Egalité et Réconciliation
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Les banques sont accusées de faire payer la crise à leurs clients particuliers

L’exaspération à l’égard des frais bancaires a toujours été forte, mais depuis quelques mois, les consommateurs craignent que les banques ne leur fassent payer le coût de la crise. L’étude que publie l’UFC-Que choisir, mardi 1er juin, sur l’évolution des tarifs entre 2004 et 2009, devrait les conforter dans leurs convictions.

Ses conclusions sont tranchées. Elles tiennent en ce constat, que l’association de défense des consommateurs qualifie "d’accablant" : "Depuis cinq ans, écrit l’UFC, la situation s’aggrave. Les tarifs sont toujours plus illisibles. Les packages (de services) sont onéreux et inutiles. L’inflation tarifaire s’est concentrée sur les frais sanctions liés aux incidents de paiement."

Aucune banque n’est épargnée. Toutes, affirme l’UFC, ont vu bondir leurs profits sur les frais perçus sur les clients, au point que ces commissions représentent désormais 40 % des revenus de la banque de détail... un marché de plus de 15 milliards d’euros. Depuis 2001, les commissions clients ont augmenté 1,7 fois plus vite que le produit intérieur brut (PIB).

Pour le président de l’association, Alain Bazot, les récentes lois et mesures, censées favoriser la transparence des prix et faire cesser les abus, ont manqué leur but. Il exhorte les pouvoirs publics à imposer aux banques plusieurs mesures fortes, dont, en priorité, l’envoi d’une facture avant le prélèvement des frais, comme le font tous les grands facturiers (EDF, France Télécom, etc.).

"Les banques ont mis en place des stratégies de contournement, observe M. Bazot, en gonflant les packages de services inutiles ou en augmentant leurs tarifs jusqu’aux plafonds autorisés, pour celles qui étaient en deçà. Elles abusent de la technique de l’information fleuve, qui noie les consommateurs sans les renseigner sur les services les plus utilisés ! Cela fait des années que ça dure et cela suffit !"

Ainsi, un client qui souhaiterait comparer les tarifs de douze banques serait confronté, "aujourd’hui encore plus qu’hier", à un parcours du combattant. Il aurait à manier "290 pages et 3 638 tarifs".

Ce travail de comparaison apparaît d’autant plus ardu que les tarifs valent tantôt pour le mois, tantôt pour le trimestre, voire le semestre ou l’an, que le contenu des packages varie selon les établissements et enfin, que les libellés sont incompréhensibles !

Iinflation des pénalités

A l’appui, l’UFC fournit des exemples qui laissent perplexes : "Commission d’immobilisation si les nombres débiteurs sont supérieurs aux nombres créditeurs : 20 % des intérêts débiteurs" (Banque populaire du Massif central) ; "Frais pour réclamation non justifiée : 40,10 euros" (BNP Paribas)...

S’agissant des packages, ces paniers de services qui devaient se révéler moins chers qu’à l’unité, leur prix a augmenté, en moyenne, de 12,2 % depuis cinq ans, quand l’inflation augmentait de 8 %.

En ne tenant compte que des opérations utiles (compte avec chéquier, carte bancaire et assurance moyens de paiement, accès à la banque par téléphone et Internet), l’UFC parvient à un surcoût moyen par package de 26 %. Seule La Banque postale propose "un package intéressant", avec peu de services mais tous indispensables.

Un sujet suscite "l’indignation" de l’UFC : l’inflation des pénalités sur les incidents de paiement. "Les banques s’acharnent sur les plus fragiles, déplore M. Bazot. A ceux-là, elles n’envoient pas des bouées mais des gueuses de fonte !"

Cette étude au vitriol devrait retenir l’intérêt de la ministre de l’économie, Christine Lagarde, qui a lancé une mission sur les tarifs bancaires. Un rapport est attendu en juin. "Il y a sans doute encore des progrès à faire, confie Georges Pauget, l’un des responsables de la mission, ex-patron du Crédit agricole, mais il ne faut pas céder à la démagogie. La France est le pays où les activités bancaires sont les plus réglementées et où le service est de qualité. Il est normal d’en payer le prix." La mission devrait toutefois formuler des recommandations pour améliorer la lisibilité des prix et alléger la pression sur les situations débitrices.