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Pour le sénateur UMP Alain Lambert, Nicolas Sarkozy entraîne la droite "droit dans l’abîme"

"Si le président de la République n’est pas seul en cause dans l’échec des régionales, il l’est pour une partie non négligeable. Et il a eu le grand tort de ne pas le reconnaître avec humilité devant les Français." Cette phrase n’émane pas d’un responsable du Parti socialiste ou d’Europe Ecologie, mais bien d’un élu de l’UMP, le sénateur de l’Orne et ancien ministre du budget, Alain Lambert.

Vendredi 2 avril, le parlementaire a publié, sur le site Web de la chaîne Public Sénat, une tribune au vitriol contre le chef de l’Etat, qui fait elle-même suite à deux messages assez critiques, rédigés la veille sur le réseau de microblogging Twitter. Amplement repris par la presse, qui y avait vu un nouveau signe de fronde anti-Sarkozy au sein de la majorité, ces "tweets" sont à l’origine du texte d’Alain Lambert.

"Me voilà convoqué au tribunal médiatique pour antisarkozysme primaire", écrit le sénateur dès l’introduction, avant de rappeler qu’il soutient le chef de l’Etat "depuis 1992" et même "en 1995 où il était très isolé" par son rôle de premier plan auprès d’Edouard Balladur, adversaire et ennemi juré de Jacques Chirac.

"UN HOMME DONT LE PREMIER GESTE FUT DE SE RENDRE AU FOUQUET’S"

Ce soutien, appuie l’élu, lui donne la légitimité pour critiquer le chef de l’Etat, a contrario de "la cour qui le flatte aujourd’hui et l’entretient dans une perception de la France qui n’est pas la mienne", poursuit Alain Lambert, avant d’ajouter : "Pour ma part, j’ai toujours considéré qu’il était plus loyal d’exprimer franchement ma pensée."

Force est de constater que la critique est franche : en premier lieu, rapporte l’élu, il faut entendre la critique d’électeurs "déboussolés, se sentant méprisés, tenus pour quantité négligeable", contre "un comportement désinvolte, irrespectueux de ceux qui avaient porté à la présidence de la France un homme dont le premier geste fut de se rendre... au Fouquet’s ! Quel symbole !"

Alain Lambert rappelle ensuite les griefs martelés depuis la défaite aux régionales, contre "des décisions aussi discutables que des taxes nouvelles, l’ouverture à gauche débridée, des paroles aussi surprenantes que "’le Parlement, je m’en moque, j’ai décidé"".

"SES MÉTHODES NOUS ENTRAÎNENT DROIT DANS L’ABÎME

Pour le sénateur, il faut donc cesser "le concert des hypocrites", car "aujourd’hui [Nicolas Sarkozy] n’est pas en situation de faire gagner nos idées en 2012. Alors à quoi sert-il de lui faire croire ? Sinon à persister dans ses méthodes qu’il croit bonnes depuis 3 ans et qui nous entraînent tout droit dans l’abîme".

Alain Lambert conclut en proposant une rencontre entre les anciens premiers ministres de droite, MM. Juppé, Raffarin, Villepin, et l’actuel, François Fillon, "pour envisager toutes les éventualités". Selon lui, cette rencontre permettrait d’engager "une réflexion sans tabous et surtout dans l’exclusif intérêt supérieur du pays".

Le sénateur de l’Orne n’est pas le premier à critiquer Nicolas Sarkozy dans les rangs de la majorité. Sénateur, ancien ministre, respecté pour ses compétences de fiscaliste, ce franc-tireur ne craint pas la sanction. Mais il atteint dans ce texte un niveau de virulence rare pour un membre de la majorité.

Malgré les appels à l’unité et à faire front derrière le chef de l’Etat, les rancœurs continuent de s’étaler à l’UMP. Mercredi, Thierry Mariani, candidat de la majorité en région PACA, à qui on avait promis un maroquin ministériel en échange de sa participation à ce scrutin pour lequel il n’était pas enthousiaste, a boycotté la réunion à l’Elysée des têtes de liste du parti pour les régionales. En expliquant : "quand on est pris pour un con, il faut savoir terminer les choses".