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L’indécision irlandaise met en danger le minitraité

L’indécision irlandaise met en danger le minitraité


En 2001, les électeurs irlandais avaient rejeté par référendum le traité de Nice, avant de le ratifier deux ans plus tard.

Seuls 26 % des Irlandais déclarent vouloir voter « oui » au traité de Lisbonne sur les institutions européennes. Les indécis sont en revanche très majoritaires.


Le sort du traité de Lisbonne sur les institutions européennes dépend maintenant du choix des quelque trois millions d’électeurs irlandais. La République d’Irlande est en effet le seul pays européen dont la constitution l’oblige à passer par un référendum avant de pouvoir ratifier le fameux minitraité. Or une immense majorité des Irlandais les deux tiers selon un sondage paru ce week-end dans le quotidien Irish Times se disent encore indécis. Avec cette proportion d’électeurs hésitants, la faible avance du oui sur le non (26 % contre 10 %) pourrait bien basculer d’ici le jour du scrutin.

En 2005, les sondages sur l’ancien projet de constitution européenne donnaient une bien plus large avance au oui, avec 46 % des intentions de vote. Après le non de la France et celui des Pays-Bas, le référendum prévu en Irlande avait été annulé.

Cette fois, les Irlandais sont les seuls à voter, et la pression monte, car le référendum doit absolument avoir lieu avant la fin de l’année 2008. Or le débat sur le traité de Lisbonne n’a pas réellement commencé en Irlande, et la date du vote n’a pas encore été donnée par le gouvernement du premier ministre Bertie Ahern.

Le mauvais souvenir de 2001 est encore dans tous les esprits : les électeurs irlandais avaient alors rejeté le traité de Nice, avant d’être appelé à un nouveau référendum sur le même sujet deux ans plus tard. La question de la neutralité de l’Irlande avait été au passage précisée. Et les Irlandais ont finalement accepté le traité…

« Campagne agressive d’information »

« Il est urgent que le gouvernement lance une campagne agressive d’information et de discussion sur les enjeux du traité de Lisbonne », tonne Lucinda Creighton, députée et porte-parole pour les affaires européennes du Fine Gael, le principal parti d’opposition. « C’est la responsabilité du gouvernement de tenir des réunions publiques sur le sujet, d’imprimer des prospectus, de monter des sites sur Internet, et d’organiser des débats, car la majorité du public ignore ce qui est dans la balance. Et pour lancer cette campagne réellement, le mieux serait de fixer une date rapidement pour les élections. »

Dick Roche, ministre des affaires européennes, a affirmé de son côté à l’Irish Times que la campagne était bien lancée, et que le gouvernement « devait continuer d’informer le public d’une manière équilibrée sur les bénéfices politiques et économiques que ce traité aura pour l’Europe et l’Irlande ».

Et pourtant, selon le sondage de l’Irish Times, 68 % des personnes interrogées estiment ne pas être suffisamment informées sur le contenu du traité. Il est vrai que le sujet ne passionne pas les médias, sans doute parce que tous les grands partis politiques irlandais ont pris position en faveur du oui. Seul le Sinn Féin (7 % des voix aux dernières législatives en 2007) s’y est déclaré opposé.

Il y a dix jours, le traité a tout de même fait l’objet d’une polémique en Irlande : Jean-Marie Le Pen a été invité par une association étudiante de l’University College de Dublin pour venir parler prochainement de son opposition au minitraité. Cette invitation a provoqué des protestations unanimes de la part des politiques, y compris du Sinn Féin.

Le Figaro