Egalité et Réconciliation
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Travailler plus ou être payé moins, pour conserver son emploi

Baisses de salaires ou augmentation du temps de travail contre maintien de l’emploi. Ce donnant-donnant d’un genre nouveau en France se multiplie dans les entreprises.

Ainsi, General Motors est en négociation avec les salariés de son ancien site de Strasbourg. Cette usine, qui fabrique des boîtes de vitesse, est aujourd’hui entre les mains de MLC, la société chargée de céder les actifs du constructeur américain à la suite de sa faillite prononcée en 2009.

Un an plus tard, à la faveur de son retour à meilleure fortune, GM veut bien reprendre le site, mais à condition que les 1 150 salariés s’alignent sur les coûts de production des usines mexicaines du groupe. Concrètement, cela aboutirait à une baisse des salaires de 10 % et à renoncer à un tiers des jours de réduction du temps de travail (RTT). Le référendum se déroule jusqu’à 23 heures, lundi soir.

L’exemple n’est pas isolé. Ainsi, Continental négocie actuellement avec les syndicats des sites de Toulouse, Boussens (Haute-Garonne) et Foix (Ariège) une réduction de divers avantages afin de diminuer les coûts salariaux de 8 %. Pour y arriver, la direction du fabricant allemand de pneus évoque l’abandon de jours de RTT, la baisse des cotisations sociales, la réduction des primes d’intéressement ainsi qu’une limitation des augmentations de salaires à 1,2 % en 2011. Une réunion de négociation est prévue jeudi 22 juillet.

Mais la CGT et la CFDT, qui représentent 60 % des voix au comité d’entreprise ont pour le moment refusé les propositions de la direction. Les syndicats font valoir que les trois sites, qui fabriquent des capteurs électroniques, ont dégagé globalement un bénéfice de 38 millions d’euros. De plus, la crise a déjà conduit à supprimer une centaine de postes. Une négociation similaire a été engagée par Continental sur son usine située en Bavière.

Dans ce débat sur le détricotage des 35 heures, Bosch avait ouvert la brèche en 2004. Pour assurer la pérennité du site de Vénissieux (Rhône), l’équipementier allemand avait supprimé six jours de RTT sur vingt, sans compensation salariale. Parallèlement, les salaires avaient été gelés pendant trois ans et les majorations des heures de nuit avaient été revues à la baisse. L’effort avait permis le déblocage de 25 millions d’euros d’investissement pour cette usine qui fabrique des systèmes d’injection. Mais les normes d’émission de CO2 sont en train d’évoluer et il n’est pas évident que Vénissieux se voit attribuer la fabrication des systèmes de nouvelle génération. Le ballon d’oxygène obtenu en 2004 pourrait donc être de courte durée.

Le producteur de volailles Doux avait négocié le même type d’accord que chez Bosch. Il s’agissait de revenir sur les 33 heures hebdomadaires accordées en 1999 pour passer aux 35 heures.

Désireuse de restaurer sa compétitivité, la direction de Goodyear-Dunlop à Amiens (Somme) avait elle aussi demandé, en 2007, des efforts à ses salariés. L’idée : passer aux "4×8", c’est-à-dire quatre fois huit heures, afin de faire tourner les machines en continu. Après des mois de conflit, les nouvelles cadences ont été instaurées.

Les salaires ont été légèrement compensés mais le rythme de travail est devenu plus pénible. En revanche, dans l’usine Goodyear appartenant au même groupe et situé juste en face, les salariés avaient refusé de se plier à cette exigence en matière de compétitivité. Bilan : la production de pneus tourisme a filé sur d’autres sites européens.