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La Haskala ou la culture du mensonge : entretien avec Gilad Atzmon

Propos recueillis pour E&R par Alimuddin Usmani le 17 octobre 2014

La nouvelle pièce de BHL, Hôtel Europe, prévue pour être jouée de septembre à janvier, est forcée de s’arrêter en novembre faute de spectateurs. Pourtant BHL n’avait pas ménagé ses efforts en invitant Sarkozy, Hollande et Valls pour promouvoir sa pièce. Un comédien suisse, Matthieu Béguelin, a commenté ainsi ce fiasco : « La pièce de BHL fait un four. » Dans le vocabulaire théâtral cela désigne effectivement une pièce faisant un flop. La presse suisse a réagi [1] en rappelant que Bernard-Henri Lévy était juif, et que le « four » pouvait aussi bien évoquer « l’insuccès du spectacle que des crématoires de sinistre mémoire ». Le comédien s’est notamment amusé à souligner que tous ceux qui évoquaient la débâcle de la pièce de BHL n’osaient pas employer l’expression incriminée. Quel commentaire vous inspire cet épisode ?

Gilad Atzmon : Comme je l’ai dit auparavant, les juifs contemporains insistent pour construire leur identité autour de la primauté de leur souffrance, la Shoah et son symbolisme (chambres à gaz, fours, marche de la mort, etc.). Cela ne doit pas nous surprendre que d’autres personnes se référent aux juifs à travers leurs tragédies.

 

 Deux soldats israéliens ont récemment partagé leur journal de guerre à Gaza [2]. Ces témoignages révèlent une armée spirituellement démotivée. Vous aviez dit que c’était lié à la nature hédoniste de la société israélienne. Pensez-vous que l’hédonisme est un signe qui pourrait annoncer la fin d’Israël ?

Effectivement, il s’agit de témoignages révélateurs, et le fait qu’ils aient été publiés par l’organe de presse israélien le plus populaire est encore plus révélateur. Israël est une société hédoniste sans pour autant être une société occidentale. Israël est un mélange unique de technologie, de fanatisme, d’ardent suprémacisme juif, de matérialisme et d’hédonisme. Ce n’est pas exactement l’idéal culturel et l’amalgame idéologique nécessaires à alimenter une société insistant pour vivre sur la terre d’autres gens.

Israël est voué à l’échec et c’est quelque chose que j’ai compris dès le début des années 90. La judéité de l’État juif inflige un aveuglement tragique qui est manifestement incrusté dans la notion de « peuple élu ». Israël est incapable de penser à la paix, à l’harmonie ou à la réconciliation. Il est imperméable à l’altérité. Et comme nous pouvons l’apprendre, il n’est pas uniquement cruel envers les Palestiniens et les populations immigrées, il l’est également à l’égard de ses propres pauvres. Nous avons appris récemment qu’un tiers des Israéliens seraient ravis de quitter le pays.

Il serait équitable de dire que les soixante-cinq ans d’existence d’Israël ont mis en lumière les aspects les plus dévastateurs de la mentalité du ghetto juif mais ont également révélé certains traits qui ont mené à la souffrance juive.

 

La Haskala (philosophie émancipée juive) a engendré la création d’une culture juive laïque. L’idéologie juive que vous critiquez actuellement n’est-elle pas l’enfant, dénué de spiritualité, de la Haskala ?

Totalement ! La Haskala a eu pour rôle d’implanter une manière profondément sournoise au cœur de l’existence juive. Elle était motivée par une aspiration à l’intégration et à l’assimilation mais a insisté pour conserver la notion de « tribu ». Les juifs de la Haskala ont persisté à faire monter leur popularité tout en célébrant leur culture de manière clandestine.

Le slogan accrocheur du poète de culture hébraïque Judah Leib Gordon, « Sois un juif sous ta tente mais un homme dans la rue », souvent attribué à tort à Moïse Mendelssohn, met l’accent sur l’approche malhonnête de la Haskala. Le juif de la Haskala est là pour mentir au goy dans la vie publique, en prétendant faire partie d’une humanité ordinaire et post-tribale. En réalité il ment aussi à Dieu en privé en prétendant être un bon juif. Par quoi ce mensonge est-il motivé ? L’acceptation. C’est particulièrement triste car il faut avoir conscience que c’est le juif de la Haskala qui a provoqué l’opposition européenne, qui a très tôt évolué en antisémitisme institutionnel, qui a lui-même fini par aboutir à la Shoah.

En réalité, le sionisme, à ses débuts, a déploré la tentative désespérée de la Haskala pour apaiser le goy. Il avait prédit que le projet était voué à l’échec et a insisté pour sauver les juifs par le moyen d’un « retour au foyer  » fantasmé.

Il est important de mentionner que la manière sournoise de la Haskala est intégrée dans la culture israélienne et sioniste contemporaine et il est facile de l’expliquer. En dépit de l’inclination antijuive du sionisme originel, le sionisme a été vaincu par la judéité. Il est devenu la voix des juifs parce qu’il était suffisamment juif.

La manière sournoise de la Haskala est allée encore plus loin. Elle est désormais incrustée au cœur de la pensée de gauche et progressiste. Une fois de plus, il est aisé de l’expliquer. Pendant qu’à droite nous assistons à une claire dichotomie entre l’érudition et l’activisme, au sein de la gauche une telle séparation fait défaut. La tentative désespérée pour devenir un mouvement populaire, qui exclut les particularités, a mené la gauche à adopter une culture de suppression de la vérité. La conclusion de nouvelles alliances semble certainement plus importante à ses yeux que de dire la vérité et s’aliéner une petite partie.

Cela pourrait expliquer pourquoi par exemple, la solidarité à l’égard des Palestiniens insiste pour qualifier Israël d’État apartheid ou colonial. Les commentateurs intelligent et qui font preuve d’honnêteté intellectuelle ont compris qu’Israël était bien pire – c’est en réalité un purificateur ethnique raciste qui actionne une philosophie assimilable à celle du Lebensraum (espace vital) hitlérien. Cela explique également les raisons qui ont poussé l’activiste palestinien Ali Abunimah ainsi que les dirigeants de Jewish Voice for Peace (JVP) à me conseiller, il y a quelques temps, de cesser de parler de culture juive et de me concentrer sur le sionisme. Ils sabordent délibérément la vérité dans leur effort pour s’adresser aux juifs.

En résumé, la Haskala, ou devrions-nous plutôt dire « la tromperie », est profondément enracinée à la fois dans le discours sioniste et antisioniste mais également dans la pensée de gauche contemporaine. Il n’est pas étonnant que l’antisionisme ne soit jamais parvenu à rien et que la gauche soit devenue l’ombre isolée d’un jargon en décomposition.

 
 






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23 Commentaires

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  • #1006345

    Je connais pas le contenu précis de la pièce mais "Hôtel Europe", ça porte bien le projet avec Attali qui veux faire des pays des Hotels

     

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  • #1006544
    Le 21 octobre 2014 à 20:00 par Ich liebe dich
    La Haskala ou la culture du mensonge : entretien avec Gilad (...)

    Et en fin de compte, quand on dit que juif, mensonge et tromperie vont de pair (trio ?) on est taxé de tous les noms d’oiseau, et ce, pour ne citer que ces nobles qualités. Quant c’est un juif qui le dit, ça prend une autre connotation. Quelqu’un qui se revendique du talmud ou tout autre saloperie dérivée les rassemble en fait toutes.

     

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  • #1006558
    Le 21 octobre 2014 à 20:09 par solaine
    La Haskala ou la culture du mensonge : entretien avec Gilad (...)

    Je lis toujours Mr Gilad Atzmon avec un plaisir chaque jour renouvelé.
    Merci à lui et merci E&R.
    On se rend finalement compte que l’utilisation de la « haskala » ou plutôt de « la tromperie » est plus courante qu’on ne le pense, je citerai l’exemple de Jaku qui a utilisé la « haskala », « la tromperie » (le mensonge donc) pour travestir (ou inverser) la quenelle afin d’accuser Dieudo (le n° 1 des humoristes français et même du monde) d’antisémitisme et la quenelle d’être un salut nazi inversé... et plus grave encore, même nos gouvernants tombent dans le panneau et n’y voient que du feu... C’est grave Docteur ? Oui c’est grave, très grave !

     

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  • #1006606
    Le 21 octobre 2014 à 20:37 par Zvončar
    La Haskala ou la culture du mensonge : entretien avec Gilad (...)

    Cela explique également les raisons qui ont poussé l’activiste palestinien Ali Abunimah ainsi que les dirigeants de Jewish Voice for Peace (JVP) à me conseiller, il y a quelques temps, de cesser de parler de culture juive et de me concentrer sur le sionisme. Ils sabordent délibérément la vérité dans leur effort pour s’adresser aux juifs.



    Enfin ! Merci !

     

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    • #1008700

      Il est à noter que la gauche fait exactement pareil avec les musulmans, s’empressant de nier systématiquement tout lien avec l’islam lorsqu’un crime est commis en son nom et selon ses préceptes, ainsi qu’avec les communistes, puisque selon elle les régimes ignobles en portant le nom n’ont rien à voir avec le "vrai" communisme.
      Seul le nazisme appliqué a selon eux été le vrai nazisme, ce qui nous oblige à reconsidérer ce mouvement sous un autre oeil que celui de "Moscou", expression qu’on pourrait remplacer aujourd’hui par "l’oeil de Jérusalem".

       
  • #1006708
    Le 21 octobre 2014 à 21:54 par laurent
    La Haskala ou la culture du mensonge : entretien avec Gilad (...)

    Le slogan du poète de culture hébraïque Judah Leib Gordon,
    «  Sois un juif sous ta tente mais un homme dans la rue », est un excellent slogan laïque à la française et non l’approche malhonnête de la Haskala. Les sionistes ne sont pas des adeptes de la religion juive. Ils se déguisent en "juifs" pour commettre leurs forfaits au nom de cette religion à fin de profiter d’une impunité quasi totale. Ils sont contents de créer de l’antisémitisme pour se présenter comme " défenseurs " de la religion juive dont ils s’en tapent royalement. C’est tout simplement leur " fond de commerce".

     

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  • #1006897
    Le 22 octobre 2014 à 00:28 par Solarstorm
    La Haskala ou la culture du mensonge : entretien avec Gilad (...)

    Ce qui est certain avec Gilad, c’est que nous sommes face à un grand penseur qui sait faire progresser ses idées. Celle qui ressort de manière proéminente ces derniers temps c’est la soumission et la décomposition de la pensée de gauche à cette dialectique défaitiste imposée par le judaïsme, dont il vient de nous faire découvrir le dernier avatar.

    Je suffoque à chaque lecture de Gilad Atzmon, car il dépasse tellement loin les limites que malgré tout on s’impose, pour ne pas être plus ant-juif que n’importe quel vulgaire anti-sémite de base, que je vois comme une épreuve l’assimilation de ses concepts, parfois trop pointus, et que je finis par accepter bien après.
    Cela pour dire qu’il est bien loin devant et qu’il dirige avec force, sans ambiguïté. L’homme à suivre.

     

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    • #1007379
      Le Octobre 2014 à 14:45 par Jacques Abel
      La Haskala ou la culture du mensonge : entretien avec Gilad (...)

      Ni anti-sémite de base ni anti-juif de base, ce sont des Hommes les juifs et les sémites, quand on déteste l’Homme il ne nous est plus possible de voir notre fraternité avec lui, nous ne verrons jamais en celui d’en face, qu’il y a parfois plus de sincérité en lui que dans celui qui provient du même utérus que nous...

      L’israélitisme est plus propre à combattre !
      Celui-là est une idée, un concept, un idéal porté par un tout petit nombre qui tient en respect tout l’ensemble, il est lugubre, morbide, mortel pour ses adeptes ignorants !

      Le combattre c’est protéger ceux qui vont en sacrifice la fausse foi en croyance dans le cœur, le combattre, c’est soumettre le sacrificateur !

       
  • #1007209
    Le 22 octobre 2014 à 11:31 par Muhammad (le belge)
    La Haskala ou la culture du mensonge : entretien avec Gilad (...)

    Eric Zemmour est tellement un pro du Haskala qu’il existe encore des gens qui, dès qu’ils l’entendent déblatérer ces aneries contre l’islam, le prennent pour un français patriote

    Mais pourtant, il le dit lui même, il est d’abord juif puis français. On ne peux pas faire plus clair !

     

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  • #1008029
    Le 23 octobre 2014 à 01:27 par Rocky II
    La Haskala ou la culture du mensonge : entretien avec Gilad (...)

    C’est incroyable, vraiment incroyable, comment Atzmon tire au fusil à plasma.
    Il ne lâche absolument rien, ne veut pas se faire d’amis et trace la route de ses idées.
    Il doit avoir des moments de solitude.

    Notable aussi son souci récurrent de débusquer les faux soutiens, ou les soutiens morts-nés par essence, à la Palestine.

    Après, il synthétise ci-dessus beaucoup de choses que je n’ai pas toutes comprises malgré mon intérêt pour le sujet, soyons honnêtes, je manque de lectures.

    Mais bon. Toujours intéressant, personne ne lui enlèvera ça.

     

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  • #1008665
    Le 23 octobre 2014 à 18:00 par leprince
    La Haskala ou la culture du mensonge : entretien avec Gilad (...)

    la haskala est un principe juif d’adaptation à la philosophie des lumières qui ne l’oublions pas représentait et représente toujours une force de frappe très rationnelle(sciences-technique-progrès-plaisir) ; en réalité ce qui surpasse la philosophie aristostélicienne qui certes est apparu avant les lumières , c’est la Kabbale, alias la mystique juive , c’est elle la matrice du système et quand vous observez ses concepts, c’est vrai qu’elle est hyper séduisante et de bon sens avec ses concepts(ego-altruisme, donner-recevoir, les mondes spirituels etc) et pour vous dire la vérité elle est ouverte à tous et elle dit même qu’être kabbaliste et être juif par filiation sont deux choses totalement différentes, pour la kabbale, tu es "Israël" dans le coeur et non par filiation , elle est aussi gratuite et a but carrément pas lucratif du tout, la question est donc : est-elle discrètement judéocentrée ?
    Moi j’crois pas que c’est une douille ni une entreprise de charme

     

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  • #1011989
    Le 26 octobre 2014 à 12:57 par Grande quennelle
    La Haskala ou la culture du mensonge : entretien avec Gilad (...)

    Excellent !

     

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