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Rachats d’entreprises étrangères : les sociétés chinoises deviennent plus prudentes

Les sociétés chinoises envisagent d’adopter une approche plus prudente lors de leurs achats à l’étranger, évitant les achats directs et recherchant partenariats et alliances, a rapporté mardi l’ Economist Intelligence Unit.

D’après le rapport, parmi les personnes interrogées qui ont déclaré qu’elles feraient certainement ou probablement des investissements à l’étranger, 47% disent préférer soit une coentreprise (29%) soit une alliance (18%) alors que seules 27% ont dit qu’elles le feraient via des acquisitions.

« Notre analyse des transactions d’une valeur supérieure à 50 millions de Dollars réalisées entre 2004 et 2009 montre que la moitié des affaires concernées ont vu l’acquéreur prendre au moins 50% de la propriété de la société-cible. Mais les dirigeants d’entreprises chinois commencent à sentir que ce n’est peut-être pas la bonne approche, et en particulier parce que cela peut éveiller l’attention du public et des régulateurs », dit Xu Sitao, Représentant en chef pour la Chine de l’Economist Group.

Les entreprises chinoises ont procédé à 298 acquisitions à l’étranger en 2009 ; la plupart de ces investissements ont été bien accueillis par des sociétés occidentales fort démunies financièrement et qui auraient eu bien du mal à survivre sans ces apports.

Cependant, cette vague d’acquisitions chinoises a fait naître un certain nombre d’inquiétudes, et particulièrement quand des sociétés publiques étaient concernées.

Et de leur côté les entreprises chinoises ont découvert combien il était difficile de procéder de manière satisfaisante à des fusions-acquisitions, et notamment s’agissant de transactions faites à l’étranger. Ces facteurs ont amené les sociétés chinoises à réduire leurs ambitions.

« Des investissements multiples minoritaires dans différentes entreprises de différents pays peuvent donner aux sociétés chinoises de nombreuses ‘vues’ pour apprendre sur la gestion et la technologie sur différents marchés, sans pour autant déclencher des inspections étrangères sur ces investissements ou des pressions politiques, qui sont associées aux affaires de ‘contrôle’ », dit Stephen Harder, associé-gérant du cabinet juridique Clifford Chance LLP (China).

Dans le même temps, l’article montre que les fusions-acquisitions faites à l’étranger sont essentiellement le fait d’entreprises publiques. En effet, l’analyse des transactions d’un montant supérieur à 50 millions de Dollars faites entre 2004 et 2009 montre qu’une écrasante majorité des transactions en matière de fusions-acquisitions faites à l’étranger par des sociétés chinoises -81%- l’ont été par des entreprises publiques.

« Cela va rester une source d’inquiétude à l’étranger, non seulement parce que de nombreuses transactions concernent le contrôle de ressources naturelles, mais aussi parce que la propriété d’Etat semble conférer un avantage déloyal sur les sociétés rachetées », dit Allison Kennedy, associé-gérante en stratégie dans la société de conseil Accenture en Chine.

Dans l’enquête menée pour le rapport, 82% des personnes ont déclaré que le manque de gestion de l’expertise dans le traitement des affaires de fusions-acquisitions était le plus gros défi qui se présentait aux entreprises chinoises qui effectuent des acquisitions à l’étranger. Et seules 39% des personnes qui ont répondu pensent savoir ce qui est nécessaire à l’intégration d’une acquisition faite à l’étranger. Et seules 39% d’entre elles ont dit avoir identifié des cibles de choix situées dans leur zone géographique de marché, ce qui augmente le risque que les acheteurs chinois succombent à la tentation d’acheter des actifs qui sont devenus disponibles du fait de la crise financière mondiale, plutôt que de se concentrer sur des cibles soigneusement recherchées.

Le rapport s’est basé sur des entretiens en profondeur avec des entreprises chinoises de grande taille, ayant une forte expérience de l’investissement à l’étranger, et sur une enquête en ligne auprès de 110 dirigeants d’entreprises chinois et plusieurs participants et conseillers étrangers dans des transactions menées par des entreprises chinoises à l’étranger.

De plus, le rapport a analysé les données disponibles sur les transactions faites à l’étranger par des entreprises chinoises lors des cinq dernières années, se concentrant sur des affaires d’un montant supérieur à 50 millions de Dollars.