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Quand le grand reich en pinçait pour le Tibet

Les liens d’amitiés unissant l’Allemagne nazie, l’Italie fasciste, l’Espagne franquiste, et le Japon impérial sont connus de tous. Mais qui se doute que le Grand Reich nourrissait une tendresse toute particulière pour le pays des Dalaï-lamas ? Un pays qui accueillera d’ailleurs volontiers l’ancien SS Heinrich Harrer, popularisé sous les traits de Brat Pitt dans le film de Jean-Jacques Annaud « 7 ans au Tibet »…

A première vue, cette révélation a de quoi surprendre. Pourtant, l’intérêt des dignitaires du IIIe Reich pour le Tibet remonte aux années vingt. A cette époque, le professeur Karl Haushofer, directeur de l’institut munichois de géopolitique, enseigne l’importance fondamentale de l’Asie centrale, et plus particulièrement du Tibet pour la puissance germanique. L’éminent professeur, féru d’occultisme, est en effet persuadé que la race indo-européenne est originaire de cette région. Son contrôle s’avère donc indispensable pour la suprématie mondiale. Parmi ses élèves, un certain Rudolf Hess, qui va mettre en relation le géopoliticien avec un homme politique un peu spécial : Adolf Hitler… L’alchimie fonctionne entre les deux hommes. Le professeur Haushofer va ainsi aider Hitler à rédiger son ouvrage politique « Mein Kampf », tout en l’initiant à l’occultisme asiatique. L’époque est d’ailleurs propice aux sociétés initiatiques. Certaines vont particulièrement influencer le national-socialisme, comme la Société Thulé, ou encore la Société Vril. Pour s’en convaincre, il suffit de savoir que le Docteur Friedrich Krohn (Société Thulé) dessina la croix gammée, devenu l’emblème nazi. Ces sociétés secrètes amalgamèrent plusieurs mythes et légendes afin de démontrer la supériorité de la « race aryenne ». La base en était les idées exposées par le Rosicrucien Sir Bulwer Lytton dans son livre « the coming race », et ayant trait à la notion de « surhomme ». Le résultat final, toujours développé par de nombreux groupuscules d’extrême droite contemporains, est assez fumeux. Pour les idéologues nazis, le peuple germanique descend des Teutons. Quant à ceux-ci, ils sont rattachés au(x) peuple(s) mythique(s) Atlante-Hyperborée-Thulé. Ces Grands Ancêtres étaient (forcément) détenteurs de connaissances et de pouvoirs fabuleux, dont la maîtrise du Vril, une énergie psychique considérable pouvant être utilisée comme arme. Mais ces Grands Ancêtres sont eux-mêmes issus d’extra-terrestres, venus de la lointaine étoile Aldébaran… Il va sans dire que ces E.T. sont grands, blonds aux yeux bleus, et qu’ils sont, en fait, les premiers aryens. Pour finir, une légende raconte que les Aryens, conduits par Thor, durent jadis fuir un terrible cataclysme et qu’ils s’installèrent alors dans l’ancien Tibet…

Indubitablement, le Tibet fascine les dignitaires nazis. Et lorsque, sous la houlette de Himmler, la SS monte en puissance, elle est mise au service de cet occultisme nazi. Le « Schwarze Korps » (le Corps Noir) reçoit comme mission première la protection du peuple germanique. D’une certaine façon, il s’agit là d’une croyance quasi messianique en la nécessité absolue de protéger « le peuple élu ». Une religion qui va sécréter sa caste de grands inquisiteurs, prêts à brûler tous les « hérétiques » : l’Ordre Noir. Rien d’étonnant donc à ce que la SS s’intéresse de prêt à l’occultisme, au travers de sa branche très spéciale de l’Ahnenerbe (voir encadré). Cet institut se met à financer de nombreuses expéditions visant à découvrir les traces de ces Grands Ancêtres : Pôle Nord et Antarctique (théorie de la terre creuse) ou encore, « toit du monde », sont des axes privilégiés.

La SS au pays des neiges


C’est ainsi que l’Ahnenerbe va dépêcher une équipe de scientifiques au Tibet en 1938. Cette équipe est placée sous la direction du biologiste allemand Schäffer, pour lequel le Tibet n’est pas une terre inconnue. Schäffer a effectivement déjà conduit deux expéditions au « pays des neiges », respectivement en 1931 et en 1934. Officiellement, il y a effectué des recherches zoologiques. Mais cette fois, le biologiste a une mission bien précise : il doit mesurer les crânes des autochtones afin de vérifier si les Tibétains peuvent être considérés comme les ancêtres des aryens. On ne sait rien des résultats de ces investigations, mais on peut déjà s’étonner du succès de cette mission. Comment, en effet, l’expédition nazie a-t-elle pu pénétrer au Tibet, alors sous protectorat britannique, quand Alexandra David-Néel et l’explorateur suédois Svein Hedin (par ailleurs sympathisant nazi) s’en virent refuser l’accès ? Force est de constater que les Allemands furent bien reçus par les autorités tibétaines, malgré l’étrangeté de leur mission. En fait, les Allemands furent même officiellement invités par les autorités de Lhassa, provoquant une timide protestation des Britanniques… Faut-il penser que les Tibétains souhaitaient opposer l’alliance Nippo-germanique à ce qu’ils percevaient comme une complicité Sino-britannique ? Il est certain, en tout cas, que les membres de l’expédition nazie vinrent s’entretenir de considérations géopolitiques dépassant la mesure des crânes avec les autorités tibétaines. D’après les groupuscules néo-nazis, Thupten Gyatso (XIIIe Dalaï-Lama, mort en 1933) n’aurait pas caché ses sympathies pour Hitler, faisant traduire Mein Kampf en tibétain et félicitant le Führer lors de son accession à la Chancellerie. C’est pourquoi les autorités de régence (avant l’accession au pouvoir de l’actuel Dalaï-Lama) auraient engagé des pourparlers avec les représentants du Reich. Des affirmations impossibles à vérifier. Il reste cependant établi que la mission nazie s’est effectivement entretenue avec les autorités tibétaines, et qu’elle s’est rendue au Tibet à l’invitation de celles-ci.

Mais les groupuscules néo-nazis vont encore plus loin : ils affirment que de nombreux Tibétains ont servi sous l’uniforme de la Waffen SS sur le front de l’Est. Leur endurance au froid, associé à leur refus de se rendre, en auraient fait de redoutables combattants qui auraient suivi leurs camarades germaniques jusque dans les ruines de Berlin. A la chute du IIIe Reich, de nombreux combattants nazis ainsi que des membres de l’Ahnenerbe auraient trouvé refuge au Tibet. Là encore, rien ne permet d’étayer valablement cette hypothèse. Aucune preuve matérielle et vérifiable ne vient à l’appui de ces déclarations spécieuses. Seule une étude fouillée des archives de l’armée soviétique pourrait éclaircir ce point.

Heinrich Harrer, l’alpiniste de l’Ordre Noir


Mais il reste tout de même un autre élément troublant : la présence de Heinrich Harrer au Tibet pendant plusieurs années. Mieux, cet « inoffensif alpiniste Autrichien » deviendra, très officiellement, le précepteur et le confident du XIVe Dalaï-Lama pendant près de deux années ! Dans son autobiographie « Au loin la liberté », l’actuel Dalaï-Lama écrit que « Heinrich Harrer se révéla un être délicieux (…) à la fois sympathique et passionnant ». Car Heinrich Harrer, rendu célèbre par son livre « 7 ans au Tibet », dont Jean-Jacques Annaud a tiré un film, s’était évadé du camp britannique de prisonniers de guerre de Dehra Dun. Après un périple de deux années, il parvint à rejoindre Lhassa, ce qui constituait un véritable exploit ! Et si les Britanniques avaient arrêté Harrer, c’est qu’il devait participer à une expédition sportive dans le Nanga Parbat, au Tibet. Rien de bien méchant en somme, ainsi que le raconte l’alpiniste dans son livre et le Dalaï-Lama dans le sien. Sauf que l’expédition en question était commanditée par Himmler en personne, et donc placé sous le patronage de la fameuse Ahnenerbe… Il est donc tout à fait légitime de se demander si cette expédition ne poursuivait que des buts sportifs, ou si elle faisait en réalité suite à la « mission anthropologique » de 1938… Une fois encore, les autorités tibétaines avaient donné leur accord. Mais cette fois, en pleine guerre mondiale, les Britanniques s’y étaient fermement opposés. Sauf également que Heinrich Harrer n’était pas du tout un « innocent alpiniste autrichien ». Il était, en réalité, un membre de la SS. Un fait qu’il a toujours nié, mais que le journal « Le Monde » a révélé au grand public lors de la sortie du film de Jean-Jacques Annaud. C’est un fait : Harrer a menti. C’est ce que démontre indiscutablement son reçu de cotisation de 1933, ainsi que le certificat nécessaire à son mariage remis de la main même de Himmler ! Car les membres de l’unité d’élite qu’était l’Ordre Noir ne pouvaient pas se marier avec n’importe quelle femme : préservation de la pureté de la race aryenne oblige… Comme les autres membres de l’Ordre, Harrer devait se trouver une femme « compatible » et formuler la demande de mariage auprès des autorités de la SS, qui procédaient aux contrôles nécessaires. Mais dans le cas de Harrer, le certificat délivré par Himmler démontre que l’alpiniste autrichien était un membre important de l’Ordre Noir, et un Aryen de premier plan. Le XIVe Dalaï-Lama n’écrit-il pas, d’ailleurs bien naïvement, qu’il « avait des cheveux blonds comme je n’en avais jamais vu ». C’est ainsi que Harrer fut affectueusement appelé « Gopse », c’est à dire « tête jaune » par son nouvel ami. Un alpiniste autrichien qui, après son ascension victorieuse de la face Nord de l’Eiger, avait fait part de ses sentiments profonds : « quelle récompense inestimable pour nous d’avoir eu le droit et l’honneur de parler avec le Führer ! Nous avons fait la face Nord de l’Eiger pour parvenir, par-dessus le sommet, jusqu’à lui ». C’est donc ce personnage qui va guider le jeune Dalaï-Lama dans son apprentissage du monde. Laissons le dernier mot à Sa Sainteté le XIVe Dalaï-Lama : « grâce à lui je me faisais peu à peu une idée plus précise du monde extérieur et plus particulièrement de l’Europe et de la guerre qui venait de la ravager ».

Source :
http://orlandoderudder.canalblog.com
 






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1 Commentaire

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  • #119509
    Le 18 mars 2012 à 13:26 par natmaka
    Quand le grand reich en pinçait pour le Tibet

    Certains affirment que l’amitié du Dalaï Lama pour Heinrich Harrer, un Allemand membre du parti Nazi qui fut l’un de ses précepteurs, révélerait un penchant politique douteux voire ferait de lui le complice d’un criminel.

    Le rabbin Abraham Cooper, l’un des doyens du Centre Simon Wiesenthal, affirma que rien ne montre qu’Harrer aurait participé à des actes répréhensibles (cf. http://www.nytimes.com/1997/06/21/m... )

    Par ailleurs même si Harrer avait été un criminel le Dalaï Lama ne serait coupable que s’il l’avait assisté.

    En résumé certains reprochent au Dalaï Lama son amitié pour un homme reconnu non-coupable de crimes nazis qui furent commis à des milliers de kilomètres de sa zone de résidence et alors que le lama, né en 1935, était âgé de moins de 10 ans...

     

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