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Il parle arabe, connaît le Coran et adore Sarkozy : Bernard Bajolet nommé directeur de la DGSE

Top secret. Portrait en creux, et sans langue de bois, du diplomate devenu aujourd’hui big boss des espions français.

Alger, Damas, Amman, Bagdad : depuis 1975, le diplomate nommé ce matin [10 avril 2013, ndlr], en Conseil des ministres, à la tête de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) a été en poste dans des villes-phares du monde arabe. La désignation d’un tel profil évoque celle de son homologue d’outre-Atlantique : l’arabisant John Brennan, nouveau chef de la CIA.

Voici de rares images du Français, capturées en décembre dernier par un média de la région de Vesoul. Le châtelain nous présente ici les motifs de son choix de résidence en Haute-Saône et de son acquisition d’un manoir du XVIème siècle.

 

 

Comme l’Américain, Bernard Bajolet, désormais en charge des services secrets français, « maîtrise la langue arabe », a « fréquenté nombre de mosquées » et connaît le texte sacré de l’islam – « lu trois fois » – si l’on en croit un portrait du Monde paru en 2008 à son propos. L’article a disparu du site Internet du quotidien mais il est toujours consultable dans les archives du web. C’est ainsi que l’on peut apprendre également que l’homme cultivait une certaine fascination pour l’ancien président de la République.

« J’adhère totalement à la philosophie de Nicolas Sarkozy mais je ne suis pas un militant politique. »

Nicolas Sarkozy, comparé à un « philosophe » politique ? Il est vrai que l’homme entamait alors une collaboration très étroite avec l’ex-chef de l’État en sa qualité de « coordinateur national du renseignement ».

On découvre également dans l’article du Monde que Bernard Bajolet, en poste à Damas entre 1986 et 1990, entretenait un rapport chaleureux avec le jeune Bachar al-Assad, avec lequel il « pratiquait le trictrac ». Mais l’homme qui l’a profondément marqué au Moyen-Orient était un monarque si proche des États-Unis qu’il recevait un salaire de la CIA : le roi Hussein de Jordanie.

« C’était un homme d’une immense générosité, il m’a donné beaucoup de clés. »

Vis-à-vis de Washington, l’agent de l’Élysée était d’ailleurs en première ligne lors de la dissolution – durant l’été 2009 – de « Alliance Base », un centre longtemps tenu secret de coopération franco-américaine contre le « terrorisme islamiste », installé à Paris et qualifié sarcastiquement de « QG de la croisade » par Alain Chouet, ex-responsable à la DGSE.

Lors d’un entretien accordé en 2010 au Figaro, Bernard Bajolet tenait d’ailleurs ce jugement sybillin à propos d’Oussama Ben Laden, un an avant l’annonce officielle de sa mort : «  ll est obligé d’être si discret que son existence est largement virtuelle... ». Sur l’Iran, l’homme chargé de coordonner les services de renseignements se déclarait persuadé que « le programme nucléaire ne répond à aucun objectif industriel civil » et que, « sur ce dossier, le renseignement, en contredisant les affirmations du régime de Téhéran sur le caractère pacifique de son programme, joue tout son rôle ». Enfin à propos du régime de Tel Aviv, le haut-fonctionnaire estimait que « le cœur du problème dans la région, c’est toujours le conflit israélo-palestinien et c’est ce problème-là qu’il faut résoudre en priorité ».

À l’occasion d’une audition organisée, la même année, par la commission parlementaire de la défense nationale, Bernard Bajolet affichait également une vision ambivalente de l’apprentissage de la langue arabe :

« Je note que cette langue est enseignée au Collège de France depuis le XVIe siècle, mais que, dans le même temps, l’agrégation d’arabe, créée il y a un siècle, vient d’être supprimée. Le problème se pose tant dans l’enseignement secondaire que dans le supérieur.

C’est d’autant plus regrettable que l’apprentissage de cette langue est à mon avis un vecteur de valorisation de nos compatriotes d’origine maghrébine.

Cela pourrait poser des problèmes sécuritaires dès lors que cette langue s’apprendrait dans des écoles privées manquant de neutralité plutôt que dans celles de la République. Cet état de fait pourrait aussi constituer un facteur supplémentaire de communautarisation. »

Ironie du sort : un député UMP l’interroge alors sur les « flux de jeunes Français récemment convertis, principalement d’origine caucasienne, qui iraient s’entraîner en secteur pachtoune, reviendraient en France et constitueraient une menace ». Réponse de Bernard Bajolet :

« Nous accordons une très grande attention à ces flux et pensons disposer d’éléments assez précis sur des Français se trouvant en zone afghano-pakistanaise et pouvant se révéler une menace pour notre territoire. »

Nous sommes alors le 27 janvier 2010. Quelques mois plus tard, un certain Mohamed Merah fera du « tourisme » au Moyen-Orient et sera arrêté en Afghanistan par les Américains. Aujourd’hui encore, la question de la transmission d’informations – à propos des contacts djihadistes du Toulousain – entre la DGSE et la DCRI n’est pas entièrement résolue. Durant l’audition, Bernard Bajolet affirmait également que la priorité du renseignement français était de « faciliter la circulation de l’information entre les services. C’est clairement la priorité, car on ne nous pardonnerait pas de ne pas avoir réagi à une tentative d’attentat en raison d’une mauvaise coordination des services. »

C’est précisément l’un des enjeux de l’affaire Merah : connaître le détail des défaillances – voire des fautes criminelles – survenues au sein de la DCRI et de la DGSE, dont des documents consacrés au jeune homme demeurent toujours classifiés. D’autant que Patrick Calvar, l’ancien chef du renseignement à la DGSE lors des étranges voyages confortables de Merah, est aujourd’hui, grâce à Manuel Valls, à la tête de la DCRI.

Coïncidence opportune : demain, le jour au cours duquel le rapport Urvoas sur le renseignement français – suite à l’affaire Merah – sera présenté à la presse, Le Nouvel Observateur publie un « scoop » selon lequel Merah était un trafiquant de drogue en contact étroit avec des djihadistes afghans depuis 2009. L’hebdomadaire « révèle » également que le colt 11.43, possédé par le jeune Toulousain et remanié selon des techniques policières comme l’a récemment souligné l’auteur de ces lignes, aurait été volé en « juin 2011 » à un obscur « champion de tir ». Chose amusante : l’auteur de ces « découvertes » n’est autre que le journaliste Guillaume Dasquié, un homme tellement proche de la DGSE qu’il « monnayait des documents confidentiels ». C’est également lui qui a médiatiquement édulcoré l’affaire des dizaines d’espions israéliens présents sur le sol américain entre janvier 2000 et fin 2001, faisant de ceux-là de simples agents censés vaguement surveiller les futurs pirates de l’air présumés du 11 Septembre.

En termes sociologiques, on dénomme ce type de procédé du « journalisme sur commande ». Dans le jargon policier, on appelle également cela « donner un os à ronger » au public. En clair, cela s’apparente à une diversion, ou, plus simplement : à de la désinformation.

Hicham Hamza

Sur la « guerre au terrorisme », chez Kontre Kulture :

 






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