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Henry Kissinger souhaite le démantèlement de la Syrie et des nations dissidentes

Traduction E&R

Dans une très récente présentation à la Ford School, l’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger a commenté la situation syrienne actuelle, en exprimant sa préférence pour un pays brisé et balkanisé émergeant de l’unité actuelle contrôlée par Assad [1] :

« Il y a trois résultats possibles : une victoire d’Assad, une victoire sunnite ou un résultat dans lequel les différentes nationalités acceptent de cohabiter ensemble, mais dans des régions plus ou moins autonomes, de sorte qu’elles ne puissent pas s’opprimer les unes les autres. C’est l’issue que je préférerais voir. Mais ce n’est pas une opinion populaire. »

Après avoir été présenté comme « l’honorable Dr Kissinger », l’ancien homme d’influence âgé de 90 ans a commencé par une leçon d’histoire intéressante. Kissinger a expliqué en détail comment l’État actuel de la Syrie avait été conçu par les puissances européennes, comme ce fut aussi le cas avec l’Irak :

« Tout d’abord, la Syrie n’est pas un État historique. Elle a été créée sous sa forme actuelle en 1920, et elle a reçu cette forme afin de faciliter le contrôle du pays par la France, après le mandat de l’ONU. L’Irak, pays voisin, a également reçu une forme étrange, dans le but de faciliter le contrôle par l’Angleterre. Et la forme des deux pays a été conçue afin de rendre difficile aux deux pays la domination de la région. »

En raison de ses origines anhistoriques, Kissinger a expliqué que la Syrie actuelle a été conçue comme une unité nationale plus ou moins artificielle composée de différentes tribus et groupes ethniques. Puisque la récente « révolution » devient de plus en plus chaotique, Kissinger fait des remarques sur la nature de la situation actuelle :

« Dans la presse américaine, la situation est décrite comme un conflit entre la démocratie et la dictature – et le dictateur est en train de tuer son propre peuple, et nous devons le punir. Mais ce n’est pas ce qui se passe. Ce conflit a peut-être été lancé par quelques démocrates. Mais dans l’ensemble c’est un conflit ethnique et sectaire. [...] C’est maintenant une guerre civile entre les groupes sectaires [...]. Et je dois dire que nous l’avons mal compris dès le début. Si vous lisez nos médias, ils disent que nous devons nous débarrasser d’Assad. Et si nous nous débarrassons d’Assad, alors nous pouvons former un gouvernement de coalition. C’est inconcevable. Je suis tout à fait pour qu’on se débarrasse d’Assad, mais le conflit entre les Russes et nous sur cette question, c’est que les Russes pensent : vous ne commencez pas seulement par vous débarrasser d’Assad, ce n’est pas le problème, mais vous désintégrez aussi l’administration d’État pour vous retrouver comme en Irak – sans rien pour maintenir l’ensemble. Et puis vous aurez une guerre civile qui s’aggravera. C’est ainsi que ce désordre a pris sa forme actuelle. »

Kissinger a auparavant fait des remarques concernant les avantages de briser les nations dissidentes en petits fragments, après quoi le chaos émergeant peut faciliter leur introduction dans un ordre mondial. C’est en substance la règle du diviser pour mieux régner. Ces observations récentes de Kissinger sont en phase avec les déclarations antérieures dans lesquelles il promulgue l’idée que les bouleversements sociaux et les troubles civils de masses doivent être utilisés comme des moyens pour fusionner les nations (y compris, par ailleurs, les États-Unis) dans un « système international ».

« Les États-Unis doivent faire partie d’un système international que nous créons au niveau national », a déclaré Kissinger au Harvard Crimson en 2012. Lorsqu’on lui a demandé quels étaient les problèmes les plus importants auxquels la société américaine devait faire face aujourd’hui, il a alors répondu :

« Au niveau international, le problème est qu’il y a des bouleversements en cours dans chaque partie du monde, mais ces bouleversements ne suivent pas les mêmes causes fondamentales, donc les États-Unis doivent faire partie d’un système international que nous créons au niveau national. »

Le concept consistant à s’emparer des crises et des bouleversements, dont les causes peuvent différer de nation à nation, afin de parvenir à un ordre international, suit soigneusement la règle d’or de l’élite, à savoir qu’un ordre mondial provoqué par le chaos est préférable. En outre, Kissinger nous donne un aperçu de l’intention sous-jacente, que lui et ses compagnons du Bilderberg ont à l’esprit, en indiquant en quelques mots que les troubles civils – qu’ils soient motivés économiquement, politiquement ou socialement – doivent être saisis afin de fusionner les pays en un « système international » désiré.

Dans un article de Prisonplanet.com de décembre 2008, Steve Watson écrivait que Kissinger, dans une interview pour Charlie Rose, le chouchou des Bilderberg, « a cité le chaos provoqué à travers le monde par la crise financière et la propagation du terrorisme comme une occasion de renforcer un nouvel ordre mondial ».

Kissinger avait dit à Rose, il y a quelques années :

« Je pense que lorsque la nouvelle administration évalue la position dans laquelle elle se trouve, elle voit une énorme crise et des problèmes terribles, mais je considère qu’elle peut y voir une lueur d’espoir d’où pourrait sortir un système international [2]. »

Cette conversation à propos des crises et des bouleversements comme étant de simples moyens spécifiques à chaque pays vers un objectif mondial centralisé pourrait indiquer un plan transnational sous-jacent. Un concept sinistre qui suit le cours de la dialectique hégélienne classique, à savoir que le problème (qu’il soit réel ou feint) provoque la réaction qui en retour permet à l’élite de fournir une solution sur un plateau d’argent. Les paroles de Kissinger me rappellent de façon inquiétante celles écrites par Alexander Wendt de l’université de Chicago, qui en 2003, dans son traité intitulé Pourquoi un État mondial est inévitable : la téléologie et la logique de l’anarchie, a déclaré :

« Les luttes nationalistes pour la reconnaissance ne sont nullement terminées, et plusieurs nouveaux États – “plus d’anarchie” – peuvent encore être créés. Mais alors que davantage de fragmentations sont d’une certaine façon un recul, elles sont également des conditions préalables pour aller de l’avant, car c’est seulement lorsque les différences sont reconnues que les identités peuvent être plus stables. (...) Loin de mettre fin au nationalisme, un État mondial ne sera possible que s’il embrasse celui-ci. »

Ces paroles peuvent faire la lumière sur celles prononcées par Kissinger et ses collègues supranationalistes, qui révèlent en substance qu’ils sont très conscients du fait que la simple proposition d’un État mondial ne se fera pas – et que cela peut même échouer si celui-ci est proposé trop directement – et que le même objectif peut être mieux réalisé par la fragmentation et la balkanisation des États-nations, que ce soit à l’Est ou à l’Ouest, pour ensuite fusionner ces fragments dans une construction globale, généralement décrite comme le Nouvel Ordre mondial.

Approfondir le sujet avec Kontre Kulture :

 






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72 Commentaires

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  • Un hommage à la profonde humanité de cet être de Lumière :
    http://img717.imageshack.us/img717/...

     

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  • #455634
    Le 4 juillet 2013 à 22:24 par Georges Abitbol
    Henry Kissinger souhaite le démantèlement de la Syrie et des nations (...)

    La Syrie et les nations dissidentes peuvent tout aussi bien souhaiter le démantèlement de Kissinger, la planète serait un peu moins moche.

     

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  • Kissinger ne fait que dire de manière simple et en résumé ce qui se passe en Europe aujourd’hui. Un éclatement des pays en régions directement dépendantes des fonctionnaires de Bruxelles non élus et signant tous les traités avec la puissance dominante. Rien de plus.

     

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  • Ils me font peur ces gars et même a leur age car apparemment ils ne sont pas seul et ils detruiront la france si l’ocassion leur est donné ;moi français d’origine maghrebine je dis défendons la France et luttons contre les forces qui veulent nous diviser et trouvons un cadre a nos dessacords ,mais bon sang ne laissons plus les américains mener la danse .Merde quand même je suis éternellement attaché à la France de par ma naissance quand même oui Monsieur valls

     

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  • #455692

    Donc tous les scandales de type bancaire, politique, militaire, whistblower, religieux et sociétal, qui apparaissent quotidiennement et à petites doses depuis quelques années sont savamment distillés afin de lever une vague de mécontentement qui un "beau jour" éclatera violemment ?
    Dans un autre registre, cette interview d’Anton Parks http://homme-et-espace.over-blog.co...
    ....quoique pas si éloigné ! Le résultat est le même, crainte de l’avenir, peur et confusion...

     

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  • #455702

    Je pense que fragmenter leurs pouvoirs ferait du bien pour les peuples.

     

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  • #455743

    C’est diviser pour régner !

    On crée un tel bordel au sein des états (voir par exemple ce qui se passe en Egypte) qu’au bout d’un moment l’épuisement des peuples sera tel qu’ils demanderont une structure, un Etat mondial.

    En fait c’est simple à comprendre maintenant que le désordre s’installe pour diverses raisons, économiques, sociales, ethniques, etc...

     

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    • La Troisième Guerre mondiale doit être fomentée en utilisant les divergences que les agents des Illuminati attiseront entre les Sionistes Politiques et les dirigeants du monde musulman. La guerre doit être menée de telle manière que l’Islam (le monde Arabe y compris la religion de Mahomet) et le Sionisme Politique (y compris l’Etat d’Israël) se détruisent mutuellement. Dans le même temps, les autres nations une fois de plus divisées entre elles à ce propos, seront forcées de se combattre jusqu’à un état d’épuisement complet, physique, moral, spirituel et économique.
      Lettre d’Albert Pike à Mazzini en 1871.

       
  • « Gouverner par le chaos. Ingénierie sociale et mondialisation »
    http://www.kontrekulture.com/produi...
    « Gouverner le Moyen-Orient par le chaos »
    http://www.egaliteetreconciliation....
    http://www.egaliteetreconciliation....
    http://www.egaliteetreconciliation....

     

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  • La question est comment une pourriture de cet acabit arrive encore à l’âge de 90 ans à ouvrir sa grande gueule sur ce qui ne le regarde en rien ? Criminel de guerre comme ses successeurs, mais avec le "prix Nobel de la Paix" excusez du peu, il ose parler d’Assad ? Alors comme ça "la Syrie n’est pas un Etat historique...blablabla...tout comme l’Irak...blablabla..." mais le pays rêvé de ses origines l’est ? Qu’il nous parle de cette entité abjecte au Proche Orient création pure par le vol le mensonge et les armes des terres palestiniennes ! Je reprends ses termes pour cet état voyou : "une unité nationale plus ou moins artificielle composée de différentes tribus et groupes ethniques", qui a "reçu une forme étrange, dans le but de faciliter le contrôle par ..." qui vous savez.

    Diviser pour mieux régner oui et aussi agiter le peuple avant de s’en servir, voilà leur credo à ceux de son espèce, partout où ils se sont infiltrés sur cette planète.

     

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  • "Il y a trois résultats possibles : une victoire d’Assad, une victoire sunnite ou un résultat dans lequel les différentes nationalités acceptent de cohabiter ensemble".

    Pour l’instant, il semble qu’on s’achemine vers une victoire d’Assad et un renforcement de la position de la Syrie au Moyen-Orient. même si militairement et à court terme, il n’est pas envisageable de reconquérir l’ensemble du territoire syrien, toutefois :

    1 / Le Président Syrien à le soutien du peuple y compris des sunnites,des kurdes et des chrétiens, son image est renforcée, il est apparu comme un leader, un chef militaire et un très bon communiquant. Il a réussi à unir cette mosaïque de peuples dont parle M. Kissinger. Comme le dit Pierre Hillard c’est lors des crises majeures qu’apparaissent les homme providentiels, et assurément M.Assad en est un.

    2/ Sa position dans la région est renforcée (Turquie, Liban, Jordanie, Egypte). L’État Syrien peut apparaitre comme un modèle pour les autres pays (modèle laïque protectionniste opposé aux dynasties corrompues de la péninsule arabique). Les liens avec la Russie et la Chine sont renforcés, et ces pays ne connaissent pas la crise de la zone euro-atlantiste !! (taux de croissance d’environ 4% pour la Russie, et de plus de 7% pour la Chine en 2012).

    3/ Au niveau international il a ridiculisé l’occident et surtout Israël, ennemi juré du croissant chiite. La position de l’Iran s’en trouve renforcée. L’histoire des croisades est encore présente dans la région faut rappeler que le plus grand héros du monde musulman, Saladin est mort à Damas le 4 mars 1193.

    La région a désormais : un leader charismatique protecteur du peuple, un modèle d’État-nation laïque et protecteur, un nouveau Saladin dans l’esprit des résistants à l’impérialisme.

     

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