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Pétrole : l’Arabie saoudite détrônée par la Russie

Les exportations russes ont dépassé celles du pays du Golfe, qui est tenu par les quotas de l’Opep.

Symbolique mais significatif. Pour la première fois, les exportations de pétrole brut et de produits pétroliers de la Russie ont dépassé celles de l’Arabie saoudite au deuxième trimestre : 7,4 millions de barils jour (mbj) pour les Russes contre 7 millions pour les Saoudiens. Alors même que le grand producteur du Moyen-Orient dispose de capacités bien supérieures (12 mbj).

En même temps, comme le remarque Pierre Terzian, directeur de Pétrostratégies, « l’Arabie saoudite consomme beaucoup de pétrole pour son marché intérieur (2,2 mbj) car elle pratique des prix très bas alors que la Russie utilise 2,8 millions, ce qui reste assez faible compte tenu de la taille du pays ».

Cela dit, si la Russie vient de détrôner son rival du Golfe, c’est avant tout une question de stratégie. En tant que membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l’Arabie est tenue de respecter les quotas. Ayant appliqué à 87 % les baisses de production décidées fin 2008, Riyad fait même figure de meilleur élève du cartel. Tandis que la Russie, producteur indépendant donc non contraint, peut tirer profit de la politique de l’Opep. Pourtant, Moscou s’est lancé depuis plusieurs mois dans une campagne de séduction vis-à-vis de l’organisation de Vienne, envoyant des délégations au plus haut niveau et remettant plusieurs mémorandums.

« La Russie avait fait mine de coopérer en s’engageant à faire remonter les prix en limitant leur production, remarque Francis Perrin, directeur de Pétrole et gaz arabes. Ils n’ont pas tenu leurs engagements. »Ce que les économistes appellent le comportement dit « du passager clandestin ». En clair, les pays libres de tout quota continuent de produire pendant que leurs petits camarades de l’Opep se serrent la ceinture dans l’optique de faire remonter les prix. Et ensuite, ils peuvent bénéficier de la hausse obtenue.

Stocks élevés

Pour faire face à l’effondrement des prix, passés de plus de 147 dollars en juillet 2008 à 32,40 dollars le baril en décembre, l’organisation qui pompe 40 % du brut mondial a pris des mesures radicales en décembre, décidant de retirer du marché 4,2 mbj. Depuis, le baril a plus que doublé et oscille autour des 70 dollars. Un niveau jugé acceptable par le cartel, qui s’est prononcé ce mercredi à Vienne en faveur d’un statu quo, malgré des stocks encore élevés et des perspectives de croissance incertaines. Le marché est « très stable et en bonne santé », a déclaré la veille de la réunion le ministre saoudien Ali al-Nouaïmi, chef de file du cartel.