans ce contexte, les sources proches du Hezbollah estiment qu’une attaque israélienne contre l’Iran et contre le Liban est envisageable, que l’opposition remporte ou non les élections. Si l’opposition l’emporte, Israël dira qu’il ne faut pas laisser le Hezbollah contrôler le Liban, et si c’est la majorité qui l’emporte, il dira qu’il faut aider le camp « modéré »...

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Tristan - E&R