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Grèce : après les mesures d’austérité, la privatisation des services publics

Alors que l’agence de notation Moody’s a fortement dégradé lundi la note de la dette souveraine de la Grèce en l’abaissant de quatre rangs, une délégation du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Union européenne s’est rendue à Athènes pour étudier les efforts déployés par les autorités afin de sortir le pays de la crise financière.

Après avoir promulgué une série de mesures d’austérité douloureuses, en procédant à des coupes dans les retraites et les salaires et augmentant les taxes indirectes, le Premier ministre socialiste Papandréou s’apprête a privatiser des pans entiers des services publics grecs.

Dans le cadre du Mémorandum conclu avec le FMI, le gouvernement grec prépare un vaste programme de privatisation des entreprises de service public. Les privatisations annoncées concernent, jusqu’à aujourd’ hui :

1. L ‘entreprise publique ferroviaire OSE.

2. Les compagnies d’eau d’ Athenes et de Thessalonique (EYDAP et EYATH).

3. L’entreprise d’électricité PPC (DEI), le secteur du gaz naturel (DEPA) et du raffinage (ELPE).

4. Probablement les parts restantes dans le capital de l’ex-entreprise publique de télécommunication OTE.

5. Les ports, aéroports et autres infrastructures publiques.

Dans le but de promouvoir la concurrence dans le secteur de l’énergie, des augmentations de 30% sont déjà annoncées sur les tarifs des petits consommateurs (ménages) afin de supprimer les « distorsions » du marché (les subventions croisées) qui empêchent PPC de concurrencer les nouveaux entrants sur le segment des entreprises industrielles et commerciales (parmi lesquelles figurent des multinationales de l’énergie et des entreprises privées grecques).

Dans le secteur de l’eau, il est envisagé de procéder par délégation de service public ( « concession » ) impliquant aussi très probablement des multinationales de l’eau (Suez est déjà présente dans le capital de EYATH).

Dans le secteur ferroviaire, des suppressions massives d’itinéraires sont prévues en parallèle avec le développement de la concurrence sur les segments rentables.

Les partenariats publics-privés sont aussi privilégiés par le Mémorandum du FMI. Dans tous les secteurs, la dissociation réseau-services est en voie ou déjà réalisée.

Ces mesures viennent achever les programmes de privatisation et libéralisation engagés depuis la fin des années 1990. Il est important de souligner le fait que malgré l’ampleur des changements déjà réalisés, aucune véritable mesure de compensation (obligation de service public, service universel, etc) n’a été encore prise ni même envisagée…

Par conséquent, la commercialisation des services publics est créatrice de déséquilibres sociaux, économiques et territoriaux grandissants en ce qui concerne les conditions d’accès et d’usage des ces services fondamentaux.

Ces politiques viennent s’ajouter aux mesures de réduction drastique des salaires et des retraites, à la réforme radicale du système de protection sociale, à la baisse des dépenses publiques, à l’augmentation des taxes indirectes, à la flexibilisation du marché du travail (hausse des licenciements, baisse des indemnisations) qui plongent l’économie dans la récession et le chômage (prévisions de + 15%) qui réduisent le pouvoir d’achat des salariés (malgré le recul de l’activité l’inflation est rampante en raison de la concurrence oligopolistique) et qui annoncent la paupérisation d’une partie de la société grecque (les prestations sociales étant particulièrement insuffisantes en Grèce).

Yannis Eustathopoulos Économiste-Chercheur Athènes / Grèce