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Norman Finkelstein : les USA ne donneront pas de feu vert pour bombarder l’Iran

L’intellectuel juif américain Norman Finkelstein a exprimé sa grande admiration pour le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah prévoyant qu’il va diriger le monde arabe grâce à son intelligence et sa rationalité. Et d’ajouter que « c’est ce qu’Israël craint le plus ».

Interrogé par le correspondant du quotidien libanais Al Akhbar aux États-Unis, ce militant contre le sionisme a écarté l’éventualité qu’Israël puisse bombarder l’Iran, estimant que Washington ne lui donnera pas le feu vert pour le faire. « L’administration d’Obama ne peut supporter les séquelles économiques et militaires d’une telle guerre, étant donné qu’elle a les mains liés en Irak et en Afghanistan », explique-t-il. Et d’assurer que le président américain ne peut pas prendre le risque que soit fermé le détroit d’Ormuz (par lequel transite la majeure patrie de l’or noir), et la hausse des prix du pétrole » qui peut en découler.

Finkelstein juge que l’affaiblissement de l’Iran n’est pas seulement un objectif israélien, mais également occidental, « voire même russe, pour des raisons géopolitiques et stratégiques ». Assurant toutefois que toutes les tentatives dans ce sens seront vouées à l’échec.

Selon lui, Israël voudrait bien infliger à l’Iran ce qu’il avait infligé à l’Égypte sous le règne de Jamal Abdel-Nasser, mais « il ne peut pas le faire parce qu’il n’a pas encore de feu vert américain ».

Finkelstein estime toutefois qu’il y a une grande différence entre les deux régimes : « le régime d’Abdel-Nasser avait édifié une forteresse de sable (…) ; alors que c’est grâce aux capacités économiques iraniennes que la Banlieue-sud ( de Beyrouth dont une partie a littéralement été rasée lors de l’offensive israélienne contre le Liban en 2006) a été reconstruite, et que la Syrie a été soutenue alors qu’elle faisait l’objet de pressions ». Justement, pour ce militant juif anti israélien, c’est grâce à son alliance avec Téhéran que Damas n’a pas cédé comme ce fut le cas avec Anouar Sadate (l’ex-raïs égyptien qui a été le premier dirigeant arabe à avoir conclu un accord de paix avec l’entité sioniste), profitant de sa puissante alliance régionale, « au moment où les USA sont en extinction », précise-t-il .

S’agissant du processus de paix, l’intellectuel juif américain s’est montré sceptique, voir sarcastique : « après 17 ou 18 années des accords d’Oslo, nous devrions nous demander ce qu’il a réalisé pour résoudre le conflit » affirme-t-il. Évoquant les résolutions onusiennes lesquelles stipulent un état palestinien dans les frontières de 1967, dont Jérusalem AlQuds, ainsi que le droit de retour des Palestiniens et de leur indemnisation, Finkelstein relève qu’il n’en a rien été de ces résolutions, alors « qu’Israël continue d’annexer des territoires et d’y implanter un demi million de colons, tout en construisant le mur de séparation (…) ».

Et de conclure « qu’il ne s’agit pas d’un processus de paix, mais d’un processus de colonisation ».

Interrogé sur l’initiative arabe qu’il a qualifiée de bien, Finkelstein a jugé que son application manque de volonté politique de la part des pays arabes. Rappelant à cet égard comment les Sionistes ont exercé toutes sortes de menaces escortées de --- pour décrocher la promesse de Balfour, la division de la Palestine, et leur reconnaissance en tant qu’état ». « Ils le font toujours et à chaque occasion » martèle-t-il.

Sur la situation politique en Irak, au lendemain du scrutin législatif, qui a sacré les Sadristes comme troisième force politique, incontournable pour former un gouvernement, l’auteur de « L’industrie de l’holocauste » y perçoit « les graines du Hezbollah qui ont poussé en Irak » : « c’est un choc pour tous ceux qui ont cru que l’homme a définitivement disparu de la scène politique… Il s’est éloigné des regards pour travailler avec les pauvres, et organiser les foules ; à l’instar du Hezbollah au début de son lancement ».

S’exprimant sur la guerre israélienne des 22 jours contre la Bande de Gaza, Finkelstein considère que c’est « un message adressé au Hezbollah » : « Vu que le Hezbollah et l’Iran sont forts, Tel Aviv était consciente qu’elle ne pouvait pas les frapper ; alors elle a choisi Gaza qu’elle assiège depuis plusieurs années, pour rétablir sa force dissuasive », explique-t-il.

Alors que ce message consiste à dire que la force de destruction israélienne sera sans mesure, l’intellectuel anti sioniste estime qu’Israël a perdu cette guerre à long terme, « car ses séquelles le harcèleront toujours », signalant entre autre « le rapport Goldstone, et les deux rapports de la Ligue arabe et d’Amnesty International qui exigent d’interdire les ventes d’armes à Tel Aviv ». Mais il craint toutefois que ces rapports ne soient avortés par l’autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, qui selon lui prend ses directives de la Maison Blanche.

Toujours selon Finkelstein, les Arabes peuvent en ce moment traduire l’entité sioniste devant la justice international à Lahay, pour le blocus qu’elle inflige à la bande de Gaza, estimant qu’ils s’abstiennent de la faire en raison des pressions américaines.