Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Peuple ou euro : le gouvernement grec a tranché...

"Nous ne voulons pas vivre dans la misère pour l’euro" : le slogan scandé par les Grecs dans les manifestations contre le plan d’austérité drastique de leur gouvernement démontre qu’ils ont parfaitement compris l’enjeu de la crise que traverse leur pays.

Le choix est en effet précisément celui-ci : le peuple ou l’euro.

Comme l’expliquent nombre d’économistes (les derniers en date étant Jean-Jacques Rosa et Philippe Villin, dans une tribune publiée par Le Figaro), la Grèce pourrait sortir par le haut de la crise qu’elle traverse, qui est une crise de spéculation contre sa dette, en dévaluant sa monnaie. Cette décision permettrait de remettre de l’huile dans les rouages pour faire repartir le cercle vertueux de la croissance et de l’emploi.

Mais il y a une difficulté de taille, qui ne vous aura pas échappé : la Grèce n’est plus capable de dévaluer sa monnaie, parce qu’elle fait partie de la zone euro...Dès lors, la seule question qui se pose est de savoir s’il faut abandonner l’euro, retrouver sa liberté monétaire, et dévaluer, ou garder l’euro à tout prix, quitte à trouver d’autres variables d’ajustement, en l’occurence le chômage et les salaires...

Inutile de vous préciser que, pour l’heure, les "élites" grecques, largement sous pression bruxelloise, ont fait le choix de l’euro, contre le peuple. Par idéologie, parce que rien d’autre ne permet de comprendre cet entêtement suicidaire, il a été décidé que les Grecs auraient à subir la pire cure d’austérité de leur histoire, afin que leur pays puisse conserver la monnaie unique.

Il faut donc se méfier des analyses trop rapides qui consisteraient à penser que l’euro est déjà mort, et que la Grèce en sortira forcément bientôt, uniquement parce que cette décision relève de la plus pure logique et du meilleur bon sens.

C’est oublier que parfois l’idéologie est plus forte que tout, et que l’acharnement d’un Système chancelant à se maintenir pousse ses promoteurs, et ceux qui en profitent en haut lieu, à se crisper et à foncer tête baissée vers la catastrophe. Si la réalité ne dépendait que des évidences économiques, l’euro depuis longtemps aurait disparu, ou même n’aurait jamais vu le jour, parce que dès que l’idée d’une monnaie unique pour des pays aussi divers a été émise, de brillants économistes (on pense à Maurice Allais, notre seul prix Nobel d’économie français) écrivaient que cette monnaie ne serait pas viable.

L’euro n’est donc pas encore mort, et la Grèce n’a pas encore retrouvé sa liberté monétaire, car l’idéologie pour le moment demeure plus forte que tout. Ne croyons pas que du jour au lendemain ceux qui ont mis en place depuis des décennies l’édifice européiste lâcheront prise. Certainement pas ; ils se battront jusqu’au bout, même au prix de très lourds sacrifices.

L’euro tombera si nous nous battons pour qu’il tombe. Les choses ne se feront pas automatiquement. Déjà les Espagnols et les Portugais, touchés par une crise similaire à l’exemple grec, doivent se préparer à des décisions gouvernementales du même type. Le premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, a déjà prévenu : il est prêt à tailler à la hâche dans les dépenses sociales, même de santé, afin que son pays reste dans l’euro. Là-bas aussi le choix se résumera à cette question : le peuple ou l’euro ? Et là-bas aussi, le réflexe de la caste dirigeante sera de répondre l’euro, sans hésitation. L’Italie suivra, et la France probablement.

Chez nous, d’après, d’après un récent sondage de l’Ifop, une nette majorité de Français déclarent regretter le franc (69%, contre 61% en 2006 et 48% en 2002), signe que la population est prête à retrouver sa liberté monétaire et défier ses élites. Il faudra nous battre le moment venu pour que les bons choix soient faits, enfin !