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“Serbes, pardonnez-moi ” Entretien avec l’ex-officier de la KFOR au Kosovo, Kristian Kahrs

La vérité sur les événements au Kosovo, ou, comme disent les Serbes, dans la province du Kosovo et Metohija est rarement révélée au grand public en Occident. L’un des rares qui se soit engagé à dire la vérité sur le sort difficile des Serbes du Kosovo est Kristian Kahrs, un Norvégien d’origine. Retour sur son histoire :

Il était une fois un membre de la KFOR. Comme officier du contingent norvégien, il a travaillé dans le service d’information des forces internationales. Après sept mois au Kosovo, Kahrs a terminé son travail en tant que major de la KFOR, et ne voulait plus renouveler son contrat. Une des raisons pour laquelle il aurait quitté la KFOR est notamment la dissimulation de l’information sur la persécution des Serbes. Aujourd’hui, il admet qu’il a été très naïf en 2000, lorsque l’OTAN a attaqué la Serbie. A cette époque, il croyait toujours que l’OTAN avait recouru à de telles mesures pour protéger les droits de l’homme au Kosovo et Metohija.

Après avoir terminé son travail dans le service d’informations de la KFOR, Kristian Kahrs a été actif pendant de nombreuses années comme correspondant de guerre en ex-Yougoslavie et dans d’autres points chauds à travers le monde. Il vit aujourd’hui en Serbie, qu’il considère comme sa seconde patrie.

“En tant qu’ancien officier de l’OTAN, je dois m’excuser auprès du peuple serbe, parce que nous n’étions pas en mesure de protéger les minorités au Kosovo et Metohijia”, a-t-il indiqué dans un enregistrement de télévision célèbre en Serbie.

“Sous la résolution 1244 de l’ONU et l’accord technico-militaire nous devrions protéger les Serbes de représailles des Albanais, mais nous y avons complètement échoué”, a déclaré Kahrs.

“Je savais que la mafia albanaise était impliquée dans le commerce de la drogue, des armes et des personnes, mais je ne m’attendais pas à une telle haine de leur part. En outre, il y avait une campagne albanaise pour la purification ethnique des Serbes. Par conséquent, je m’excuse. J’ai été trop naïf et j’ai cru que nous pouvions créer une société multiethnique.”

À propos du développement actuel des événements dans le nord du Kosovo Kristian Kahrs n’est pas surpris : “C’est un résultat direct de la politique occidentale dans les Balkans, qui n’accepte que l’indépendance du Kosovo et n’offre aucune autre solution. La division possible de la province serbe méridionale de Kosovo et Metohija n’est pas imaginable pour eux.”

Kristian Kahrs travaille sur un livre dont le titre provisoire est “Désolé Serbie. Un ancien officier de l’OTAN s’excuse” – avec l’espoir qu’il puisse au moins réveiller la responsabilité morale de ceux qui ont pris les décisions politiques sur le Kosovo et Metohija.

Rencontre avec son auteur :

• Derrière ce livre, quelle est votre intention ?

Les peuples de l’ex-Yougoslavie, les Serbes, Albanais, Croates, etc, sont à maintes et maintes reprises interpellés par la communauté internationale afin de contribuer à la réconciliation et au pardon, mais on entend en revanche très rarement l’OTAN et l’Occident s’excuser pour les erreurs qui ont été faites ici. Présenter des excuses au peuple serbe et admettre que nous avons été incapables de protéger les minorités au Kosovo était pour moi une réelle préoccupation et c’est ce que je souhaite faire passer dans mon livre. Si je peux amener certains de nos politiciens à réfléchir la prochaine fois avant de s’engager dans une guerre dévastatrice, alors le livre aura atteint son but.

• Comment êtes-vous devenu un officier de presse de la KFOR ?

J’ai travaillé comme officier de presse au siège de la KFOR de janvier à juillet 2000.

En fait, j’ai été appelé comme réserviste dans un exercice, à savoir l’exercice de l’OTAN “Bataille Griffin” en février et mars 1999. Je suis devenu officier de presse parce que j’avais auparavant travaillé comme pigiste pour l’agence Associated Press (AP) et parce que je parlais anglais.

J’ai été envoyé au commandement de la KFOR à Pristina. Initialement, il avait été prévu que je sois nommé porte-parole de presse, mais cette position a été prise par mon commandant allemand, le colonel Horst Pieper et on m’a finalement délégué la responsabilité de la construction du site web officiel de la KFOR et du service de nouvelles en ligne.

Mon travail consistait principalement à défendre les positions de la KFOR et l’OTAN dans l’opinion publique et à répondre aux questions des journalistes .

Le service de nouvelles en ligne que j’ai lancé a été un succès et a donné un visage différent à la KFOR, parce que beaucoup de choses pouvaient être représentés efficacement avec un impact public avec le site Web. Le premier message que nous avons publié était celui d’une attaque contre un bus serbe qui était en route entre la ville divisée de Mitrovica, au nord du Kosovo, et Pec, à l’ouest, et qui a été attaqué par des extrémistes albanais dans une embuscade avec des grenades propulsées par des roquettes . L’escorte française avait alors été incapable de prévenir l’attaque et ne pouvait pas suivre les criminels albanais, parce qu’ils étaient couverts par des champ de mines. Quand j’ai fini mon service en juillet 2000, nous avons compté, sur kforonline.com, 130 000 visites tous les jours.

Il était naturellement assez clair que je ne pouvais pas me comporter ici comme un journaliste indépendant, que je ne pouvais pas développer ma propre opinion. Cela a eu pour conséquence de m’empêcher la critique nécessaire à évaluer l’activité de ma propre organisation. À cette époque, j’ai donc défendu le bombardement de la Yougoslavie par l’OTAN, et j’ai attribué le blâme exclusif à Slobodan Milošević. Quand je repense aujourd’hui aux déclarations que j’ai faites comme officier de presse, elles me semblent avoir été trop optimistes mais c’était juste mon travail de présenter tous les événements dans une lumière aussi favorable que possible.

Aujourd’hui, je souhaiterais n’avoir pas été aussi naïf et optimiste pour croire en la possibilité d’une société multi-ethnique au Kosovo.

• Quelles ont été les erreurs de la KFOR ?

De mon point de vue, nous avons commis deux erreurs majeures dans la KFOR :

1) Nous aurions dû appliquer la loi martiale dès le premier jour où nous sommes arrivés au Kosovo, c’est à dire à partir de 12 juin 1999. Là, il n’y aurait pas eu de discussion possible à propos de notre responsabilité. Quiconque se serait montré dans la région après la nuit aurait été arrêté et enfermé dans un camp avec des barbelés pour une ou deux semaines, indépendamment du fait qu’il soit serbe, albanais, ou autre. Cependant, nous étions beaucoup trop soucieux de jouer le rôle de libérateurs envers les Albanais.

2) Nous avons été trop laxistes avec la soi-disant Armée de libération du Kosovo (UÇK) qui s’est intégrée en août 1999, initialement dans le Corps de protection du Kosovo, puis dans la Police du Kosovo (Kosovo Police Service, KPS). Des éléments criminels de l’UÇK ont donc acquis une légitimité au sein des institutions officielles du Kosovo. Le gouvernement serbe a très bien enregistré ces faits dans son Livre blanc sur la criminalité organisée et le terrorisme au Kosovo-Metohija. Parmi les officiers KFOR il y en avait beaucoup qui étaient opposés à ce développement, mais nous lui avons finalement donné libre cours pour protéger nos propres forces de l’attaque par des extrémistes albanais.

• Quel est le Livre blanc serbe sur le terrorisme et le crime organisé au Kosovo, que vous publiez sur votre site Web ?

Ce Livre blanc a été initialement publié en Septembre 2003 par le gouvernement serbe. Le document est très complet, et aussi loin que je puisse dire, l’information est factuelle, même si bien sûr seul le point de vue serbe est présentée.

J’ai publié ce document pour la première fois en 2005, quand il y avait très peu d’informations concrètes sur le Kosovo y compris dans les milieux du renseignement occidental, alors que les forces de sécurité serbes possédaient naturellement une très longue et bonne expérience dans la région.

Il faut accepter le document pour ce qu’il est : une information très unilatérale. On ne peut pas l’utiliser pour une légitimation de la politique serbe contre les Albanais kosovars dans les années 90 et les crimes commis à cette époque. Le document y décrit toutes les activités de la soi-disant Armée de libération du Kosovo (UÇK) comme relevant du terrorisme, bien qu’il ai eu, pendant ce conflit, des activités terroristes émanant de toutes les parties impliquées. Il n’y a donc aucune excuse pour l’ancien dirigeant serbe Slobodan Milošević et sa tentative en 1999 de faire un nettoyage ethnique parmi la population albanaise du Kosovo.

Je ne pense pas que l’on puisse regarder l’UÇK comme un mouvement de libération, même si peut-être certaines de leurs activités peuvent être interprétées comme une lutte de libération contre un régime serbe d’oppression. Le Livre Blanc serbe a démontré très bien que derrière l’UÇK se trouvaient des intentions clairement criminelles, avec des liens vers le haut de la politique kosovo-albanaise et les institutions officielles d’aujourd’hui telles que le Corps de protection du Kosovo et la Police du Kosovo. Le crime organisé est l’un des plus grands problèmes au Kosovo et le restera à l’avenir.

Il ne faut pas négliger que le Livre Blanc serbe est obsolète d’une certaine façon, et qu’à ce jour, beaucoup de matériaux nouveaux et intéressants ont été dévoilés comme les études de Dick Marty sur le trafic d’organes humains au Kosovo. Il a travaillé en étroite collaboration avec les agences de renseignement occidentales et a des informations très récentes. Je recommande la lecture de cet entretien avec Dick Marty, Witness Safety Could Hamper Kosovo Organ Trafficking Investigation (“Les services de protection des témoins sont susceptibles d’affecter l’enquête sur le trafic d’organes au Kosovo”).

• Quelles sont les conséquences à long terme de la reconnaissance du Kosovo comme un Etat indépendant (2008) ?

Le dernier chapitre de ce drame se déroulera en Bosnie-Herzégovine, et ce chapitre n’est pas encore écrit. L’indépendance du Kosovo n’était certainement pas une bonne chose pour la stabilité dans les Balkans, et je pense qu’une des conséquences principales sera la croissance des mouvements séparatistes dans tout le monde.

• Avez vous eu écho des derniers convois d’aide humanitaire envoyés par la Russie et par l’ONG française “Solidarité Kosovo” ?

Je suis impressionné de voir que il y a des gens en dehors de la Serbie qui veulent aider la minorité serbe du Kosovo. Il me semble que la tâche la plus importante est de trouver une solution supportable pour les deux-tiers des Serbes qui vivent au sud du fleuve Ibar. Cette région est de facto sous le contrôle du gouvernement de Pristina, ce qui signifie que les convois humanitaires doivent mener systématiquement des pourparlers avec les autorités locales afin d’être en mesure d’entrer dans cette région, indépendamment de la position qu l’on prend sur la question de l’indépendance du Kosovo.

• De nombreux partis identitaires européens soutiennent la Serbie . Êtes vous surpris par l’ampleur de ce soutien ?

Mon impression est que de nombreux européens, comme beaucoup de Serbes, sont sceptiques quant aux institutions européennes, qui apportent, à leurs yeux, une restriction de l’autodétermination nationale. Il est évident que la Serbie se trouve mise sous pression par l’UE sur la question du Kosovo, bien que cette dernière ne puisse pas demander officiellement une reconnaissance formelle d’un Kosovo indépendant, car cinq Etats membres de l’UE n’ont pas encore reconnu le Kosovo.

Si le peuple serbe veut que la Serbie adhère à l’UE, alors ce doit être après un débat libre et démocratique sur les avantages et les inconvénients d’une adhésion à l’UE, mais pas par une décision des politiciens serbes. Il doit s’agir d’un référendum. En Croatie, par exemple, il n’y a pas eu de débat sur les avantages et les inconvénients de l’adhésion à l’UE et je crains donc que le peuple croate n’ai pas pleinement conscience des conséquences de l’adhésion à l’UE. Au printemps, il y aura des élections parlementaires en Serbie et il sera intéressant de voir quel rôle jouent les perspectives européennes dans cette élection. Je ne pense pas qu’on donnera à la Serbie le statut de pays candidat à l’UE en 2012 ce qui augmentera le scepticisme des serbes sur la question. Je crois que sur ces questions, le peuple serbe et les partis identitaires européens ont beaucoup de positions communes.

 






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12 Commentaires

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  • Quand on a perdu une partie pour pas dire toute sa famille dans la guerre au Kosovo vous pensez vraiment que ce genre d’excuses ai un impact ? moi je crois pas .

     

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  • Encore un mercenaire qui a rempli les poches par un régime faschiste (comme Dick Marty), uniquement pour dénigrer toute une nation en faveur d’un occupateur serboslave !

     

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    • Désolé L’immigré mais là, tu es du mauvais côté de la barrière. Dick Marty est l’honneur de l’Europe (en fait non puisqu’ il est suisse). Thaci méritait d’être à la Haye à la Place Milosevic.

       
    • J’imagine qu’en appelant les Serbes du Kosovo des "occupateurs serboslaves" ( l’expression est signée, on sait déja à qui on a à faire...) ça te donne bonne conscience pour justifier l’épuration ethnique (250000 pers.) des non-albanais de cette province serbe occupée par l’Otan avec le soutien des Kouchner, Bhl et autres suppôts de l’Empire.
      Quant au mépris que t’affiche pour D. Marty, c’est très révélateur encore une fois.
      On se demande pourquoi tu te fais appelé l’"immigré", pourquoi n’es-tu pas resté dans ce paradis narco-trafiquant, mafieux et profondément raciste ?
      Une entité territoriale avec la base US de Bondsteel en son sein ne sera jamais un Etat, juste une colonie otanesque de plus en attendant le retrait des authentiques occupateurs du Kosovo (l’Otan et ses toutous de l’ex-uçk).

       
  • Le geste est noble mais bien trop en retard pour avoir un quelconque impact...

     

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  • Un politicien sa déclare les guerres, mais sa ne fait jamais lui même la guerre. En gros le politicien il ne fait que parler, mais il n’a pas de sang sur les mains.
    Ceux qui font la guerre et qui tuent au nom des politiciens sont les idiots utiles du systeme, les chienchiens, les esclaves du NWO, les abrutis qui servent le mondialisme, les types sans valeur et sans cerveau, etc...
    Mr Kahrs, plutôt que d’écrire votre pisse pour vous faire pardonner vos crimes, achetez vous un cerveau et réfléchissez avant de "servir" vos maîtres...
    A 16 ans j’avais déjà compris qu’un militaire n’était qu’un clébart à politiciens et qu’aulieux de servir son pays il le détruisait en obéissant aveuglément à des maîtres dont le but est la destruction des nations.
    OUAF OUAF.

     

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  • les erreurs de la kfor ? mais il a toujours pas compris que tout etait volontaire ,le parti pris pro albanais n’etait pas une erreur la kfor comme toutes les forces militaires emanant de l’otan sont partisanes et obeissent a des plans imperialistes en ex yougoslavie comme en lybie ou au liban

     

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  • Effectivement que pour une personne qui travaille dans le domaine de l’information, il est grave de croire que l’OTAN frappe pour les droits de l’homme. Plus que grave, Il est surpris de la haine d’une mafia. Bonjour le monde des bisounours.
    Quant aux contradictions de M.Kahrs, elles me font douter de son honnêteté. Il nous parle de ce livre blanc, qui n’a pas de valeurs dans un premier temps pour finalement se baser sur cette source (découlant des services de Milosevic) pour discréditer l’UCK. Aussi, il affirme que l’indépendance du Kosovo est une source de déstabilisation de la région et spécifiquement pour la Bosnie-Herzégovine, alors que quelques lignes plus haut il proposait une séparation de la partie Serbe du Kosovo.
    Dans tous les cas ce personnage me permet de comprendre un peu mieux la situation du Kosovo.

     

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  • Mais bon ! ils n’ont pas tout perdu, en échange ils gagnent une superbe base américaine je crois même que c’est la plus belle et plus grande d’Europe .

    Bondsteel : La puissance américaine au cœur de l’Europe et le pétrole de la Caspienne.

    La plus grosse base militaire américaine construite depuis la guerre du Vietnam, et une des plus importantes du monde, le camp Bondsteel, est en cours d’achèvement dans la province yougoslave du Kosovo.

    http://www.kosovojesrbija.fr/fr/les...

    Comme en Libye, ils vont avoir droit à leur base eux aussi, en fait, les américains créent des divisions au sein d’un pays et pendant que les uns et les autres se massacrent, eux ramassent la mise et installent des bases militaires pour mater les récalcitrants.

    Vive l’Amérique et le monde enchanté américain !

     

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    • L’article que vous avez cité est vieux d’une décennie et provient d’un blog serbe pour propagande et visiblement inactif, car on est en 2012 et il n’y a toujours pas de projet de pipeline (ni autre chose de ce genre de théorie) au kosovo ni dans la région. La base américaine qui se trouve au kosovo n’est même pas sur la liste des 20 plus grandes bases américaines en dehors du territoire américain (usa). La plus grande base d’europe c’est la base de ramstein et il y a 15 fois plus d’américains rien que dans cette base que dans l’ensemble du kosovo. province, yougoslavie, tout ça, ça n’existe plus, c’est désormais la république du kosovo. Concernant la libye, la aussi on voit que vous n’y connaissez en rien non plus.