Egalité et Réconciliation
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L’offensive médiatique tous azimuts de Dominique Strauss-Kahn

Personne n’a pu y échapper : depuis le début de la semaine, Dominique Strauss-Kahn est "partout", comme le notait 20minutes.fr, mercredi 5 mai. Pas un quotidien, pas un magazine qui n’évoque le directeur du Fonds monétaire international (FMI). Et pas seulement pour parler de la crise grecque : c’est du DSK hypothétique candidat de la gauche en 2012 dont il est question, partout ou presque.

Mercredi, Libération faisait sa une sur "le jour où DSK s’est décidé". Décidé à concourir en 2012, évidemment. A l’appui de cette (quasi) certitude, le récit d’une soirée, datant du 3 février, où le patron du FMI avait convié "le premier cercle de ses amis", mais aussi – le détail est d’importance – "des salariés de la puissante agence de communication Euro RSCG".

Au vu de l’ampleur accordée par Libération au récit d’un événement vieux de trois mois, on pouvait s’attendre à des déclarations fracassantes. Au final, on apprend que "c’est la première fois que DSK, à cette échelle, rassemble ses proches". "Pour parler politique", et leur annoncer que sa "réflexion" a "commencé". Réflexion pour 2012, s’entend.

Le "scoop" de Libération et le vrai-faux brûlot de L’Express. Un "faux scoop", se gausse le site @rret sur images : alors que l’hypothèse est évoquée de façon quasi-quotidienne par les médias depuis trois ans, l’annonce que Dominique Strauss-Kahn pourrait être candidat en 2012 ne surprendra en effet personne, ou presque. Elle n’empêche pas la presse de se passionner pour l’hypothèse. Outre la "une", une double page et l’éditorial de Libération, le directeur du FMI a eu cette semaine les honneurs de L’Express, du Point, du Nouvel Observateur, des Echos... et même de Jeune Afrique.

Tout y passe. Mercredi, Le Parisien interviewe le directeur du FMI à propos de la crise grecque. Mais réserve ses deux dernières questions à la politique française : "Comment accueillez-vous les appels en France en faveur de votre candidature pour 2012 ?", demande le journal. "C’est toujours sympathique mais aujourd’hui je n’ai pas d’autre préoccupation que la fonction que je remplis", répond DSK. Manière de ménager le suspense, et surtout de ne pas apparaître soucieux de politique intérieure en pleine crise financière.

Vœu pieu : mercredi toujours, L’Express titre : "Et si Strauss-Kahn ne revenait pas ?" L’hebdomadaire publie les "bonnes feuilles" d’un livre à paraître sur Dominique Strauss-Kahn, et supposé lui faire peur. Dans DSK, les secrets d’un présidentiable, une plume anonyme "démonte la stratégie DSK", nous apprend l’hebdomadaire.

En fait, les extraits de l’ouvrage présentent la "garde rapprochée" du patron du FMI (sur laquelle l’hebdomadaire revient au travers de portraits flatteurs) et évoquent sa nomination à la tête de l’institution ou sur l’affaire Piroska Nagy, la jeune femme avec qui DSK a admis avoir eu une relation extraconjugale en 2009. Mais également sur le régime qu’a suivi l’hypothétique candidat, qui serait "trop gourmand", pour préparer sa candidature, pour laquelle il aurait une stragégie établie (résumée par 20minutes.fr). Bref, rien de bien méchant – et pas de révélation fracassante.

L’auteure, "Cassandre", se présente comme une ancienne proche de l’homme politique. Elle serait en fait, selon Le Point, une journaliste spécialiste de ce genre d’ouvrage. Dans les colonnes de lexpress.fr, Christophe Barbier s’interroge d’ailleurs : "A qui profite le livre ?" et se demande s’il ne servirait pas à "purger nombre de polémiques sur le candidat Strauss-Kahn". Le même jour, Le Canard enchaîné s’intéresse également à l’ouvrage. Mais pour en souligner, sur un ton d’une violence parfois surprenante, les erreurs factuelles, comme de qualifier DSK de "président du FMI" quand il en est le directeur...

Sondages flatteurs. Ce n’est pas fini. Mercredi encore, invité de l’émission Le Talk Orange-Le Figaro, le président socialiste de la région Bourgogne, François Patriat, se livre à un vibrant plaidoyer pro-DSK, "le mieux placé pour 2012", que "la droite redoute". Il avait publié une tribune sur le sujet la semaine précédente, dans L’Express.

Comme pour confirmer cette hypothèse, mercredi soir, un sondage BVA pour Le Nouvel Observateur... et le cabinet Image & Stratégie (cabinet de communication dirigé par Bruno Fuchs), nous apprend que DSK est "le candidat socialiste préféré pour 2012". Il l’est aux yeux des Français (49 %, contre 16 % pour Martine Aubry), mais aussi à celui des "leaders d’opinion" ("élus, chefs d’entreprises, blogueurs et journalistes", précise le sondage), qui le plébiscitent à 56 %, "loin devant les autres prétendants socialistes", précise le commentaire du Nouvel Observateur.