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Les banques déplorent l’appel au "bank run" d’Eric Cantona

Elles estiment que l’initiative de la star est dangereuse pour le système bancaire.

Les banques françaises, longtemps restées silencieuses, déplorent depuis deux jours l’appel d’Eric Cantona à vider en masse les comptes en banque, estimant que l’initiative de la star est dangereuse pour le système bancaire. L’ancien attaquant de Manchester United s’est prononcé au début octobre pour un "bank run" (panique bancaire), une opération amplement relayée sur internet et qu’un collectif souhaite organiser le 7 décembre dans plusieurs pays d’Europe.

"Il n’y a rien de pire dans l’histoire qu’un bank run", a déclaré vendredi Jean-François Sammarcelli, directeur général délégué de la Société générale lors d’une conférence de presse. "Retirer son argent des banques, c’est extrêmement dangereux à la fois pour soi (...) et ce serait aussi dramatique pour l’ensemble du système", a-t-il ajouté. Jean-François Sammarcelli a estimé que le contexte de crise "devrait inciter tout le monde à être sérieux et prudent".

La ministre de l’Economie Christine Lagarde a taclé mercredi Eric Cantona en lui demandant de ne pas se mêler d’économie et de se cantonner au football.

Dans un entretien en octobre, en pleine mobilisation sociale contre la réforme des retraites, Eric Cantona expliquait qu’une nouvelle forme de révolution passait désormais par une déstabilisation des établissements bancaires. "Le système est bâti sur le pouvoir des banques, donc il doit être détruit par les banques. C’est-à-dire qu’au lieu qu’il y ait trois millions de gens qui aillent dans la rue (...), ces trois millions de gens vont à la banque, ils retirent leur argent, et les banques s’écroulent", déclarait l’ancien footballeur, largement relayé sur internet.

"Ceux qui ne veulent pas faire la révolution ont quand même intérêt à garder leur argent dans les banques", a remarqué vendredi le dirigeant de la SocGen. Le directeur général de BNP Paribas a de son côté jugé jeudi qu’une telle initiative était "mal fondée" et "insécuritaire". "Pour le bon fonctionnement du pays et de notre économie, on a absolument besoin de banques fortes et professionnelles", a déclaré Baudouin Prot. "Les 400 000 salariés qui tous les jours, dans les 40 000 agences bancaires en France, sont au service de tous les Français, méritent davantage de reconnaissance pour leur formidable dévouement que cet appel."

Reconnaissant que l’image des banques avait beaucoup souffert pendant la crise, un autre dirigeant de banque, qui s’exprimait sans vouloir être cité, a qualifié l’appel au "bank run" d’approche "complètement baroque". "Je ne suis pas sûr de comprendre à qui il souhaite rendre service", s’interroge ce dirigeant. "Je suis très perplexe."

A suivre, sur LaProvence.com ce week-end, l’analyse d’Alain Beitone. Professeur et auteur d’ouvrages de sciences économiques et sociales, il répond à vos questions.