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Partis politiques : des nouvelles du nerf de la guerre

Alors que l’UMP et le PS restent, de loin, les partis les plus riches, au centre, le MoDem tire son épingle du jeu tandis que le Nouveau Centre naît sans dot. Et la situation financière du PCF est moins catastrophique que celle du FN.

Tant d’efforts mal récompensés ! C’est ce que pourrait se dire Hervé Morin, ministre de la Défense et leader du Nouveau Centre. Malgré une liste impressionnante de candidats issus de la diversité familiale et professionnelle, les ex-UDF ralliés à la majorité présidentielle ne pourront pas bénéficier du financement public. L’abnégation de ses proches aux dernières législatives - son chauffeur Marc Bisson, candidat dans le Lot, son épouse Catherine Broussot, avocate à Paris, postulante dans les Hautes-Pyrénées, sa « plume » ministérielle, Muriel Montero, investie dans le Nord, ou encore Françoise Hocquard, collaboratrice de Morin dans l’Eure, prétendante dans l’Ariège... - n’aura en effet pas permis au Nouveau Centre d’atteindre 1% des voix dans 50 circonscriptions métropolitaines, condition requise pour obtenir une part des 80 Meuros que l’Etat alloue chaque année au financement public des partis politiques. Un seuil créé afin d’éviter que des mouvements fantaisistes ne se présentent dans un autre but que celui de faire vivre la démocratie. Exit donc, cette année, les nouveaux écologistes de Homme-nature-animaux, Energies démocrates et autres Concordat citoyen. La leçon a sans doute été comprise puisqu’en juin 2007, 7 640 candidats à la députation se sont présentés aux suffrages, alors qu’ils étaient 8 444 en 2002.

En outre, nombre de candidats du Nouveau Centre ne se sont pas inscrits en préfecture sous la dénomination du Parti social libéral européen (PSLE), qui était censé regrouper les centro-sarkozystes. Jean-Christophe Lagarde, député-maire de Drancy estampillé MoDem pour les électeurs et pour François Bayrou, s’est inscrit en indépendant : il n’est donc comptabilisé nulle part, même s’il a rallié depuis le groupe Nouveau Centre. Or, en matière de financement public, c’est la déclaration en préfecture qui fait foi. Et elle n’est susceptible d’aucun recours, selon la circulaire du 10 mai 2007 : « Le rattachement doit être unique, la déclaration devient définitive. La loi ne prévoit aucune procédure par laquelle le candidat puisse, passé le délai du dépôt des candidatures, revenir sur sa déclaration initiale. »

Contrairement aux déclarations des leaders du Nouveau Centre, l’élection de 20 députés à l’Assemblée nationale ne permettra pas non plus de percevoir de l’argent public. En effet, « pour bénéficier de la seconde partie du financement (44 394 eurospar député et par an, ndlr), il faut avoir été éligible à la première » (1,65 euros par voix et par an), assure la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP). Aussi le Nouveau centre devra-t-il se contenter des 1 169 euros par mois qu’alloue l’Assemblée nationale à chaque député, à moins qu’il n’accepte d’entrer dans la dépendance financière... de l’UMP. C’est donc le MoDem qui garde la main sur le trésor de l’UDF, même si, après la campagne présidentielle et les résultats aux législatives, le magot a quelque peu fondu. De près de 5 Meurosannuels, il est passé à 3,5. Cependant, François Bayrou peut espérer jusqu’à 8 083 000 euros de remboursement des frais engagés pour la présidentielle, puisqu’il a dépassé - très largement - la barre des 5% (voir encadré).

Il est toutefois encore trop tôt pour évaluer précisément les dépenses liées à la campagne présidentielle : « Nous avons reçu les comptes de tous les candidats à la présidentielle le 6 juillet, et nous avons six mois pour les analyser », explique-t-on à la CNCCFP. Pour le premier tour, le remboursement ne peut pas excéder la moitié du plafond fixé à 16 166 000 euros. Les deux candidats retenus au second tour se partageront 21 594 000 euros, à condition évidemment de fournir les justificatifs.

Mais il reste une inconnue au centre : combien de sénateurs resteront affiliés à la maison bayrouiste et combien se rallieront au Nouveau Centre ? Les caisses des partis se remplissent ou se vident selon l’effectif des parlementaires : un député ou un sénateur rapporte 44 394 euros par an durant cinq ans à son parti. Il faut néanmoins retrancher les pénalités pour non-respect de la parité hommes-femmes. Le MoDem sera moins sanctionné que l’UMP : moins 429 500 euros par an pendant cinq ans contre moins 3 965 000 euros pour la Rue La Boétie. En dépit du manque à gagner lié à la perte de 50 députés, l’UMP devrait retrouver son niveau de financement de la législature précédente, notamment parce que la retenue pour non-respect de la parité sera plus faible. Il faut aussi retrancher au budget de l’UMP la quote-part qu’il reverse au parti radical-valoisien d’André Rossinot et Jean-Louis Borloo, qui passe de 800 000 eurosà plus de 1,5 Meuros par an.

A gauche, c’est l’association PS-PRG qui se taille la part du lion. Avec plus de 41 Meuros selon nos estimations, la manne est néanmoins inespérée. Le Premier secrétaire a pu se réjouir du score du PS après le second tour des législatives, mais aussi de la qualification de son ex-compagne au second tour de la présidentielle.

Les grands perdants sont le PCF et le FN. Plombé par le résultat de Marie-George Buffet à la présidentielle, le parti de la place du Colonel-Fabien a perdu plus de 1 Meuros après les législatives. Au point qu’il doit gager les bijoux de famille. En février 2008, il devrait percevoir 808 300 euros au titre du remboursement des frais de la campagne présidentielle. De quoi mettre un peu de baume au coeur, à défaut de beurre dans les épinards. Le parti prévoit des licenciements parmi ses permanents.

Le FN est, lui, dans une situation catastrophique. L’aide publique au financement passe de 4,6 à 1,8 Meurosaprès les législatives. Il bénéficiera aussi d’une partie du remboursement de ses frais engagés pour la présidentielle, à concurrence de 8 Meuros. Comme au PCF, un plan social est envisagé pour alléger le Paquebot de Saint-Cloud. En présentant près de 50% de candidates, le FN ne se verra retrancher que 21 500 euros par an de sa part d’argent public. Entre 2002 et 2007, il avait perdu 77 454 euros par an. Mais, à cette époque, le parti de Jean-Marie Le Pen était mieux doté.


Aziz Zemouri (avec Marine Pommarède)

Source : http://www.lefigaro.fr