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Haute hiérarchie militaire : du rififi dans le mercato des généraux

Pour la première fois sous la Vème République et depuis ce matin 0 heures, il n’y a plus de chef d’état-major particulier du président de la République. Il s’agit pourtant de l’un des postes les plus importants qui soit.

Alors que l’amiral Edouard Guillaud a pris ses fonctions de chef d’état-major des armées (cema), son successeur n’a toujours pas été officiellement nommé. Cette nomination devrait intervenir "très prochainement" assure le ministère de la Défense. Le nom du favori, Pierre de Villiers (frère de Philippe), circule depuis quelques jours dans les armées et dans la presse, comme nous nous en faisions l’écho. Mais de nomination officielle, qui nécessite un simple arrêté, point. Cette situation inédite jette un certain trouble dans les milieux militaires parisiens.

Voici comment les choses se sont passées [version actualisée] : le départ de l’Elysée de l’amiral Guillaud était prévu depuis des mois pour la fin février. Au début de ce mois, le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant a commençé à se préoccuper très sérieusement de lui trouver un successeur. Plusieurs noms circulaient, tous issus de l’armée de terre : Pierre de Villiers, Benoit Puga et Olivier de Bavinchove et Didier Bolelli. Nés en 1956, Villiers et Bavinchove sont les plus jeunes alors que Puga (1953) et Bolelli (1955).

Pierre de Villiers a finalement été reçu la semaine dernière par le président de la République, ce qui n’est pas le cas de Benoit Puga (contrairement à ce que j’écrivais précédemment). Bolelli semble réservé pour un autre poste et d’aucuns ont réproché à Bavinchove - qui a été reçu par Claude Guéant - d’être soutenu par certaines personnalités dans les milieux d’affaires. Bavinchove semble avoir eu l’appui du général Georgelin.

Une partie de l’entourage du président de la République semble avoir une opinion favorable au général Puga, l’actuel directeur du renseignement militaire (DRM). Sa candidature est soutenue par des anciens du REP et les policiers du renseignement (DCRI), qui pèsent d’un poids important dans l’entourage du chef d’Etat. Le profil plus traditionnel du général de Villiers lui vaut en revanche le soutien de très nombreux militaires.

Pierre de Villiers semble tenir très sérieusement la corde, mais le retard dans la nomination officielle n’est pas un élément positif.

D’autant que ce retard bloque d’autres nominations, qui, elles, doivent passer en Conseil des ministres. D’abord celle du major général des armées, le numéro deux de l’EMA. L’amiral Blairon devait quitter cette fonction le 1er mars, mais il devrait être prolongé de quelques semaines, sans doute deux. Qui pour le remplacer ? Là encore de nombreux noms circulent : Didier Bolelli (qui a été au CHEM avec l’amiral Guillaud) n’est pas forcément mal placé, comme l’était Pierre de Villiers. On parle également du général de l’armée de l’air Jean-Marc Denuel. Le général Thierry Cambournac est également sur les rangs, même si sa nomination semble peu probable.

Autre poste en suspens : le chef de cabinet militaire du Premier ministre, que devrait quitter Pierre de Villiers. Des noms circulent comme l’amiral Magne ou le général de Courrèges.

Mon opinion : désinvolture au Chateau

Ce retard, ne serait-il que de quelques heures, dans la nomination d’un nouveau chef d’état-major particulier du président de la République témoigne d’une désinvolture du pouvoir à l’égard de l’insitution militaire. On ne peut pas dire que le départ du général Georgelin soit une surprise, alors qu’il avait été prolongé de six mois après sa limite d’âge (61 ans). On sait que Nicolas Sarkozy a le gout de bousculer systématiquement les institutions établies. Il oublie sans doute, ou ne sait pas, que, contrairement aux policiers, les militaires sont des gens très attachés aux respects des formes. Dans un Etat démocratique, cela n’a pas que des désavantages.