Egalité et Réconciliation
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Qui est Jean-Christophe Cambadélis ?

Pour E&R par la revue Faits & Documents

En septembre 2012, Jean-Christophe Cambadélis devait déjà succéder à Martine Aubry à la tête du Parti socialiste, mais François Hollande en avait décidé autrement. Depuis lors, « Camba » attendait son heure patiemment, dans l’ombre, ne ratant jamais une occasion de savonner la planche du « pote » Harlem Désir. C’est donc logiquement qu’il est devenu premier secrétaire du Parti socialiste, le 15 avril dernier, obtenant la majorité du Conseil national du PS avec 67,12 % des voix. Ce professionnel de la lutte contre le Front national, trotskyste de formation, fils spirituel de Pierre Boussel alias Lambert, fut le véritable artisan de la « gauche plurielle ». Le choix de ce spécialiste des batailles d’appareil, condamné pour affairisme, proche de Dominique Strauss-Kahn, pourrait rapidement s’avérer problématique pour un Parti socialiste en pleine déconfiture.

 

« Le PCI ira de crise en crise et, en l’absence de développements significatifs dans la lutte des classes, la voie est bouchée ; il faut avoir le courage de se réorienter sur un nouvel axe. »

Jean-Christophe Cambadélis, Rupture programmatique avec la IV Internationale, 1986

 

« Trotskiste de formation, dur parmi les durs de l’AJS, devenue OCI, puis PCL. »

Le Monde, 26 mars 1998

 

« Un boucher. »

Jean-Luc Mélenchon, ancien trotskiste (congrès de Brest)

 

« Pur produit du trotskisme et du syndicalisme étudiant. »

Le Nouvel Observateur, 4 décembre 1997

 

« “Anthropologue” de la politique, toujours avide d’élargir son carnet de relations, il apparaît comme fasciné par le pouvoir. »

Le Nouvel Observateur, 2 décembre 1999

 

« C’est le premier meurtre en temps de paix depuis les années 30. »

Réaction de Jean-Christophe Cambadélis à la mort de Clément Méric, le 7 juin 2013

 

« Kostas », dauphin de Pierre Boussel…

 

Jean-Christophe Cambadélis (de son patronyme entier Cambadélis dit Giorgiades) est né le 14 avril 1951 à Neuilly (Hauts-de-Seine). D’une extrême discrétion sur ses origines, il est le fils de Grecs de l’île de Mytilène arrivés à Marseille en 1920. Son grand-père, tailleur de diamants, a été naturalisé français en 1927. Son père, diamantaire, marié à Yvette Bleuse, employée à la Banque de France d’origine picarde, s’installera rapidement au Canada avec toute sa famille. Le couple divorcera et il reviendra avec sa mère et sa sœur en région parisienne.

 

« Nous sommes tous des enfants d’immigrés », débat sur l’immigration le 3 octobre 1991, où « le grec Jean-Christophe Cambadélis » se garde bien de préciser ses origines sociales :

 

Il indique au Who’s Who être père de deux enfants. Alors qu’il vient de fêter ses 63 ans, il s’est très discrètement remarié le 15 octobre 2009 à la mairie du XIXe arrondissement de Paris avec la socialiste Héloïse Tarraud, délégué général du Syndicat français du café ainsi que directeur des relations extérieures et de la communication de la Fédération des produits de l’épicerie et de la diététique (appelée aussi Alliance 7), qui regroupe dix syndicats professionnels (chocolaterie, biscuiterie, confiserie, alimentation infantile, apéritifs à croquer, céréales pour le petit déjeuner, panification, miels…). Dans le passé, cette lobbyiste a été chargé de communication pour la Fédération nationale des travaux publics, directeur des relations extérieures du Groupe Cible ainsi que secrétaire général du Mouvement européen de 2001 à 2007. Le témoin de mariage de Jean-Christophe Cambadélis était Dominique Strauss-Kahn.

 

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Le mariage de Camba dans Actualité juive d’octobre 2009

 

Passé par le lycée de Sarcelles et l’école secondaire laïque active de Pierrefitte, il a d’abord milité dans les rangs anarchistes libertaires au sein du groupe Rouge et Noir. Il assiste en 1969 au Bourget à son premier meeting de l’Alliance des jeunes pour le socialisme (AJS) – la structure jeune de l’Organisation communiste internationaliste (OCI, qui deviendra le Parti communiste internationaliste, PCI) – et y adhère aussitôt. Il devient un militant très actif à partir de son entrée à la faculté de Nanterre (puis, tardivement, à Jussieu), se liant étroitement au futur historien Benjamin Stora et au futur journaliste de Libération Pierre Marcelle, eux aussi membres de l’AJS. Affrontant rapidement le Parti communiste, les trois construisent un cercle AJS et s’emparent de l’Association générale des étudiants de Nanterre, « c’est-à-dire non-communiste (et) portée sur les fonds baptismaux par la CFDT et la FEN, grâce à l’entreprise d’André Bergeron, le leader de la CGT-FO » (blog de J.-C. Cambadélis).

Se dissimulant sous le pseudonyme de « Kostas » (qui serait une référence au philosophe Kostas Axelos selon Wikipédia), il intègre sa branche la plus sectaire, les « lambertistes » de Pierre Boussel, dit Lambert. Il devient le principal dirigeant de l’AJS, apparaissant très vite comme le dauphin de Pierre Lambert. En 1976, il est l’un des trois porte-parole (avec Charles Najman et Julien Dray) contre la réforme universitaire d’Alice Saunier-Seité. Il participe activement à la scission de l’Unef, dont il est devenu – via Lambert – président en 1977, et sera le président de l’Unef-ID (qui réunit les étudiants de gauche non-communistes, c’est-à-dire trotskistes et socialistes) de 1980 à 1984 tout en étant secrètement membre du bureau politique de I’OCI puis du PCI.

Dans Cet étrange M. Blondel, Bourseiller écrit :

« Au sein du bureau politique du PCI, c’est justement le président de l’Unef-ID, Jean-Christophe Cambadélis, qui s’occupe des relations avec Force ouvrière. Il rencontre souvent Irving Brown (NDA : représentant international de l’AFL-CIO, étroitement lié à la CIA, à l’origine de la scission CGT-FO en France durant la Guerre froide). Au fil du temps et malgré la différence d’âge, les deux hommes apprennent à se connaître, à tel point que le jeune dirigeant trotskiste devient un véritable confident du syndicaliste américain. L’intégration des lambertistes à Force ouvrière est donc totale. »

C’est sans doute par ce biais américain que Cambadélis mettra au point l’Association internationale des étudiants, qui rivalisera rapidement avec l’Union internationale des étudiants dirigée par Moscou (notamment avec des actions spectaculaires en Pologne).

 

Reportage du 16 février 1982 sur le congrès de l’UNEF, un syndicat « indépendant » :

 

En parallèle, il continue à travailler étroitement avec Force ouvrière, épisode peu connu de sa carrière, montant les premières listes professionnelles FO chez les enseignants puis coordonnant les élections à la Sécurité sociale.

Entre-temps, durant la campagne de 1981, il assiste Pierre Bérégovoy et Lionel Jospin, avant de coordonner le service d’ordre de la fête socialiste du 10 mai 1981 à la Bastille (y prenant même la parole). Les liens ont en effet été longtemps étroits entre le PS (qui ne disposait pas d’une organisation de jeunesse) et l’AJS/OCI, dont nombre des membres finissaient au cours du temps à intégrer le PS et sa direction (l’exemple type étant Lionel Jospin).

 

... stratège du Parti socialiste

 

Ce sera exactement l’itinéraire de « Camba », qui va se reconvertir haut la main dans le PS en avril 1986, juste après les élections législatives. C’est dans la brochure signée de sa main, Rupture programmatique avec la IV Internationale, qu’il justifie son désaccord politique (échec des candidats du Mouvement pour un parti des travailleurs, montée du Front national pas assez combattue), mais Cet étrange M. Blondel de Christophe Bourseiller (Bartillat, 1997) nous en apprend beaucoup plus sur les vraies raisons de ce départ préparé depuis plusieurs mois (voir aussi Les Lambertistes, un courant du trotskisme français de Philippe Campinchi, lui-même ancien trotskiste, et Du trotskisme au Parti socialiste, mémoire de l’IEP de Paris de Guillaume Trèves). En réalité, Cambadélis, comme plusieurs dirigeants du PCI, veut réussir, percer dans la vie politique. La révolution n’étant plus au goût du jour, ces cadres vont se recycler financièrement au PS avec l’assentiment direct de François Mitterrand, qui pilotera l’opération depuis l’Élysée via Jean-Louis Bianco et le père de Jean-Loup Salzmann (mais aussi via Lionel Jospin), apportant avec eux l’Unef-ID (35 000 membres), le principal syndicat étudiant (dont Cambadélis va demeurer l’éminence grise), la partie trotskiste de SOS Racisme, le Syndicat national unifié de directeurs et instituteurs Force ouvrière, et environ 450 cadres formés politiquement (plus l’ imprimerie de l’OCI, alors mal en point, que l’on retrouvera dans l’affaire de la Mnef, cf. « Les trotskistes et la Mnef. Noyautage pour un joyau », Libération, 4 janvier 1999).

L’opération est montée dans le plus grand secret (nombre des pratiques des lambertistes s’apparentent à celles des sectes, notamment le goût du secret et la pratique de l’infiltration) avec la création d’une direction secrète scissionniste, un service d’ordre parallèle, un comité central parallèle. « Il faut faire une fraction par groupe de trois sur le modèle du FLN pendant la guerre d’Algérie », expliquera Benjamin Stora.

Cette scission, la plus importante depuis la fondation du courant lambertiste, va briser celui-ci et faire la carrière de nombre des scissionnistes (le mathématicien Pierre Broué, Philippe Darriulat, Liem Hoang Ngoc, Benjamin Stora, Olivier Spithakis, Laurent de Villepin, Fatiha Cherfi, Isabelle Martin, Michel Yvernat, Nicolas Delesque, Agnès Bathiany, Frédéric Decazes, le secrétaire général de l’UNSA Luc Bérille, Sandrine Hirbec, Philippe Maurel, Jean Grosset, Djamel Cherfi, le journaliste Laurent Mauduit, Marc Rosenblatt, Pierre Raphaël, Alexis Fortin, Christophe Borgel, l’acteur Bernard Murat, François Belen, Khaled Melhaa, le futur président de la FCPE Jean-Jacques Hazan, le journaliste Gérard Desportes, Jean-Michel Cattin, Olivier Rey, Manu Maheu, Christianne Gabylonne, Michel Assoun, Alain Bussière, Dominique Turpin, Jean-Claude Worms, Eric Wachsberger, Philippe Plantagenest, Pierre Dardeau, Gérard Obadia, Jacques Dupont, Dominique Paganelli, etc.), qui intègrent le PS en véritable tendance constituée (tout en rejetant un quelconque « entrisme ») réunie autour de Convergences socialistes, le 29 septembre 1986, dans le but avoué de renforcer la gauche du parti. Disposant d’un énorme volant de lycéens, d’étudiants et de jeunes syndicalistes ou enseignants, ce groupe coordonne aussitôt les grandes grèves étudiantes de décembre 1986 (avec « l’affaire Malik Oussekine »), considérées comme étant à l’origine de la défaite de Jacques Chirac et du RPR en 1988.

Dès avril 1987, Cambadélis est propulsé membre suppléant du comité directeur du PS. C’est l’année où il finit par soutenir, après plus de dix années d’études universitaires, sa thèse de doctorat en sciences humaines consacrée à l’étude des Mouvements sociaux sous la Ve République. À la demande de François Mitterrand, qui a parfaitement compris tout ce dont il peut tirer de ce professionnel de l’activisme, l’ambitieux est chargé de la coordination de la jeunesse durant la campagne présidentielle (« Génération Mitterrand » ou « Génération Tonton »).

En parallèle, il lance de multiples structures satellites, dans la meilleure tradition trotskiste, pour renforcer son pouvoir au sein du PS, comme le Cercle d’études contemporaines, Démocratie et politique, etc. Il appartient à une foultitude d’associations socialistes comme le Club des 101, l’Institut Lucien Herr), dirige La Revue socialiste depuis 2005, passe pour être franc-maçon (il appartient ou aurait appartenu, selon Le Nouvel Observateur du 21 avril 1994, à la loge République du Grand Orient de France), signe plus d’une vingtaine d’essais politiques aussitôt écrits, aussitôt oubliés (À propos des mouvements étudiants, Pour une nouvelle stratégie démocratique, L’Après-krach, Lettre ouverte à ma génération, Pour une nouvelle gauche, L’Avenir de la gauche plurielle, L’Étrange échec, Que faire du Parti socialiste ou l’éternel commencement, 1905-2005 , etc.).

Il demeure aussi le principal administrateur d’une petite structure totalement méconnue, la Mutuelle interprofessionnelle de France, structure opaque installée à Marseille et associée à la Mnef (dirigée par ses féaux) dont la Cour des comptes ne pourra même pas vérifier le nombre d’adhérents. Il continuera longuement à travailler (notamment de 1993 à 1997) par la suite pour la Mnef (jusqu’à sa faillite) et pour ses satellites, soit comme sociologue, soit comme salarié à temps partiel de diverses structures comme Media jeunes, Iram High Com, etc.

 

En pointe dans la lutte contre le Front national

 

Spécialiste des batailles d’appareil, il se fait désigner en 1988 à la place du député sortant (!) Alain Billon, comme candidat socialiste dans la 20e circonscription de Paris, et est élu député (51,6 %) face au CNI Jacques Féron. Fort de son siège au Palais Bourbon, il va alors faire de la lutte contre les idées nationales et le Front national en particulier son arme pour occuper le terrain médiatique en jouant sur la naïveté de la jeunesse de souche et la manipulation des immigrés de seconde génération (alors même que Jean-Marie Le Pen a pris position contre la guerre en Irak, par exemple). Après l’« Appel des 122 pour dire non à Le Pen » de 1987, celui qui appartient au groupe d’amitié France-Israël à l’Assemblée nationale monte en janvier 1991, peu après la profanation de Carpentras, le « Manifeste contre le Front national », qui va lui rallier des milliers de militants et des centaines de responsables ou élus socialistes (plus de 50 000 signatures) et lui permettre de nouer des liens avec ce qui deviendra « la gauche plurielle » : radicaux de gauche, écologistes, chevénementistes, etc.

 

 

L’objectif du Manifeste n’est pas moral (comme avec SOS Racisme), il est politique : utiliser la lutte contre le FN pour rassembler toute la gauche. Cette stratégie de harcèlement connaîtra son point d’orgue lors du congrès du FN à Strasbourg le 29 mars 1991, avec une gigantesque manifestation hostile rassemblée sous l’étiquette du Manifeste. Par ailleurs, cette création intervient au même moment que celle, par la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), de Ras l’front !, ce qui empêchera la LCR de s’assurer l’exclusivité du contrôle de la jeunesse dans le combat contre le FN.

Une lutte contre le Front national qui lui vaudra régulièrement les honneurs de Tribune juive :

 

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Tribune juive, 9 juillet 1998

 

À ce titre, Cambadélis, écouté par Lionel Jospin en son temps, peut être considéré comme le véritable artisan de la gauche plurielle avec la théorie du « bras articulé » : une alliance sans visée hégémonique sur l’ensemble de la gauche (hormis le PC) pour assurer une majorité de gouvernement et dans les urnes. Il est le premier à proposer des accords, puis des circonscriptions réservées et le reversement des subventions publiques, d’abord au Parti radical de gauche, puis aux écologistes. Tous en profitent mais ne doivent leur présence à l’Assemblée qu’au bon vouloir du PS, faute de pouvoir s’imposer au premier tour en tête.

Battu de justesse (49,31 %) aux élections législatives de 1993 dans le XIXe arrondissement par Jacques Féron, il retrouvera son siège en 1991, ayant obtenu 54,06 % face au RPR (ex-maoïste, aujourd’hui FN) Michel Bulté. Secrétaire aux relations extérieures du PS, il est promu, à la suite de l’entrée de Lionel Jospin à Matignon, numéro deux officieux du PS, cumulant ce poste avec celui de secrétaire aux fédérations, pouvant donc ambitionner de prendre la tête du parti. Il faut dire que Lionel Jospin le lui devait bien, s’étant activé pour lui à rééquilibrer les instances du parti au profit des jospinistes contre le clan des fabiusiens, véritable épine dorsale du PS.

Son ascension va être brutalement stoppée par deux scandales. Le premier est sa mise en examen puis sa condamnation par le tribunal correctionnel de Paris (Le Nouvel Observateur, 2 décembre 1999, Libération, 7 mars 2000, etc.) en janvier 2000 à cinq mois de prison avec sursis et 50 000 francs d’amende pour « abus de confiance et abus de biens sociaux » pour un « emploi fictif » auprès d’Yves Laisné, ancien membre du comité central du Front national et responsable du Service d’action civique au Havre, passé de l’enseignement du droit à la faculté du Havre au rachat et la gestion de foyers Sonacotra via l’Association des foyers de la région parisienne. Cambadélis, parangon de vertu et figure majeure de l’antifascisme, avait donc « travaillé » comme « conseil en stratégie et image » d’Agos, de mars 1993 à avril 1995, à 20 000 francs bruts par mois, pour un « odieux fasciste » cité nommément dans Article 31 (n° spécial de 1989 sur Le FN et l’argent de l’establishment) ou dans le tome III du Dictionnaire de la politique française d’Henry Coston...

 

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Un épisode peu glorieux que Jean-Christophe Cambadélis aimerait bien faire oublier : le fondateur du Manifeste contre le Front national été salarié fictivement de 1993 à 1995 par un ancien membre du comité central du FN et du Service d’action civique pour racheter au meilleur prix des foyers de travailleurs immigrés en région parisienne...
(Le Monde, 23 novembre 1995)

 

Condamnation dans l’affaire de la Mnef

 

Le second scandale est son implication dans l’affaire de la Mnef, la principale mutuelle étudiante qui ne s’en remettra jamais et disparaîtra peu après. Comme on l’a vu précédemment, Cambadélis avait toujours continué à tirer les ficelles de l’Unef-ID et de la Mnef, intégralement noyautées quant aux postes de salariés par des socialistes et des trotskistes. Dans la série Mnef, Histoire d’une génération (parue dans Le Monde du 10 au 12 décembre 1999), on lit cet aveu sidérant :

« Le vieux réseau lamberto-mitterrandien joue à plein. Pour ce petit monde, celui que Jean-Marie Le Guen a qualifié de “leader d’une génération” a sa voie toute tracée : “Camba” sera premier secrétaire (du PS), Premier ministre et pour finir président de la République. »

En juin 2000, il est mis en examen pour « recel d’abus de biens sociaux » (qui ne concerne qu’un dossier annexe, indépendant de ses autres phases de salarié à mi-temps à la Mnef et dans ses filiales comme Hiram High Com, Média-Jeunes, Mutuelle universitaire du logement, MIF ou Policité, de 1987 à 1995). Il avait notamment touché 620 500 francs de la Mutuelle interprofessionnelle de France, filiale de la Mnef, comme « conseil permanent », « sociologue » ou « chargé des contacts auprès des ambassades et des universités » (seuls trois documents manuscrits attestant du travail de celui qui était devenu député purent être fournis...). Il tente maladroitement de se justifier dans Le Chuchotement de la vérité (2000), où « sa version de la génération des années 70 s’éloigne souvent de la vérité [...] “C’est l’histoire de la Mnef racontée par le grand-oncle de Jean-Christophe qui veut redorer l’image de ses camarades”, ironise un ancien lambertiste » (France-Soir, 7 juin 2000). Sur l’affaire de la Mnef, scandale pratiquement étouffé, on pourra lire « Éléments pour une histoire politique de la Mutuelle nationale des étudiants de France » (Cahiers du Germe, n°4, 1999), Tout sur la Mnef d’Olivier Spithakis (Éditions N°1, 2000), Les scandales de la Mnef. La véritable enquête d’Éric Decouty (Michel Lafon, 2000), Scandales à la Mnef. Où va l’argent de la sécu des étudiants ? de Guy Dovert (Éditions Akr).

Lors du procès, il expliquera sans rire :

« J’étais parlementaire et je cherchais un complément à mon salaire [!]. La proposition d’Olivier Spithakis est arrivée au bon moment. Je savais qui était qui, qui était quoi et qui était où. Pour moi, militant de l’économie sociale, la mutualité sociale ne peut pas être jugée avec les yeux du CAC 40. Les conseils d’administration sont des lieux politiques, pas des jetons de présence. Ce qui était acheté par la MIF, c’était mes quinze années de militantisme étudiant. »

Il faudra attendre le 12 juin 2006 pour qu’il soit reconnu « coupable de recel d’abus de biens sociaux » et condamné à six mois de prison avec sursis et seulement 20 000 euros d’amende par la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris, sans aucune interdiction d’exercer un mandat politique et sans privation de ses droits civiques, alors même que le tribunal s’était montré, en paroles, implacable à l’encontre de ceux qui s’étaient présentés comme des « militants  » au service du « mouvement social de la jeunesse ».

Il avait en effet été réélu député de Paris en 2002 (56,37 % face à Bulté), même s’il s’était mis en congé durant le temps de sa mise en examen, tout en étant très présent au sein du PS. Il fut en effet l’un des initiateurs en 2000 du courant Socialisme et démocratie favorable au réformisme de Lionel Jospin, son responsable des relations avec le monde associatif et syndical lors de l’élection présidentielle de 2002,avant de se rapprocher de Dominique Strauss-Kahn (vieil ami de la Mnef) censé incarner au mieux « la synthèse jospino-rocardienne dont le débouché doit être la mutation vers la social-démocratie » (Wikipédia). En mai 2002, DSK était venu le soutenir lors de sa campagne électorale.

 

(Ouvrir l’image dans une nouvelle fenêtre pour l’agrandir.)

 

Après 2007, il devient le principal lieutenant de Dominique Strauss-Kahn, apportant son soutien à Martine Aubry, qui l’emporte de justesse face à Ségolène Royal. Secrétaire national à l’Europe et à l’international, ce pur apparatchik ne jouera aucun rôle dans la campagne présidentielle de François Hollande, si ce n’est qu’il emmènera une délégation du Parti Socialiste (en partenariat avec le Cercle Léon Blum) pour une visite en Israël du 19 au 22 février 2012.

 

 

En octobre 2007, c’est avec Frédéric Haziza, l’Union de patrons juifs de France (UPJF) et le groupe d’amitiés France-Israël que « Camba » s’était rendu en Terre promise. Ce voyage avait été l’occasion d’entretiens avec de hauts dignitaires de l’État hébreu (dont Shimon Peres). À son retour, l’ancien trotskyste avait donné un vibrant discours sur « la vitalité et le dynamisme » israéliens au dîner de l’UPJF le 11 décembre 2007.

Il sera à nouveau réélu député en 2007 (59,09 % face à l’UMP Jean-Jacques Giannesini), puis en 2012 (70,94 % dans la nouvelle 16e circonscription de Paris, de nouveau face à Giannesini). Ayant échoué à prendre la tête du Parti socialiste, il lancera une pétition le 30 octobre 2012 pour que la promesse électorale du droit de vote des étrangers soit respectée : « Le droit de vote […] est un point d’appui pour l’intégration laïque. »

 

Cet article a été écrit en exclusivité pour Égalité & Réconciliation par la revue Faits & Documents d’Emmanuel Ratier.

Visiter le site de la revue : faitsetdocuments.com.

 

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38 Commentaires

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  • #793382
    Le 21 avril 2014 à 07:43 par Un cendy
    Qui est Jean-Christophe Cambadélis ?

    Pas sûr que son activisme chronique soit adapté à la fonction. Il peut aussi bien s’essouffler et donner le coup de grâce à ce qui reste de l’engouement populaire pour le PS.
    Dans le cas contraire, clairement plus brillant que le ministre premier, il devrait viser la magistrature suprême, si toutefois il parvient à redonner des couleurs à son parti. Anti FN par tactique cet ancien trotskiste peut aussi bien délaisser ce combat là pour revenir aux fondamentaux de la gauche : lutte des classes, pouvoir d’ achat, emploi des jeunes et des séniors, etc....puisque régulièrement cités par les sondeurs comme étant les questions qui préoccupent le plus les français. Les politiques savent bien que ces derniers sont écœurés par le mariage pour tous, le genre ou le lynchage de Dieudonné. Un PS quelque part affranchi du pouvoir pourra faire mine de remettre le prolo au centre de ses préoccupations.
    Hollande aura tout loisir ensuite, le moment venu, d’en faire autant.

     

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  • #793477
    Le 21 avril 2014 à 11:26 par awrassi
    Qui est Jean-Christophe Cambadélis ?

    Merci E&R pour cet excellent article.

     

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  • #793565
    Le 21 avril 2014 à 13:28 par paramesh
    Qui est Jean-Christophe Cambadélis ?

    encore un qui n’a jamais travaillé, et en plus jamais vraiment étudié (pour un étudiant professionnel président de l’UNEF ID)
    il présente malgré tout une thèse en socio en 1987 (à 36 ans, pas mal le bourrin,et visiblement malgré ses réseaux, il ne l’obtient pas)
    à dégager

     

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  • #793695
    Le 21 avril 2014 à 17:04 par Nicolas Cambadesir
    Qui est Jean-Christophe Cambadélis ?

    cambaputrice , harlem desirless, sarkotonaute , devedjetatif, dray tous sous la banniere sos c’est beau ! Une image qui en vaut milles . Fort de symbolisme . C’est une table de texas old’em .

     

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  • #793709
    Le 21 avril 2014 à 17:24 par PeaceandLove
    Qui est Jean-Christophe Cambadélis ?

    J’espere que pour nos futurs magistrats sur ce site, ce type aura une sortie magistrale, au meme titre que Fabius, Hollande, Valls,...

     

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  • #793796
    Le 21 avril 2014 à 19:43 par agri
    Qui est Jean-Christophe Cambadélis ?

    Ah bon, déjà, à son époque, l’UNEF était la classe préparatoire au concours d’entrée au PS !

     

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  • #793923
    Le 21 avril 2014 à 22:09 par anonyme
    Qui est Jean-Christophe Cambadélis ?

    Cambadelis , c’est le reigne des seconds couteaux , comme disait Bernard dans sa chanson !

     

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  • #793987
    Le 22 avril 2014 à 00:29 par Franck
    Qui est Jean-Christophe Cambadélis ?

    Au dessus, c’est le soleil...

     

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  • #796090
    Le 24 avril 2014 à 01:20 par Markovitch
    Qui est Jean-Christophe Cambadélis ?

    Cambadélis n’est pas un tendre ... c’est dans le style Valls méprisant et hargneux !!!

    Comme Valls, lui n’hésitera pas à tirer dans la foule si le pouvoir (qui n’en est pas encore là) prenait très peur.

    Il faut le cibler comme je l’avais dit pour Valls et pour Sarkozy qui va revenir malgré ses casseroles !!!

     

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  • #796132
    Le 24 avril 2014 à 02:42 par Alibaba
    Qui est Jean-Christophe Cambadélis ?

    Et pour paraphraser Camba :

    "Il y a chez le juifs une monté de l’obsession à usurper tous les pouvoirs"

     

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