Egalité et Réconciliation
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Nations Presse rencontre Christian Bouchet

NPI : Christian Bouchet, bonjour. Pouvez-vous vous présenter ?


J’ai cinquante-trois ans. Je suis enseignant en sciences économiques en BTS. En parallèle à cela j’ai, au sein du camp national, une activité de journaliste, d’éditeur et d’activiste politique.

NPI : Quel a été votre parcours politique ?

Je suis entré en politique durant le second semestre 1969. J’avais à l’époque 14 ans et demi. Il y a eu dans cet acte une très grande influence de mon milieu familial qui était marqué par Maurras, le pétainisme et l’Algérie française et dont beaucoup de membres avaient connu la prison du fait de leurs convictions. Il y a eu aussi dans cet engagement un refus absolu de Mai 68 et de tout ce que cette pseudo révolution représentait.

Après un court passage dans les milieux monarchistes, je me suis rattaché à un courant que je n’ai jamais quitté depuis : celui du nationalisme-révolutionnaire. J’ai donc été de ceux qui ont milité avec François Duprat aux GNR et à qui Jean-Marie Le Pen déclara en juin 1974 : « La place des nationalistes révolutionnaires est au sein du FN, qui autorise la double appartenance et respecte les choix idéologiques de ses adhérents. » J’ai aussi été de ceux qui ont été victimes des purges de Michel Collinot et de Jean-Pierre Stirbois qui expulsèrent les NR du FN, sans diplomatie ni ménagement, durant les mois qui suivirent l’assassinat de Duprat en 1978.

Il s’en est suivi presque trente ans d’activisme politique, comme militant d’abord puis comme cadre dirigeant, dans des groupuscules dont le nombre d’adhérents a varié, selon les périodes, entre quelques dizaines et quelques centaines.

D’une manière en apparence assez paradoxale, alors que j’ai sacrifié beaucoup de choses à cet engagement groupusculaire, je n’ai jamais réellement cru à ses chances de réussite politique, et en tous les cas plus après ma rencontre avec François Duprat.


NPI : Si vous n’y croyiez pas pourquoi l’avez-vous fait ?


Si je ne croyais pas à la réussite organisationnelle, j’étais par contre convaincu – et je le suis toujours – par la justesse des idées et par leur influence possible. Ainsi, je me retrouve assez bien dans cette citation de Gilles Martinet, qui a passé une partie de sa vie dans des groupuscules de la gauche dure : « Je n’ai jamais cru à l’avenir des petites organisations se situant en marge des grandes formations historiques. Et pourtant, j’ai participé moi-même à la constitution et à la direction de plusieurs de celles-ci. C’est que je croyais que leur existence et que leur combat pouvaient entraîner des changements au sein des grands partis. »

Le rôle qu’ont eu les NR français au sein du mouvement national a été de servir de laboratoire idéologique et de passeurs d’idées. C’est ce qu’a très bien vu Nicolas Lebourg, un universitaire hostile mais honnête, qui dans sa thèse Les nationalistes-révolutionnaires en mouvements (1962-2202) écrit (p. 704) : « Au sein même du système politique concurrentiel, les groupuscules trouvent leur importance en leur travail de “veilleur” et de fournisseur de concepts et d’éléments discursifs aux structures populistes qui ont, quant à elles, accès à l’espace médiatique. Si on y regarde bien, la Nouvelle droite et les nationalistes-révolutionnaires ont donné trois idées au Front national : l’anti-immigration, l’anti-américanisme, l’anti-sionisme, et l’ont ainsi armé lexico-idéologiquement. »

Mais pour jouer ce rôle de laboratoire idéologique et de passeurs d’idées, encore fallait-il avoir une structure, une presse, des activistes, etc. C’est ce qui justifiait les constructions groupusculaires.


NPI : Aujourd’hui, où en êtes-vous ?


Je n’ai guère changé avec le temps, voire pas du tout, je me revendique donc toujours du nationalisme-révolutionnaire dont je diffuse, avec un certain nombre de camarades, les idées via divers sites internet, des maisons d’édition, des journaux et des revues.

Dans le même temps, je suis adhérent au FN et je milite à la base dans ma fédération départementale. Militer à la base étant d’ailleurs un bien grand mot tant est grande l’atonie du Front dans l’ouest de la France.


NPI : De quelles personnalités du FN vous sentez-vous le plus proche ?


Idéologiquement, je me retrouve souvent dans ce que peut dire ou écrire Jean-Claude Martinez. Son livre A tous les Français qui ont déjà voté une fois Le Pen me semble particulièrement remarquable. Ses récentes déclarations sur Chavez ou sur Ingrid Betancour étaient aussi lucides que lumineuses.

Stratégiquement, je souhaite qu’à terme Marine Le Pen prenne le leadership au sein du Front. Je sais qu’il est de bon ton de la critiquer, de voir en elle un Fini en jupon, mais telle n’est pas ma position. Elle est à mes yeux rassembleuse et politique, elle incarne à la fois la continuité et le renouveau ; et, last but not least, c’est une femme, de surcroît jolie… ce qui est un atout non négligeable pour nos idées. Qu’elles soient énoncées par une femme les rend sans doute moins dures, plus acceptables et il est notable que ce soit sous la direction de femmes que divers mouvements anti-immigrationnistes ou populistes aient obtenu de beaux succès ces dernières années. Je pense par exemple à Siv Jensen pour le Parti du progrès norvégien ou à Pauline Hanson pour One Nation en Australie.


NPI : Vous êtes très présent sur internet. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?


Si je suis présent avec mes amis idéologiques sur internet via divers sites, c’est que nous avons la conviction qu’internet est à la fois un média de contre-information et un vecteur idéologique important : notre lectorat en ligne est sans commune mesure avec celui qu’ont nos revues, nos brochures et nos livres.

Cela étant, il faut rester lucide, faire un site ou un blog, ce n’est pas forcément faire de la contre-information… A ce propos, à mes yeux la blogosphère nationale se caractérise dans son ensemble par une infinie médiocrité : reprendre des informations que tout le monde connaît, plagier des nouvelles d’agences ou mettre l’accent sur les faits divers ne sert pas à grand-chose. La contre-information ce n’est absolument pas cela.


NPI : Jean-Marie Le Pen a réuni près de 4 millions de voix à l’élection présidentielle. Et pourtant certains estiment que cela a été une catastrophe au niveau des résultats. Qu’en est-il à votre avis ?


Dès le lendemain du premier tour, les graphomanes de l’extrême-droite la plus hostile à l’actuelle direction du Front national s’en sont donnés à cœur joie et les critiques, plus ou moins argumentées, plus ou moins bien rédigées, mais toujours étrangement similaires - comme si elles recopiaient toutes un même dossier d’origine - ont été publiées à tire-larigot, tant dans la presse de la mouvance ringarde et nationale-sioniste, que sur ses sites internets.

Le résumé le plus clair de ces critiques se trouve, sans conteste, sous la plume de Robert Spieler qui, dans un texte intitulé « Les cinq raisons de l’échec de Le Pen », estime que le score du 22 avril s’explique par 1- l’absurde positionnement « républicain », 2 - la stratégie suicidaire de la recherche de voix chez les immigrés, 3 – l’hostilité de Marine Le Pen vis-à-vis du régionalisme, 4 - l’insincérité de l’Union patriotique et 5 - l’état lamentable du FN.

Si l’on excepte le dernier point, il saute aux yeux que les raisons qu’invoque Robert Spieler, si elles peuvent permettre de comprendre des réticences et des refus de vote au sein du « ghetto national » - c’est-à-dire dans un milieu réduit qui ne doit pas dépasser quelques milliers de personnes -, ne peuvent nullement expliquer le recul de Jean-Marie Le Pen.

En effet, les électeurs populaires, qui forment le socle électoral du FN, ne sont pas accessibles aux quatre premières raisons. S’ils l’avaient été, ceux-ci se seraient précipités chez l’agité du bocage – régionaliste à l’ancienne, peu républicain et très anti-immigré - ou bien ils se seraient abstenus, mais ils n’auraient pas accordé leurs voix à Sarko, qui était encore plus républicain que Le Pen, moins régionaliste, et dont la drague des voix immigrées était bien plus ostensibles.

Comme très souvent à l’extrême-droite, Robert Spieler confond les réactions du ghetto dans lequel il vit avec celles du peuple français, et semble tout ignorer des études de sociologie politique dont l’électorat national est l’objet…

Que la relative mauvaise organisation du FN - que Spieler dramatise en « état lamentable » - ait pu jouer à la marge, cela n’est pas totalement exclu. Mais le temps des partis militants est en grande partie passé. Le FN a fait une bonne campagne télévisée, il a touché ainsi la totalité des foyers et des électeurs. Quelques affiches en plus, quelques tractages en sus, cela n’aurait sans doute pas fait de mal, mais cela n’aurait guère amené d’électeurs supplémentaires, en tous cas beaucoup moins de 1 %… Là encore, donc, l’explication n’explique rien.

Malheureusement, au Paquebot, les analyses n’ont guère été plus convaincantes. « C’est la victoire des idées de Jean-Marie Le Pen », a expliqué Marine Le Pen, en ajoutant qu’en votant pour M. Sarkozy, « les Français ont préféré l’apparence du changement au vrai changement ». En disant cela, il semble qu’elle ait confondu lepenisation et sarkozysation… En fait, avec Sarko, la droite est redevenue tout simplement de droite et son libéralisme s’est vêtu des mêmes habits que Thatcher ou Bush. Sont-ce bien là les idées de Jean-Marie Le Pen ? On peut en douter.

Par ailleurs, une telle affirmation revient à penser que les opinions des électeurs sont immuables, or il faut se souvenir d’un ancien sondage qui montrait la porosité des électorats d’Arlette Laguiller et de Jean-Marie Le Pen, malgré leurs idées bien dissemblables… Qu’une partie des électeurs lepénistes aient quitté le menhir breton pour le nain hongrois est un fait, mais pour quelles raisons l’ont-il fait ? Et combien d’électeurs lepénistes ont voté pour Bayrou intelligemment positionné à la fois « hors système » et « contre système » et somme toute plus crédible que Le Pen ne l’était ?

En fait, l’explication la plus intelligente et la plus lucide, c’est dans les colonnes du Réseau Voltaire que nous l’avons alors trouvée.

Son analyste y affirmait : « En sélectionnant les candidats des deux principaux partis de gouvernement pour participer au deuxième tour de l’élection présidentielle, les Français semblent avoir contredit leur vote précédent. Mais à y regarder de plus près, ils n’ont pas changé de conviction, uniquement de manière de défendre leurs intérêts. » et de constater que « Les trois familles contestataires régressent (…) — dans des proportions absolument identiques — : les post-colonialistes (FN), les altermondialistes (néo-PC/Verts/Bové) et les trotskistes (LCR, LO, PT) perdent chacun 28 à 29 % de leurs voix de 2002. »

Il précisait ensuite : « Cette réalité étant établie, il est illusoire d’interpréter ces échecs en fonction de critères internes à ces partis. Ce serait confondre les causes et les conséquences. La personnalité des candidats, leur stratégie de campagne, les conflits au sein de leurs partis expliquent pourquoi certains reculent plus que d’autres à l’intérieur d’une même famille, mais aucunement pourquoi leur famille recule. En définitive, même si les électeurs partagent nombre de critiques formulées par ces familles politiques, et même s’ils conservent un attachement affectif avec elles, ils ne leur font pas confiance pour améliorer leur vie. Ces familles incarnent des perceptions du monde, des sensibilités, pas des conceptions du monde, ni même des utopies. » Ainsi, selon lui, pour le FN : « Malgré l’abandon du discours raciste, pour lequel il avait été sanctionné au second tour de 2002, et le recrutement de nouveaux cadres, le Front national ne parait toujours pas capable d’exercer efficacement le pouvoir. Au point que la presse dominante s’est plu à s’interroger sur la volonté de Jean-Marie Le Pen d’être élu. Dans ce contexte, le Front national fait les frais du délitement de son appareil militant. Ses cadres ultra-catholiques sont partis au MPF, drainant avec eux 800 000 voix vers Philippe de Villiers. Les électeurs racistes ont trouvé en Nicolas Sarkozy un leader beaucoup plus honorable pour respectabiliser leurs idées. Les classes moyennes protestataires ont trouvé en François Bayrou une personnalité capable de débloquer le système sans le casser. »

L’analyste du Réseau Voltaire soulignait par ailleurs que « dans ce contexte, la droitisation de la société française se poursuit. En 2002, l’effondrement de la gauche avait été bien plus important que celui de la droite. En 2007, le redressement de la gauche est bien plus faible que celui de la droite. Ce phénomène ne semble pas corrélé aux évolutions socio-économiques, qu’il s’agisse de la persistance du chômage ou de l’accroissement des inégalités. Les études qualitatives le relient exclusivement aux questions d’autorité, principalement la répression de la délinquance, mais aussi la faiblesse chronique du pouvoir qui l’empêche d’adapter le système de protection sociale à la réalité contemporaine, au risque de le voir péricliter. La demande d’ordre n’est pas vécue comme opposée aux droits sociaux, mais comme nécessaire à leur adaptation. »

Mais cette droitisation de la société n’a pas profité au FN. Pourquoi ? A cause du « vote utile ». En effet, si ce vote utile a bien joué « contrairement à ce que l’on pouvait prévoir, il n’a pas profité aux quatre candidats en capacité de parvenir au second tour, mais uniquement aux trois candidats susceptibles d’exercer le pouvoir. L’expérience de 2002 a en effet montré que l’opposition à M. Le Pen est si profondément ancrée que tous les autres partis sont prêts à lui faire barrage, y compris en appelant à voter pour son challenger quel qu’il soit. » Il est vraisemblable, si on suit cette analyse qu’une candidature de Marine Le Pen aurait donc permis un meilleur score.


NPI : Plus généralement, je crois que vous vous inscrivez donc en faux contre la vision catastrophiste des résultats électoraux du FN.


Tout à fait. La seule véritable catastrophe a été celle des législatives, mais les résultats étaient dans la logique du système qui a placé les législatives immédiatement après la présidentielle pour donner une majorité au Président élu. Donc il ne faut pas considérer cela vraiment comme une catastrophe électorale, mais comme une catastrophe matérielle via la baisse du financement public…

Dès les municipales, les scores du FN sont redevenus corrects dans les communes où il s’est présenté. Il est d’ailleurs piquant de constater que les quelques listes qui se revendiquaient du courant « identitaire » et qui espéraient faire de l’ombre au FN ont toutes connues, a contrario, un échec électoral cuisant vérifiant ce que j’ai toujours dit : leurs thèmes de campagne particulièrement autistes n’ont aucun écho, ni dans la population, ni dans l’électorat national. À ce propos on relèvera tout particulièrement le résultat de deux listes du Front national qui prouvent nos dires : celle que menait David Rachline à Fréjus et celle de Thibault du Réau à Libourne. Les deux têtes de liste étaient des candidats jeunes (moins de 30 ans tous les deux) mais ils avaient adopté une stratégie diamétralement opposée. David Rachline qui a été élu avec 12,50 % des suffrages a ainsi résumé sa campagne : « Si nous faisons bonne figure, c’est parce que j’ai tenu à revenir aux fondamentaux du Front national, soit un populisme patriote. J’ai dû bagarrer pour pouvoir m’adresser à tous mes électeurs, quelle que soit leurs origines et leur religion. Résultat, nous sommes entre 16 et 20 % dans des coins où les Français dits ”de souche” sont loin d’être majoritaires. » A contrario, Thibault du Réau qui se présentait sur une liste « d’union des extrême-droites », où étaient présents des villieristes et des nationaux-sionistes et qui développa des thèmes de campagne en conséquence, fit… 3,82 % !

Ainsi les urnes ont parlées… et pas qu’à Libourne ! À Strasbourg, contre le FN, Robert Spieler, s’est effondré à 2,17 % soit une baisse de 76 %. Et partout les baisses des candidats identitaires ont été du même tonneau : - 66 % au Havre, - 71 % à Évreux, - 72 % à Lomme, - 56 % à Dreux, etc.

Pour les cantonales, il fallait comparer ce qui était comparable, c’est-à-dire les résultats du Front national dans les cantons renouvelables de 2008 quand il y avait déjà eu des candidats en 2001. Cela représentait 991 cantons. Dans ceux-ci, le FN avait totalisé 637.625 voix en 2001. En 2008, il y a totalisé 629.348 voix, soit une perte de 8.277 voix. Ce qui représente 1,3 % du total et, ramené à chaque canton, moins de 9 voix. De plus cette baisse est en quasi totalité due à la seule défection du couple Bompard qui à eux deux font perdre 8.000 voix au Front. Dans 44 cantons, le Front n’avait pas présenté de candidat en 2001 : leurs scores vont de 23,14 % à 2,68 %, avec une moyenne de 8,14 %.

Donc, je le répète, on ne peut pas parler de catastrophe ni de baisse électorale. Par contre, ce qui est le plus problématique, c’est la difficulté à présenter des candidats en plus grand nombre, ce qui est un résultat concret de la démonisation organisé par le système contre notre mouvance.


NPI : Pour vous, qui représente aujourd’hui dans l’opinion publique, l’opposition au gouvernement de François Fillon et à la politique menée par Nicolas Sarkozy ? Et pourquoi ?


Il me semble que tout est fait pour que l’opinion publique soit convaincue que cette opposition est représentée par Olivier Besancenot.

L’opération est en soi intéressante et montre comment le système désigne et instrumentalise ses pseudo-opposants.

Maintenant, je pense que tous ceux qui fréquentent votre site sont convaincus que Besancenot n’est pas un opposant, mais une marionnette et un laquais.

Il y a là, sans aucun doute, un grand travail militant à effectuer : dénoncer le montage et montrer comment Besancenot est un valet de ce système qu’il prétend combattre.

Naturellement, dans les faits, la seule opposition réelle à Fillon-Sarkozy est le FN. Nous en sommes convaincus, mais encore faudrait-il que le peuple français le soit lui aussi. Or je crains que, faute de visiblité médiatique et militante suffisante pour le Front, cela ne soit pas le cas.


NPI : Quel est votre sentiment sur la création de nouveaux partis politiques au sein du courant national ?


Mon sentiment est très négatif. Comment pourrait-il en être autrement ?

Quand on voit cette mouvance, aussi bruyante que réduite en nombre, organiser a qui mieux mieux des universités d’été, des réunions publiques et des conventions, créer des blocs, des fédération et des droites nouvelles, il n’est pas nécessaire d’être un grand spécialiste de l’histoire du mouvement national pour retrouver derrière tout cela quelques noms de diviseurs professionnels (quand je dis “professionnels”, c’est pour signifier qu’il en on fait leur profession et qu’ils en tirent ou en ont tiré revenus…) qui s’étaient fait discrets quelque temps, et qui réapparaissent tous soudain au premier plan, prêts pour une nouvelle embrouille, prêts à servir un nouveau maître ou l’héritier de leur ancien patron.

Pasqua arrosait hier des groupuscules populaires, nationaux et républicains, dans le seul but de prendre des voix au Front national, de l’affaiblir et de lui nuire… Est-ce maintenant Sarkozy qui arrose toutes ces manœuvres dans le seul but de prendre des voix au Front national, de l’affaiblir et de lui nuire ? On peut le penser. Quoiqu’il en soit, à dix-sept ans de distance, dans des opérations similaires, on retrouve trop de noms identiques pour que cela soit un simple hasard.

Hier comme aujourd’hui, ces individus jouent les purs, ils cherchent à séduire en adoptant des postures radicales et dures. Marine Le Pen n’est plus « assez à droite », elle a abandonné les « fondamentaux du Front », etc. Pourtant avoir occupé, pour certains, des responsabilités au sein du Centre national des indépendants ou de La Droite de Fillon, avoir appelé à voter Bayrou, pour d’autres, ou le fait de discuter actuellement sans trop s’en cacher avec le MPF de Villiers (auquel appartiennent déjà certains des leurs), pour certains autres, n’est pourtant pas précisément un brevet de radicalité, de pureté et de dureté…


NPI : Un nouvel organigramme a été mis en place au Front National. L’avez-vous vu ? Si oui, avez-vous des remarques à faire à ce sujet ?


Je l’ai vu, bien sûr, et il est évident aussi que je l’ai analysé. C’est une construction dans laquelle il n’est pas dur de reconnaître diverses fractions. Il va sans dire que je me sens très proche de certaines, beaucoup moins d’autres.

Il ne m’appartient pas de critiquer cet organigramme, qui serais-je pour le faire ? Je reste cependant un peu mal à l’aise face à certaines présences, et je suis perplexe sur la nécessité de donner des responsabilités nationales à certaines personnalités dont les déclarations écrites ou orales montrent qu’elles n’ont qu’un rapport très lointain avec les réalités politique et géopolitique de la France et de l’Europe.


NPI : Votre conclusion ?


Je peux difficilement conclure autrement qu’en faisant référence à une tribune libre d’Alain de Benoist publié sur le site voxnr.com peu de temps après les dernières législatives : « Le Front national paraît avoir mis du temps à comprendre que la culture de ses électeurs n’était pas forcément la même que celle de ses militants. L’avenir du FN dépendra de sa capacité à comprendre que son “électorat naturel” n’est pas le peuple de droite, mais le peuple d’en-bas. L’alternative n’est pas pour lui de s’enfermer dans le bunker des “purs et durs” ou, au contraire, de chercher à se “banaliser” ou à se “dédiaboliser”. L’alternative à laquelle il se trouve confronté aujourd’hui de manière aiguë est toujours la même : vouloir encore incarner la “droite de la droite” ou se radicaliser dans la défense des couches populaires pour représenter le peuple de France dans sa diversité. »

Mon combat et celui de mes amis est là : à l’intérieur ou à l’extérieur du FN, contribuer a ce qu’il devienne, selon les termes d’Alain de Benoist, « une force de transformation sociale dans laquelle puissent se reconnaître des couches populaires au statut social et professionnel précaire et au capital culturel inexistant, pour ne rien dire de ceux qui ne votent plus. » Qu’il devienne en clair le véritable « parti du peuple de France ».

Quand je lis dans une déclaration de Marine Le Pen à 20 minutes « Je ne me sens pas à l’aise dans les quartiers bourgeois. Je suis plus à l’aise dans les quartiers populaires », quand je vois le FN axer sa campagne contre l’immigration sur les aspects économiques et sociaux de celle-ci, ou organiser une manifestation devant le siège des patrons-voyous de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière, je me dis que, si nous n’avons pas encore gagné, il se pourrait bien que nous en prenions le chemin.

Source : http://www.nationspresse.info