Egalité et Réconciliation
https://www.egaliteetreconciliation.fr/
 

Référendum anti-minarets , quelle victoire ?

par Christian Bouchet

Le triomphe, ce week-end, en Suisse de l’initiative populiste anti-minaret est pour le moins ambiguë. Doit-on s’en féliciter ? Sans doute, mais pas pour les (mauvaises) raisons que l’on peut lire à foison sur les sites et les blogs qui se réjouissent du résultat de la votation.

En effet, il faut vraiment être un blaireau à poil ras pour écrire, comme j’ai pu le lire sous la plume de divers graphomanes de la mouvance sionardo-identitaire que le résultat du référendum était « une défaite des islamo-collaborationistes », « un coup d’arrêt à l’islamisation de l’Europe », « un rejet massif d’Eurabia », etc. Tel n’a jamais été le but de cette initiative dont mes amis nationalistes révolutionnaires suisses du groupe Troisième voie avaient souligné l’inutilité sur leur site en écrivant :

« Qu’en est-il vraiment du réel objectif de cette initiative ? Un des arguments avancés par ses initiants est la lutte contre l’islamisation de la Suisse car le minaret représente un symbole de puissance et de conquête dans l’islam. Mais pourquoi l’initiative porte-t-elle alors sur les minarets et non sur les mosquées ou encore mieux sur l’immigration ?

D’une manière assez habile, l’UDC en lançant cette initiative cherche à rallier un maximum de personnes à sa cause en en froissant le moins possible. En effet, cibler les minarets ne touche pas à la liberté de culte car la construction de mosquée sera toujours autorisé. Elle ne stoppera donc en aucun cas la prolifération des mosquées en Suisse et donc ne sert absolument à rien dans la lutte contre "l’islamisation de la Suisse". Stopper juste l’immigration des personnes venant de pays musulmans aurait été plus efficace mais hautement discriminatoire, et aurait pu faire l’objet d’un boycott de la Suisse par plusieurs pays musulmans ce qui aurait eu des conséquences désastreuses pour la Suisse et ses citoyens. Le choix des minarets est donc un bon compromis pour d’une part donner l’illusion aux citoyens Suisses qu’ils stopperont quelque chose en votant pour et d’une autre part, pour ne pas trop froisser les milieux économiques.

Mais cette initiative ne sert en réalité qu’a détourner le citoyen du vrai problème qui est celui du libéralisme et d’une politique économique injuste qui pousse tous les jours des milliers de travailleurs de pays pauvres à venir s’installer (avec les conséquences culturelles que cela implique) dans les pays européens. Situation dont le grand patronat suisse tire profit en pratiquant le dumping salarial, en licenciant les travailleurs suisses devenu trop cher pour les remplacer par des travailleurs immigrés prêt à se faire exploiter. »

Et les membres de Troisième voie de souligner que : « la solution donc pour garantir les emplois aux Suisses et pour ne pas augmenter la population immigré vivant en Suisse aurait été de mettre en place un moratoire sur l’immigration économique (…) Mais une telle proposition venant de la part de l’UDC aurait été impossible car on aurait assisté à une levée de bouclier de la part des milieux économiques qui soutiennent ce parti et qui n’ont pas les mêmes intérêts que le travailleur suisse. En effet, devoir garantir un poste à un Suisse en le payant correctement rapporte moins que de sous-payer un clandestin ou de recourir au dumping salarial en élevant le nombre de candidat pour un même poste à l’aide de l’immigration. L’UDC joue encore une fois la carte de l’illusionniste en préconisant des solutions inefficaces pour toucher le peuple tout en n’ayant pas les mêmes intérêts que ce dernier. »

On peut en fait résumer la situation née de cette votation en écrivant qu’elle ne changera rien au problème de fond qui n’est ni l’islam ni l’islamisation, mais l’immigration générée par la libéralisme marchand.

Par contre, et c’est là qu’il faut se féliciter de ce résultat, cette votation montre qu’un peuple qu’on laisse s’exprimer dit ce qu’il pense réellement et que cette pensée n’a rien à voir avec le politiquement correct des élites auto-proclamées.

On l’avait vu en France avec le référendum sur le Traité de constitution européenne, on le verrait aussi chez nous si on interrogeait nos concitoyens sur nombre de grands problèmes de société.

Cela n’est pas possible car nous vivons dans une démocratie confisquée. Les Suisses de ce point de vue ont un avantage sur nous, ils ont encore le pouvoir de faire entendre leurs voix.

D’où la nécessité de faire campagne pour l’extension du champ d’application de l’article 11 de la Constitution française afin que puisse être organisé de véritables référendum d’initiative populaire sur les grands problèmes que notre nation doit affronter et face auxquels celui des minarets n’est qu’un « point de détail » parmi d’autres.

Christian Bouchet