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La rénovation urbaine n’a pas endigué la pauvreté et le chômage dans les cités

La politique de rénovation urbaine lancée en 2003 n’a pas réussi à endiguer la pauvreté et le chômage dans les banlieues où ces fléaux se maintiennent à des "niveaux élevés", selon un rapport parlementaire rendu public jeudi.

Réalisé par huit députés dans le cadre d’une mission du Comité d’évaluation et de contrôle des politiques publiques de l’Assemblée nationale, le document note que "la pauvreté et le chômage demeurent dans les quartiers sensibles à des niveaux élevés, sans amélioration réelle par rapport au reste du pays".

"Les écarts en termes de pauvreté, de chômage, d’accès aux soins et de résultats scolaires ne se sont pas réduits depuis la loi du 1er août 2003, qui avait fixé des objectifs en la matière et demeurent à des niveaux parfois très préoccupants", constate le rapport intitulé "Quartiers défavorisés ou ghettos inavoués : la République impuissante".

Dans les Zones urbaines sensibles (ZUS), le taux de chômage "plus de deux fois plus élevé que dans le pays" grimpe jusqu’à 30% dans des dizaines de quartiers.

Soulignant que le Programme national de rénovation urbaine (PNRU) est d’une "opportunité indiscutable", les députés estiment toutefois qu’il "n’est pas la panacée", car "au-delà de la dignité de l’habitat se jouent dans ces quartiers l’effectivité de la promesse républicaine".

Avec un montant global de 34,2 milliards d’euros, le PNRU constitue un pivot de la politique du gouvernement pour la période 2004-2013 dans près de 500 quartiers défavorisés.

Sur ce montant, l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU) apporte un financement d’environ 30% (le reste du programme étant financé par bailleurs, régions, départements et autres). Les élus réclament déjà un PNRU 2.

"L’investissement que la France a consenti pour rénover ses quartiers urbains difficiles ne sera rentabilisé que si les questions sociales au sens large y sont mieux traités qu’aujourd’hui", jugent-ils.

Dans ces quartiers, recommande le rapport, "il est légitime d’organiser +sur mesure+ l’action des pouvoirs publics", car "l’organisation actuelle n’est pas à la hauteur des exigences".

Le document note une "déficience structurelle de l’Etat déconcentré" dans ces quartiers, un "Etat appauvri, secoué par les différentes vagues de RGPP (Révision générale des politiques publiques)".

Il recommande un renforcement du rôle du maire, "clé de voûte d’une possible réussite de la politique de la ville".

"Nous sommes favorables à mettre dans les mains du maire, dans un premier temps à titre expérimental, sur une base contractuelle et dans le cadre de la politique de la ville d’autres leviers et facultés : signer les conventions d’emploi aidé en lieu et place de l’Etat, organiser l’emploi et l’implantation des forces de sécurité publique, affecter les effectifs de l’éducation nationale", proposent les députés.

Ces parlementaires militent aussi pour une nouvelle géographie prioritaire "recentrée sur les difficultés urbaines les plus graves" et impliquant de ce fait la réduction d’environ 20% du nombre de ZUS qui abritent aujourd’hui 4,4 millions d’habitants.

En mai dernier, devant le Conseil national des villes placé sous son autorité, le Premier ministre François Fillon avait renvoyé à 2011 une réforme de la politique de la ville.