Egalité et Réconciliation
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De l’alternationalisme

Le concept de nationalisme a ceci de particulier qu’il est à la fois l’un des termes politiques les plus connotés, galvaudés et donc vidé de sens par les incultes en même temps qu’il est sujet à bien des classifications d’analystes plus sérieux qui multiplient ses définitions et ses adaptations dans l’histoire et l’idéologie.

Dans le premier cas, le seul mot suffit à l’aboiement de l’ignare qui l’associe, dans une pensée sommaire et réductrice, au fascisme, au racisme, au nazisme et à , plus ou moins, tout ce qui se termine par isme et qui n’est pas joli. Dès lors, le nationaliste est, pour eux, une figure monstrueuse qui alterne entre le rêve de safari au congolais, le déjeuner aux petits enfants et la nostalgie de périodes obscures. Dans l’autre, il est intéressant de voir comme rien n’est résolument fixé en une seule approche et dépend soit du contexte géographique ou historique soit de son analyse doctrinale.

Ainsi, on oppose traditionnellement la définition française de Renan à l’allemande d’Herder ou Fitche et on ne peut aujourd’hui que constater la variété abondante des qualificatifs qui accompagne le concept : nationalisme révolutionnaire ou contre-révolutionnaire, nationalisme dominateur ou libérateur, nationalisme de revendication ou de conservation, classique, intégral, organique,et même technologique ou romantique !

Il semble, en même temps, insensé de vouloir unir sous la bannière unique le nationalisme flamand, israélien, vénézuélien, japonais, burkinabé ou catalan.

Alors que faire ?

Comment le simple militant d’E&R que je suis peut-il se retrouver dans ce labyrinthe politico-historique et affirmer humblement qu’il refuse de voir son pays, qu’il trouve fort beau, se faire mettre chaque fois un peu plus ? Finalement, comment peut-on oser se dire patriote sans être immédiatement caillassé au pilori des bien-pensants ? Je crois qu’il faut faire simple et remonter à la source, je préfère manger des carottes du jardin que de m’en remettre à Sodebo.

Le terme est évidemment répertorié comme un profond attachement à l’idée de nation. Celle-ci n’a pas de définition juridique mais est intimement relative aux notions de peuple et d’Etat. Les deux étant sous le « droit à disposer d’eux mêmes », l’idée même de souveraineté lui est intrinsèque.

L’intérêt général, populaire et politique, est donc garanti par l’indépendance étatique en refus du bénéfice particulier des individus ou des groupes. C’est sans doute en raison de ce lien étroit que la justice, par exemple, est rendue chez nous par une personne morale, « au nom du peuple français ».

Parallèlement, cette unité du peuple est possible selon deux points. L’un, très concret, est l’existence objective d’une identité culturelle, linguistique, historique, géographique ou religieuse, qui, si elle est absolue et n’oublie personne, est la garantie de l’égalité. L’autre, plus impalpable, est la volonté de partage et d’appartenance de tout individu à ce contrat social qui traverse les générations en s’adaptant aux fluctuations historiques mais sans jamais dénaturer ses fondamentaux, c’est-à-dire, en ne cédant jamais au particularisme au nom de la souveraineté et en préservant son identité.

Si on ajoute à cela le fait que la France est un pays varié où il fait souvent bon se promener, que la bouffe est bonne, qu’elle est terre d’artistes, de penseurs et qu’elle est le berceau d’un grand patrimoine, je ne crois pas, pour l’instant, mériter l’anathème de quiconque souhaiterait lire en moi le xénophobe illustré.

Cela étant dit, il m’apparaît que le nationalisme revendiqué aujourd’hui par moult gens, dont mes camarades et moi faisons partie, est avant tout une réaction plus que la projection d’une idéologie. Il ne s’agit pas, en effet, de prolonger une doctrine dont nous aurions hérité et qui aurait pour but de nous hisser au mépris de la différence d’autrui mais bien de nous rassembler autour de l’idée de nation afin de mettre fin au pillage économique, politique et culturel que nous subissons et qui vide notre pays de son sens profond.

Rappelons brièvement que le processus de gouvernance mondiale a pour but ultime l’installation d’une domination oligarchique de la finance et l’avilissement des populations au rang de main d’oeuvre nomade abrutie par une consommation de pauvres et des médias de riches. Dans ce projet planétaire, les Etats-unis tiennent la laisse et notre président fait là où on lui dit de faire.

Quant à la communauté européenne, et sa constitution imposée au peuple malgré son refus, il suffit de peu de connaissances pour comprendre que ce vieux projet d’outre-Atlantique n’a été rendu possible que par l’installation de larbins formés en grande partie à Georgestown ou par la corruption de politiciens arrivistes, tel Barroso, qui sont les garants de cette sclérose des états affaiblis. Projetés dans ce nouvel ordre mondial dont le moindre pet fait tressaillir la terre entière, nous défendons ce qui est agressé et qui fait l’union de nos identités, la nation, avant que le noeud ne se resserre encore et que nous finissions tous asphyxiés.

Notre nationalisme est donc très contextualisé et relèverait plus du nationalisme libérateur. Peu importe, pour marquer cet ancrage dans l’actualité et se défaire des stéréotypes, nous préférons évoquer le concept d’alternationalisme.

D’une, ça évite aux bonnes consciences de chialer au nom du passé, de deux, il évoque bien, à mon avis, l’aspect rassembleur de notre mouvement qui permet à chacun, quelles que soient ses origines et formations, d’ évoquer simplement la revendication de celui qui ne veut pas voir mourir sa terre, de trois, il actualise le concept d’une résistance nouvelle qui est l’espoir de toute une diversité de braves gens regroupés autour de l’intérêt collectif.

Plusieurs figures politiques s’élèvent aujourd’hui en symbole de cette insoumission des peuples qui visent à rester libres de cette colonisation économique mondiale . Citons ainsi Evo Morales, Mahmoud Ahmadinejad ou Thomas Sankara, mort en résistant, mais celui qui semble le plus proche de notre position est sans nul doute Hugo Chavez. De par sa défense du vrai peuple, de l’éthique, ses mesures concrètes, son courage, sa culture, son ouverture aux luttes étrangères et sa gestion intelligente des relations politiques, tout ça en gardant le sourire, il représente, à nos yeux, celui qui se dresse en véritable bastion face à ce nouvel ordre qui nous humilie.

Je me souviens du pitoyable débat qui avait suivi la projection de « Bruxelles-Caracas » dans un local anarchiste lyonnais. Forts de leur statut d’occidentaux éclairés, les présents du soir se demandaient avec une condescendance détestable si Chavez est dictateur ou pas. Je ne souhaite pas vraiment leur répondre dans cet article déjà trop long mais je ne saurais trop leur conseiller la lecture d’Emmanuel Todd grâce auquel ils entendront que celui qui s’emploie à garantir l’éducation pour tous et à en élever le niveau ne peut avoir de prétentions de cacique puisque le pouvoir de ce dernier repose en partie sur l’ignorance organisée.

Je pourrais leur exposer d’autres arguments irréfutables mais je préfère m’en tenir à constater, une fois de plus, qu’il y a ceux qui se branlent dans leur suffisance inutile et ceux qui agissent dans la simplicité. Quant à nous, nous avons la petite prétention d’être des gens humbles et honnêtes, qui se cultivent en même temps qu’ils s’affirment dans leur activité concrète.

Donc, pour ceux qui en douteraient encore, nous ne voulons l’extinction de personne, n’exigeons pas l’hégémonie du pays au détriment des autres, nous ne nous promenons pas avec des barres à mines pour ratoner, nous sommes des gens de dialogue qui mangeons, en général, notre viande cuite plutôt que sanguinolente et nous ne participons à aucune célébration d’encapuchonnés en toge.

Nous prétendons seulement oeuvrer pour préserver ce qu’il nous reste de liberté et empêcher que notre pays soit dévoré par l’ogre mondialiste. Pour cela, nous appelons à la réconciliation nationale de tous les manipulés, stéréotypés, oubliés et anathémisés, quels que soient leur bord ou couleur, afin de nous unir et nous battre pour une cause qui est notre sauvegarde.

Ruben Azahar - E&R Rhône-Alpes